III) LES FACTEURS LIES AUX SERVICES DE DEPISTAGE
1) les exigences de fonctionnement
Les centres de dépistage enquêtés ne
fonctionnent que six jours sur sept dans la semaine et aucun ne ferme
après 18 heures durant ces jours ouvrables.
Cet état de fait pourrait s'expliquer par l'insuffisance
des conseillers.
Les acteurs du secteur informel notamment les petits
commerçants travaillent sept jours sur sept et cessent le travail entre
17 heures 30 minutes et 18 heures.
Il en résulte que ceux-ci éprouvent des
difficultés pour se rendre dans les centres de dépistage
après le travail.
Nous pensons qu'un réaménagement du programme
des centres de dépistage qui pourront fermer après 18 heures
permettrait aux petits commerçants de pouvoir s'y rendre après le
travail.
2) La sensibilisation
Tous les centres de dépistage organisent des
séances de sensibilisation du public au cours desquelles les
thèmes touchant tant l'infection à VIH que le test de
dépistage sont abordés.
Cependant la non prise en compte du secteur informel en
particulier le petit commerce dans la planification de leurs activités
fait que les personnes enquêtées ne sont pas bien touchées
par ces activités de sensibilisation. En effet elles sont 29% des
personnes exerçant dans le petit commerce à avoir assisté
à une séance de sensibilisation sur le VIH/SIDA, et 9% sur le
test de dépistage.
Nous pensons que toutes les associations de lutte contre cette
terrible infection en particulier celles qui s'occupent du dépistage
doivent prendre en compte dans leurs plans d'actions cette couche
socioprofessionnelle. Ainsi les campagnes de sensibilisation qui pourront se
dérouler dans les marchés permettront aux petits
commerçants de mieux connaître l'infection à VIH et surtout
de connaître les avantages du test de dépistage.
3) Le coût du test
Dans la majorité des centres de dépistage,
nonobstant le but non lucratif des prestations, une contribution
financière non obligatoire de 500 Fcfa est demandée aux clients.
Ce montant est jugé non abordable par 39% des petits commerçants
et constitue la raison du refus du test pour 16% des personnes
enquêtées. Pour celles-ci, « tu peux t'asseoir toute une
journée sans encaisser cinq cents francs ; alors c'est difficile dans
ces conditions de prendre cinq francs juste pour savoir si on porte le germe
d'une maladie que l'on ne pourra pas soigner ».
Odette ROUAMBA (1994) dans son étude a abouti à un
résultat
analogue lorsqu'elle dit « le coût du test
empêche certaines couches de la société de se faire
dépister. La population préfère prendre l'argent du test
pour se nourrir au lieu de l'utiliser pour apprendre sa
séropositivité. ». (22)
Pour lever l'obstacle que constitue le coût, 59% des
enquêtées pensent que rendre le test gratuit, augmenterait
l'acceptation du test.
Cela est confirmé par le résultat d'une
étude réalisée par DAMESYN et al. en 1998 portant sur des
jeunes couples en zone rurale du Kenya occidentale qui a montré que 95%
des participants accepteraient le test s'il était gratuit. S'ils
devaient payer le service, 31 à 40% ont indiqué qu'ils payeraient
le montant demandé. (13)
Au regard de tout cela, nous pensons qu'il est
nécessaire de rendre le test gratuit car cela permet d'améliorer
l'utilisation des services de dépistage ce qui réduit la
transmission de nouvelles infections et partant le nombre de malades à
traiter. D'ailleurs la prise en charge d'un malade est plus onéreuse que
le coût d'un test. En effet, SWEAT et al. en 1998 et 2000, utilisant une
cohorte de 10 000 personnes fréquentant le CDV, ont estimé que
l'intervention avait permis d'éviter 1104 infections à VIH au
Kenya et 985 infections en République Unie de Tanzanie
Le coût du CDV par client a été de 29
Dollars US en Tanzanie et de 27 Dollars US au Kenya. Le montant par infection
évitée a été en moyenne de 346 Dollars US en
Tanzanie et de 249 Dollars US au Kenya. (13)
4) Le délai d'obtention des résultats
Le délai d'obtention des résultats de test de
dépistage est de trois jours dans la majorité des centres de
dépistage (71,43%).
Les personnes exerçant dans le petit commerce sont
27,72% à refuser le test pour le long délai d'attente pour
l'obtention des résultats du test.
Des études ont montré que lorsque les individus
peuvent obtenir le résultat de leur test en quelques heures grâce
aux techniques simples/rapides, ils ont plus tendance à utiliser les
services de dépistage que s'ils doivent attendre des jours. En effet,
selon le résultat d'une étude réalisée au Malawi
par MSOWOYA et al. en 2000, sur la fréquentation des centres de CDV,
celle-ci était faible mais a quadruplé quand les tests
simples/rapides ont été introduits. (13)
Nous pensons que l'utilisation de ces types de test
permettrait d'annoncer le résultat du test dans les meilleurs
délais car comme l'a dit Philippe Msellati, « dans le cadre d'un
centre de dépistage anonyme, où les personnes ont une
démarche volontaire pour réaliser leur sérologie, il est
essentiel de donner le résultat dans les meilleurs délais ».
(12)
Cela va permettre aux clients de continuer leurs activités
économiques.
Notre hypothèse selon laquelle « il existe des
facteurs liés aux services de CDV qui sont à la base de la faible
utilisation de ces services par les personnes exerçant dans le petit
commerce» est ainsi vérifiée.
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