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La politique de coopération décentralisée: rhône-alpes/ saint-louis du sénégal

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par El Hadji TOURE
Université de Montpellier 1 - Master 2 Sciences Politique 2009
  

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CONCLUSION

A présent, certains observateurs s'aventurent à analyser la coopération décentralisée sur la base des instruments de mesure de la branche des politiques publiques. A vrai dire, tous les ingrédients pour justifier de telles initiatives sont à notre portée. D'abord la coopération décentralisée a été institutionnalisée à travers des agences spécialisées, il y'a ensuite un travail d'identification des problèmes (diagnostic des territoires) et de préparation (avec des commissions et des négociations internes et externes entres acteurs). Les acteurs mobilisent des ressources (connaissances ou réseaux), sont plus ou moins libres, leurs choix sont guidés par des intérêts ou des idées. Ils mettent en place des stratégies. Et enfin, il y'a un travail de production (mise en oeuvre) et de suivi-évaluation. Toutes ces étapes, inhérentes à la dynamique constitutive des politiques publiques se retrouvent dans le processus conceptuel d'une politique de coopération décentralisée.

Récapitulatif des phases du cycle de projet :

Sources : B. Husson, Coopération décentralisée et cycle de projet, Approche méthodologique, CIEDEL

En dépit de cette dynamique semblable, la spécificité d'une politique de coopération
décentralisée tient au fait qu'elle ne mobilise pas les mêmes circuits de mise sur agenda,
qu'une politique publique. Par exemple, une politique publique aussi controversée que l'IVG

(interruption volontaire de la grossesse), malgré la forte influence des milieux conservateurs ou de l'Eglise a été adoptée, en 1974 en France, car c'était de la responsabilité des pouvoirs publics. Alors que la coopération décentralisée dépend entièrement de la volonté charitable ou des ambitions stratégiques des élus locaux du Nord et des bailleurs internationaux. Les collectivités du Sud n'ont rien à leur exiger, sinon, à solliciter leur bonne volonté.

Eu égard cette controverse, la coopération décentralisée peut être analysée comme une catégorie de politique publique afin d'examiner, plus amplement, son évolution. Le bilan étant mitigé, il y a trois écueils à surmonter : l'inefficacité, l'ineffectivité et l'inefficience.

- Elle est inefficace, par ce qu'en dépit des interventions répétées les populations sinistrées de la région de Saint-Louis ne voient pas les finalités. Mieux, elles se sentent léser par les acteurs locaux qui réceptionnent les subventions. Nonobstant ce fait, l'information ne circule guère entre le groupe des élus, agents ou acteurs et la population pourtant des initiatives ont été prises dans ce sens, à l'instar des comités de quartiers. Le volontarisme souhaité des acteurs comme moyen d'impulsion du développement des collectivités du Sud, a lamentablement échoué. Chaque intervenant campe sur ses positions. Par ailleurs, étant donné que le plus pauvre a besoin du plus riche, il est tiraillé entre une coopération qui lui échappe, les besoins urgents à prendre en charge et les stratégies d'accaparement des objectifs. Finalement la coopération décentralisée n'est pas différente de la coopération interrégionale car les régions traitent avec les régions, les communes avec les communes au grand détriment des communautés rurales de Saint-Louis qui n'ont pas d'équivalent en France et dans le monde. Il n'y a pas une véritable synergie entre les acteurs de Rhône-Alpes et ceux de Saint-Louis, ni une interconnexion entre différents niveaux de collectivités territoriales ;

- Elle est ineffective, car des dysfonctionnements sont intervenus pendant la mise en oeuvre. Par exemple les décisions prises conjointement, entre le Conseil régional de Saint-Louis et le Conseil régional de Rhône-Alpes, de travailler en co-maîtrise d'ouvrage pour la réalisation des projets ne sont pas bien appliquées. Rhône-Alpes, préfère dans bien des cas, confiait les exécutions à une ONG ou une association opérateur de développement qui affiche, certes, une meilleure connaissance des sociétés du Sud, mais qui n'en est pas moins qu'un sous-traitant du développement. Pour bénéficier des cofinancements du MAEE, la région Rhône-Alpes devait harmoniser ses interventions avec les autres régions françaises en coopération avec Saint-Louis, tout en prenant en compte les politiques nationales ou bilatérales francosénégalaises de développement. Mais en refusant ces cofinancements, le Conseil régional de Rhône-Alpes montre que la coopération décentralisée représente une forte valeur ajoutée pour

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sa région. Par conséquent, c'est une chasse fortement gardée pour les représentants des collectivités et les opérateurs qui vivent de ça ;

- Elle est inefficiente à cause de l'écart qui existe entre les moyens mobilisés (8.245.085 € entre 1997 et 2008) par la région Rhône-Alpes, sur fonds propres, et les résultats obtenus. La région Rhône-Alpes a beaucoup fait pour l'éducation et la santé dans la région de Saint-Louis, notamment au niveau des collèges et lycées de Podor. Toutefois, il y a un tel déséquilibre dans la région de Saint-Louis, que si on fait une évaluation proportionnelle à l'ensemble du territoire, les résultats obtenus à un niveau départemental n'auront aucune valeur à un niveau agrégé. Par exemple entre 2006 et 2007, les effectifs de l'enseignement moyen (collège) ont augmenté de 33,8% dans le département de Podor, alors qu'ils sont de 16,2% à Saint-Louis et de 0,7% à Dagana25. Ce qui fait une variation totale régionale de 16,3%, malgré les chiffres exceptionnels de Podor. Il semblerait, alors, que les collèges de Dagana soient en situation de très faible fréquentation, contrairement aux départements de Saint-Louis et de Podor. A partir, de ces données le Conseil régional de Saint-Louis devrait pouvoir réorienter ses partenaires français afin d'éviter que de telles déséquilibres ne persistent entre les trois départements qu'elle administre. Cependant même si la région Rhône-Alpes, par bonne volonté, réoriente ses actions de manière rationnelle, il semble impossible de bâtir un développement durable sur des ressources aléatoires. D'autant plus que les fonds alloués à Saint-Louis par l'Etat ont été diminués de 180 Millions de francs cfa, en 2009. Soit à peu prés 30% a été enlevé de cette enveloppe par rapport à 2008. Dans ces conditions si les trois partenaires français, dont Rhône-Alpes, qui cofinancent le CRREJ arrêtent leurs cofinancements en 2010, comment le Conseil régional de Saint-Louis va réussir à maintenir les mêmes types de prestations offerts à sa jeunesse, avec les maigres allocations budgétaires de l'Etat. La région Rhône-Alpes investie, énormément, pour le développement local de Saint-Louis, sur fonds propres, mais jamais, elle ne va prendre en main le destin de la population Saint-louisienne. C'est à l'Etat sénégalais que revient le soin de s'y employer. Il doit reprendre en main le destin de ses collectivités locales, jouer son rôle de régulateur social et de garant des bonnes conduites, en inculquant à ses fonctionnaires une éthique de responsabilité. Sauf l'adoption d'une approche stratégique globale de développement, la coopération décentralisée risque de n'être qu'un épiphénomène sans réel impact sur la réduction de la pauvreté qui gangrène les populations sénégalaises et du Sud en général.

25 Sources : Evolution des effectifs du moyen par département de 2003 à 2007, IA, Saint-Louis

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