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Efficacite des Privatisations camerounaises : une analyse à travers la théorie de la Gouvernance partenariale

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par Jean Biwolé Fouda
Université de Douala - D.E.A de Sciences de Gestion 2004
  

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CHAPITRE 2

LA THEORIE DE LA GOUVERNANCE : UN NOUVEAU CADRE D'ANALYSE DE LA RELATION P/P

La représentation classique de la firme, qui la considère comme une "boîte noire", reconnaît à celle-ci un seul objectif, la maximisation de la richesse de l'actionnaire. Cette conception réductrice de la firme et ses conséquences sur la mesure

de la performance est de moins en moins acceptée aujourd'hui. En effet, le consensus semble se dégager autour de la pluralité de l'entreprise et de la reconnaissance de l'homme comme étant sa richesse essentielle (Caby et Hirigoyen, 2001). Ainsi, la firme est considérée aujourd'hui comme un noeud de contrats au centre duquel se trouve le dirigeant. Au primat des shareholders, succède celui des stakeholders, et la maximisation de la valeur actionnariale de la firme, on observe un déplacement théorique vers la maximisation de la stakeholder value, préconisée par la TGP. Le renouvellement de l'analyse de la relation P/P étant recherché, nous nous posons la question de savoir comment est-il possible à partir de cette théorie ? En privilégiant la mesure de l'efficacité organisationnelle, synonyme de performance partenariale, la TGP semble mieux éclairer cette relation. Nous trouvons nécessaire de revenir dans une première section sur les origines de la TGP. Ensuite nous analyserons dans la deuxième section les changements que la privatisation entraîne dans le système de gouvernance dont dépend la performance organisationnelle.

Section 1 : Origines et Implications de la TGP

Il faudrait remonter en 1776 avec la publication de l'Essai sur la Richesse des Nations pour trouver les premières appréhensions formulées sur le conflit d'intérêt qui existe entre mandants et mandatés. Adam Smith estimait déjà à cette époque que « l'on

ne peut guère s'attendre à ce que les régisseurs de l'argent d'autrui y apportent la même vigilance exacte et soucieuse que les associés d'une société apportent souvent dans le maniement de leurs fonds propres ». Ce débat va véritablement émerger avec

Berle et Means (1932) qui s'interrogent sur les conséquences de la séparation des

fonctions de propriété et de décision dans les grandes sociétés (firmes managériales).

Plus de quarante années après quand Jensen et Meckling (1976) parlent de « relation d'agence » pour qualifier la relation entre le dirigeant (agent) d'une part et le propriétaire (principal) d'autre part, on se rend compte que les appréhensions de leurs prédécesseurs sues-cités étaient justifiées. En effet Jensen et Meckling qualifient toute

« relation d'agence », comme source de conflits et par conséquent de coûts d'agence.

A l'origine la corporate governance va donc se concentrer sur la seule relation dirigeants/ actionnaires, en cherchant à trouver les mécanismes visant à faire coïncider

les intérêts de ces derniers. Mais compte tenu de la relative impuissance des solutions proposées par la théorie (Cohen, 2002)9, les auteurs ont été amenés à élargir le champ

de la GE à toutes les questions liées à la répartition du pouvoir dans l'entreprise. Aujourd'hui, elle se définit comme étant l'ensemble des mécanismes (spontanés comme les marchés, intentionnels comme le CA, le système d'information comptable,

ou le système de rémunération) qui contrôle et contraignent le processus décisionnel.

La TAG étant considérée comme la racine de cette nouvelle conception de la gouvernance, nous l'analysons avant d'évoquer les implications de la TGP.

1.1 La Théorie de l'Agence Généralisée de Hill et Jones

La TAG de Hill et Jones est une représentation séduisante de la firme pluraliste qui vient rompre avec le cadre traditionnel de la théorie de l'agence. En effet, cette représentation place le dirigeant au centre des liens contractuels et lui attribue le rôle

de médiateur actif exerçant une influence sur le processus de création et de répartition

de la valeur. Les points suivant consacrent particulièrement cette nouvelle vision :

- tous les stakeholders sont explicitement pris en compte : ici tous les groupes ou agents qui ont une "créance légitime" sur la firme sont considérés comme stakeholders. Cette "créance légitime" peut être liée à l'apport d'une ressource financière, matérielle, humaine, infrastructurelle etc.... Dans cette vision, les dirigeants qui sont en relation avec toutes les autres parties sont considérées comme

leur agent. Leur rôle est donc d'assurer les intérêts de l'ensemble des stakeholders.

9 Cohen affirme qu'on était persuadé d'avoir trouvé un système faisant coïncider les intérêts des actionnaires et ceux des dirigeants. Mais ces derniers manipulent le CA et le mécanisme de stock-option n'a rien arrangé.

- Les phénomènes de pouvoir réglementent les relations dans cette représentation.

En effet, ses auteurs expliquent la notion de dépendance qui caractérise une relation entre deux agents par le différentiel de pouvoir. Il y a dépendance de B vis à vis de A

si le différentiel de pouvoir entre A et B est en faveur de A, c'est à dire que B dépend plus fortement de A que de B.

- Ces phénomènes de pouvoir qui réglementent la répartition de la rente et de la quasi-rente peuvent aboutir à des situations de déséquilibre dans lesquelles on observe des hold up (situations dans lesquelles un partenaire s'accapare d'une partie de la rente

qui revient à l'autre), de renforcement du pouvoir discrétionnaire des dirigeants, ainsi que l'acquisition des positions dominantes. Dans ce dernier cas par exemple, un agent peut investir pour acquérir un différentiel de pouvoir afin d'accroître la dépendance des autres stakeholders par rapport à lui et ainsi s'approprier les rentes.

Cette théorie représente donc l'entreprise comme un ensemble de relation où chaque partenaire, y compris les dirigeants exploite les inégalités qui existent entre les transactions avec l'autre pour s'approprier une plus grande part de la valeur crée. Ainsi cette théorie est considérée à juste titre comme étant à l'origine d la TGP dans la mesure où tous les stakeholders sont pris en compte. Egalement, la valeur crée et sa répartition entre les différents partenaires résulte du processus décisionnel dont le caractère optimal conditionne l'efficacité organisationnelle dans la TGP.

1.2. Les implications de la TGP

La TAG étant considérée comme à l'origine de la TGP, nous nous interrogeons actuellement sur la notion même de créancier résiduel, directement liée à la mesure

de la performance. Nous tentons également à la suite de certains auteurs de donner quelques caractéristiques de la TGP.

1.2.1. La révision du statut de créancier résiduel

Selon la théorie des contrats incomplets, la véritable propriété est celle qui rassemble le « control right » et le cash flow right. Le créancier résiduel en référence à cette considération est donc le véritable propriétaire. Il est le seul bénéficiaire du droit

et assume toutes les altérations possibles. C'est donc à juste titre que ce statut

privilégier est attribué à l'actionnaire, faisant de lui l'unique propriétaire de

l'entreprise. Ceci se justifie non seulement dans les études relatives à la théorie de l'agence, mais également dans celles sur la GE. Les premières font de l'actionnaire pratiquement l'unique « principal » et les secondes accordent un rôle primordial dans

la recherche des mécanismes de protections de leurs intérêts. Une autre perspective de cette gouvernance actionnariale qui fait de l'actionnaire l'unique créancier résiduel est celle qui insiste particulièrement sur la préservation de la propriété du capital financier (Shleifer et Vishny, 1997).

Au-delà de cette vision, et en ne s'éloignant pas du contenu initialement donné

au concept de créancier résiduel, on peut se rendre compte justement que ceux qui assument les pertes résiduelles et bénéficient des gains de même nature sont nombreux. En effet, aussi bien les salariés que les autres bailleurs de fonds, les clients

et l'Etat pour ne citer que ceux là, subissent les conséquences des décisions prises et des choix faits par l'entreprise. L'entreprise étant une coalition d'intérêts, le retrait d'un maillon pour une raison ou une autre peut causer de lourds préjudices et aboutir même au dénouement du noeud. Et parce que détenteurs d'information spécifiques,

ces partenaires devraient participer dans le meilleur des cas à la ratification et même à

la surveillance des décisions prises dans l'entreprise. Et quand on sait que la fonction

de contrôle regroupe la ratification et la surveillance des décisions, on déduit en toute logique que le statut de créancier résiduel devrait leur être attribué. La figure suivante

nous montre comment a évolué le statut de créancier résiduel depuis 1930.

Créanciers résiduels

Gouvernance élargie

Autres

groupes d'intérêts, gouvernement

Fournisseurs

Clients

Hill

Jones

92

Zigales

98

Char reaux Desb rières

98

ZIGA LES

00

Salariés

Dirigeants

Créanciers

Financiers

Actionnaires

Jensen Meckli ng

76

Castani as Helfat

91

Blair 95

Shleife r Vishny

97

1930 source : Chatelin, Trebucq (2003) 2000's

Figure 2.1 : le statut du créancier résiduel et l'élargissement de la gouvernance chez certains auteurs

1.2.2. Les caractéristiques de la GP

La révision du statut de créancier résiduel vient donner à la théorie positive de l'agence son sens initial tel qu'attribué par Jensen et Meckling (1976). En effet, ces auteurs appréhendent l'organisation comme une coalition d'intérêts divergents qui interagissent sur la coopération entre différents partenaires. C'est ce qui justifie le paradigme de « noeud de contrats ». Les travaux sur la GP ne s `éloignent pas de cette logique. Ils considèrent l'entreprise comme un ensemble de relations au centre duquel

se trouve le dirigeant. Le système de gouvernance permet à chaque partenaire d'exercer une influence sur le comportement de ce dernier. L'approche de la GP est alors à l'origine d'une série complexe de conflits tant contractuels que cognitifs10. Le

tableau suivant nous fait ressortir ces conflits potentiels.

10 Un conflit contractuel est fondé sur l'asymétrie d'information alors qu'un conflit cognitif est fondé sur une interprétation des informations existantes construites à partir du modèle cognitif propre à l'individu (Charreaux

2002).

TABLEAU 2.1. Exemples de conflits cognitifs et contractuels entre partenaires

de l'organisation

 
 

Dirigeants

Actionnaires

Salariés

Clients

Fournisseurs

Environnement

Dirigeants

Conflits

cognitifs entre dirigeants généraux intermédiaires inférieurs Opportunité/cho ix d'investissement

Type

d'investissement politique de financement

Conflits

Contractuels et cognitifs

Gestion des

ressources humaines (rémunération, recrute-ment, conditions de travail, choix d'investissement en recherche et développement production... conflits contractuels et cognitifs

Qualité globale

coût

Conflits

contractuels et cognitifs

Coût qualité

industrielle conflits contractuels et cognitifs

Rentabilité Engagement

éthique, Pollution, développement local... Conflits cognitifs

Action

naires

 

Conflits cognitifs :

minoritaires/majorita ires individuels, collectifs

Dividende, choix d'investissement prix de cession

Conflits sur les

choix de rationalisation des coûts, répartition de valeur Dissonance cognitive et conflits contractuels

Conflits indirects

en fonction des arbitrages opérés entre rentabilité et qualité des produits

Conflits contractuels

et cognitifs

Coûts

Rentabilité

Engagement éthique, pollution,

développement local... Conflits cognitifs

Salariés

 
 

Concurrence

interne, surveillance mutuelle

Conflits cognitifs et contractuels verticaux et horizontaux

SAV , qualité de la

prestation conflits et contractuels

Qualité, coût de la

prestation, coopération conflits cognitifs et contractuels

Rentabilité Engagement

éthique,

Pollution ,développemen t local...

Conflits cognitifs

Clients

 
 
 

Conflits cognitif

Comportement du consommateur et critère de choix

Conflits cognitifs sur,

le produit, matière première

Engagement éthique,

Pollution ,développemen t local...

Conflits cognitifs

Fournis

seurs

 
 
 
 

Conflits cognitifs sur

produit organisation

Engagement éthique,

Pollution ,développemen t local...

Conflits cognitifs

Environnement

 
 
 
 
 

Conflits cognitifs entre

groupes d'intérêts

Source : Chatelin et Trebucq 2003

Williamson (1985) en analysant les différents mécanismes qui permettent de

gérer les différentes transactions entre la firme et les stakeholders, donne une autre caractéristique à la GP. En retenant le concept de coûts de transaction comme fondamental (au lieu de conflit d'intérêt), il définit l'objectif de la GP comme étant la minimisation des coûts de transactions dans toute relation avec un partenaire. Il analyse particulièrement les relations de la firme avec les salariés, les créanciers financiers, les actionnaires, et oppose les mécanismes intentionnels aux mécanismes spontanés11. En caractérisant les actifs par leurs spécificités, il arrive à la conclusion

que les mécanismes intentionnels sont appropriés pour la gestion des actifs fortement

spécifique, alors que les actifs facilement redéployables sont mieux protégés par les mécanismes spontanés.

Cette première section nous a permis de savoir les origines les caractéristiques

et les implications de la TGP dans l'étude de la performance. Toutes ces analyses resteraient sans objet pour notre étude si nous nous arrêtons là. Afin de les rentabiliser nous les intégrons dans l'examen des privatisations, car elles permettent un renouvellement de la lecture du phénomène. Ce nouvelle aidera plus tard dans l'étude

de la performance partenariale des privatisations.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon