I.2.5. Revue de la littérature
Dans le cadre de notre recherche, nous avons retenu quelques
ouvrages à cause de leur objet, de leur problématique et de leur
conclusion qui entrent en ligne avec l'objet de notre recherche. Ces ouvrages
se composent de romans, de mémoires de fin de formation, de rapports
d'enquête, de travaux de forums et de publications sur le NET.
Au préalable, il nous a paru édifiant de
comprendre les raisons qui motivent souvent les parents à se
détourner de l'école. Pour cela, nous avons été
amené à lire L'ENFANT AFRICAIN23. Selon les
résultats d'une enquête menée auprès des parents sur
l'influence de l'école, il ressort que les effets de la scolarisation
sont néfastes et que l'enseignement est inadapté au contexte
africain.
23 Publié par le Bureau International Catholique de
l'Enfance (BICE), Editions Fleurus, 31-33, rue de Fleurus,
Paris-VIème , Collection Etudes et Documents, 484 p.
Premièrement, les parents trouvent que l'école
détache l'enfant de son milieu parce que son enseignement n'est pas
adapté à l'Afrique et qu'il ne le prépare pas à la
vie dans son milieu. Il dépersonnalise l'enfant en détruisant le
cadre culturel traditionnel. Il fait ainsi de l'enfant un étranger dans
son village. En d'autres termes, l'enseignement occidentalise l'enfant en ne
lui donnant pas une éducation conforme aux normes admises par son groupe
pendant que celui-ci est dans l'impossibilité d'utiliser les notions
reçues.
Deuxiemement, l'école provoque le mépris du
travail manuel, l'abandon de l'agriculture et l'émigration vers la
ville, parce qu'elle forme surtout du personnel de bureau. Cette critique est
d'ailleurs compréhensible si l'on songe à la disproportion qu'il
y avait de par le passé entre le salaire du moindre employé du
bureau et la modeste paye d'un ouvrier qualifié, et á la place
que tenait et tient encore la monnaie dans un pays qui en possède
peu.
Troisiemement, l'école provoque le chômage, le
vagabondage et la délinquance. Les jeunes se croient toutes les portes
ouvertes des qu'ils savent lire et écrire.
En quatrieme lieu, l'école fait que les enfants
deviennent des personnes qui ont une haute opinion d'elles-mêmes, des
«m'as-tu-vu » qui ne pensent qu'à la parure, à
la coquetterie et á la dépense.
En cinquieme lieu, l'école crée un
déséquilibre moral parce qu'elle supprime les tabous et fait
perdre le respect des parents et des supérieurs. L'enquête
rapporte le propos d'un ancien d'Ouganda: « La religion nous a
enseigné de très bonnes choses ; elle a
amélioré beaucoup de nos coutumes anciennes sans les supprimer.
Mais le gouvernement, lui, les a tuées par ses écoles.Les
Européens ont tué nos coutumes familiales ».
Toutefois, le rapport mentionne à la décharge de
l'école que si les tabous et interdits ont perdu leur force, c'est par
suite de l'évolution générale de la famille, de la
société, de l'accession d'éléments plus jeunes
à des fonctions de commandement jadis uniquement dévolues
á des anciens. Or, les parents n'ont pas hérité
l'autorité et le respect qui étaient l'apanage des anciens et du
clan. Ils n'ont pas été préparés à leur
rôle d'éducateurs et n'ont pas su imposer leur autorité
à leurs enfants. De sorte qu'ils se désistent trop facilement de
toutes leurs tâches sur l'école et en attendent tout.
16
Il suggére qu'il faudrait certainement s'appuyer
davantage sur les coutumes africaines pour enseigner certains impératifs
moraux à l'école, par exemple les régles de politesse, car
l'école ne les a pas supprimées, mais au contraire les
inculque.
Au compte des ouvrages ayant abordé l'école
coranique, l'Aventure ambiguë. Dans les deux premiers chapitres de son
oeuvre, Cheick Hamidou KANE dépeint sans complaisance les
réalités de vie dans une école coranique au triple plan
pédagogique, didactique et socioculturel.
La mémorisation et la récitation par coeur des
leçons sont les méthodes privilégiées de cette
école : « Le maître lkcha l'oreille sanglante(~) Le
maître qui tenait maintenant une bIche ardente tirée du foyer tout
proche regardait et écoutait l'enfant» Tout comme les
châtiments corporels sont courants : « Alors, verges, bitches
enflammées, tout ce qui lui tombait sous la main servait au
châtiment». 24
La mendicité, corollaire de cette forme
d'éducation est décrite avec une religiosité
déconcertante. Le seul but serait de cultiver l'humilité chez les
éduqués : «Qui nourrira aujourd'hui les pauvres
disciples ? Nos pères sont vivants mais nous mendions comme des
orphelins. Au nom de Dieu, donnez à ceux qui mendient pour sa
gloire». 25
L'auteur mentionne l'âge de recrutement qui est de sept
(07) ans comme à l'école classique avec une scolarité dont
la durée n'est pas déterminée. Mais tout porte à
croire que l'éléve peut mettre fin à sa scolarité
à la demande des parents comme ce fut le cas pour Samba Diallo, le
héro du roman.
Les conditions de vie, c'est l'austérité et
l'humilité qui exigent le mépris du luxe et du neuf : «
Le maître appela ensuite le disciple le plus pauvre, le plus mal
habillé du foyer et lui ordonna d'échanger ses hardes contre les
habits neufs de Samba Diallo»
L'apprentissage se fait en groupe mais de façon
individuelle, avec les disciples assis autour du maître, chacun lisant
à tue-tête sur sa tablette : « Chacun d'eux avait repris
sa
24 Cheick Hamidou KANE, l'Aventure
ambiguë, Edition ; Paris : Julliard, 1961, p. 15.
25 Ibid. p. 33.
tablette et rejoint sa place en un grand cercle. La parole,
scandée par toutes ces voix
26
juvéniles, montaitl sonore et bienfaisante au coeur
dXFmaî .
Le motif du rejet de l'école classique est
évoqué en ces termes : « Nous refusons l'école
pour demeurer nous- mrmes et pour conserver à Dieu sa place dans nos
coeurs.» ; en même temps qu'il juxtapose les arguments pour
accepter l'école : « Mais avons nous encore suffisamment de
force pour résister à l'école et de substance pour
demeurer nous-mêmes ? (...) Il est certain que rien n'est aussi
bruyamment envahissant que les besoins auxquels leur école permet de
satisfaire »27.
Le journal L'Evénement28 s'est penché
sur la question des enfants talibés des écoles coraniques de la
ville de Ouagadougou. Pour ce journal qui cite le Réseau National d'Aide
à l'Enfance, 43 % des enfants de la rue sont des talibés venant
des écoles coraniques de Hamdalaye (un quartier de Ouagadougou). Il voit
dans la nouvelle loi d'orientation de l'éducation des perspectives de
changement car les talibés et leurs fréres des écoles
islamiques sont, dit-il, les « parents pauvres du système
éducatif burkinabé » et sont victimes de
marginalisation.
Le journal relève le manque de reconnaissance
officielle des foyers coraniques qui ne sont pas pris en compte par le
Ministère. En même temps il rapporte les propos de Ismaël
Tiendrebéogo, juriste de formation et Imam du Cercle d'Etude, de
Recherches et de Formation Islamique (CERFI), pour qui : « même
si la loi ne cite pas expressément les foyers coraniques on peut
considérer qu'un parent qui envoie son enfant dans un foyer coranique
où le programme national n'est pas enseigné soustrait cet enfant
à l'obligation scolaire. »
Comme solution, il propose la réglementation des foyers
coraniques à l'exemple du Mali et du Sénégal qui ont
capitalisé de l'expérience dans ce domaine. Entre autres, les
écoliers de l'enseignement classique peuvent apprendre le coran à
travers des séances dispensées le soir après les cours
dans les mosquées ou dans les écoles coraniques.
26 Cheick Hamidou KANE, op.cit.p.33.
27 Ibid. p.20.
28 L'Evènement, op.cit.
18
Ali HAMADACHE 29 donne une définition de
l'école coranique avec mention de ses caractéristiques. Il lie
les causes de la mendicité à l'abandon des pratiques
d'activités économiques agricoles ou artisanales. Elle est,
mentionne --t-il, un phénomène social spécifique des
talibés répandu dans bon nombre de pays du Sahel, notamment au
Sénégal où il a pris de l'ampleur.
Par ailleurs, il décrit les conditions de vie et
d'étude dans les écoles coraniques. Quand bien même leur
emploi du temps fait alterner lecture du coran et mendicité, les
disciples passent en réalité le plus clair de leur temps à
demander l'aumône. Côté logement, ils se retrouvent par
dizaines tard dans la nuit dans des baraquements vétustes et mal
aérés où ils couchent à même le sol.
L'auteur relève cependant l'importance du rôle
que joue l'école coranique dans la lutte contre l'analphabétisme
et la promotion de la scolarisation des enfants. Il pense que la
généralisation de l'éducation de base en Afrique noire
passe, comme dans d'autres régions du monde, par la prise en compte de
l'enseignement islamique. Pour cela cette école doit être
adaptée afin d'éviter le risque de se transformer en «
écoles refuges » pour les pauvres et pour tous ceux qui n'ont pas
pu accéder à l'éducation publique.
HAMADACHE dénonce toutefois un risque de dérive
du fait de certains fondamentalistes ou intégristes musulmans qui
détournent cet enseignement de son véritable objectif en
procédant à des lavages de cerveau.
A la suite de HAMADACHE, nous avons lu l'Imam Tiégo
TIEMTORE sur «La place de l'école coranique de proximité
dans l'enseignement coranique et l'éducation de base des
talibés»30. L'auteur traite de l'importance du Coran
dans la vie du musulman et du droit à l'éducation selon le Coran
et la sunna. Il évoque la naissance de l'école coranique qui, en
tant que foyer d'apprentissage du Coran, aurait existé depuis le
début de l'Islam. A la Mecque, le prophète Mohamed (SAW) recevait
ses compagnons dans un lieu (la maison d'Arquam) pour leur apprendre
le Coran. Au fil de l'histoire, les modalités et conditions
d'apprentissage ont évolué et donné naissance à des
formules locales de transmission de l'enseignement du Coran.
29 Stefania Gandolfi, Cahiers d'études
africaines, 169-170, 2003, mis en ligne le 21 décembre 2006.
30 Forum régional sur la réforme des
foyers coraniques tenu à Bobo du 27 au 29 avril 2010.
Au Burkina Faso, l'école coranique aurait donc
été le premier cadre de formation des premiers musulmans, avant
l'apparition des medersas à l'indépendance et l'envoi des
étudiants arabophones au Maghreb ou dans les pays du Golfe, à
partir des années 60. Dans les finalités de cette école se
dégagent des constantes, transmises de générations en
générations et qui traduisent les aspirations des maîtres
coraniques.
L'Imam TIEMTORE mentionne les finalités de
l'école coranique en disant qu'elle assure les fonctions
d'éducation et d'instruction. Elle veille en
complémentarité avec la famille à éduquer les
jeunes au respect des bonnes moeurs, des règles de bonne conduite, ainsi
qu'au sens de la responsabilité et de l'initiative. Pour lui,
L'école coranique est appelée sur cette base à :
> développer le sens civique des enfants ;
> les éduquer aux valeurs de la citoyenneté en
recherchant à affermir en eux la conscience du caractère
indissociable de la liberté et de la responsabilité ;
> les préparer à prendre part à la
consolidation des assises d'une société solidaire fondée
sur la justice, l'équité, l'égalité des citoyens en
droits et en devoirs ;
> développer la personnalité de l'individu dans
toutes ses dimensions : morale, affective, mentale et physique ;
> affiner ses dons et ses facultés et lui garantir
le droit à la construction de sa personne d'une manière qui
éveille son esprit critique et sa volonté, afin que se
développent en lui la clairvoyance du jugement, la confiance en soi, le
sens de l'initiative et la créativité ;
> élever en eux le gout de l'effort et l'amour du
travail considéré comme valeur morale et susciter en eux
l'aspiration à l'excellence ;
> éduquer l'élève au respect des valeurs
communes et des regles du vivre ensemble ;
> garantir à tous les élèves, dans le
cadre de sa fonction d'instruction, un enseignement de
qualité qui lui permette d'acquérir une culture
générale et des savoirs théoriques et
pratiques ;
> développer leurs dons et leur aptitude à
apprendre par eux-mêmes et à s'insérer ainsi dans la
société du savoir.
Pour cela, l'école est appelée essentiellement
à donner aux élèves les moyens de :
> maîtriser la langue arabe en sa qualité de
langue cultuelle et culturelle de la foi musulmane ;
> posséder des notions élémentaires en
français, langue officielle du pays ;
20
> faire face à l'avenir de façon à
être en mesure de s'adapter aux changements et d'y contribuer
positivement.
L'Imam Tiégo TIEMTORE suggère une réforme
du foyer coranique à travers une école coranique dite de
proximité. En effet, il pense que la promotion de ce genre
d'école apparait de plus en plus comme une opportunité à
saisir et un idéal vers lequel il faudrait tendre à long terme.
Elle doit exister aux côtés de l'école classique car les
deux peuvent cohabiter harmonieusement et prouver que les élèves
des écoles classiques peuvent, s'ils le veulent, apprendre à la
fois le Coran. Son objectif serait de permettre aux élèves issus
des écoles coraniques ou aux intellectuels musulmans d'apprendre la
lecture du Coran et de posséder des notions de la langue arabe sans
rompre le lien avec la structure familiale d'origine. On n'aurait plus besoin
de s'éloigner de la famille pour apprendre le Coran. Cela permet aux
apprenants de bénéficier des vertus de la présence
familiale, d'apprendre dans des conditions meilleures - qui évitent la
mendicité entre autres - et d'apprendre autres choses à
côté de l'enseignement coranique le cas échéant.
Le cursus de l'école coranique de proximité
serait de moindre durée et peut être sanctionné par une
attestation de niveau, délivrée par le maitre coranique. Les
disciplines enseignées sont essentiellement le coran, la langue arabe,
l'éducation religieuse cultuelle. Les cours de langue arabe se feront
selon une méthode intensive, accompagnés d'exercices de maison.
Ce cursus prédispose à une formation plus solide que l'apprenant
devra chercher à accomplir plus tard.
Loin de remettre en cause les fondements de l'école
coranique, l'école de proximité se base sur des principes forts
suivants :
> Affirmation de la nécessité des écoles
coraniques ;
> L'école coranique ne doit plus être un obstacle
à l'acquisition d'autres connaissances ; > Fixation de minimum de
conditions nécessaires, notamment le cahier de charge ;
> Le maitre et la communauté musulmane au centre de la
réforme ;
> Vie pédagogique codifiée en termes de
redéfinition d'un nouveau cursus et de certification de la formation.
De même, nous avons été amené
à lire I'Imam Alidou ILBOUDOU31 dans : «Quelles
stratégies pour un meilleur apprentissage dans les centres
coraniques». Il fait savoir que l'école coranique
a longtemps été le seul cadre d'apprentissage de l'Islam. Il cite
de grands foyers coraniques qui ont existé à Nagringo, Yangdin,
Kiela, Sagbtenga, Lanfièra, Dandé, etc. Ces foyers ont
été pourvoyeurs de lettrés arabophones et d'élites
musulmans. L'enseignement coranique ne préparait pas à un
métier mais simplement à être croyant. Ces foyers ont
réussi à l'époque parce qu'ils étaient
intégrés au milieu et lui fournissaient des compétences
sociales dans le domaine religieux : marabouts, Imams, prêcheurs,
enseignants, et lettrés.
Il décrit les caractéristiques essentielles de
l'école coranique de l'époque comme suit : > l'enseignement
à lieu au domicile du maitre qui héberge les apprenants, les
nourrit et les soigne ;
> la dominance numérique des garçons au
détriment des filles qui y étaient acceptées aussi,
même si elles ne restaient pas longtemps ;
> la récitation mécanique et
ânonnée des versets sans compréhension par des groupes
d'enfants d'ages différents et de niveaux divers ;
> les fournitures scolaires très
élémentaires : ardoise de bois, un roseau taillé servant
de plume, un encrier en pot de terre, et au mieux un coran pour un groupe ;
l'encre est faite d'un composé d'eau, de gomme arabique et de noir de
fumée ;
> l'usage de châtiments corporels : le maitre utilise
une baguette souple pour chicoter les enfants qui se trompent ;
> l'enseignement individualisé : chaque enfant
travaille à son rythme et sur une ardoise sa partie du Coran
jusqu'à ce que le maitre l'autorise à la laver ;
> enfin la prise en charge de leur formation par les
apprenants : les élèves participent aux activités
agricoles, pastorales, artisanales et économiques du foyer ; dans le
même temps, ils sont astreints aux corvées du bois et d'eau.
En général, souligne l'auteur, l'enseignement
coranique dispensé était intégré au milieu si bien
que, au sortir du foyer, les élèves coraniques allaient
s'installer dans leur village où ils répercutaient l'enseignement
du maitre et devenaient ainsi des personnalités de premier plan.
Beaucoup, du fait que les privations ont forgé leur caractère,
réussissaient dans l'agriculture, l'élevage ou le commerce.
31 Communication faite le 27 avril 2010 lors du forum
régional de Bobo sur la problématique des écoles
coraniques au Burkina Faso
22
De nos jours cependant, pense l'Imam ILBOUDO, l'école
coranique a dévié de ses objectifs premiers qui étaient la
connaissance des textes religieux. Pour lui, le système a
dégénéré et cela a abouti à jeter
les enfants dans la rue pour mendier. L'emploi du temps normal alterne
apprentissage du Coran et recherche de la subsistance, mais en
réalité les talibés des villes passent le plus clair de
leur temps à demander l'aumône. Ils se couchent à
même le sol dans les salles vétustes et mal aérées,
dans des conditions qui ne garantissent pas toujours leur
sécurité.
L'auteur pense également que la question des
écoles coraniques est révélatrice de sérieux
dysfonctionnements qui se sont développés au sein de la
communauté musulmane à savoir la confusion entre textes religieux
et coutume-tradition. La crainte et la méfiance vis-à-vis de leur
environnement auraient entrainé le repli sur soi, le manque
d'initiative, l'absence de réforme et le manque d'évolution.
Aussi, conseille l'Imam ILBOUDO, faut-il promouvoir une
véritable mobilisation de tous les acteurs sociaux, communautaires et
étatiques afin de réformer un secteur longtemps
considéré comme un tabou. Dans cette perspective
d'amélioration de l'enseignement dans les centres coraniques,
pense-t-il, les axes suivants pourront se révéler prioritaires
:
De l'amélioration du cadre
institutionnel
Il s'agit de faire passer le système coranique du mode
de fonctionnement complètement libéral, c'est-à-dire sans
règlementation, où l'école coranique est conçue
comme une activité du secteur informel à un mode de
fonctionnement communautaire. Partant de ce fait, l'école coranique doit
dépendre de la communauté, de la société civile
dont elle tire ses références et ses valeurs. La
communauté musulmane doit être capable de répondre des
enseignements donnés à l'école coranique et assurer
à cet effet la tutelle pédagogique et administrative. Cela
suppose que des règles soient précisées se rapportant aux
questions telles que : Qui est habilité à être maitre
coranique ? Qui doit délivrer la reconnaissance ? Quelles sont les bases
de la certification ? Qui doit superviser ? Quelle doit être la
répartition des rôles entre l'Etat, la communauté
musulmane, la société civile, les maitres coraniques et les
parents ?
L'auteur estime que les gouvernants pourraient approcher les
promoteurs de manière coactive avec l'appui de certaines organisations
islamiques et acteurs de la société civile afin
24
d'accorder les points de vue et les compréhensions. Il
propose un cahier de charge pouvant comporter les points suivants :
> Etre majeur et même âgé de plus de 20 ans
;
> Justifier d'une formation certifiée par une
association islamique reconnue;
> Etre de bonne moralité, certifiée par la
communauté et les autorités judiciaires (casier judiciaire) ;
> Posséder un local décent : logement, latrine,
salle de lecture
> Etre de préférence marié et disposer
d'une adresse fixe ;
> Disposer d'un registre pour l'enregistrement de
l'identité, la provenance, la filiation, et l'adresse des parents des
enfants ;
> L'enseignant doit se prévaloir de la tutelle d'une
association légalement reconnue ; > Avoir des capacités pour
la mise en application du programme,
> Enfin, disposer d'un personnel qualifié à cet
effet.
De l'amélioration du cadre d'accueil
Le cadre de vie et d'apprentissage est un facteur à
priori dans la réussite d'une éducation. En termes
d'investissement, l'école coranique doit comporter des locaux
convenables aux effectifs, y compris des dortoirs, des salles de cours, des
toilettes et du matériel didactique. Le maitre coranique devra tenir
compte de la capacité d'accueil de son école dans le recrutement
des talibés. L'option de l'externat est de loin la meilleure. Dans le
pire des cas, les enfants internés ne sauraient travailler ou mendier
pour prendre en charge leurs études. L'apport des parents est de
préférence la premiere rémunération des maitres
avant toute autre subvention. L'école coranique de la mosquée, du
quartier, du secteur ou du village pourrait être une alternative aux
difficultés liées au « confiage » des enfants
loin de leur famille.
L'Imam ILBOUDO estime que les conditions actuelles ne
permettent pas à un individu seul d'avoir des infrastructures d'accueil
pour l'apprentissage d'une cinquantaine d'enfants sans la participation de
toute la communauté et parfois de l'aide financière des
partenaires. Pour cela, faire que l'école coranique appartienne au
village qui peut réunir les ressources nécessaires et non
à un maitre tout seul. Il propose de ce fait, dans un premier temps,
d'améliorer les contenus d'apprentissage et les méthodes. A ce
sujet il note que la recherche a longtemps ignoré le secteur de
l'enseignement coranique. Des études récentes font cas de la
possibilité d'intégrer des apprentissages nouveaux aux programmes
de l'école ancienne. Pour une éducation qui se veut complete il
faut que l'école prenne en compte tous
les besoins de l'être en devenir. Le temps est
maintenant révolu où l'enfant doit rester une dizaine
d'années au centre coranique d'où il sortait avec une
connaissance approximative du texte sacré. La langue d'apprentissage
doit être un levier pour que l'enfant acquière des
compétences en lecture (littéracie), en calcul
(numéracie), en langue, en discipline d'éveil scientifiques
(sciences). Tout cela passe par l'élaboration de curricula
intégrés à vocation nationale, qui prennent en compte des
modules du système d'enseignement formel ou à défaut ceux
du non formel comme l'alphabétisation. L'école coranique nouvelle
devra, au lieu d'enseigner aux élèves le métier du maitre
coranique comme de par le passé, former à des métiers dans
les centres spécialisés. En fait, la maîtrise
véritable de la langue arabe par l'introduction de nouvelles
méthodes devra favoriser un apprentissage rapide et réduire la
durée du séjour des talibés au centre.
Dans un second temps, il suggère d'organiser les
maitres coraniques et de renforcer leurs capacités. L'auteur souligne la
nécessité de formation théologique et pédagogique
des maitres coraniques qui s'engagent dans la nouvelle formule avec des remises
à niveau par des érudits de la communauté musulmane.
Véritablement, la recherche en éducation et les techniques de
développement personnel peuvent permettre un bon recyclage des maitres
coraniques aux fins d'améliorer leurs compétences
pédagogiques mais aussi de gestion. Le programme qui s'intéresse
aux médersas pourrait leur être dispensé.
En outre, en devenant un vrai corps de métier, une
vraie organisation professionnelle s'impose aux maitres coraniques. Cette
organisation pourrait, en vue de faciliter d'éventuelles interventions
de partenaires, tenir compte du découpage administratif national
à savoir les communes, les provinces, les régions. De même
qu'elle doit mettre fin à la pseudo-gratuité dont se
prévalent les écoles coraniques qui, en vérité,
n'en ont pas les moyens matériels, ni financiers.
Dans un troisième temps, il conseille d'établir
une passerelle entre l'école coranique et les autres systèmes
d'éducation et vice versa. A ce niveau, le communicateur évoque
des exemples d'autres pays où l'école coranique joue le
rôle d'institution préscolaire. L'enfant fréquente
l'école coranique de la mosquée des l'age de 4 à 6 ans
avant de rejoindre l'école classique formelle à 7 ans. Il cite
certains pays comme le Maroc et le Niger qui en ont fait l'expérience.
L'Imam ILBOUDO cite à ce propos Paré Afsatou Kaboré :
« Sur initiative des parents, certains des élèves vont
continuer dans les medersas ou rejoindre l'école coranique
après une tentative non réussie de
scolarisation dans les medersas ou l'école classique. Par ailleurs,
l'école coranique reçoit parfois des enfants de quatre ans qui,
à sept ans vont s'inscrire à l'école classique ou dans les
medersas. Enfin, les jeudis, jours congés à l'école prim
aire classique, certains élèves des cours classiques vont
étudier le coran à l'école coranique. Dans ce dernier cas,
on peut certainement parler d'une double fréquentation. Ce n'est pas le
cas lorsque l'échec dans une école formelle pousse les parents
à venir inscrire leurs enfants à l'école coranique,
l'inverse n'étant plus possible en raison du problème d'age qui
peut se poser pour l'entrée classique ».
Il cite des cadres burkinabé ou étrangers qui
sont passés par les foyers coraniques, notamment pour les plus connus :
Arba DIALLO, Salif SAWADOGO, Nouhoun BAKAYOKO ; preuve qu'il y a
possibilité d'établir une passerelle entre l'école
coranique et les institutions formelles d'enseignement.
Enfin, les conclusions des travaux32 du Projet de
lutte contre le trafic des enfants en Afrique de l'Ouest (PACTE) de Save of
Children Canada que nous avons lues également. Elles ont consisté
en un compte rendu d'une enquête sur les enfants talibés se
rapportant à leur âge, leur provenance, leur flux migratoire, leur
exploitation et leur situation au sortir du foyer coranique.
L'enquête a révélé que les
talibés sont des enfants, majoritairement des garçons,
confiés par leurs parents à un maître coranique pour y
apprendre le coran. Le Contrat traditionnel implique que le marabout enseigne
le coran et inculque aux enfants une des vertus essentielles,
l'humilité, par la pratique ponctuelle de la mendicité.
Cependant, a fait savoir le rapport, certaines écoles coraniques
comptent aussi des jeunes filles talibés. Elles sont très jeunes,
de 4 à 7ans, et souvent elles peuvent venir de la même ville ou de
tout près. En général leurs familles vivent à
quelques villages tout au plus de l'école coranique.
Concernant l'âge des enfants talibés,
l'enquête du projet a fait ressortir qu'ils sont tres souvent jeunes. Ils
entrent parfois à l'école coranique des l'âge de 4 ans et y
restent jusqu'à 18 ans. Les trois quart (3/4) des effectifs des
écoles coraniques sont formés surtout des jeunes
32 Lors de l'atelier de planification régionale
de mars 2006 à Bobo, organisé par PACTE, projet de «Aide
à l'enfance» Canada.
26
talibés du groupe d'age de 8 à 12 ans. Certains
parents confient leur enfant au maître coranique et lui abandonnent leurs
responsabilités parentales.
Abordant la migration des talibés, PACTE affirme que
certains maîtres coraniques sont migrants et d'autres sédentaires.
Il mentionne que tous les talibés ne sont pas des migrants et que
plusieurs vivent même au sein de leur famille. De même, tous les
enfants mendiants ne sont pas des talibés, quoiqu'un certain nombre
d'entre eux soient parfois des ex-talibés. Plusieurs jeunes mendiants
cherchent à se faire passer pour des talibés, ce qui facilite la
cueillette d'argent.
L'enquête sur la question migratoire a
révélé aussi que les enfants talibés se
déplacent beaucoup. Ils peuvent être appelés à se
déplacer avec le maître coranique sur de longues distances.
Pendant que les maîtres se déplacent en véhicule, les
enfants marchent sous la direction des plus grands. Il arrive que quelques-uns
se perdent dans les villes ou dans la brousse. Souvent très jeunes, ils
n'ont pas les informations nécessaires pour retrouver leur route. Ils
cherchent leur maître, n'ont aucun papier d'identité, ne savent
pas d'où ils sont.
Dans d'autres cas, les enfants talibés passent les
frontières pour aller suivre des enseignements auprès de
maîtres coraniques renommés. Tout au long de leur périple,
ils passent beaucoup de temps à mendier dans les lieux publics comme les
gares routières, les postes de contrôle, etc. Ils peuvent
être très exposés à toutes sortes d'agression et de
perversion. Il arrive qu'ils doivent travailler pour le compte du maître
coranique sans toucher de rémunération et parfois dans des
conditions très dures. Certains d'entre eux fuguent, fuyant les mauvais
traitements.
Néanmoins, des constances ont été
remarquées dans le flux migratoire des enfants. Ceux qui viennent du
Burkina Faso, par exemple, transitent souvent par Koury en route vers Sikasso,
Koutiala ou Ségou. Koury est une halte où ils passent facilement
deux à trois nuits, ou plus. Les talibés maliens migrent aussi
vers d'autres régions : les maîtres coraniques les amènent
souvent dans la région de Banfora, de Bobo Dioulasso ou Solenzo. Mais ce
mouvement n'a pas la même ampleur que celui des enfants burkinabé
au Mali, quoiqu'on retrouve des maîtres maliens avec des enfants maliens
au Burkina Faso.
S'agissant de leur provenance, rapporte «Aide à
l'enfance»33, beaucoup de talibés seraient des enfants
migrants du Nord Mali et du Burkina Faso, confiés par leurs parents pour
apprendre le Coran. La plupart du temps, ils sont non scolarisés.
Beaucoup de talibés rencontrés au Mali viennent du Burkina Faso,
où une croyance populaire veut que les écoles coraniques du Mali
soient supérieures. Les enfants talibés sont confiés,
recrutés ou donnés. On note parfois la présence
d'intermédiaires ou d'anciens élèves coraniques qui
confient leurs enfants à un maître.
Sur la question de leur exploitation, l'atelier note que dans
certains cas les enfants talibés sont un atout économique pour
leur maître. Ils sont loués parfois pour des travaux des champs ou
placés chez des employeurs au profit du maître. Cela s'explique
par les besoins financiers nécessaires aux maîtres coraniques pour
l'entretien de ces enfants que les parents leur confient sans financement.
C'est dire qu'entre la mendicité, les formations coraniques et les
travaux divers, les enfants talibés ont peu de loisirs. Ils sont
isolés socialement. Il leur reste relativement peu de temps pour
l'apprentissage du Coran. Leur situation est inqualifiable à ce point
que lorsqu'ils quittent le maître, il arrive à ces enfants de
perdre leurs repères familiaux, de ne plus savoir de quel village ils
sont. Certains deviennent effectivement marabouts ; d'autres, isolés et
sans repères autres que la rue, finissent par sombrer dans la
délinquance.
Ce sont là les questions qui ont été
abordées dans les ouvrages que nous avons consultés. Mais, il
nous a paru important d'élargir le champ par la lecture de quelques
textes de pédagogie et de loi qui fondent le droit de l'enfant à
une éducation de qualité et aussi à une protection
sociale. Ce droit que lui confère sa nature spécifique fait que,
même s'il est un
être humain à part entière, l'enfant doit
être éduqué pour devenir un être humain : «
Ce qui distingue l'homme de l'animal, c'est que l'homme ne peut devenir homme
que par l'éducation. », a écrit KANT.34
Du point de vue pédagogique, le devoir d'éduquer
s'explique d'abord par le fait que l'enfant vient au monde dans un état
d'inachèvement et d'incomplétude qui le laisse démuni de
capacités physiques, intellectuelles, psychologiques et morales
réelles. C'est à l'éducation
33 Lors de l'atelier de planification régionale
tenu à Bobo en mars 2006 (op.cit.)
34 Inspecteur Batiémoko KONE, La
psychopédagogie au service des enseignants, p.7
28
qu'il revient d'achever l'oeuvre de la procréation en
apportant de l'aide pour satisfaire ses besoins qui sont :
> Au plan physique : l'eau propre, la nourriture, les
vêtements, un toit pour s'abriter, une sécurité
vis-à-vis des conflits, le soin de santé, la protection contre
les abus, un cadre sécurisé de jeux ;
> Au plan social et culturel: l'éducation, la
liberté d'expression, de religion et d'opinion, une identité,
l'épanouissement, l'égalité de chance, la protection
légale contre l'abus et l'exploitation ;
> Au plan émotionnel et psychologique : l'amour, la
sécurité, l'attention et l'écoute, la liberté et la
discipline, la confiance et l'estime de soi, une vie de famille harmonieuse, la
liberté de choix, etc.
Son droit à l'éducation s'explique ensuite par
le fait que l'enfant n'a pas un destin bien déterminé à la
naissance. Il est plein de virtualités qui peuvent se développer
dans toutes les directions avec des risques de déviances pouvant
l'écarter de l'état humain souhaité par la
société. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre Locke lorsqu'il
écrit que : «Les neuf dixièmes des hommes sont ce qu'ils
sont : bons ou méchants, utilisables ou non par l'éducation.
C'est l'éducation qui fait la différence entre les hommes.
»35L'éducation va donc apparaître comme une
condition nécessaire pour faire naître les qualités
humaines spécifiques.
Du point de vue juridique également, l'enfant a droit
à l'éducation. Mais ce droit ne s'exerce pas
indépendamment de l'adulte. Il s'inscrit dans le droit des parents et de
l'Etat qui en déterminent les conditions de réalisation. C'est
pourquoi il est normal que les parents choisissent le genre d'éducation
qu'ils veulent donner à leurs enfants comme le stipule la charte
africaine des droits et du bien-être de l'enfant : « Les Etats
parties à la présente charte respectent les droits et devoirs des
parents et, le cas échéant, ceux établis par les
autorités publiques, sous réserve que celui-ci réponde aux
normes minimales approuvées par l'Etat, pour assurer l'éducation
religieuse et morale de l'enfant d'une manière compatible avec
l'évolution de ses capacités ».36
Dans le cas où, évoquant cette disposition qui lui
donne liberté de choix, le parent opte d'envoyer ses enfants à
l'école coraniquej l est nécessaire que toutes les mesures soient
prises
35 Recueil de 100 citations pédagogiques.
36 Article 2, alinéa 4.
pour sa reconnaissance et son intégration au
système scolaire national. Autrement, il y aurait comme une entorse
à cette autre disposition : « Les Etats parties s'engagent
à prendre des mesures immédiates et efficaces notamment dans les
domaines de l'enseignement, de l'éducation, de la culture et de
l'information, pour lutter contre les préjugés conduisant
à la discrimination raciale et favoriser la compréhension, la
tolérance et l'amitié entre les nations et groupes raciaux ou
ethniques, ainsi que pour promouvoir les buts et principes de la Charte des
Nations Unies, de la Déclaration Universelle des droits de l'homme, de
la Déclaration des Nations Unies sur l'élimination de toutes les
formes de discrimination et de la présente convention
».37
Au Burkina Faso, l'enseignement privé est reconnu,
qu'il soit laïc ou confessionnel. L'enseignement privé étant
bien entendu celui qui est donné dans un établissement
privé, c'est-à-dire n'appartenant pas à l'Etat ou à
l'un de ses démembrements et qui applique en totalité ou en
partie le programme officiel d'enseignement. L'arrêté n°
2004-005 le caractérise en son article 3 : « Les
établissements privés d'enseignement de base sont laïcs ou
confessionnels. Toutefois, la spécificité d'un
établissement privé d'enseignement de base doit respecter les
libertés et l'éthique sociale et ne peut avoir pour effet
d'entraver le bon déroulement de la scolarité obligatoire, de
soustraire l'enfant à cette obligation ou de ne pas respecter les
programmes officiels de l'enseignement de base » A ce titre, et
suivant leur statut, nous avons pour ce qui concerne l'éducation de Base
: les écoles privées catholiques, protestantes, les medersas et
les écoles franco-arabes. Pour les deux derniers types, nous
précisons que : « Les medersas oil écoles franco-arabes
sont des établissements privés confessionnels où une
partie de l'enseignement est dispensée en arabe. »38
Conformément à cette disposition, la
liberté de choix doit impliquer pour le parent d'inscrire son enfant
dans l'un de ces établissements. Mais d'où vient que des enfants
se retrouvent dans des foyers coraniques? Comment justifier la mendicité
des enfants si ceux-ci ont droit à une vie décente et
d'être protégés contre les mauvais traitements ? Faut-il
ignorer les termes de la convention relative aux droits de l'enfant qui dispose
en son article 19 : « Les Etats parties prennent toutes les mesures
législatives, administratives, sociales et éducatives
appropriées pour protéger l'enfant contre toute forme de
violence, d'atteinte ou de brutalités
37
Convention internationale sur l'élimination de toutes les
formes de discrimination raciale, article 7 cité par Vues d'Afrique, p.
74 à 75.
38 Décret n° 99-221/ PRES/PM/LMESSRS/MEBA
du 29 juin 1999, article 4.
30
physiques ou mentales, d'abandon ou de négligence,
de mauvais traitement ou d'exploitation, y compris la violence sexuelle,
pendant qu'il est sous la garde de ses parents ou de l'un d'eux, de son ou de
ses représentants légaux ou toute autre personne à qui il
est confié » ?
En réponse, s'il est avéré que l'enfant
court quelque danger, la législation burkinabé prévoit une
réglementation spécifique en instituant les procédures
d'assistance éducative, de la délégation de
l'autorité parentale et de la déchéance de
l'autorité parentale. Cette assistance éducative est
prévue à l'article 527 du Code des personnes et de la famille.
Elle consiste en l'ensemble des mesures que peut prendre le juge pour
protéger l'enfant en danger quelle qu'en soit la cause en cas de
défaillance de la famille. Elle est envisagée dans les cas
suivants :
> lorsque la santé, la sécurité ou la
moralité du mineur sont en danger,
> lorsque les conditions de l'éducation du mineur sont
compromises ;
> lorsque l'enfant, par son inconduite, sa prodigalité
met ses parents ou tuteurs dans l'impossibilité d'exercer leurs
prérogatives de direction ou de garde.
Par ailleurs, la Justice militaire des peines et des
infractions se veut plus formelle. Il est écrit à son article 245
: « Est punie d'un emprisonnement de six mois à deux ans, toute
personne qui, ayant autorité sur un mineur, l'expose à la
délinquance ou le livre à des individus qui l'incitent ou
l'emploient à la mendicité.
X S'il s'agit des père et mère, la
déchéance de l'autorité parentale prévue par
les
dispositions du code des personnes et de la famille peut
être prononcée.
Toute personne qui détermine un mineur à
quitter le domicile de ses parents, tuteur ou patron ou qui favorise sa
délinquance est punie d'un emprisonnement de deux à six mois
».
|