1.2 Classification des
antalgiques
Il est possible de classer et de distinguer les antalgiques
entre eux en fonction de leur mécanisme d'action, ce qui débouche
sur une logique d'utilisation tenant compte des associations possibles et des
contre indications. On peut aussi les classer suivant leur puissance d'action
qui permet en outre d'adapter le traitement à l'intensité de la
douleur (Claude et al, 1995).
Selon leur mécanisme d'action, on oppose souvent les
antalgiques périphériques tels que le paracétamol ou
l'aspirine, sensés agir localement au niveau de la zone soumise aux
stimuli douloureux, aux antalgiques centraux morphiniques, appelés aussi
narcotiques, agissant au sein du système nerveux central. Cependant, des
travaux récents, expérimentaux et cliniques, ont montré
à la fois une action à composante centrale pour les antalgiques
périphériques et une action périphérique pour la
morphine qui est un antalgique central (Claude et al, 1995). Par exemple
l'injection intra-articulaire de morphine après geste chirurgical sur le
genou sous arthroscopie soulage parfaitement le patient pendant près de
24 heures. La distinction périphérique/centrale ne reflète
donc pas suffisamment la réalité (Claude et al, 1995).
Il nous paraît alors plus logique de distinguer deux
classes des antalgiques qui ont en commun un mode d'action identique. Il s'agit
des morphiniques qui se fixent sur des récepteurs spécifiques et
des non-morphiniques qui inhibent des enzymes telle que la
cyclo-oxygénase, la phospholipase A2 intervenant dans la
synthèse des prostaglandines (Claude et al, 1995).
La distinction entre les antalgiques selon leur puissance
d'action, pour dégager une logique d'utilisation et peut être
illustrée par l'échelle OMS à 3 paliers. Cette
échelle a été recommandée à l'origine pour
le soulagement des douleurs cancéreuses, avec dans ce cas un aspect
systémique et hiérarchisé des trois paliers.
C'est-à-dire début du traitement avec un antalgique du palier 1
puis passage au palier 2 en cas d'échec ou de soulagement insuffisant du
précédent traitement, et passage au palier 3 en cas
d'échec du traitement antalgique au palier 2 (Claude et al, 1995).
Au palier 1 correspond un antalgique simple tel que le
paracétamol ou aspirine pour traiter une douleur modérée.
Au palier 2, correspondent les morphiniques faibles (codéine,
dextropropoxyphène) associés au paracétamol
utilisés pour traiter des douleurs fortes. Au palier 3, correspondent
les morphiniques et en particulier la morphine par voie orale donnés en
cas d'une douleur intense. C'est donc l'intensité de la douleur qui
guidera le choix (Claude et al, 1995). Le respect de cette méthode doit
permettre de soulager 90% des douleurs d'origine cancéreuse. En fait,
les antalgiques recommandés pour ces 3 paliers ont des puissances
antalgiques croissantes : l'association d'un antalgique tel que le
paracétamol et d'un morphinique, codéine ou
dextropropoxyphène, améliore la qualité de
l'analgésie par un effet additif et synergique. La morphine reste
toujours l'étalon, en terme de puissance des antalgiques (Claude et al,
1995).
Ce type de classification, très simple, permet de
garder toujours à l'esprit les puissances respectives des produits et de
les manier, de les combiner ou de les interchanger de façon logique
(Claude et al, 1995).
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