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Les écoles coraniques et l'éducation des enfants talibés dans la ville de Dédougou au Burkina Faso

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par Abdoulaye ZERBO
Université de Koudougou au Burkina Faso - Diplôme d'inspecteur de l'enseignement du premier degré 2012
  

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I.I.9. Présentation des résultats des entretiens réalisés avec les responsables
de la communauté musulmane

Avec le président de la communauté musulmane et l'Imam de la grande mosquée de la ville de Dédougou, nous avons pu avoir des entretiens portant sur neuf (09) questions.

La première question se rapporte à la connaissance et au nombre de foyers coraniques existant dans la ville. Il a été révélé que les deux responsables ont connaissance de leur

existence. Toutefois ils ignorent leur nombre ; mais ils peuvent citer les noms de quelques promoteurs.

La deuxième question porte sur le genre d'enseignement dispensé dans les écoles coraniques. Le président a mentionné le Coran et les pratiques religieuses.

Pour l'Imam, l'enseignement de l'école coranique a pour finalités de :

> éduquer l'homme de façon générale ;

> former l'homme religieusement complet ;

> mettre des érudits á la disposition et au service de la communauté musulmane.

Le but de cet enseignement est de :

> professer le TAWHID qui est l'unicité de Dieu ;

> accomplir la IBAADA qui est l'ensemble des actes d'adoration d'ALLAH (Dieu).

Pour les objectifs, l'école coranique veut :

> former des Imams ;

> former des muezzins ;

> produire des marabouts et maîtres coraniques.

L'enseignement est donné à travers l'étude des livres suivants :

> le Coran qui est le livre sacré de l'Islam ;

> les Kitabs (livres) comprenant l'Akdari, Asmawi, Kkla Cheïck, Moukadamat, Rissala, Kawatil-islam.

Les branches d'études étant le Tafsir ou commentaire du Coran, les hadith ou paroles du Prophète et le Logha qui est l'apprentissage de l'arabe littéraire.

La troisième question concerne le sens á donner á la mendicité. Pour le président, les talibés mendient par nécessité due au fait qu'ils ne vivent pas avec leurs parents. Aussi parce que les parents ne donnent rien au maître pour l'entretien de leurs enfants.

Pour l'Imam, la mendicité est tolérée seulement dans le but de se nourrir. Le talibé qui a consacré sa vie á chercher le savoir pour servir Dieu doit titre nourri et entretenu. Il évoque un principe musulman qui interdit de garder le reste du repas lorsqu'on se rassasie et qui recommande de le donner à ceux qui n'ont pas à manger. C'est ce qui justifie que les mendiants passent de porte en porte pour enlever les restes et pour éviter aux familles de les

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rechercher pour cela. Il reconnaît cependant que c'est gênant de voir les talibés envahir les lieux publics.

La question n°4 se rapporte à l'appréciation de l'éducation dans les écoles coraniques. Le président apprécie négativement l'école coranique. Il doute de la qualité de l'éducation qui y est donnée. Il pense que les enfants sont revêtus de haillon à dessein pour susciter de la pitié. Il a peur que ces écoles ne produisent des escrocs.

L'Imam au contraire adopte une position favorable à l'école coranique. Pour lui, elle a l'avantage d'inculquer à l'enfant, mieux que toute autre école, des valeurs comme l'endurance, le pardon, l'humilité et la foi musulmane. Il affirme même que les medersas ont été créées pour concurrencer et faire obstacle à l'école coranique.

La question n°5 porte sur les châtiments corporels. Le président dit ne pas savoir s'ils existent encore dans les écoles coraniques. Dans le temps, dit-il, les plus grands frappaient souvent les petits qu'ils devaient encadrer.

L'Imam pour sa part pense que le savoir doit s'acquérir dans la contrainte ; il doit être introduit dans l'enfant par pression. Cette méthode est une tradition qui remonte au Prophète à qui l'Ange Gabriel a transmis les premiers versets en le serrant comme pour le torturer. C'est ce qui justifie le choix de la méthode dogmatique par cette école.

A la question de savoir à quelle école il faut envoyer prioritairement les enfants, le président de la communauté musulmane répond : l'idéal serait que l'enfant puisse posséder l'arabe et le français, en plus d'une langue nationale. Il est facile, dit-il, de comprendre sa religion en passant par le français. Il cite l'exemple des associations musulmanes comme le Cercle d'Etudes, de Recherches et de Formation islamique (CERFI) et l'Association des Elèves et Etudiants musulmans au Burkina (AEEMB) qui ont réussi l'enseignement de la religion et de l'arabe à partir du français. Par l'arabe au contraire, il serait difficile de rattraper le premier, conclut-il.

La réponse de l'Imam à cette même question est qu'il faut envoyer les enfants en priorité à l'école coranique car elle ouvre l'esprit des enfants. Il pense que cela peut se faire à partir de 4 à 6 ans, juste avant d'entrer à l'école primaire.

Lorsqu'ils ont été interrogés sur l'obligation scolaire, les deux responsables religieux ont répondu par l'affirmative. Ils savent en effet que l'école est obligatoire pour les enfants

âgés de 6 à 16 ans. Pour le président, cette loi est ancienne et elle comportait cette restriction : (l'enseignement primaire est obligatoire) «dans les limites des possibilités d'accueil». L'Imam pense pour sa part que cette loi doit concerner seulement les enfants qui sont restés à la maison et qui ne fréquentent aucune structure éducative.

La question n°8 est relative aux suggestions pour que les talibés bénéficient d'une scolarité normale. L'Imam et le président suggèrent de :

> éviter que les talibés voyagent à travers les villes et villages ;

> encourager les talibés à rester auprès de leurs parents et à étudier dans leur lieu de résidence ;

> supprimer la mendicité ;

> impliquer les parents dans la prise en charge et le suivi des enfants talibés ; > inscrire parallèlement les talibés au cours du soir en français ;

> enfin, que l'Etat affecte des maîtres chargés de dispenser des cours dans les écoles coraniques.

Relativement à la tutelle des écoles coraniques, nous avons appris que celles-ci fonctionnent en toute autonomie et qu'elles ne sont sous l'autorité de personne.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci