2.2.2 Sur le plan social
Le principe 1 de la Déclaration de Rio, de 1992
stipule que « Les êtres humains sont au centre des
préoccupations relatives au développement durable ».
Dans le domaine social et au niveau mondial, le développement durable
est une notion qui recouvre des problèmes de développement,
c'est-à-dire, d'après Brodhag et al. (2004), un
processus conduisant à l'amélioration du bien être des
humains : lutte contre la faim, accès à l'eau, santé,
éducation, conditions de travail etc. Le diagnostic sur le
développement humain, qu'établit chaque année le PNUD,
montre que la pauvreté a empiré dans un monde globalement plus
riche : Les deux cents personnes les plus riches ont un revenu de 500 dollars
US par seconde, quand 1,3 milliard d'individus vivent avec moins d'un dollar
par jour (PNUD, 1999). Indigence, dignité bafouée,
insécurités multiples, absence de maîtrise de son
présent, et de fait absence d'avenir : telle est la situation d'une
proportion considérable de l'humanité. A ces problèmes
s'ajoutent ceux de l'équité sociale, notamment à travers
la discrimination de certains groupes sociaux tels que les femmes, et les
populations autochtones, communément appelés pygmées, que
nous qualifierons dans le cadre de ce travail de groupe marginalisé.
D'autre part, on observe des problèmes d'accès
et d'usage aux ressources naturelles, pouvant aller jusqu'à des guerres,
comme l'a rappelé celle du Golfe. Pour certains auteurs, la croissance
démographique serait responsable de ces conflits (Huart, 2011), mais la
mise en oeuvre d'une bonne gouvernance et la définition d'un cadre
juridique régulant les questions d'accès et d'usage et
prévoyant des mesures compensatoires en cas d'expropriation des
populations et réglant les questions d'accès et de partage des
avantages issus de la
conservation contribueraient sans doute à
améliorer la situation (Nguinguiri, 2004 ; Dudley, 2008). La restriction
des droits d'accès et d'usage sur les espaces protégés,
aux populations locales qui dépendent à 80% de la forêt, ne
devrait pas être envisagée sans que des mesures alternatives ou
compensatoires ne soient prises.
2.2.3 Sur le plan économique
Sur un plan économique, le développement
durable concerne les conditions de croissance et les échanges. Il vise
une meilleure répartition des richesses, une croissance
économique qui ne se fasse pas au détriment de l'environnement.
Au niveau international, ce volet pose évidemment la question de la
répartition des richesses entre les pays du Nord et ceux du Sud. Les
premiers bénéficient des biens générés par
la conservation des pays du Sud, notamment à travers la fonction de
séquestration de carbone de leurs écosystèmes tandis que
les seconds subissent des coûts énormes de gestion des aires
protégées et des coûts d'opportunité dus à la
non-exploitation du bois ou à l'absence d'agriculture.
Selon le PNUD (2011), les pays en développement ne
devraient pas suivre le chemin des pays industrialisés. Ils pourraient
envisager leur développement économique en privilégiant
«... les investissements améliorant l'équité - en
matière d'accès aux énergies renouvelables, à
l'eau, à l'assainissement et aux soins de santé reproductive
... ». Le développement de l'écotourisme pourrait jouer
un rôle important dans cette dynamique.
Dans le contexte des aires protégées, la valeur
économique d'un écosystème englobe tous les avantages
économiques qu'un actif naturel procure à la communauté
humaine (Triplet, 2009). Pour assurer des bénéfices sur le plan
économique, il faudrait veiller à ce que les
bénéfices pouvant être tirés de
l'écosystème en l'absence de conservation ne soient pas
supérieurs à ceux de l'écosystème en
présence d'aires protégées. Toutefois, il ne s'agit pas
uniquement de considérer les valeurs d'usage direct, telles que les
bénéfices générés par l'écotourisme
ou par la chasse, la pêche, l'exploitation du bois en l'absence de
conservation, mais aussi de considérer les valeurs d'usage indirect
telles que la séquestration du carbone, le maintien des ressources
hydriques et les valeurs d'option liées à la valeur
économique des ressources génétiques qui prennent de plus
en plus d'importance, notamment depuis l'adoption du protocole de Nagoya en
2010 qui prône le partage équitable des avantages issus de
l'exploitation des ressources génétiques.
Croissance économique
Gouvernance
Bien être social
Protection de l'environnement
Figure 6: Pyramide du
développement durable (Ejigu, 2011)
Force est de constater qu'il est difficile de dissocier les
volets économique, social et environnemental du développement
durable en raison de leurs interconnections et interactions (figure 6), que le
mode de gouvernance a le devoir d'intégrer de façon
équilibrée. D'autre part, le développement durable
apparaît comme un processus continu, illimité qui doit s'adapter
au fil des temps au contexte et aux réalités de
l'environnement.
Dès lors, l'un des défis de l'évaluation
du développement durable et par conséquent de notre travail est
de mettre en place un cadre conceptuel pour mesurer le développement
durable.
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