Nous avons rencontré les enfants talibés en
espérant obtenir confirmation de certaines questions posées aux
maitres coraniques. Ainsi, nous sommes- nous intéressé à
l'âge, au lieu de résidence des parents, aux effectifs, à
la scolarité, aux études, aux conditions d'étude et
à la mendicité à travers quinze (15) questions.
Parlant de l'age, la question n'a pu être
répondue de manière très satisfaisante car la plupart des
enfants semblent ignorer leur âge. Il est ressorti que les enfants
talibés sont surtout des adolescents âgés de 11 à 20
ans. Il en existe qui ont entre 8 et 9 ans ; mais ils sont peu nombreux.
Au sujet du lieu de résidence des parents, aucun enfant
talibé n'a ses parents qui résident à l'intérieur
de la commune. Seuls 03 ont répondu avoir leurs parents dans un village
de la Kossi situé à 12 km sur le bord du fleuve Mouhoun. Ils
s'avèrent être les plus proches.
Concernant les effectifs présents dans les foyers les
réponses données ont permis de noter la fourchette de trois (03)
à trente (30) enfants talibés par foyer. Ce qui fait une moyenne
de dix (10) apprenants par école.
Pour ce qui est de la scolarité, les durées
retrouvées vont de 3 à 5 ans. Cependant, il y en a qui ont
fréquenté précédemment un premier foyer et sont
à leur deuxième.
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Quant aux conditions d'études, aux contenus et temps
d'enseignements, ils ont été décrits à peu
près de la même manière que par les maîtres
coraniques. A la différence que, comme livres au programme, les
talibés n'en citent pas plus d'un.
Côté châtiment corporel, les
talibés n'ont rien à craindre parce qu'il n'est plus en usage
dans les foyers. Un seul talibé, soit 5 % des enquêtés, a
mentionné l'usage du fouet contre ceux de ses camarades qui n'apprennent
pas bien les textes sacrés.
Au plan de l'hébergement, tous les talibés sont
des internes et font partie des courtisans de leur marabout. Ils dorment,
disent-ils, en groupe dans des dépendances qui leur sont
affectées, souvent hors de la concession du maître, mais tout
proche.
Comme raisons évoquées pour la
mendicité, les talibés ont fait savoir qu'elle répond
à leurs besoins de se nourrir, de se vêtir et de se chausser. Les
restes de repas, ils les mangent ; les pièces de monnaie, ils les
épargnent pour des achats de vêtements, de chaussures et de piles
pour alimenter les lampes qui servent aux études du soir.
En rapport avec les visites, 17 talibés sur 20
talibés interrogés, soit 85 %, ont répondu en avoir
déjà reçu de la part de leurs parents. La plupart (75%)
disent que des cadeaux leur ont été offerts lors de ces visites.
Mais de savoir si les maîtres coraniques aussi ont pu recevoir des
présents, les réponses ont été vagues. C'est
à croire que les marabouts ne sont pas récompensés par les
parents.
Sur la question des soins en cas de maladie, les
réponses des talibés nous ont permis de savoir que 80% d'entre
eux sont soignés par les maîtres coraniques eux-mêmes. Par
contre, d'autres (15%) ont répondu qu'ils sont conduits à
l'hôpital pour les cas graves. Un enquêté a affirmé
que, jusqu'alors, personne n'était tombé malade dans leur foyer
parce que le maître faisait des prières d'exorcisme chaque
vendredi.
Des questions ont porté sur d'éventuelles
activités menées par les talibés en dehors des
études et de la mendicité et aussi sur les services rendus au
maître en contrepartie de son enseignement. Les
réponses fournies nous ont permis de savoir qu'en dehors de la
mendicité, les talibés ne font aucune activité et qu'ils
ne paient rien au maître comme frais de scolarité.
Répondant à la question de savoir s'ils auraient
bien aimé aller à l'école classique, quinze (15)
talibés sur vingt (20) ont avoué nourrir cette intention. 02 ont
émis le souhait de suivre des cours du soir ; tandis que l'un (01) a
déclaré être ancien élève du primaire qui fut
déscolarisé à partir du CE2.
A la question de savoir ce qu'ils escomptent faire à
leur sortie d'école coranique, 05 talibés ont répondu
qu'ils désirent devenir maîtres coraniques ; 02 veulent exercer le
métier de leur père ; 13 ignorent ce qu'ils deviendront dans
l'avenir. Pour ces derniers (65 %), Dieu déterminera leur métier
en temps opportun.