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Elevage Pastoral en Ariège : Vulnérabilité des animaux au pâturage, évolutions des systèmes d'élevage, adaptations aux mesures d'accompagnement du plan du réintroduction et de conservation de l'ours brun (Ursus artos) dans les Pyrénées françaises 2006-2009.

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par Eric Duplex ZOUKEKANG
INPT/ENSAT/ENFA - Master AgroBioSciences: The Agro Food Chain 2008
  

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1.1.6 L'élevage des herbivores valorise les parcours : enjeux et difficultés autour des parcours

L'article « La tragédie des communs », écrit par Garret Hardin en 1968, procure un cadre théorique dans un discours déjà expérimenté par des hommes politiques, des universitaires et des acteurs du développement. Cette théorie souligne dans une façon malthusienne, l'irrationalité économique du pastoralisme. Celui-ci ne serait qu'une lutte pour les ressources et un pillage de l'environnement. L'argument est qu'il est sans intérêt pour un agriculteur de limiter la croissance de son troupeau sur

des pâturages où d'autres agriculteurs pourraient le faire à sa place. De nombreux pays ont des politiques de sédentarisation qui découlent tant sur des considérations d'ordre politique qu'au sujet du bien être de ceux qu'ils souhaitent installer. Toutefois, les gouvernements nationaux sont souvent hostiles aux pasteurs (Nori, 2006).

Dans les zones de Causses ou de montagne et dans certaines zones de coteaux, les cheptels ovin et bovin constituent un des meilleurs atouts de valorisation de ces zones difficiles, voire le seul. A ce titre, le maintien de l'élevage et des hommes sur la majeure partie du territoire est essentiel pour conserver une activité économique structurante du milieu rural. Mais, sous l'effet combiné de la démographie, de la politique agricole commune et des conditions de travail difficiles, le nombre d'éleveurs diminue, les cheptels s'agrandissent, le besoin de nouvelles surfaces et la volonté d'abaisser les coûts de production poussent à une « reconquête des parcours », disponibles et peu onéreux. Les années 90 voient ensuite le développement de nouveaux enjeux du pâturage des parcours liés à leurs contributions environnementales et socio-territoriale : entretien du paysage, maintien de la biodiversité, action de défense contre les incendies, faible consommation d'intrants... (Léger, 1999; Loiseau et al., 1998; Dumont et Farruggia, 2007).

1.1.6.1 Menaces biophysiques sur les terres de pâture

Les éleveurs reconnaissent la nécessité d'équilibrer l'augmentation de la productivité en station avec les conditions des ressources naturelles. Cela implique la connaissance des types de pâturages, la compréhension de la distribution de la ressource et les modalités de pâturage, la gestion du niveau de la réserve se basant sur les seuils de constitution de réserves avant la destruction, la production fourragère et la capacité de charge. Les éleveurs travaillent sur la base d'un temps variable au jour le jour. Toutefois, le changement climatique est susceptible de poser un défi à long terme pour le secteur pastoral (Robertson, 2002). Par conséquent, les ressources pastorales sont hétérogènes et dispersées dans l'espace (fragmentées), liées aux saisons (temporaires), différentes dans le temps (variables) et soumises au climat irrégulier (imprévisibles). Globalement la productivité nette des parcours est faible. Les populations animales et végétales qu'ils peuvent soutenir fluctuent de manière imprévisible. Ces facteurs bio-physiques affectent l'hétérogénéité spatiale et la variabilité temporelle des ressources. L'accès aux différents écosystèmes pâturables dans la même région permet la consommation des ressources entre les habitats écologiques complémentaires et est donc vital pour assurer la continuité de la productivité de l'élevage (Nori, 2006 ; Garde, et al., 2007).

1.1.6.2 Elevage, biodiversité, qualité des produits et services des écosystèmes

Malgré l'absence de justification scientifique absolue, la préservation de la biodiversité est devenue
une préoccupation majeure de la société (Bornard et al., 2004). La gestion de la biodiversité est
d'un enjeu majeur pour les exploitations agricoles et surtout pastorales du fait de l'ignorance sur les

valeurs bromatologiques des différentes espèces consommées et leurs rôles dans la satisfaction des besoins de l'animal (entretien et production). Elle est de plus en plus considérée non seulement comme un résultat de la gestion parcellaire, mais également vis-à-vis des services qu'elle fournit à l'activité d'élevage (Clergue et al., 2005) : qualité des produits, valeur nutritive des fourrages, adaptabilité d'utilisation des prairies, etc. Sa préservation est maintenant explicitement prise en compte dans l'attribution de la nouvelle Prime Herbagère Agro-Environnement (PHAE 2).

Dans les systèmes herbagers, de plus en plus de travaux s'intéressent aux services rendus à l'élevage par la diversité biologique, tant à l'échelle de la parcelle qu'à celle de la totalité de l'exploitation (Swift et al., 2004). Même si un bon niveau de diversité floristique est incompatible avec une forte productivité à l'échelle de la parcelle (Plantureux et al., 2005), les prairies diversifiées présenteraient une plus grande stabilité de leur valeur nutritive sur l'ensemble de la saison de pâturage que les prairies peu diversifiées en raison de l'étalement des stades phénologiques des espèces (Gibon et al., 1997). Par ailleurs, différents travaux ont montré que la diversité végétale stimulait l'ingestion des animaux au pâturage (Meuret et Bruchou, 1994 ; Cortes et al., 2006). Enfin, la diversité entre les parcelles est considérée comme un atout à l'échelle de l'exploitation car elle offre plus de souplesse, en particulier face aux aléas climatiques (Schlapfer et al., 2002 ; Papy, 1999 et 2004 ; Perrot et Landais, 1993). L'action du pâturage des herbivores sur la structure et la biodiversité des prairies est le plus souvent liée à leur consommation. En sélectionnant les espèces les plus appétibles, les animaux exercent différentes pressions de défoliation sur les espèces, qui pourrait menacer la survie de certains. Toutefois, ils limitent aussi le développement des espèces très compétitives pour la lumière et les éléments nutritifs, ce qui permet la coexistence d'un plus grand nombre d'espèces. De par leur piétinement, ils donnent aussi une structure aux communautés végétales en créant des ouvertures qui peuvent être peuplées par de nouvelles espèces. Enfin, ils jouent un rôle dans la diffusion des semences de certaines espèces (Fischer et al., 1996).

Les agneaux norvégiens sont généralement abattus directement après avoir été conduits dans des alpages naturels et la viande est donc considérée comme un produit biologique. De nombreux consommateurs croient également que les agneaux provenant de certaines zones sont supérieurs à d'autres types d'agneaux. En montagne, les agneaux parcourent de longues distances et leur conformation corporelle pourrait être différentes de celles des agneaux confinés en cages dans les vallées. On ne sait pas si les facteurs mentionnés affectent la qualité et la saveur de la viande. Des expériences menées en Australie, Islande, Grèce, Italie, Nouvelle-Zélande et Royaume-Uni ont fourni peu de documents à ce sujet mais, témoigné d'effets significatifs du type de pâturage et de la complémentation sur la qualité, y compris la saveur de l'agneau (Adnoy T. et al., 2005). La nature

des fourrages pourrait intervenir directement sur la qualité du produit grâce à des molécules présentes dans les plantes aromatiques (terpènes, Sesquiterpenes), qu'on retrouve dans le fromage (Viallon et al. 1999).

Il est important de protéger les valeurs naturelles des parcours en élevage pastoral afin de maintenir les principaux services fournis par les écosystèmes, tels que la santé du sol et de la végétation, la fourniture d'habitat, le captage de l'eau et la filtration, la séquestration du carbone, les paysages... La protection insuffisante de ces services fournis par les écosystèmes ne garantira pas un pastoralisme productif (Robertson, 2002).

1.1.6.3 Intensité du pâturage, fertilité des sols et réactions des plantes

Dans les alpages, il est difficile de distinguer gradients de nutriments et intensité de pâturage, les alpages les plus fertiles étant aussi les plus pâturés (Gaucherand, 2005). Dans les environnements « stressants » les limitations en eau ou en nutriments sélectionnent les stratégies conservatrices (faible Surface Spécifique des Feuilles (SSF) et Teneur en Matière Sèche des Feuilles (TMSF), élevée) associées à une faible appétence pour les animaux du fait de la résistance des feuilles et de leur faible valeur nutritive. A l'opposé, ce sont les stratégies exploitatrices (forte SSF et TMSF élevée) qui sont favorisées dans les environnements riches en nutriments. Cependant ces traits sont contrôlés par la fertilité du sol et ne correspondent pas à une stratégie particulière des espèces vis à vis du pâturage. L'interaction entre intensité de pâturage et productivité du site gêne l'identification des traits de réponse au broutage (Landsberg et al., 1999 ; Pakeman, 2004 ; cités par Gaucherand, 2005). Certains traits ressortent cependant de différentes études (Díaz et al., 2001 ; McIntyre et Lavorel, 2001 ; cités par Gaucherand, 2005) notamment des traits permettant aux espèces d'éviter le broutage (port en rosette, petite taille, petites feuilles, phénologie décalée) ou de le supporter (stratégie rudérale, forme de vie annuelle ou, dans les milieux productifs, des feuilles fines et une SSF élevée indiquant une vitesse de croissance élevée). L'identification de traits ou de syndromes spécifiquement liés au pâturage reste cependant difficile car il existe de multiples stratégies d'évitement reposant sur des combinaisons de traits différentes. En outre, d'autres facteurs comme la fertilité, mais aussi la sécheresse ou la compétition par exemple, peuvent s'avérer plus importants que la résistance au pâturage pour la survie de la plante et de ce fait, des traits liés aux conditions de milieu peuvent être favorisés même s'ils sont considérés défavorables à la plante en ce qui concerne strictement sa résistance au pâturage (Briske 1999 ; cité par Gaucherand, 2005).

1.1.6.4 L'impact social sur le comportement des herbivores au pâturage

Les herbivores se caractérisent entre autres par leur grégarisme, qui est l'une des principales raisons
de leur domestication (Lécrivain, 2004). Chez les ongulés domestiques, le regroupement social
influence fortement le comportement au pâturage. Les relations sociales au sein d'un groupe

influencent les stratégies individuelles pour les choix alimentaires, l'exploitation des sites d'alimentation et la distribution spatiale sur les parcours. La vie en groupe donne aux jeunes animaux les modèles sociaux ; en premier lieu sa mère puis ses pairs et les autres membres du groupe, ce qui contribue à apprendre les préférences alimentaires suffisantes et les aversions. Cette facilitation sociale est plus efficace que l'apprentissage individuel par essai-erreur. La vie en groupe est également considérée avantageuse pour les animaux, car ils peuvent utiliser les sites d'alimentation découverts par les autres membres du groupe. La vie en groupe chez les herbivores est une véritable stratégie contre la prédation. Jarman (1974); cité par Dumont et Boissy (1999). La structure sociale régule les relations qu'entretiennent les animaux entre eux et assure le fonctionnement du groupe, la reproduction et l'élevage des jeunes (Bouissou, 1992 ; cité par Dumont et Boissy, op. cit.). A contrario, elle accroît la concurrence alimentaire en raison de la diminution rapide de la disponibilité de la ressource, affectant le plus les animaux affaiblis. Pacager en groupe peut aussi forcer les individus à abandonner des sites qu'ils estiment être de bonne qualité tout simplement parce que tous les autres membres du groupe quittent ces sites. Arnold et Dudzinski (1978) cités par Dumont et Boissy (1999), indiquent que des troupeaux d'ovins et de bovins sont divisés en plusieurs sous-unités quand la ressource disponible est faible.

1.1.6.5 Utilisation de la zone de pâture en fonction du savoir-faire du berger, de la physiologie,

du comportement de l'animal, de la topographie et de la physiologie des plantes

Parce qu'un régime alimentaire est constitué lentement sur parcours, il est essentiel de prévoir un temps plus long de pâturage. De 6 à 8 h sur les prairies ou les bons pâturages, il atteint 8 à 12 h, sur les parcours et les pâturages de montagne (Garde et al., 2006). Ce temps varie selon la saison, les conditions météorologiques, le type de milieu, l'état des animaux. Ce temps est divisé en séquences de consommation aussi nombreuses que le milieu est pauvre et que les animaux doivent changer très souvent le lieu où ils peuvent chômer (Agreil et al., 2002 et 2004). Sur des journées chaudes d'été, le temps de pâturage est décalé à la nuit et la rumination dans la journée. Ceci ne signifie pas outre mesure que les bêtes ne doivent pas être contraintes ou qu'elles ne le sont pas en système de garde lâche. D'après Landais et Deffontaines (1988), les bergers prévoient des circuits, observent, analysent les situations et adaptent leurs déroulements de façon à satisfaire au mieux les besoins du troupeau en exploitant au mieux, de leur point de vue, les ressources pastorales sur parcours16. Ils

16 Tu vois ces bêtes là tout au fond de la dépression ; les premières isolées ? On pari que ce sont les bêtes à G. en gros avec quelques unes de F. quand tu les envoie ici chaque année c'est les mêmes qui y sont à ce rythme ! Moi, ma gestion de la journée, à peu près à cette heure si quand le temps est comme ça il ne faut pas que les bêtes aient dépassé cette dépression et allé de l'autre côté ; là bas, ça tire dans le bois et les y ramasser il faut y arriver parce que là on ne sait pas ce qu'elles y cherchent mais elles veulent bien y être même si elles y marchent plus qu'elles n'y mangent. Donc à mon goût la journée n'a pas été bien gérée et ça c'est quelques minutes de retard de ce matin ; elles ont pris l'avance sur nous (Conversation avec un berger sur son estive, Juin, 2008).

sont bien conscients de la gestion du milieu pour éviter l'enfrichement des zones délaissées ou non fréquemment fréquentées par leurs troupeaux. Concernant le pâturage libre, Balent (1987), a montré qu'il freine l'enfrichement des parcours de demie saison, mais ne l'empêche pas, en raison des particularités du comportement des animaux en pâture libre, qui concentrent leurs activités sur les zones les plus favorables et délaissent les autres.

Les besoins alimentaires des animaux varient en fonction de leur état physiologique. Ils sont évalués sur une séquence de pâturage. Quand le type de végétation d'un parc est connu, et par conséquent la pousse de l'herbe caractérisée, l'étalement de la production et la capacité de maintien sur pied, l'éleveur décide des saisons d'utilisation, de la charge, de niveaux de valorisation et d'intensités de pâturage (Garde et al., 2006). Les comportements des ovins au pâturage sont propres à leur espèce, liés à leur biologie, mais aussi à leur contexte d'élevage, à leur expérience, au relief, à la structure et la nature de la végétation et de la configuration du terrain (Lécrivain, op. cit.). Sur le parcours en général, les choix sont guidés par la morphologie des plantes : les vaches préfèrent les feuilles que les tiges, les organes jeunes et verts que les sénescents, durcis, lignifiés ou même jaunes Garde, op. cit.). C'est pourquoi on constate une assez grande variabilité des réponses comportementales. Néanmoins, il existe des comportements typiques qui s'expriment spontanément et régulièrement, y compris dans des situations différentes. Ce sont ces comportements que les bergers connaissent, prennent en compte et sur lesquels ils s'appuient pour conduire leur troupeau quand ils gardent17. Ce sont des attitudes individuelles des brebis, des rythmes, des comportements collectifs du troupeau vis-à-vis des éléments du milieu ou des congénères qui s'érigent en principes de base pour conduire un troupeau (Lécrivain, op. cit.). L'ajustement de ces composantes animales, végétales et du milieu forme le calendrier de pâturage. Ce calendrier peut être envisagé comme un enchaînement de séquences, et la séquence comme une suite de parcs. Face aux aléas climatiques, l'éleveur prévoit des sécurités par séquence ; elles donnent de la souplesse dans l'exploitation des surfaces (Garde, op. cit.).

On confond trop souvent le gardiennage d'un troupeau et sa surveillance. Or le premier remplit une
fonction d'alimentation des troupeaux, et le deuxième une fonction de protection. Le gardiennage
requiert la compétence du berger18. Contrairement à ce que l'on peut imaginer, le travail de berger

17 Quand tu fais la virée comme et quand il faut, tu remontes à la cabane et ne redescends que de temps en temps voir si rien n'a perturbé l'orientation. Sinon tu peux être tranquille qu'elles repassent par la cabane en fin de journée pour coucher sur la crête en dessus de nous (Conversation avec un berger sur son estive, Juin, 2008).

18 passionné, savoir « lire » un territoire dédié au pâturage, avoir la sympathie pour les brebis, la ponctualité pour sortir
régulièrement le troupeau, le calme pour le conduire sans stress, la patience pour le faire manger au mieux à sa faim et à

