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L'économie informelle


par Lomami Shomba
Université de Kinshasa - Licence en droit 2005
  

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B. Les activités du secteur secondaire

Le secteur secondaire comprend l'ensemble d'activités économiques correspondant à la transformation des matières premières en produits finis ou en bien de consommation.

C'est dans cette logique que nous osons insérer les propos de De Clercq qui affirme qu'acheter des marchandises pour les revendre après les avoir travaillées est le rôle de l'industrie qui assume la fonction de producteur des biens(42(*)).

La création de ces activités souligne Gozo, relève d'un choix subtil favorisant la consommation d'une large couche de la population, aussi bien dans la production à moindre coût des biens et services que dans la reproduction des habitudes de consommations traditionnelles(43(*)). Nous sommes donc devant un secteur qui a notamment pour mission à partir de la transformation chimique ou mécanique d'un produit ancien ou de la combinaison des produits anciens de créer un ou de nouveaux produits.

Nous pouvons d'une part citer les industries de transformation de matières premières en bien de production caractérisé par la présence de petits ateliers artisanaux, boulangerie, imprimerie etc. foisonnant en RDC en général et à Kinshasa en particulier.

D'autre part, considérant les micro-industries de transformation des matières premières en bien de consommation, il est constamment fait allusion aux activités relatives à la fabrication des savons, des huiles, des farines, peinture etc.

Le volume de production de ce secteur a grandement augmenté, croissance essentiellement due à la production des boulangeries, des industries de boissons et de bois.

Paraphrasant le professeur Moussa Samb, une étude de l'ONUDI(février 1991) se basant sur les réalités sénégalaises a révélé que les coûts de certains facteurs de production(électricité, eau, téléphone, transport, etc.) représentaient environ 32,5% du chiffre d'affaires du secteur industriel. Les autres éléments à prendre en considération sont: l'état de l'outil de production, le manque de compétitivité des produits locaux, l'environnement juridique et administratif, l'existence d'un secteur informel.

A toutes ces contraintes, s'ajoutent un financement bancaire très faible et des taux d'intérêt prohibitifs dans un contexte pourtant de surliquidité(44(*)).

Nous pensons que cette situation, reflet du sous-développement n'est pas propre au Sénégal. Elle est également partagée par la RDC dans la mesure où au niveau des pays développés, le secteur tertiaire s'impose de plus en plus au détriment du secteur secondaire et surtout du secteur primaire. En revanche, en ce qui concerne les pays sous développés, comme nous allons le voir ci-après, c'est le secteur tertiaire qui s'impose.

C. Les activités du secteur tertiaire

Le secteur des services est resté le seul à avoir connu une nette progression. Le dynamisme des activités du secteur s'explique par une dualité encore plus accentuée de l'économie congolaise, les chômeurs ne trouvant que le secteur informel comme unique voie de sortie face à la spirale d'accentuation de la pauvreté.

Ce secteur est constitué par les activités produisant des services tels que le commerce, le transport, les banques, les assurances, l'hôtellerie, le secteur de la santé et les autres services sous toutes leurs formes.

Parlant du commerce, il est constitué de petites activités généralement situées en dehors des frontières de l'activité économique orthodoxe dans la mesure où bien que constitué par des activités ordinaires et licites ; leur exercice bien que sous le soleil brûlant est considéré illégale du fait de leur non enregistrement.

Ce non enregistrement nous le pensons, tient moins à une volonté négative d'échapper au corpus jure en vigueur qu'à une incapacité de l'Etat et de son administration à faire appliquer la lege lata profondément inadaptée.

Nous constatons ainsi la floraison et l'exercice en dehors de toute réglementation de petites activités : vente en détail de différents biens de consommation(biscuit, bombons, produits pétroliers etc.) auxquelles nous ôtons le caractère infractionnel parce que justifié par l'état de nécessité(45(*)) qui conduit leurs auteurs à les exercer.

Concernant le transport dont le rôle est notamment d'assurer les mouvements des personnes, des biens ainsi que des produits etc. pour ne parler que du transport routier, les véhicules qui y oeuvrent sont généralement en mauvais état et le confort des passagers n'est pas toujours garanti. Le coût exorbitant des consommables ainsi que le prix prohibitif de légalisation de documents handicapent le développement de ce secteur contraint d'évoluer dans l'informel.

Pour ce qui est des banques classiques, inefficiente dans leur fonctionnement, le secteur est de nos jours inondé par les informels changeurs de monnaie communément appelés cambistes. Ces derniers sont disséminés à travers la République et prêtent aux nécessiteux de l'argent à un taux excessif qui est souvent illégal.

Quant aux assurances, il est question d'énoncer des structures de redistribution non officielles à caractère social. Une ribambelle d'activités(tontine, dons, ristournes, parrainage, etc.) contribuent à cette fin.

Enfin, l'hôtellerie est aussi bien présente dans le milieu rural comme urbain où il est caractérisé par des logements généralement modestes. Le secteur de la santé est quant à lui, rivalisé par la médecine traditionnelle qui bien qu'offrant de prestations qui laissent parfois à désirer est accessible à la majorité de la population incapable de faire face au coût prohibitif de la médecine moderne.

Au demeurant, de l'analyse des activités des secteurs susanalysés ; il se dégage qu'elles s'exercent aussi bien de façon formelle qu'informelle.

A ce titre, la distinction entre secteur formel et secteur informel se justifie alors de moins en moins puisque les salariés du premier ne peuvent maintenir leurs niveaux de vie qu'en entreprenant des activités dans le second c'est le phénomène de la pluri-activité des salariés, qui n'est d'ailleurs pas l'apanage des pays en développement ; la dualité de statut des travailleurs est donc quasi-généralisée : aussi bien dans le secteur informel que dans le secteur moderne, le salarié consacre une partie de son temps, de ses efforts et des moyens de production de son patron(phénomène de la perruque) pour réaliser une activité indépendante qui peut en venir à représenter, dans ses revenus, une partie plus importante que le salaire.

Nous nous employons dans les lignes qui suivent à présenter l'apport socio-économique des activités informelles.

* (42) DE CLERCQ M., Synthèse de droit commercial, éd. De Boeck, 11ème éd., Bruxelles, 1988, p. 9.

* (43) GOZO M.K., cité par MOLA M'BOMPE E., L'économie informelle et son encadrement au Congo, Mémoire, UNIKIN, 1996-1997, p. 10.

* (44) MOUSSA SAMB, Note de synthèse sur le développement économique et social du Sénégal, in http://enda.sn/doccentr/vigidoc/sn_intro.htm, 08-07-2002.

* (45) L'état de nécessité est la situation de crise dans laquelle se trouve une personne qui, pour échapper à un danger qui la menace, ou pour sauver un tiers d'un péril imminent, n'a d'autre ressource que de commettre une infraction. Lire NYABIRUNGU mwene SONGA, Droit pénal général, Ed. DES, Kinshasa, 1989, p.126-127.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus