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Les déterminants du faible taux de référence des CSI (centre de santé intégré) ruraux vers le CHD (centre hospitalier départemental), dans le district sanitaire de Tahoua, zone d'intervention du projet ALAFIA/GTZ au Niger.

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par Idrissa CHEIFOU
Université Abdou Moumouni de Niamey Niger - Maà®trise en sociologie 2003
  

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3.1.3.2- Les obstacles sociaux

La référence est vécue comme un événement social et plusieurs personnes sont impliquées dans sa gestion. La décision pour accepter la référence ne réside clairement pas seulement chez le patient même. La grande majorité indique que la décision d'évacuer un patient est prise par les parents, pour les femmes mariées en général combinée avec l'opinion du mari. Les matrones, les secouristes, les guérisseurs et le chef de village ont été mentionnés aussi comme des personnes clés dans la décision. Pour les urgences, le patient même semble peu impliqué dans la prise de décision.

S'il s'agit d'un enfant, c'est en général le mari qui décide de l'évacuation. Sur la question de savoir la réaction des femmes au cas où le mari constituerait un obstacle pour l'évacuation, les femmes répondent unanimement que le mari ne peut pas refuser ou être un obstacle en soi pour la référence aussi bien pour l'évacuation de leur enfant que pour elles-mêmes. Un refus (qu'elles ne peuvent pas vraiment s'imaginer) provoquerait un divorce.

La population a clairement indiqué qu'elle fait une analyse sur le bénéfice social qu'elle espère emporter en respectant la référence. Une référence pour une personne âgée ou tout jeune est moins acceptable que la référence d'un jeune adulte. La décision d'accepter une référence n'est jamais individuelle.

Pour les personnes âgées, il ne s'agit pas simplement d'une analyse coûts-efficacité mais aussi de la probabilité que la personne pourrait décéder. Le fait qu'on aime enterrer les gens âgés dans le village même et que le transport d'un corps est encore plus coûteux que le transport d'un malade font que leur référence est étudiée avec un oeil critique. `La mort' était mentionnée par tous les focus groupes comme obstacle important à la référence.

La forte obligation sociale de visiter un malade hospitalisé (« Ne pas visiter un malade peut facilement être interprété comme souhaiter sa mort ») représente un effort financier et social important pour les villageois. En effet, ils doivent payer le transport et au moins payer un petit montant à titre de contribution aux frais de maladie au patient lors de la visite. Surtout en saison des pluies quand il y a beaucoup de travail dans les champs, ceci n'est pas évident. La population autour du patient a donc une tendance spontanée à minimiser l'urgence et/ou à conseiller des alternatives à la référence au CHD, comme par exemple la consultation auprès d'un guérisseur. Pour les accompagnants du patient le même dilemme se pose entre vouloir le mieux pour le patient et les dépenses directes et indirectes liées à une hospitalisation, aussi pour eux individuellement (ce n'est pas le patient qui paie l'ensemble des frais). Ceci renforce aussi l'idée d'hospitaliser le patient tout près de la maison, c'est-à-dire au niveau du CSI. La population a été unanime par rapport aux avantages importants liés à une hospitalisation au niveau du CSI.

« Oui, l'infirmier de notre village hospitalise des patients à son niveau. Si tu le vois référer un patient, dis toi que son hospitalisation a échoué. Il y a des gens qui ont l'habitude de faire une semaine au CSI ».

« Pour notre part, nous apprécions beaucoup ces hospitalisations au CSI car il y a moins de dépenses, on peut rendre visite facilement au malade, à n'importe quel moment, même à pieds. Le malade est de plus à côté de sa famille, la nourriture ne cause aucun problème »

« C'est pour éviter au patient qui habite trop loin du CSI des déplacements que l'infirmier lui donne une place au CSI jusqu'à la fin de son traitement ».

« C'est pour surveiller le patient , pour voir l'évolution de son état de santé que l'infirmier l'hospitalise à son niveau ».

« Hospitaliser un patient, c'est le droit de l'infirmier, car il relève de sa compétence, il est un agent de santé au même titre que ceux travaillant à l'hôpital. C'est le manque de matériels et de médicaments qui l'oblige à envoyer les patients à l'hôpital, si non ces collègues de l'hôpital ne vont rien lui montrer ».

Le pouvoir de la famille et de l'environnement social du patient sur le respect de la référence est bien illustré par l'exemple suivant :

Exemple 2 :

Une patiente avec difficulté d'accoucher d'une neuvième grossesse se présente au CSI. Elle a été vue par un guérisseur traditionnel qui, selon les habitudes locales, a récité des prières pour essayer de résoudre les problèmes de l'accouchement. Au CSI, la famille refuse la référence parce que la femme a pu déjà accoucher 8 fois sans problème. L'infirmier qui n'insiste pas, retient la parturiente encore 24 heures, jusqu'au moment où son état se soit détérioré. La famille accepte à ce moment de payer pour le transport et l'ambulance est appelée. Une césarienne a évacué des jumeaux déjà en décomposition.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon