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L'offre éducative primaire au Burkina Faso. Approche économique et anthropologique

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par Julie Rérolle
Université Aix - Marseille 1 - Master 2 Langues Etrangères Appliquées "Intelligence économique, culture et organisation" 2007
  

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II.2) Le principe des incitations

Pour certains, le système éducatif a besoin de plus d'argent. D'autre rétorquent que les moyens financiers actuels sont suffisants mais mal gérés, mal alloués, il faudrait plutôt des réformes de fond. Le système des incitations est une autre façon d'agir sur la qualité de l'enseignement (incitations auprès des maîtres) et la participation et la demande d'éducation (auprès des élèves et leurs familles).

II.2.1) Incitations auprès des maîtres

Au Burkina Faso, les enseignants sont souvent responsables de la faible qualité de l'enseignement. Outre le fait qu'ils sont peu formés, de nombreux d'entre eux sont souvent absents - dans 19% des visites surprises, l'enseignant n'enseignait pas - ou se contentent de recopier les pages d'un manuel sur le tableau. On cherche donc un moyen d'inciter les enseignants à donner des cours de meilleure qualité.

De nombreux chercheurs considèrent qu'augmenter les salaires des maitres peut améliorer la qualité de l'enseignement, par un système d'incitation et de valorisation. Cependant, au Burkina Faso, un enseignant est, de loin, mieux payé que le salaire moyen (8,4 fois le PIB par tête) et c'est la composante majeure des dépenses nationales en matière d'éducation, comme nous l'avons vu.

Ainsi, en Afrique et au Burkina Faso notamment, il faut trouver d'autres incitations pour les enseignants que l'augmentation des salaires. Il se trouve que le salaire est basé sur le niveau d'étude et l'expérience, et non sur les performances. Certains pensent que les enseignants fourniraient plus d'efforts s'ils étaient payés selon les performances de leurs élèves (P Glewwe - 2006 et Hanushek - 2005). Les écoles pourraient aussi recevoir des primes sur les mêmes critères. Ceux qui prônent l'augmentation de salaire pensent que le salaire en fonction des performances pousserait les maîtres à enseigner dans l'optique des examens seulement, qu'ils ne feraient pas preuve de pédagogie et qu'ils feraient apprendre par coeur les leçons aux élèves. D'autre part, il y aurait une sélection à l'entrée des écoles sur le niveau préalable des élèves de sorte à inscrire les meilleurs.

Une autre solution est d'augmenter les contrôles et de sanctionner l'absentéisme des professeurs. Cela implique le recrutement d'inspecteurs qui sont actuellement très peu nombreux au Burkina Faso (un pour 150 enseignants).

II.2.2) Incitations auprès des élèves et de leurs familles

La situation de l'éducation au Burkina Faso est comme nous l'avons vu, caractérisée par une faible scolarisation et une sous-représentation des filles. Parmi les enfants scolarisés, de nombreux sont souvent absents, et le taux de participation (temps passé à l'école, par rapport au nombre de jours que l'école est ouverte) est très bas. La sous-scolarisation s'explique en grande partie par les barrières financières (niveau de revenu des familles, coût direct et indirect de l'enseignement). Outre les bourses d'études ou prêts (dont nous avons discuté précédemment), les coûts de l'éducation peuvent être réduits grâce à des incitations.

La question de la suppression des frais d'inscription a été largement débattue et oppose deux camps : les premiers pensent qu'ils sont indispensables pour la gestion des établissements et qu'ils ne représentent pas une importante barrière financière pour les familles et les autres considèrent, au contraire qu'ils sont responsables de la non-scolarisation de nombreux enfants. Le programme PROGRESA mené au Mexico en 1998 visant à augmenter la scolarisation et les performances des élèves en payant les mères si leurs enfants fréquentaient l'école, s'est traduit par une augmentation de 3,4% de scolarisation (Schultz - 2004). Selon la loi d'orientation de 2007, l'enseignement de base public est gratuit, mais le texte reconnaît aussi l'existence des cotisations des parents d'élèves, pour faire face à « certaines dépenses de l'école ». Or, avec le désengagement récent de l'état, les écoles ont dû faire face à des problèmes de budget et les moins scrupuleuses imposent des cotisations de montant parfois équivalent aux droits de scolarité.

La fourniture de matériels ou de services gratuits (manuels, uniformes, cantines, campagne de santé, transports) peut aussi inciter les familles à inscrire leurs enfants et augmenter la participation. Mais les analyses empiriques ne permettent pas de tirer de conclusions sur quel variable scolaire agit le plus positivement sur la quantité et la qualité de l'éducation, ni quel niveau minimum il faut pour inciter le plus de familles à scolariser leurs enfants. Il semblerait qu'au Burkina Faso, les cantines scolaires aient un double impact positif sur la quantité et la qualité de l'éducation (surtout pour les filles). En effet, i) elle augmente la scolarisation des enfants, et leur participation et ii) améliore les résultats scolaires car les enfants reçoivent une alimentation saine et sont moins fatigués (car font le trajet entre le domicile et l'école une fois par jour seulement), ils sont donc plus performants et concentrés à l'école. Les campagnes de santé ont aussi des impacts intéressants : une étude menée au Kenya par Miguel et Kremer (2004) a montré qu'une campagne de traitement de vers intestinaux bénéficiait aux enfants traités et aux enfants non traités des mêmes écoles, notamment grâce à une réduction de la transmission. Ces programmes de santé à l'école sont d'une part très efficaces pour la participation et les performances des élèves ; mais ils sont, de plus, très rentables financièrement (P. Glewwe - 2006).

D'après les analyses empiriques, les incitations auprès des élèves fonctionnent particulièrement bien auprès des filles car leur demande est plus élastique. Le recrutement de personnel enseignant féminin, l'attribution de bourses, les cantines scolaires, les programmes de santé, etc. ont un impact significatif autant sur les taux de scolarisation des filles (quantité) que sur leur participation et leurs résultats (qualité).

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote