L'accord de Cotonou et la lutte contre la pauvreté( Télécharger le fichier original )par Yaya MORA BROUTANI Institut d'études politiques de Toulouse - Master géopolitique et relations internationales 2006 |
2.3 La santé : un remède à la pauvreté ?La Commission admet que « la santé est un facteur déterminant de la croissance économique et développement, tandis que la maladie est à la fois une cause et un effet de la pauvreté. »67(*) Cette préoccupation est d'actualité pour les instances communautaires : en effet, le Parlement Européen et le Conseil ont proposé, en mars 2002, un règlement relatif à la lutte contre les maladies dues à la pauvreté (VIH/sida, paludisme, tuberculose) dans les pays en développement »68(*). L'enjeu de la santé s'articule autour de plusieurs aspects : d'une part, les partenaires ACP-UE entendent « améliorer les systèmes de santé et de nutrition, éliminer la famine et la malnutrition, assurer une fourniture et une sécurité alimentaire suffisantes 69(*)». L'accès à l'alimentation est un défi considérable qui se combine avec la volonté d' « augmenter la sécurité de l'eau domestique et améliorer l'accès à l'eau potable et une hygiène suffisante »70(*). La lutte contre la famine et la déshydratation permettrait de réduire considérablement les taux de mortalité, notamment infantile, et de réduire les infections qui y sont liées. De plus, l'alimentation pourrait être assurée par l'autosuffisance. Si cet objectif est largement envisageable - et envisagé - au début de la coopération, dans les années 60, la dépendance des États ACP est aujourd'hui un constat. C'est pourquoi, lutter contre la faim et la soif est à la fois un objectif ambitieux et un enjeu fondamental et urgent à réaliser. D'autre part, il convient également de lutter contre la propagation de maladies hautement destructrices. En effet, l'Afrique est touchée par des maladies transmissibles telles que « le VIH/sida, le paludisme, la tuberculose, les infections respiratoires aiguës, les maladies diarrhéiques, parasitaires et les maladies à prévention vaccinale, qui, toutes, affectent les pauvres de manière disproportionnée », et par des « problèmes affectant la santé génésique, dont les maladies sexuellement transmissibles, l'avortement et les problèmes de santé maternelle qui touchent particulièrement les femmes pauvres[...] »71(*). À titre d'illustration, il convient de citer un chiffre particulièrement éloquent : au Botswana et au Zimbabwe, 1 adulte sur 4 est atteint par le virus du sida. Cette épidémie a bien évidemment des conséquences sur le taux de mortalité de ces pays mais a également des répercutions sociales notamment sur le nombre d'orphelins72(*). Le Partenariat vise donc à « démocratiser » l'accès aux soins et, plus largement, aux services de santé en réduisant les coûts pour les malades et en instaurant n système préventif par le biais de l'information et de la vaccination. Il s'agit donc de favoriser, par le biais de la coopération, l'émergence d'une « justice sociale ». * 67 Communication de la Commission au Conseil et au Parlement européen « La santé et la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement » - 22 mars 2002, COM (2002) 129 final * 68 COM (2002) 109 final, du 4 mars 2002 * 69 Article 25 1 b) de la Convention * 70 Article 25 1.e) de la Convention * 71 Communication sur « la santé et la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement », précitée. * 72 « En Afrique, la maladie provoque plus de 6500 décès chaque jour et déjà fait plus de 9 millions d'orphelins », Ben Light, « la politique de la CE dans la lutte contre le VIH/SIDA », Courrier ACP-UE septembre octobre 2001, p.19 |
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