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La coexistence humaine et participation politique du citoyen. Une réévaluation de l'espace politique avec Hannah Arendt

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par Gauthier Malulu Lock j
Faculté de Philosophie saint Pierre Canisius. Kimwenza-Kinshasa - Graduat en Philosophie 1999
  

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Chapitre premier : LA COMPREHENSION GENERALE DE LA PENSEE DE HANNAH ARENDT

L'oeuvre de Hannah Arendt est, pour la plus grande partie, dispersée dans des articles publiés ça et là, des conférences tenues en maints endroits, des cours dispensés à travers les grandes universités de l'Occident et des écrits inédits, posthumes ou parus de son vivant et des livres dont nous avons fait mention dans l'introduction. Mais cette multiplicité d'écrits n'empêche pas de cerner la ligne constante de sa pensée, autrement dit le mouvement général de sa réflexion, de son philosopher. Le présent chapitre se propose de montrer comment les expériences vécues amenèrent Hannah Arendt à s'interroger sur le politique; il essayera, pour cela, de faire ressortir l'essentiel de la pensée d'Arendt.

1.1. La phénoménologie de l'histoire vécue

La philosophie, dit-on, est toujours écrite post factum, et Hegel dira, dans cette perspective, qu'elle est comme l'oiseau de Minerve qui prend son envol à la tombée de la nuit. Cette proposition peut se comprendre comme suit : la réflexion philosophique naît nécessairement des faits empiriques, constatables ou non, des expériences dont le philosophe a été témoin directement ou indirectement et desquelles il veut rendre compte à travers une réflexion critique.

La pensée de Hannah Arendt ne jaillit pas du néant. Elle est liée à une situation socio-politique angoissante dont elle restera d'ailleurs toujours tributaire. Dès lors, pour mieux comprendre la pensée de Hannah Arendt, il nous faut remonter en amont de celle-ci, c'est-à-dire qu'il nous faut connaître et comprendre le contexte dans lequel elle a été élaborée. Pourquoi donc cette passion de Arendt pour la vie politique ? Telle est donc la question directrice de ce premier chapitre.

L'époque moderne, nous le savons, était marquée par la montée des grandes crises : l'antisémitisme, les guerres mondiales, la ségrégation raciale, prononcée notamment en Europe et aux Etats-Unis, l'émergence de l'impérialisme et du sentiment extrémiste de nationalisme -chaque peuple se regroupant et se reconnaissant par l'appartenance à une nation et possédant un territoire précis- , les révolutions, la crise d'autorité et de la tradition, etc. Le peuple Juif fut victime de cette situation qui consistait précisément pour lui à se retrouver sans «territoire précis» et donc sans nation ; les Juifs vont se voir être reparties, éparpillés dans différentes états dont ils ne sont que des réfugiés et ils subiront le mépris de la part leurs hôtes (les populations auxquelles ils étaient mêlés)_. Comme le dit Olivier Mongin,

«Assistant ainsi à l'effondrement de l'Europe, Arendt n'oubliera jamais qu'elle a dû fuir l'Allemagne en tant que juive, en tant que singularité exposée au mal de l'antisémitisme, vouée à l'assassinat; et jamais elle ne parjurera cette part décisive d'elle-même"_.

Les Juifs étaient comme mis au dehors du monde commun puisqu'ils ne répondaient pas aux « critères d'humanité de l'époque », étant sans nation et dépourvus de territoire et de frontières.

Pour décrire ce XX ème siècle, certains préfèrent suivre exactement Hannah Arendt en utilisant, comme elle, des expressions fortes et parlantes comme «époque du mal radical», «de la banalisation du mal», c'est-à-dire que le mal est devenu routine et, partant, n'est plus ressenti comme mal.

Hannah Arendt, en tant que juive, va se surprendre « damnée de la terre », victime de cette atrocité de l'homme contre l'homme. Aussi, commente Enegrén :

"cette appartenance assumée à un peuple paria a joué un rôle décisif dans sa pensée (() et le destin moderne du judaïsme a été celui d'un peuple dispersé, sans gouvernement, sans pays et sans langue, que l'expérience de l'exil a privé d'espace public d'action »_.

Nous avons déjà dit qu'avec la montée impitoyable du nazisme, Hannah Arendt fut obligée de fuir l'Allemagne à cause de ses origines juives. Elle eut alors un long itinéraire comme « citoyenne sans nation » avant de devenir citoyenne américaine. Comme tous les Juifs, Arendt a subi l'exclusion de la société politique humaine ; cette expulsion de l'espace socio-politique aboutira à la privation radicale des droits fondamentaux, situation dont Hannah Arendt sera victime. Et elle en restera, toute sa vie durant, consciente : sa mémoire demeurera hantée par cette catastrophe.

La minorité juive butte donc contre cette hostilité généralisée dont elle est victime, notamment en Allemagne avec la prise du pouvoir par le parti Nazi d'Adolphe Hitler, le 30 juin 1933. Ce Parti n'avait pour solution à la "question juive" que celle de l'extermination. L'extermination, l'impérialisme, le rassemblement des peuples en masse sont là des signes infaillibles de la désagrégation de l'appareil politique durant la période moderne. Le politique n'était plus ce qu'il devrait être, c'est-à-dire « l'espace public de délibération et d'initiative". Il y avait une confusion quant à la compréhension et à l'exercice du politique :

«ce qu'on présente comme la caractéristique principale du politique -la violence- n'est que la trace de sa disparition et, à l'inverse, ce dont on fait volontiers son résidu -le débat des hommes sur le monde- s'avère être son noyau»_.

Le politique, dirons-nous simplement, n'est plus. Le politique, en effet, est ce qui fait la spécificité humaine en tant qu'animal politique. Or tout un groupe d'hommes n'est plus reconnu ou considéré comme tel, car privés d'actions et de paroles à l'égard des autres humains. Il sont désormais isolés. On comprend dès lors le grand engagement de Hannah Arendt pour la réhabilitation radicale du politique comme espace d'inter-esse.

Elle va ainsi lutter pour recouvrer son identité à partir d'une liberté aussi éloignée de la pure symbiose universaliste (totalitarisme) que du simple particularisme (sionisme). André Enegrén conclut avec raison que «c'est principalement la confrontation avec le mal radical du nazisme et du stalinisme qui a provoqué la réflexion d'Arendt»_.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand