Les responsables des services déconcentrés du MENA
ont donné leur point de vue par rapport aux questions formulées
dans le guide d'entretien.
La premiere question est relative aux types d'écoles
privées présents dans la zone. Les réponses
apportées nous ont permis de relever qu'il en existe cinq (05) types :
les écoles franco-arabes, les medersas, les écoles privées
catholiques, les écoles privées protestantes et les écoles
privées laïques.
En réponse à la question de savoir
s'ils ont connaissance de l'existence d'écoles coraniques dans
leur localité, tous les trois (03) responsables ont répondu par
l'affirmative. Ils
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savent que des foyers coraniques existent dans la ville de
Dédougou à travers les talibés qui se font remarquer dans
les rues.
A la question de savoir si les statistiques scolaires
prennent en compte les écoles coraniques, la réponse est non pour
tous. Pour justifier cette omission, les représentants du MENA ont
évoqué les raisons suivantes :
> elles sont mobiles et difficiles à trouver ;
> elles ne sont pas reconnues par l'administration scolaire
;
> c'est un cadre religieux comme la catéchèse
;
> elles ne viennent pas se faire reconnaitre ;
> les écoles coraniques n'ont pas le même statut
que les autres écoles; > elles sont purement coraniques et
religieuses ;
> elles n'appliquent pas le programme officiel ;
> enfin, l'Etat n'a pas demandé de comptabiliser les
effectifs des talibés.
Concernant l'appréciation qu'ils ont du droit à
l'éducation des enfants talibés, le Directeur régional a
répondu : il n'est pas normal d'envoyer les enfants à
l'école coranique ; à la limite il faut les envoyer dans les
franco-arabes reconnues. Pour le Directeur provincial, le droit de ces enfants
n'est pas respecté et il est nécessaire que l'Etat intervienne.
Le C.CEB pense que les talibés ont droit à l'éducation et
que celle qu'ils reçoivent en ce moment dans les foyers est
incomplète. Il trouve que le sort des talibés est
déplorable du fait qu'ils sont jetés dans la rue sans
contrôle. Il voit la nécessité pour ces enfants
d'acquérir des compétences.
Relativement à la question qui se rapporte à
l'influence du nombre de talibés sur le taux brut de scolarisation
(TBS), les réponses concordent. Tous les trois (03) responsables ont
reconnu que les TBS sont influencés négativement par la mise hors
système des talibés.
Parlant des stratégies qu'il est possible de
développer pour que les talibés intègrent le
système scolaire, cette question nous a permis de retenir les
propositions suivantes :
> sensibiliser les responsables religieux, les promoteurs,
les parents d'enfants et
les talibés pour qu'on envoie désormais les
talibés dans les medersas et
franco-arabes reconnues par l'Etat;
> recenser les maîtres coraniques et leur octroyer des
moyens pour abandonner la création des foyers coraniques ;
> transformer les promoteurs en animateurs de centre
d'alphabétisation et les alphabétiser dans une langue nationale
de leur choix ;
> transformer les écoles coraniques en Centres
Permanents d'Alphabétisation et de Formation (CPAF) ou en écoles
franco-arabes ;
> orienter vers les Centres d'Education de Base Non Formelle
(CEBNF) les talibés qui ont terminé leur cycle coranique.