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Les Etats face aux Drogues


par Eric Farges
Université Pierre Mendès France - IEP Grenoble 2002
  

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1.1.1.2 Du Public Health à la réduction des risques

Le principe de la réduction des risques est apparu au cours des années quatre-vingt à partir de quelques expériences de prévention des risques sanitaires développées en Angleterre. Ces expérimentations sont elles mêmes apparues dans le cadre d'un modèle de politiques publiques spécifique : le paradigme du Public Health. L'histoire nous offre de nombreux exemples du modèle du Public Health comme le British System qui s'est établit au Royaume-Uni, où dés la fin des années soixante et le début des années soixante-dix plusieurs cliniques de Londres enseignaient des techniques d'injection plus sûres aux toxicomanes et mettaient à disposition des fixing rooms où il était possible de se procurer de la drogue sans aucune menace. De même, toujours en Grande Bretagne, l'Institute for the Study of Drug Dependance dispensait durant les années soixante-dix des cours de prévention au sein des écoles afin de prévenir les dangers liés à l'usage de solvants. Enfin en Italie, une campagne de vente de seringues en supermarché fut mise en place durant les années soixante-dix afin de prévenir l'épidémie d'hépatite B.

L'application du concept de Public Health ou de « santé publique » à la toxicomanie, selon Drucker, cesse d'en faire un problème individuel pour souligner son aspect collectif en tant que phénomène ayant une forte incidence sur la vie sociale286(*)286(*). Le concept de Public Health, comme le précise Grazia Zuffa, ne se résume toutefois pas à la notion de santé publique mais renvoie à une tradition des pays Nord européens287(*).

C'est dans le cadre du Public Health, que les services sanitaires du Merseyside288(*), une région de l'Angleterre septentrionale, ont expérimenté certains dispositifs de prévention contre le VIH au début des années quatre-vingt. Deux objectifs ont été privilégiés : réduire la propagation de la séropositivité et améliorer les conditions de santé des toxicomanes. Les instruments de réduction des risques sont nombreux : distribution de seringues stériles aux consommateurs d'héroïne, distribution de préservatifs et de façon plus générale n'importe quel service pouvant améliorer les conditions de vie des toxicomanes. Ces mesures n'étaient alors pas le résultat d'une politique publique conçue au niveau national mais elles s'apparentaient plus à des expériences singulières. L'idée était de réduire au minimum les risques d'infection pouvant atteindre les consommateurs de substance et, dans un même temps, protéger la société du fléau du Sida. Il s'agissait d'une part d'aider ceux qui étaient hors de tout centre de soins et, d'autre part, de limiter l'extension des maladies les plus graves au sein même des centres thérapeutiques.

Un premier bilan fut dressé, à la fin des années quatre-vingt, sur les conséquences de l'introduction de ces politiques : elles s'étaient développées rapidement dans les zones précédemment à risques et avaient été remarquablement assimilées. Ses promoteurs en donnèrent alors une explication très pragmatique à partir de la configuration du système anglais qui présentait en effet la particularité d'être suffisamment souple pour permettre une définition des politiques au niveau local et accordait une très grande autonomie aux centres de soins. Le succès de l'opération trouvait également son origine dans la culture underground qui s'était développée au cours des années soixante et soixante-dix : l'échange d'information entre toxicomanes a offert une meilleure orientation et a permis ainsi d'éviter les infections ou les mauvais trips.

La réduction des risques est un modèle de politiques publiques en matière de toxicomanie qui s'est développé de façon pragmatique pour répondre à l'épidémie de VIH. Il est toutefois né de l'héritage du modèle du Public Health qui s'était développé au cours du vingtième siècle face au refus du modèle médical qui considérait le toxicomane comme étant un « criminel-malade ». La politique de réduction des risques est apparue dans le cadre d'une situation d'urgence sanitaire auquel elle a constitué une solution. La réduction des risques c'est la reconnaissance du Sida comme problème de santé publique, c'est à dire comme « pathologie demandant l'intervention programmée des pouvoirs publics »289(*)289(*). Il s'agissait avant tout de limiter les risques sanitaires encourus par les toxicomanes mais aussi, et surtout, par la population dans son ensemble. Peut-on toutefois réduire la réduction des risques à un ensemble de précautions sanitaires ? La distribution de seringues aux consommateurs d'héroïne ne traduit-elle pas un bouleversement d'ordre social, voire culturel ?

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* 286 Drucker E., «Harm reduction : A Public Health Strategy», in Current Issues in Public Health, 1, 1995, p.64.

*

287 Zuffa G., I drogati e gli altri. Le politiche di riduzione del danno, op.cit., p. 5

* 0

288 Cf., O'Hare P., «Note sul concetto di riduzione del danno», in La riduzione del danno, op.cit ; Piccone Stella S., Droghe e tossicodipendenza, op.cit., p.105

* .

* 289 Michel Setbon, Pouvoirs contre le Sida. De la transfusion sanguine au dépistage : décisions et pratiques en France, Grande-Bretagne et Suède, Paris, Seuil, coll. « Sociologie », 1993, p.27

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