2.4 Etudes empiriques réalisée en Europe de
l'Est et Centrale
Portant leur étude sur 25 pays en transition de
l'Europe de l'Est et Centrale sur la période 1990-1998, CAMPOS et al.
(2002) aboutissent au résultat que les IDE exercent un impact positif
sur la croissance économique comme prévu par la théorie
économique. Selon eux, ce résultat s'explique par le fait que les
pays choisis sont proches des pays riches de l'Union européenne (UE),
leur principal fournisseur et aussi, parce que ces pays possèdent
à la base une structure industrielle complète et une force de
travail relativement qualifiée.
Des recherches menées par BLOMSTROM et al. (2002) sur 5
pays de l'Europe de l'Est, aboutissent au résultat que les IDE causent
la croissance économique. Cependant, l'étude souligne un point
commun à tous ces travaux de recherche: le chemin par lequel les IDE
affectent la croissance économique dépend de l'économie et
des conditions technologiques du pays hôte. En général, il
apparaît que les pays hôtes doivent atteindre un certain niveau de
développement en éducation et/ou en infrastructures avant
d'être capables de capturer les potentiels bénéfices
associés aux IDE.
2.5 Etudes empiriques réalisées sur des
échantillons de pays à travers le monde
BOREINSZTEIN et al. (1995) développent quant à
eux, un modèle de croissance endogène dans lequel, les IDE
augmentent la croissance économique à long terme à travers
son effet sur le taux de diffusion technique. Ils utilisent une
régression SUR (Seemingly Unrelated Regression), sans rapport avec
l'estimation des variables instrumentales pour conduire l'analyse transversale
de 69 PED avec données de panel calculées en moyenne sur deux
périodes séparées 1970-1979 et 1980-1989.
La variable dépendante est le taux de croissance du PIB per capita
sur chaque décennie. Ils concluent que les IDE ont un effet positif
mais non significatif sur la croissance économique. Cependant, lorsque
le pays a un seuil minimum de stock de capital humain, les IDE constituent un
important déterminant de la croissance économique. Dans ce cas,
ils sont plus efficients que l'investissement intérieur.
Dans une étude du centre de développement de
l'OCDE, De SOTO (2000) analyse les effets des IDE sur la croissance
économique de 44 PED entre 1986 et 1997. Il trouve que les IDE stimulent
considérablement la croissance du revenu par habitant dans les pays
bénéficiaires avec un décalage d'un an. Par
conséquent, une augmentation du rapport IDE/PNB ferait croître de
3% le niveau du revenu stable à long terme et de 1% le revenu par
habitant à court terme.
DARRAT et al. (2005) étudient l'effet des IDE sur la
croissance économique. Pour ce faire, ils mènent une analyse
comparative sur 23 pays appartenant à des régions
différentes que sont: l'Afrique du Nord, le Moyen Orient, l'Europe
Centrale et Orientale. A partir d'une estimation par les moindres carrés
ordinaires et utilisant des données sur la période allant de 1979
à 2002 ; Ils constatent que les flux d'IDE stimulent la croissance
économique seulement dans les pays candidats à l'UE. Cependant,
l'effet des IDE sur la croissance économique au niveau des pays du MENA
et des pays non candidats est négatif ou inexistant. Les auteurs
avancent l'idée que la candidature pour devenir membre de l'UE semble
être un atout pour une application plus étendue et plus efficace
des reformes, ce qui aurait contribué à la création
d'impact positif des IDE sur la croissance économique.
L'étude de KANG et al. (2005) portant sur 20 pays de
l'OCDE et couvrant la période allant de 1981 à 2000, indique
clairement que les IDE n'ont aucun impact perceptible sur la croissance
économique. De la même façon, l'étude menée
par ERICSSON et al. (2001) sur 4 pays de l'OCDE n'a pas pu détecter une
quelconque relation entre les IDE et la croissance économique. Cette
absence de lien est due à la dynamique et à la nature des
investissements étrangers effectués dans les pays
considérés. Par ailleurs, avec un échantillon de 72 PED et
considérant une période d'étude allant de 1960 à
1978, JACKMAN (1982) trouve que les IDE n'ont pas d'impact significatif sur la
croissance économique une fois que la taille du pays est prise en
compte.
36
CARKOVIC et al. (2000) utilisent un panel de 72 PED et
considèrent la période allant de 1960 à 1995. Ils ne
trouvent aucun effet significatif des IDE sur la croissance économique.
Cependant, ils constatent un impact positif et significatif des IDE sur la
formation du capital domestique quoique cela dépende de la
spécification des régressions effectuées.
De MELLO et al. (1999) observe l'IDE comme cause de la
croissance économique dans 32 pays parmi lesquels, 17 ne sont pas
membres de l'OCDE. Dans un premier temps, ils se basent sur les séries
chronologiques et trouve que l'effet long terme des IDE sur la croissance
économique est hétérogène entre les pays
concernés. Dans un second temps, il complète son analyse en
fournissant la preuve par l'estimation des données de panel sur
l'échantillon des pays non membres de l'OCDE, il ne trouve pas de
relation de cause à effet entre les IDE et la croissance
économique.
SHAR et al. (1990) s'appuient sur la traditionnelle
causalité pour tester la méthode développée par
HOLTZ-EAKIN et al. (1988), avec 80 pays. Le résultat ressort la
causalité bidirectionnelle entre les IDE et la croissance
économique, quoiqu'ils aient trouvé que l'impact des IDE sur la
croissance économique est faible.
L'étude faite par BASU (2003) aborde clairement la
question des deux directions entre la croissance économique et l'IDE. En
tenant compte de l'effet spécifique individuel et des effets fixes
temporels, ils trouvent une relation co-intégrée entre l'IDE et
la croissance économique. Leur étude a porté sur un
échantillon de 23 pays.
TSAI (1994), en partant du modèle de ROMER et al
(1992), cherche à rendre compte des mécanismes qui sous-tendent
le transfert de technologies. Il prouve empiriquement que les IDE n'ont
d'impact positif sur la croissance économique que si le niveau de
scolarisation de la population dépasse un seuil
donné16. Il conclut que l'effet positif des IDE sur une
économie, dépend en premier lieu de son interaction avec le
capital humain.
PENALVER (2002), se basant sur une comparaison entre 5
régions du monde, fait ressortir que les pays à fort flux
d'entrée d'IDE ne sont pas nécessairement ceux ayant les taux de
croissance économique les plus élevés. Il pose ainsi, le
problème du volume optimal pour une croissance élevée et
estime que trop d'investissements étrangers peuvent traduire une
faiblesse des institutions du pays d'accueil et être un risque pour ces
derniers. Il ressort dans son analyse (tableau 1 ci-dessous) que les flux d'IDE
sont élevés en Amérique Latine et en Europe
16 Le seuil minimal recommandé est de 1,9 (XU,
2000)
de l'Est mais les taux de croissance y sont également
faibles. Il conclut que l'entrée massive des IDE n'est pas une condition
nécessaire pour une croissance économique
élevée.
Tableau 1 : Evolution comparée des IDE et
de la croissance économique dans certaines régions
FDI / croissance
|
Faible
|
Elevé
|
Elevé
|
Amérique Latine ; Europe de l'Est
|
Asie de l'Est
|
Faible
|
Afrique au Sud du Sahara
|
Asie du Sud
|
Source : Penalver, 2002
Les études empiriques réalisées dans les
différentes régions du monde, révèlent que l'impact
des IDE sur la croissance économique dépend fortement des
caractéristiques du pays hôte. Dans les pays où la
structure productive est voisine à celle du monde
industrialisé17, on constate que les IDE influencent
positivement la croissance économique. En revanche, les études
réalisées dans certains PED notamment ceux de l'Afrique au Sud du
Sahara, débouchent sur des résultats
mitigés18.
|