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L'implication dans les travaux d'un groupe projet assure-t-elle un engagement individuel dans la diffusion du projet au sein de l'organisation ?

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par Christophe Fié
Université d'Evry Val d'Essonne - D.E.S.S. - Dynamique humaine et développement de l'organisation 1994
  

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I - LIENS ENTRE IMPLICATION ET ENGAGEMENT

A - Attitudes d'implication et d'engagement

L'engagement et l'implication sont des attitudes de l'individu qui se manifestent par des comportements. Dans un premier temps, nous allons clarifier ces concepts et voir comment ils peuvent s'articuler.

Engagement : "C'est à la fois un commencement et une persévérance dans une action, une relation de couple ou de groupe, une option, une prise de parti ouverte en assumant les risques de cette attitude.6(*)"

L'engagement est donc une attitude de l'individu qui se traduit par un commencement ou la persévérance dans un acte en assumant les risques de cette attitude. Joule et Beauvois7(*) précisent que l'engagement de l'individu dans ses actes se caractérise par :

le caractère public de l'acte,

l'individu ne peut pas le nier, il est associé à son acte,

l'individu peut s'y reconnaître personnellement,

il se sent personnellement responsable.

L'engagement met donc en relation l'individu avec ses actes. C'est la "reconnaissance de l'acte", le degré d'assimilation de l'acte par l'individu. L'engagement dans la diffusion du projet signifie donc agir en assumant ses actes, la finalité étant l'adoption du projet par l'organisation.

L'implication : pour Michel S.8(*) :

"C'est l'importance que prend le travail par rapport aux autres sphères de la vie et la force avec laquelle l'individu, s'identifient à sa tâche, a l'intention d'y être actif et considère ses activités professionnelles comme centrales pour lui.... C'est une prédisposition à agir, c'est-à-dire une attitude favorable envers le travail et l'entreprise".

Cette définition met en relation l'individu avec son travail. L'implication est une attitude favorable envers ce travail et manifeste la force avec laquelle l'individu s'engage dans sa réalisation. Après avoir donné une première définition des concepts d'engagement et d'implication il nous faut tenter de les relier.

On peut remarquer qu'il s'agit d'attitudes de l'individu vis-à-vis d'un objet particulier, l'acte pour l'engagement et le travail pour l'implication. Nous allons dans un premier temps répondre à la question :

Qu'est-ce qu'une attitude?

Dans un premier temps on peut définir l'attitude comme une :

9(*)"Disposition déterminée par l'expérience qui a une influence directrice sur la conduite. L'attitude met en jeu la totalité de l'être humain, en relation avec l'objet. Cette relation se ramène à 2 mouvements primitifs : approche ou retrait (attitude favorable ou défavorable)."

Les notions d'influence directrice sur la conduite, de préparation à l'action, de relation vis-à-vis de l'objet sont le point commun entre les différentes approches de ce concept.

Ainsi pour :

G. Allport10(*) : "C'est un état mental de préparation à l'action, organisée à travers l'expérience, exerçant une influence directive et dynamique sur le comportement."

J. Maisonneuve11(*) : "L'attitude consiste en une position d'un agent envers un objet (personne, groupe, situation, valeurs, etc.). Elle s'exprime plus ou moins ouvertement à travers divers symptômes ou indicateurs (paroles, ton, gestes, actes, choix, etc.) et exerce une fonction à la fois cognitive, énergétique et régulatrice sur les conduites qu'elle sous-tend"

12(*)Scott et Mitchell : "Une prédisposition à répondre de façon favorable ou défavorable à des objets (personnes, groupes, choses, concepts, etc.)."

En général, il est considéré que les attitudes se caractérisent par :

le fait qu'elles sont acquises et non pas innées,

elles sont plus ou moins durables et susceptibles de changements sous l'effet d'influences extérieures. Elles exercent une fois constituées une action régulatrice sur les conduites,

le propre de l'attitude est une relation privilégiée du sujet à tels et tels objets,

cette relation s'effectue selon une polarité affective c'est-à-dire entre le "pour et le contre", avec des nuances variables et même l'éventualité d'ambivalences.

Si à l'origine, l'attitude était considérée comme un concept unidimensionnel, c'est-à-dire comme une disposition favorable ou défavorable vis-à-vis d'un objet, ou comme l'attribution d'une valeur positive ou négative à l'objet, la psychologie donne de nos jours une définition plus large en attribuant à l'attitude un ensemble de trois composantes. Une composante affective, définie comme la prédisposition de l'individu à évaluer un objet donné (bon, mauvais, favorable défavorable).

Une composante cognitive, qui renvoie à la nature des croyances ou connaissances que la personne a de l'objet.

Une composante conative, qui constitue la prédisposition à l'action, c'est la composante comportementale de l'attitude, elle tend vers des comportements de l'individu envers l'objet.

Remarques : Ces trois composantes sont reliées mais distinctes. Le concept d'attitude reste global et est lié à la coexistence dynamique de ces 3 composantes.

L'attitude se réfère à la nature des prédictions que nous faisons sur le comportement de l'individu. Par exemple, lorsque nous disons de quelqu'un qu'il a une attitude favorable à l'égard de tel ou tel objet, généralement ce que nous voulons dire c'est que nous sommes en possession d'une certaine information qui nous conduit à prédire que la personne agira de façon à se comporter favorablement ou défavorablement à l'égard d'un objet. Cependant l'expression "prédisposition à agir" implique de façon implicite que ces prédispositions existent même lorsque nous ne pensons pas à l'objet ou que nous n'y sommes pas confronté. Ce qui implique que ce concept "tombe dans la catégorie des construits hypothétiques, c'est à dire un processus ou une entité dont on présume l'existence même s'il n'est pas directement observable.13(*)"

En ce qui concerne la formation des attitudes on distingue deux origines :

une origine intrinsèque ou psychologique (génétique, la famille, la personnalité de base, etc.)

une origine extrinsèque ou culturelle (groupes d'appartenance, cadre social de l'apprentissage, etc.).

En ce qui concerne l'origine des attitudes la psychanalyse avec les travaux de Freud et de M. Klein a mis en avant le rôle de la relation à la mère lors de l'enfance et l'association de ce qu'il ressent aux circonstances et à la situation. Après un certain temps, des modèles complexes de comportements seront associés avec la satisfaction des besoins. La façon dont se dégageront des attitudes spécifiques sera déterminée par l'histoire personnelle de l'individu. L'idée principale que sous-tend le processus de formation des attitudes est qu'elles sont acquises par l'intermédiaire de l'expérience individuelle de son propre environnement. La formation des attitudes est donc influencée par les "contextes" que rencontre l'individu - famille, culture, etc.-.

S'agissant d'un processus d'apprentissage qui se réalise à partir des situations et de l'environnement de l'individu nous devons prendre en compte l'influence du contexte organisationnel. La force exercée par l'organisation ne sera analysée dans ce mémoire que de façon succincte bien qu'elle ait des conséquences certaines. Le coeur de notre problème résidant dans le contexte d'une participation à un type particulier d'organisation - les groupes de projet.

Van de Ven14(*) constate que l'organisation fonctionne à partir de processus et de règles qui conduisent à une certaine "routinisation" des comportements humains et à une entropie des mécanismes d'apprentissage et de perception vis-à-vis de ce qui sort de cette routine.

"Il est essentiel de s'attacher à la limitation psychologique des perceptions de l'être humain induit par les routines et l'inertie de l'organisation... Les structures et le système organisationnel conduisent à une réduction de l'attention. L'effort de focalisation dans des domaines qui sont imposés, aveuglent l'individu envers les autres solutions en influençant leurs perceptions, croyances et valeurs."

Argyris et Schön15(*) indiquent :

"les organisations fonctionnent comme des systèmes d'apprentissage en boucle simple... Elles n'intègrent pas dans leur fonctionnement de mécanismes qui leur permettent d'évaluer les données qui sortent de leurs "routines".. Ce qui peut les conduire à l'inertie et à l'impossibilité d'apprendre."

Routinisation et sclérose, entropie des mécanismes d'apprentissage, voilà un tableau sombre de l'influence du contexte organisationnel sur la formation et l'évolution des attitudes.

Nous retiendrons de ce rapide constat concernant les attitudes que :

L'attitude est donc un élément acquis et stabilisé de la structure personnelle d'un individu, elle peut subir des variations en fonction des sollicitations de l'entourage. C'est à travers ses propres expériences que l'individu acquière ses attitudes, les maintient et les renforce.

Le contexte organisationnel influence la formation des attitudes de l'individu. En ce qui concerne l'implication et l'engagement de l'individu, la "norme de l'organisation", qu'elle soit associée à la culture ou aux mécanismes de régulation, va influencer directement les attitudes, mais aussi comme l'indique Van de Ven, son système de croyances et de valeurs. Suite à cette remarque il nous faut répondre aux questions :

- Que sont les croyances et valeurs ?

- Quelle est leur relation avec les attitudes ?

D'après le dictionnaire Larouse une croyance est une conviction en la vérité d'un chose, une valeur est une conviction profonde et relativement stable quant à la supériorité d'un mode de conduite ou d'un objectif de vie. Par mode de vie on entend des façons habituelles de se comporter vis-à-vis des choses et des gens. Les objectifs de vie sont des situations ou des états de fait que l'on recherche à atteindre. Croyances et valeurs sont des idéaux abstraits qui influencent notre vie mais sans s'attacher à un objet spécifique ou à une situation particulière.

Pour comprendre la relation entre croyances, valeurs et attitudes Bergeron J. L.16(*) utilise une analogie.

"Les valeurs et les croyances sont les branches principales d'un arbre qui donnent naissance à des centaines de branches secondaires, nos attitudes. Les attitudes sont plus spécifiques aux objets et aux situations et ont une influence plus évidente et plus immédiate sur les comportements. Par exemple une valeur telle que "le respect de l'ordre et de l'autorité" peut donner naissances à toute une série d'attitudes (favorable à l'armée, défavorable aux idées anarchiques ou aux syndicaliste, etc.)".

Nos valeurs et croyance influencent nos comportements par l'intermédiaire de nos attitudes, une même valeur ou croyance pouvant être la source de nombreuses attitudes et se rapprocher d'une multitude de comportements.

L'attitude est donc un concept tri-dimentionnel dont les composantes sont reliées entre elles. Elles trouvent leur "source" au niveau des croyances et des valeurs de l'individu, elles se façonnent avec les expériences.

N'étant pas directement observable, l'utilisation du concept d'attitude dans notre problème à résoudre implique que nous nous attachions aux "manifestations" de ces attitudes, c'est à dire les comportements pour tenter de les articuler.

Le schéma de Rosenberg et Hovland17(*) nous donne une "grille" de lecture intéressante de la corrélation existante entre les composantes des attitudes et leurs "effets", c'est à dire les variables dépendantes permettant de les "appréhender".

VARIABLES INDEPENDANTES

VARIABLES

INTERMEDIAIRES

VARIABLES DEPENDANTES

 
 

AFFECTIF

(les sentiments)

Réponse physiologique (pulsations, sudation)

Verbalisation de l'affect (sentiments..)

 
 
 
 

L'OBJET OU STIMULI

ATTITUDES

COGNITIF

(les pensées)

Réponses perceptives

Verbalisation des savoirs, croyances, opinions

 
 
 
 
 
 

CONATIF

(la disposition à agir)

Comportements manifestes

Verbalisation des comportements

- Schéma adapté de Rosenberg et Hovland par Ghiglione R. & Bromberg

M. in "Cours de psychologie" tome 1, Dunod, 1992, p-213 -

En fonction des définitions précédentes de l'attitude nous pouvons dire qu'un objet (individu, groupe, situation, chose, etc.) déclenche une attitude qui va entraîner une "réponse" favorable ou défavorable qui se matérialisera par un comportement observable (ou une absence de comportement). L'implication et l'engagement sont des attitudes (par définition non observables), pour savoir s'il existe une relation entre elles, nous nous attacherons aux comportements (ensemble d'activités observables et potentiellement mesurables) qui les manifestent et tenteront de répondre aux questions suivantes :

Quels sont les comportements qui manifestent l'implication et l'engagement?

Des personnes particulièrement impliquées ou engagées ont-elles des points communs?

Les comportements qui manifestent l'implication dans les travaux du groupe sont-ils liées aux comportements qui manifestent l'engagement dans la diffusion d'un projet?

* 6 Dictionnaire de psychologie, P.U.F., 1991.

* 7 Joule R. V. & Beauvois J. L. "Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens" Presses Universitaires de Grenobles, 1987.

* 8 Michel S. "Management, aspects humains et organisationnels", N; Aubert, J.P. Gruère, J. Jabes, H. Laroche,

S. Michel, Paris, PUF Fondamental, 1991.

* 9 Ghiglione R. & Bromberg M. in "Cours de psychologie" tome 1, Dunod, 1992.

* 10 Allport F. H. "Attitudes" in Handbook of social psychology, Clark University Press, 1935 cité par Ghiglione R. & Bromberg M. in "Cours de psychologie" tome 1, Dunod, 1992.

* 11 Maisonneuve J. "Introduction à la psychosociologie" PUF, 1989.

* 12 Scott & Mitchell "Organisation et structure d'entreprise : Analyse des comportements" publi-Union, 1972.

* 13 Ghiglione R. & Bromberg M. in "Cours de psychologie" tome 1, Dunod, 1992, p-215.

* 14 Van de Ven A. H. "Central problems in the management of innovation", Management Science, vol 32, n°5, may 1986.

* 15 Argyris H. & Schön D. A. "Reasoning, learning and action" Jossey-Bass, 1983.

* 16 Bergeron J. L. avec N. Côte Léger & Jacques J. & Bélanger L. "Les aspects humains de l'organisation" Gaëtan Morin Editeur, 1979.

* 17 Rosenberg M.J. & Hovland C. I. "Attitude, organisation and change" Yale University Press, 1960.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore