WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Evolutions des densités, pratiques et images des rives de la RD 992 à Colombes - Densification et évolution de l'espace vécu en petite couronne parisienne

( Télécharger le fichier original )
par Alexandre Laignel
Université Paris 1 - Panthéon Sorbonne - Magistère Aménagement et Urbanisme 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.2.3 Urbanisme fonctionnaliste et fractures urbaines

La production de l'axe et de ses rives émane des évolutions historiques, donnant lieu à un découpage fonctionnel de l'espace. Les rives ouest de l'axe sont majoritairement consacrées aux activités secondaires et tertaires consommatrices d'espace. De même, une autre ligne sépare un nord plutôt résidentiel à un sud consacré aux activités productives. La fonction circulatoire est primordiale, structurée par la colonne vertébrale du boulevard. Si le boulevard permet de relier, son effet ségrégateur est fort, et il est plus ou moins accepté par le traitement successif de l'axe dans les différents projet menés.

En premier lieu, le carrefour des 4 chemins qui se voulait un espace commercial et public fédérateur, à travers les projets d'urbanisme et d'architecture, demeure fortement compartimenté par îlot du fait des grandes circulations. Les tout premiers projets proposés pour aménager le carrefour, et l'axe, font état de la prégnance d'une vision fonctionnaliste de la part des différents acteurs. Des projets de tunnel sont proposés par la Direction Régionale de l'Equipement d'Ile-de-France afin de préserver des itinéraires de franchissement sécurisé du boulevard par les riverains. Ils sont prévus au niveau du carrefour des 4 chemins, et au niveau de la rue Estienne d'Orves. Cette proposition d'organisation des flux est néanmoins rejetée par les habitants, inquiétés par l'augmentation des flux de circulations motorisées qu'entraînerait un tel projet. La mairie de Colombes proposera un projet alternatif avec la construction d'un tunnel souterrain traversant la quasi-totalité du boulevard (depuis la rue des Côtes d'Auty au nord jusqu'au pont de Charlebourg au sud). Une telle infrastructure est rejetée par les services de l'Etat, du

Illustration 17: Projet d'aménagement fonctionnaliste du carrefour des quatre chemins proposé par le cabinet J.Robert et P.Raymond

fait de son coût très élevé. La Z.A.C Jeanne Gleuzer donnera également lieu à l'expression de projets inspirés par les concepts fonctionnalistes. Le cabinet J.Robert et P.Raymond propose un aménagement des îlots nord-est et sud-est du carrefour des quatres chemins sur dalle, les deux îlots étant reliés par une passerelle aérienne. Ce projet doit permettre une circulation optimale des flux de circulation sur le boulevard, mais aussi sur la rue Gabriel Péri. Outre le projet proposé par le cabinet J.Robert et P.Raymond, la distribution des flux de circulation pédestre entre les différents îlots reste organisée par les passages cloutés, tout franchissement de l'axe en un autre endroit étant rendu difficile par la présence de barrières de sécurité. Le projet du groupement d'architectes retenu présente lui un rapport à la rue important. Du fait de la géométrie des places Aragon et Victor Basch, la longueur de la ligne de frottements avec la voie et l'espace public pédestre est grande. Même si les contre-allées et la voie de bus en site propre assure une transition entre la rapidité du trafic axial et la moindre rapidité du trafic latéral, cette zone de contact reste celle des usagers des transports en commun attendant le bus à côté d'une des quatre stations. On retrouve ce même effet de frontière urbaine le long du boulevard, où la rapidité du trafic, la largeur de l'axe et les barrières de sécurité empêchent tout franchissement du boulevard ailleurs que sur les passages cloutés.

Il ressort de cette analyse la ségrégation importante entre les espaces de la voie et les îlots. Ce fait ramène au cloisonnement des deux principales institutions productrices de cet espace: l'Etat, par l'intermédiaire de la DDE et de la DREIF, et la mairie de Colombes. Cette ségrégation se décline en plusieurs points du boulevard: le carrefour des 4 chemins en est un exemple fort, mais elle se retrouve aussi tout le long du boulevard.

L'évolution urbanistique consécutive à l'élargissement du boulevard a eu pour conséquence d'effacer un peu plus les anciens lieux de centralités (Colbert-Quatre Chemins), et à renforcer le carrefour des 4 chemins comme lieu de chalandise de rayonnement intercommunal. Ce statut nouveau attribué au carrefour par les pratiques des habitants semble néanmoins limité par l'effet négatif induit par le boulevard, et ce malgré la constitution d'un espace public ouvert et lisible. Si l'opération « rond-point » semble inscrire la rénovation du quartier dans un dessein de « boulevard urbain », la monofonctionnalité résidentielle limite la reconfiguration d'un espace vécu aux rives du boulevard. C'est un espace qui demeure associé à la circulation automobile, et sur lequel prédominent les « commerces de route ». Avant la rénovation des rives du boulevard, la « centralité » - en tant qu'inscription urbanistique d'une identité petit-colombienne - conciliait pratiques riveraines, inscriptions architecturales et paysagères, et mixité fonctionnelle. L'inscription territoriale n'apparaît plus en ces termes suite à l'élargissement du boulevard, et donne lieu à un espace vécu constitué de « blocs » (lieu de résidence, lieu de commerce, lieu de culture...), connectés par des liaisons pédestres étroites, face à la voiture à qui la place consacrée s'est accrue.

Les projets politiques concourant à la rénovation du Petit-Colombes cherchent à concilier le projet de « boulevard urbain » à celui d'un maintien de « centres » inscrivant l'identité du quartier sur cet espace. L'exemple des 4 chemins a montré que l'appropriation d'un espace public central attenant à la place était bloquée pour grande partie du fait des impacts négatifs de l'axe de circulation automobile sur l'espace public pédestre. Le lancement d'une troisième période de rénovation des rives de l'axe, ouverte par l'arrivée annoncée du tramway et par l'extension de l'aire de rayonnement du CBD de La Défense, amorce une mutation des rives du boulevard. Les travaux universitaires de Georges Amar, Antoine Bres, Marcelle Demorgon et Geneviève Dubois-Taine, ont mis en lumière les lacunes révélées par une approche de l'urbanisme excluant une approche mutuelle entre la voie et l'îlot. Le « bout de ville » du Petit-Colombes, aménagé dans son ensemble selon des visions cloisonnées entre différents champs de compétences et de métiers, répond à cette problématique développée par ces chercheurs. Le retour sur leurs travaux permettra d'avancer la grille d'analyse pertinente pour analyser les mutations des rives du boulevard en lien avec la densification causée par l'arrivée du tramway, dans un mouvement plus général de la densification bâtie et en population de la petite couronne parisienne.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo