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La protection de l'enfance dans les pays africains sortant d'une crise armée : cas de la Côte d'Ivoire

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par Sedjro Leonard SOSSOUKPE
Universite de Nantes - Master 2 2009
  

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II. La xénophobie et les heurts interethniques : conséquence des disparités économiques entre les anciennes colonies

Le territoire de Côte d'Ivoire était connu comme terre d'immigration. En Afrique occidentale, elle « est le seul pays où la population a doublé en vingt (20) ans et triplé en trente (30) ans grâce à l'immigration massive des pays limitrophes ».53(*) Cette attraction est en partie due à la situation économique de la Côte d'Ivoire héritée de la période coloniale pendant laquelle les produits de rente comme le cacao et le café ont été promus par l'autorité coloniale, attirant une main d'oeuvre massive et mieux rémunérée que celle de la sous région. Après l'indépendance cette politique a été perpétuée, créant les conditions d'une immigration massive en direction du pays. Les immigrés s'y sont établis et ont cohabité pendant longtemps avec les autochtones sans heurts majeurs jusqu'aux années 1990 marquées par la crise économique et politique qui a suscité la xénophobie aggravée par la théorie de l'ivoirité54(*) « développée lors d'un forum qui s'est tenu à Abidjan en mars 1996 sous le titre L'ivoirité ou l'esprit du nouveau contrat social du président H.K. Bédié » 55(*). Plus tard, au déclenchement de la crise militaire en septembre 2002, très rapidement certaines communautés étrangères et celles du nord ont été soupçonnées de sympathiser avec les rebelles et ont été prises pour cibles par les milices. Alors, ont éclaté, entre les communautés autochtones et allochtones (burkinabè surtout), des conflits qui se focalisent, le plus souvent, sur la revendication de la propriété foncière. Ces conflits sont «attisés par une politique qui visait à n'accorder le droit de posséder une terre qu'aux seuls citoyens ivoiriens. Ces antagonismes ont également été exacerbés par une rhétorique xénophobe alimentée par certains hommes politiques et certains médias » 56(*). Les autochtones en sont alors arrivés à réclamer que les populations allochtones (Ivoiriens originaires de régions autres que celle qu'ils habitent) et « allogènes» (appellation donnée aux personnes venues de pays voisins, notamment le Burkina Faso, afin de travailler dans les plantations de cacao et de café) quittent leurs propriétés pour rentrer chez « eux ». Ces revendications se sont souvent exprimées à travers des violences, des attaques de villages et se sont soldées parfois par des morts y compris parmi les enfants. La plupart de ces conflits ont été enregistrés dans l'ancienne zone de confiance et à l'ouest du pays, zones de prédilection des activités des milices progouvernementales.

A cela s'ajoute le comportement des forces de sécurité et des forces rebelles relativement à la question du trafic des enfants. D'un côté comme de l'autre, la recherche d'intérêts personnels a engendré une grande propension à la corruption avec des conséquences aggravantes sur ce phénomène.57(*)

* 53 Zah Bi Tozan, Démographie de la Côte d'Ivoire : Une exception en matière de croissance démographique en Afrique de l'ouest, source : http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mographie_de_la_C%C3%B4te_d'Ivoire

* 54 Le concept d'ivoirité a été évoqué pour la première fois le 26 août 1995 par le président Henri Konan Bédié alors président de la république. Ce concept est basé sur la distinction entre les Ivoiriens dits de souche et les Ivoiriens dits d'origine douteuse ou de circonstance. Ce concept correspond à un discours identitaire ivoirien réducteur car il favorise une hostilité à l'égard des étrangers et des Ivoiriens musulmans du nord.

En 1998, une loi foncière réservait le droit de propriété des terres aux seuls Ivoiriens de souche. Il s'en suit que des milliers de paysans d'origine burkinabé furent expulsé. La constitution de juillet 2000 adopté sous le président Guei transpose le débat au plan politique et son article 35 dispose que seuls les Ivoiriens de souche (ceux nés de père et de mère eux-mêmes ivoiriens) qui ne sont jamais prévalus d'une autre nationalité peuvent être candidats à l'élection présidentielle. Alassane Ouattara s'en retrouva alors écarté. Laurent Gagbo fut élu dans le cafouillage. Une politique d'identification nationale fut mise en place afin de déterminer la citoyenneté par rapport à un village « authentiquement ivoirien ». Ce concept d'ivoirité, développé en réaction au sentiment que les étrangers sont devenus «trop nombreux», est considéré comme l'une des causes des exactions commises ces dernières années en Côte d'Ivoire. 

* 55Amnesty International, Côte d'Ivoire : Un avenir lourd de menaces, document public, Index AI : AFR 31/013/2005, 26 octobre 2005, p.11

* 56 Amnesty International, op.cit.

* 57En 2006, un véhicule minibus chargé de dix sept enfants burkinabé n'a été intercepté qu'à la hauteur du barrage policier de Bondoukou (après avoir parcouru en territoire ivoirien plus de deux cents soixante kilomètres soit cent soixante kilomètres en zone FN et une centaine en zone gouvernementale) après avoir franchi plusieurs barrages de contrôle d'un coté comme de l'autre.

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