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Elevage Pastoral en Ariège : Vulnérabilité des animaux au pâturage, évolutions des systèmes d'élevage, adaptations aux mesures d'accompagnement du plan du réintroduction et de conservation de l'ours brun (Ursus artos) dans les Pyrénées françaises 2006-2009.

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par Eric Duplex ZOUKEKANG
INPT/ENSAT/ENFA - Master AgroBioSciences: The Agro Food Chain 2008
  

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1.1.5 Rôle et objectifs du système d'élevage

Nous ne saurons parler proprement des rôles et objectifs ici sans rappeler quelques concepts essentiels qui les leurs confèrent ou les renforcent.

1.1.5.1 Quelques définitions

La notion de développement durable est apparue officiellement dans les discours politiques lors de la publication du rapport Brundtland en 1987, préparé à la demande des Nations Unies, en préalable de la Conférence de Rio de Janeiro en 1992 : « le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre à leurs propres besoins ». Cette notion a depuis été appliquée à un grand nombre d'activités, en particulier à l'agriculture et à l'élevage. Pour ce qui nous concerne ici, La durabilité de l'élevage confère la préservation de l'intégrité fonctionnelle des systèmes socio-techniques. D'après Thompson (1997), il existe deux grands types d'approches de la durabilité du développement : l'approche « préservation des ressources » (resource sufficiency) et l'approche « intégrité fonctionnelle » (functionnal integrity). Bien sûr, la durabilité de l'élevage en montagne exige en premier lieu que ses ressources soient renouvelées, c'est-à-dire que les prairies pâturées et les prés de fauche, principale ressource de l'élevage pastoral, soient conservés en quantité et qualité et donc ne s'enfrichent pas. Mais cette condition est à considérer en réalité dans le cadre du renouvellement plus global des systèmes d'élevage, au sens de la régénération de leur capacité productive et de leurs autres fonctions dans leur environnement. Il faut donc assurer avant tout le renouvellement des facteurs de production : terre, travail et capital. Au-delà de la prise en compte des trois dimensions de la durabilité (écologique, sociale et économique), il faut également s'intéresser à la cohérence du système, assurer le renouvellement des relations, des interactions entre les différents composants des systèmes d'élevage (Mottet, 2005).

L'Espace est à la fois facteur et produit des activités agricoles (Deffontaines et Lardon, 1990). Il existe donc une relation étroite entre la durabilité des activités agricoles et celle des ressources naturelles qu'elles utilisent ainsi que les paysages associés. La durabilité de l'élevage en montagne relève donc à la fois de la durabilité économique et sociale des exploitations et de la durabilité écologique des ressources et des paysages.

11 Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux

Le pastoralisme est l'utilisation du pâturage extensif des parcours pour la production ; c'est l'un des principaux systèmes de production de terres inhospitalières dans le monde (Lasseur et Garde, 2007). C'est un système d'élevage tout à fait original qui n'existe que par une étroite relation et respect entre Hommes, Terres et Troupeaux. Il est aussi très dépendant de variations climatiques. Il représente une forme irremplaçable, économe en énergie fossile, pour le développement et la gestion du milieu naturel. Selon la FAO (2002), le pastoralisme n'est pas une relique, mais une activité moderne qui s'intègre dans le contexte actuel de l'économie. Il a une fonction socio- économique tout en maintenant une forme d'activité dans des régions difficiles et en contribuant à des productions.

Un parcours est d'abord un endroit où le troupeau peut se déplacer relativement librement, même sans aucune contrainte autre que la distance nécessaire à son abreuvement12 (les animaux peuvent être totalement libre dans un secteur vaste, bergerie ou non).

Est considérée comme pastorale (selon la définition statistique de l'exploitation), une ferme utilisant les pâturages collectifs (équivaut généralement à la transhumance et l'utilisation des estives), si non, la densité animale est inférieure à 2 (somme de UGB/ha SAU13), et la portion de la Surface Toujours en Herbe (STH) moins productive devrait atteindre 50% de la SAU, et la ferme devrait appartenir à l'une des orientations suivantes : vache allaitante ou laitière ou les deux, ovin/caprin, polyculture - élevage ou culture intensive - élevage pastoral (Eychenne, 2003b et 2006).

La diversité biologique signifie la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie. Cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes (CBD, 1992). On sait qu'il existe peu de données sur la répartition géographique de la biodiversité, des ressources limitées et le temps d'acquérir suffisamment de données. Ainsi, il est nécessaire de faire des priorités avec les données disponibles ou facilement collectables. Ainsi, différents substituts pour la biodiversité ont été utilisées/proposé pour fournir un raccourci pour l'identification des zones importantes pour la conservation de la biodiversité ( http://www.ige.ch/faq/f1 2f. shtm).

12 Mémento de l'Agronome, 2002

13 Surface Agricole Utile

Écosystème : Concept défini par Tansley en 1935. Pour lui, il doit "tenir compte de facteurs biotiques et en particulier de l'Homme". Une pâture peut détruire un écosystème, mais elle favorise en même temps l'émergence d'un nouvel écosystème (écosystème pâturé), qui, le plus souvent doit être entretenu ou conservé par l'intervention de l'homme, contre les plantes nocives ou différents prédateurs. Même si contrairement à Tansley, l'écosystème a souvent été saisie dans un sens strictement naturaliste (Hubert, 2002 et 2004) aujourd'hui, il devrait être considérée par une lecture topocentrique et non géométrique.

1.1.5.2 Elevage pastoral : Historique et évolutions

L'élevage pastoral s'appuie sur un groupe d'itinéraires variable, en fonction de l'année, résultat de distribution spatiale et temporelle d'une ressource fourragère diversifiée et le plus souvent spontanée. La complexité de l'activité de production est le résultat de l'existence et de l'interaction des différents objectifs entre le gestionnaire (éleveur, berger), la végétation et les animaux (Landais et Balent, 1995 ; Hubert et al., 1993). Cet élevage évolue de la forme sédentaire au nomadisme via la transhumance La transhumance en Ariège implique la délocalisation de l'élevage (vaches, moutons et chevaux) en haute montagne pour les mois d'été. Ceci, non seulement parce que les fermes dans les plaines sont trop petites pour supporter le troupeau toute l'année, mais aussi, pour fumer les parcelles, entretenir les clôtures, constituer les stocks de fourrage, faire le vide sanitaire des parcelles et des bergeries ou des étables, et enfin, permettre à l'éleveur de souffler. L'estivage débute fin Mai/début Juin, et se termine début Octobre. Selon les études anthropologiques, ce système date d'avant 1400 (Besche-Commenge, 2008). Jusque dans les années 1970 la transhumance concernait principalement les vaches laitières, et la fabrication du fromage était une activité importante. Dans certaines régions, jusqu'à ce siècle, presque tous les membres d'une famille décampaient en haute montagne avec leurs vaches, vivant dans des cabanes rudimentaires faites de pierres. Ce système, qui a évolué au Moyen Age, a duré dans le 20ème siècle, mais a échoué sous la pression de l'industrialisation concomitante avec le dépeuplement des campagnes (B.Besche-Commenge, 2008 ; Fédération pastorale, 2007).

1.1.5.3 Rôle et objectifs du pastoralisme

L'élevage contribue, à travers le pâturage, à la dynamique des territoires par le maintien des milieux ouverts, intégrés dans une mosaïque associant zones forestières cultivées. Cette contribution doit être conciliée avec une dynamique de l'élevage permettant le maintien de ses cohérences propres et sa durabilité comme système d'élevage (Lasseur et Garde, 2007). Les parcours exploités par les pasteurs ne peuvent le plus souvent, pas être utilisés par l'agriculture conventionnelle. Ces terres offrent peu d'autres options que l'élevage mobile pour leur utilisation efficace et durable. Néanmoins, malgré sa longue histoire, sa réputation a été peu flatteuse, ses praticiens marginalisés par les cultivateurs sédentaires et les citadins (Roger Blench, 2001). Dans certains secteurs de la

zone de montagne ariégeoise, c'est l'unique façon de valoriser la terre. De nombreux auteurs ont mentionné l'importance du pastoralisme dans la conservation de la nature, la production de la biodiversité des espaces, l'entretien des plantes herbacées, des milieux ouverts et des paysages, la prévention des risques naturels, la gestion des sols et des effluents, la préservation du patrimoine culturel, la limitation de l'exode rural, la multifonctionnalité et de nombreuses externalités positives (Castro et al., 2004 ; Huyghe et Lemaire, 2002; Hervieu, 2002 ; Lasseur et Garde, 2007, Janet C., 2007; Hubert, 2002 ; Léger 1999). Tous sont tout aussi conscients du double rôle de l'agriculture en montagne : production alimentaire et externalités positives, sans que la fonction proprement agricole doive se plier aux réquisitions de l'autre. Toutefois, l'analyse de l'impact14 de l'élevage sur les terres de parcours et donc sur le milieu ou l'environnement n'est pas aisée. Cette analyse devrait s'articuler autour des grands "thèmes d'impact" que sont l'occupation des sols, l'alimentation, l'abreuvement, les déplacements, la fertilité, les productions animales, la conduite et l'exploitation, et les politiques d'élevage. Ces thèmes interagissent, sont interdépendants et dépendent d'autres thèmes extérieurs à l'élevage (Toutain et Carrière, 1995).

L'occupation des sols par les activités d'élevage peut conduire à des impacts positifs (de type socio- économique, et écologique), des impacts négatifs (dégradation des terres de parcours, déforestation, perte de biodiversité15). L'alimentation des herbivores domestiques repose sur le prélèvement de matières végétales ; cet acte élémentaire peut conduire à des effets positifs sur l'environnement, lorsque le couvert végétal est jugé "indésirable" (prévention des incendies, lutte contre l'embroussaillement, dynamique des espèces sous l'effet de la pâture, dissémination des semences par les herbivores domestiques). Ce même prélèvement devient un impact négatif lorsque son intensité remet en cause les potentialités de renouvellement du couvert végétal : soit directement en modifiant la composition, la structure ou la productivité des peuplements végétaux ou en influençant leur dynamique ; soit indirectement en agissant sur les facteurs de la production primaire que sont l'eau, le sol et l'air, ou encore par interaction passive avec les autres consommateurs primaires. En ce qui concerne l'abreuvement, il est certain que l'aménagement hydraulique du territoire, dans les zones sèches, a eu d'importantes conséquences sur l'environnement sanitaire, social et économique des populations humaines concernées (Toutain et

14 Cependant, on ne peut juger du caractère positif ou négatif d'un impact sans faire référence à un point de vue précis ou à un objectif. Un naturaliste, attaché à la protection des espèces sauvages, aura une appréciation d'un impact différente de celui de l'agronome, cherchant à optimiser un système de production agricole.

15 A la suite de l'ouverture, pour l'élevage, des zones à trypanosomoses en Afrique par exemple. Ici, contrairement à la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées où l'ours vient récupérer une partie du territoire dévolue à l'élevage, c'est l'élevage qui récupère le territoire de la tsé-tsé en tentant de l'exterminer.

Carrière, 1995). Dans de nombreux cas, les points d'eau modernes, à vocation pastorale, sont récupérés, au bout d'un certain temps, comme bases initiales d'implantation humaine, qui bénéficient alors de ressources en eau de qualité. Par contre, d'après Nicholson (1985) cité par Toutain et Carrière (1995), les activités d'élevage polluent les ressources en eau de surface par eutrophisation des mares temporaires ou permanentes, pollution chimique, pollution microbienne ou parasitaire par des agents pathogènes. Les impacts indirects envisagés ici portent sur : la dégradation des sites d'abreuvement, les conséquences de l'utilisation des sites d'abreuvement sur la flore et la faune inféodées aux milieux humides ou aquatiques.

Quant aux déplacements, le piétinement favorise : le tallage des graminées, la dissémination de nombreuses plantes par fragmentation des souches ou des rhizomes, la dispersion des semences (par adhésion sur le pelage ou sous les sabots) et leur germination (par rupture des téguments pour les graines dures), l'incorporation de la matière organique au sol, par fragmentation. A contrario, le piétinement réduit : la biomasse sur pied en brisant les chaumes desséchées, ce qui augmente la surface de sol dénudé et favorise l'érosion, la photosynthèse des plantes en déchirant et en écrasant les tissus foliaires, les stocks semenciers des sols, par concassage des graines. Toutefois, la mobilité des troupeaux est exploitée pour la commercialisation des produits de l'élevage dans certains pays et constitue un facteur de gestion et de conservation des parcours (Toutain et Carrière, op. cit.). Concernant le transit des matières végétales par le tube digestif des herbivores domestiques, il joue un rôle important sur le cycle du carbone et des éléments trophiques, en créant un "circuit court" pour le recyclage de ces éléments dans le sol (Gachon et al., 1979 cités par Toutain et Carrière, op. cit.). La fragmentation opérée par la mastication des aliments est complétée par la fermentation microbienne dont l'intensité est nettement plus élevée que celle qui intervient au niveau du sol (Landais et al., 1990). Les effets du pâturage nocturne, en dehors des conséquences positives qu'il peut avoir sur la production animale (Joblin, 1960 ; King, 1983 cités par Toutain et Carrière, op. cit.), du fait de la diminution des dépenses énergétiques liées à la thermorégulation, de la plus grande teneur en eau des plantes pendant la nuit, et de l'accroissement de la durée totale d'ingestion ne sont pas précisément connues.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille