L'accord de Cotonou et la lutte contre la pauvreté( Télécharger le fichier original )par Yaya MORA BROUTANI Institut d'études politiques de Toulouse - Master géopolitique et relations internationales 2006 |
2.2 Environnement et pauvreté : quel lien ?L'environnement est une des principales composantes du développement durable : en effet, considéré pendant longtemps comme un problème secondaire des pays en voie de développement, le principal étant l'aspect économique, l'environnement est devenu aujourd'hui « une arme contre la pauvreté »63(*). Il convient de souligner que l'environnement est particulièrement dégradé dans les pays en voie de développement. Les États ACP sont particulièrement touchés par les problèmes environnementaux : déforestations, désertification, changements climatiques, etc. Environ 14 millions d'hectares de forêts sont détruits dans les pays en développement chaque année. L'agriculture n'est pas étrangère à ce phénomène et l'utilisation massive de pesticides et d'engrais ne fait que renforcer les conséquences néfastes d'une culture intensive. Le lien entre l'environnement et la pauvreté est à la fois complexe et évident. La complexité, d'une part, se reflète dans l'étroitesse des liens de ces deux domaines et dans l'importante imbrication qu'il en résulte. En effet, la relation entre l'environnement et la pauvreté ne se résume pas à la simple influence de l'un sur l'autre mais constitue un enchevêtrement d'incidences réciproques. L'évidence de leur lien, d'autre part, s'explique par l'existence d'un inévitable » cercle vicieux » qu'il convient de brise. Il s'agit, en effet, d'une logique qui implique que « les pauvres en milieu rural allaient puiser dans le « capital naturel » pour survivre : ils dégradaient l'environnement de différentes manières ce qui, en retour, alimentait la pauvreté [...] »64(*). Le problème de l'eau potable en est un exemple. En effet, outre la dimension sanitaire65(*), l'eau constitue un enjeu fondamental principalement pour les domaines agricoles et industriels. Dès lors, l'insalubrité de l'eau « potable » doublée de la raréfaction croissante que constituent des problèmes auxquels les institutions internationales telles que le Programme des Nations Unies pour le Développement et les institutions communautaires entendent remédier. Face au constat alarmant de l'état de l'environnement dans les pays en développement, la Commission a pris position en faveur de l'intégration de ces problèmes dans les objectifs prioritaires de ces États : ainsi, « Investir dans l'environnement pour améliorer la gestion des terres et de l'eau, investir dans l'assainissement, la gestion des déchets et la purification de l'air, c'est souvent une opération extrêmement rentable sur le plan économique et social et qui permet en même temps d'assurer la durabilité des ressources. Ignorer les menaces qui pèsent sur l'environnement peut avoir pour effet non seulement de réduire à néant les efforts déployés pour réduire la pauvreté mais de l'aggraver. »66(*) * 63 Francis Lefebvre, le Courrier ACP-UE, novembre -décembre 2001, p.32 * 64 David Reed, article précité * 65 Voir plus loin * 66 Communication de la commission au Conseil et au Parlement européen, « la gestion de l'eau dans les pays en développement : politique et priorités de la coopération au développement de l'UE », COM (2002) 132 final du 12 mars 2002 |
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