n'est ni facile, ni tranquille, il communique de manière subtile avec les brebis (Lécrivain, 2004). La surveillance ne nécessite pas de savoir-faire particulier. La pratique du gardiennage permet de valoriser un milieu complexe et hétérogène tout en assurant une alimentation complète aux animaux, par la réalisation de chaque circuit quotidien et l'enchaînement des circuits tout au long d'une séquence de pâturage. Il n'existe pas de « pratiques/techniques » de garde, mais une variété de moyens pour guider les animaux sur la base de critères comme le type de ressources disponibles, les formes de relief, la capacité des animaux à explorer un milieu plus ou moins boisé ou embroussaillé, la visibilité aussi bien pour le berger que pour le chien de protection, l'état physiologique des animaux, l'initiation des animaux, les niveaux d'état corporel attendus par l'éleveur à la descente de l'estive, le respect des contraintes liées à d'autres utilisateurs... (Garde et al., 2006 ; Meuret, 1995 ; Garde et al., 2007). Selon Landais et Deffontaines (1988), les bergers possèdent de nombreuses connaissances relatives au comportement des ovins dans différents contextes de pâturage, qu'ils mobilisent sans cesse au cours de chaque circuit de pâturage. Grâce à ce savoir-faire acquis, ils valorisent des espaces peu productifs, souvent embroussaillés, marqués par une topographie complexe et difficile à clôturer. C'est sans doute dans ce contexte que Lécrivain (op. cit.) stipule que, puisque les pratiques de gardes sont adaptées aux caractéristiques particulières des différents types de milieu, rares sont les jeunes bergers qui s'aventurent sans chercher à recevoir un maximum de conseils auprès d'autres bergers expérimentés. Ces savoirs sont basés sur une connaissance affinée du territoire et des animaux qu'ils géreront19, savoirs acquis le plus généralement de manière empirique.

son rythme en tenant compte de la composition du troupeau et de l'expérience des animaux, et pour éduquer un chien pour la garde, l'attention et la vigilance, l'observation, l'écoute, l'analyse et une capacité de synthèse, la curiosité, le courage, l'aptitude à adapter les circuits de garde face aux changements.

19 Tu vois ces bêtes là tout au fond de la dépression ; les premières isolées ? On pari que ce sont les bêtes à G. en gros avec quelques unes de F. quand tu les envoie ici chaque année c'est les mêmes qui y sont à ce rythme ! (...) Moi, ma gestion de la journée, à peu près à cette heure si, quand le temps est comme ça, il ne faut pas que les bêtes aient dépassé cette dépression et allé de l'autre côté ; (...). On attend encore trois quarts d'heure ou un heure et elles seront là où il faut appliquer la virée (...). Ma gestion des bêtes, de la montagne et de l'estive si tu veux, c'est qu'après avoir passé trois semaines à un mois ici (bas de la montagne), que je monte en moyenne montagne avec les bêtes bien soignées (pas de boiterie, pas d'abcès, pas de plaies, pas trop de maigres...) car un peu plus haut la garde commence à être un peu plus lâche et il ne faut pas qu'il y ait un facteur qui perturbe le comportement et le fonctionnement naturel habituel des bêtes. Plus on monte, plus le troupeau éclate et chaque escabot se constitue jusqu'à ce que tout en haut (les rassembler toutes devienne vraiment une nécessité d'intervention). Là haut il faut connaître le comportement de chaque escabot par coeur pour arriver à les contrôler toutes (Conversation avec un berger sur son estive. Juin, 2008).

1.1.6.6 Les menaces sociales et économiques sur les terres de parcours

Les parcours sont continuellement en mutation rapide ce qui affecte de nombreux pasteurs et

communautés locales. Le manque d'une population permanente dans les zones pastorales conduit le plus souvent à la réduction du nombre de services issus de l'élevage. Certaines terres pastorales ne sont pas d'une taille suffisante et n'ont pas une capacité de charge satisfaisante ou l'infrastructure nécessaire pour une entreprise rentable. Les évolutions macro-économiques récentes, le développement de résidences secondaires, et les nouvelles formes de propriété foncière individuelle rendent difficile l'utilisation de zones de pâturage pour les agriculteurs (Anonyme, 2007b). Le problème majeur qui concerne tous les groupes pastoraux est lié à leurs droits de propriété foncière et l'influence croissante des groupes non-pastoraux et d'intérêt externes sur les ressources (Nori, 2006 ; Garde, et al., 2007). La fragmentation de la propriété rend difficile l'accès à la terre. Les conventions multi-annuelles de pâturage et les accords verbaux entre agriculteurs et propriétaires ne garantissent pas la durabilité de l'exploitation nécessaire à l'installation de clôtures et équipements pastoraux coûteux (Anonyme, 2007a). En outre, les relations avec d'autres utilisateurs (chasseurs, randonneurs, motos...) sont parfois des relations très conflictuelles générant des actes de vandalisme (destruction de clôtures, vols...).

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault