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Elevage Pastoral en Ariège : Vulnérabilité des animaux au pâturage, évolutions des systèmes d'élevage, adaptations aux mesures d'accompagnement du plan du réintroduction et de conservation de l'ours brun (Ursus artos) dans les Pyrénées françaises 2006-2009.

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par Eric Duplex ZOUKEKANG
INPT/ENSAT/ENFA - Master AgroBioSciences: The Agro Food Chain 2008
  

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1.1.7 Moyens de production, mode de conduite, produits, considérations sociales, techniques et spatiales

La principale composante des parcours : l'herbe, existe pour être pâturée, et au fil du temps elle

s'adapte avec, à la fois l'intensité et la qualité du pâturage. Les conditions agro-écologiques et les caractéristiques de la ressource pastorale sont variables et imprévisibles. Ceci est déterminant dans la constitution des moyens socio-économiques d'aide aux communautés pastorales20. L'histoire évolutive à long terme des écosystèmes prairiaux ainsi que l'histoire des derniers siècles sont donc essentielles pour la compréhension de sa réponse à la fois à la gestion et à de nouvelles pressions sur elle. Les pasteurs traditionnels considèrent largement les pâturages et les pluies comme un acquis et adaptent leur système social et d'élevage pour tirer le meilleur profit possible. Ceci ne saurait cependant être considéré comme une exploitation minière du fait qu'ils sont conscients qu'il s'agit de leur profession et qu'ils sont soucieux de transmettre ce patrimoine à leur progéniture.

Parmi les 5 grandes zones de production d'herbivores de France, la région Midi-Pyrénées se place largement en tête avec 856.000 ovins ; 1,4 millions de bovins ; 37.930 chevaux. Pour l'année 2000, le bétail pâturant du massif des Pyrénées a été constitué par 60% des exploitations (plus de 6.000 exploitations pastorales21) et le total des surfaces fourragères, plus de 80% de la SAU individuelle.

20 http://www.landcoalition.org/pdf/pol_pastoral_dftf.pdf

21 Eychenne, 2006

Concernant le pastoralisme, 575.000 ha (un tiers de la superficie du massif) ont été utilisés pour des estives collectives et individuelles. Pour ces exploitations, les races locales sont les plus utilisées. Chez les bovins, la Gasconne ; race rustique prédomine (Gibon, 1999), ajoutée à quelques vaches de race Casta ; l'usage de l'insémination artificielle (IA) est rare. Certains élevages continuent de fonctionner sans taureau, comme il était courant dans le passé. Dans certains cas, l'accouplement a lieu uniquement pendant l'estivage dans le troupeau collectif avec taureau. Le calendrier de mise bas oppose le vêlage de printemps (Mars ou Avril), classique dans la région, au vêlage précoce (début Janvier à mi-Février). Un premier objectif est de situer les saillies à une période où la pousse de l'herbe permet aux vaches de récupérer du poids au pâturage après un hivernage qui a souvent tiré sur leurs réserves corporelles, ce qui améliorera les résultats de fertilité. II s'agit également d'obtenir des vêlages suffisamment précoces pour pouvoir envoyer toutes les bêtes à l'estive dès le mois de Juin (Gibon, op. cit.). Ainsi, dans la continuité des bovins, l'utilisation de deux races locales ovines (Castillonnaise et Tarasconnaise), de deux races équines (Mérens et Castillonnais) et du porc de race Gascon respecte la Charte du Bureau des Ressources Génétiques (BRG) dont l'un des objectifs est de maintenir in situ l'exploitation et l'utilisation des races locales pour préserver le potentiel génétique et les conditions dans lesquelles il a été créé.

En fonction de divers critères, l'élevage de montagne est constitué de plusieurs sous-systèmes ainsi que de nombreux produits. Le "Broutard" reste le principal mode de gestion et de vente d'animaux jeunes. Ceci est la résultante de différents objectifs : économiser la ressource, réduire les charges de travail... En raison de "l'économie" et de "l'autonomie", la gestion du troupeau dans les années 70 était basée sur l'utilisation maximale des atouts environnementaux. L'estive conditionne le fonctionnement de l'exploitation de montagne parce qu'il fournit toute la ration alimentaire pendant au moins trois mois de l'année. Le modèle de gestion de l'estive est celui de l'agro-système qui exporte des éléments à travers la production animale (viande, lait) et transfert d'autres par les déjections.

En ce qui concerne la garde du troupeau, il y a schématiquement, le gardiennage serré (également appelé « bâton planté ») qui consiste à tenir le troupeau regroupé sur des reliefs favorables (concaves ou plats) en s'appuyant sur l'action des chiens de conduite (Garde et al., 2006). Ceci permet de fractionner le pâturage dans un espace précis afin de le rationner, de conduire le troupeau avec un chargement instantané élevé (Lécrivain, 2004). L'action plus impérative du berger en gardiennage serré peut par exemple être, pousser le troupeau à mieux consommer une ressource abondante non encore pâturée, fine ou grossière en début d'été, si le relief s'y prête, aux moments favorables de la journée (Garde et al., 2006). Le gardiennage lâche consiste, le berger étant présent,

à laisser plus d'espace de déploiement au troupeau afin qu'il se constitue une ration complète sur un espace plus difficile, par son embroussaillement, son relief irrégulier, ou son faible recouvrement herbacé ; la priorité du berger est alors de conserver l'unité du troupeau, même dispersé, et d'éviter qu'il « se coupe ». C'est par exemple la conduite la plus adaptée en fin d'été, sur une ressource dégradée par la période sèche estivale (Garde, op. cit.). Ces résultats complètent ceux de Lécrivain (op. cit.) pour qui le travail du berger en gardiennage lâche consiste à donner une orientation au troupeau, puis à le laisser choisir son « biais » et en acceptant, dans une certaine mesure, les orientations prises par le troupeau. Avec l'aide de son chien le berger contrôle seulement les limites qu'il juge nécessaire de ne pas dépasser. Les limites de l'espace prévu pour un circuit sont donc souples. En pratiquant ainsi, le berger contrôle la localisation de l'impact du pâturage non pas à l'échelle de la journée mais à l'échelle de plusieurs journées de pâturage ou de plusieurs circuits. Il y a des avantages et des inconvénients à cette pratique : inconvénients puisque les bêtes peuvent ne pas être là où l'on voudrait qu'elles soient ; avantages car elles acquièrent une forte autonomie. A l'inverse de ce système éclaté, un récent bilan scientifique des modes de garde regroupés qui accompagnent le plan loup, semblables à ceux du plan ours, vient de montrer combien le regroupement du bétail pouvait être néfaste pour ces même milieux : piétinement excessif d'un troupeau trop important en un même secteur, érosion des zones de passage; à l'inverse, perte d'entretien de certains quartiers escarpés, difficiles, où la légèreté des petits escabots se faufile sans peine mais ou l'armée lourde du troupeau ne le peut pas : trop de risques (Besche-Commenge, 2008). Enfin, le gardiennage lâché-dirigé consiste à orienter le troupeau, lui donner le « biais », ensuite le laisser dérouler son circuit de pâturage sur un espace que les animaux connaissent bien. Le berger retourne voir son troupeau en fin de journée et l'oriente vers une couchade libre ou clôturée. Ce type de gardiennage est pratiqué sur des quartiers favorables (ceux où « les bêtes se gardent toutes seules »), lorsqu'il n'y a pas de risque de mélange de troupeau ou d'incursion des animaux dans des champs, et préférentiellement en automne, saison où les bêtes tendent spontanément à descendre et non pas à monter.

Du fait d'un gardiennage permanent déjà assez généralisé, la surcharge de travail que liée à la garde de tous les lots représenterait un accroissement de travail moyen de 4,5 mois par an et par exploitation pour un total moyen de 16 lots-mois au pâturage. C'est tout de même un tiers temps à l'année à mobiliser en plus à production constante, et à cumuler avec l'accroissement de travail nécessaire pour rentrer les bêtes la nuit. Cette surcharge est très inégale selon les exploitations, entre 2 et 12 mois par an (Garde, et al., 2006).

Animal

L'Homme, l'Animal et le Milieu
Biophysique interagissent pour
créer un écosystème pâturé.

L'Homme, gère le milieu Abiotique, le milieu Biotique et la Ressource Naturelle pour maintenir ou entretenir cet écosystème pâturé en fonction des exigences sociales, environnementales, politiques et économiques.

Ecosystème Pâturé

Ressources
Naturelles

Environnement
Biotique

Eleveur/ Berger

Environnement
Abiotique

Pour les éleveurs et Bergers, sont considérées comme bonnes pratiques, celles qui permettent au troupeau de pâturer au maximum tout en assurant la durabilité de la ressource Naturelle et en produisant de « Beaux » Broutards.

Laisser le
troupeau pâturer
au maximum

Espace des
bonnes pratiques

Produire de beaux
agneaux /veaux
Broutards

Assurer la durabilité
de la ressource

Figure 1. Cadre Macro-théorique du Pastoralisme

Figure 2. Valeurs qui délimitent l'espace des bonnes pratiques (Lasseur et al., 2007)

Lorsqu'on pose à un habitant et agriculteur de l'Ariège la question : quels sont vos moyens de production ? La réponse est le plus souvent : les bêtes, l'estive, le GP, l'AFP, moi et quelques machines. Cela souligne le mélange de la gestion individuelle et collective des unités de production, et leur relation ou dépendance à l'estive. En effet le système pastoral ariégeois se distingue par, son lien culturel et socio-économique à l'estive. Ces estives s'échelonnent de 1.200 à près de 3.200m d'altitude et couvrent environ 140.000 ha, le plus souvent de mauvaise qualité. Ce sont des terrains de parcours avec relativement peu d'équipements et de modalités techniques de gestion, comparées aux Alpes et au Massif central par exemple. La gestion de la zone intermédiaire22 est aujourd'hui, de plus en plus rare et difficile en raison de l'invasion par des arbustes. La montée pour l'estivage est courante du 20 Mai au 15 Juin et la descente du 1er au 30 Octobre ; les bovins montant plus tôt et descendant plus tard que les ovins du fait de leur faible vulnérabilité à la prédation. Toutefois, en raison des techniques de gestion individuelle, qui favorisent les montées précoces et les descentes tardives, il n'est pas étonnant de voir que le bétail quitte l'aire de l'exploitation début Mai pour ne redescendre qu'aux premières chutes de neige. Les deux vallées de l'Ariège : le Couserans et la Haute Ariège, correspondent aux zones de montagne les plus touchées par la déprise agricole. Ici, la principale orientation des exploitations est l'élevage allaitant, bovine ou ovine, conduits en extensif. En résumé, selon la fédération pastorale de l'Ariège (2007), le pastoralisme en 2003-2004 concernait : 57 AFP (24.000 ha; 53.000 propriétaires fonciers; 55.000 parcelles), 75 GP (280 unités pastorales; 124.000 ha; 853 éleveurs transhumants (387 éleveurs de vaches, 270 moutonniers, 185 éleveurs de chevaux et 11 chevriers avec 17.325 ; 50.681 ; 1.976 et 158 bêtes respectivement), 50 bergers, 23 missions d'héliportage (30 tonnes de biens), 11 opérations de transport par bâts (5 tonnes).

1.1.7.1 Etude des systèmes d'élevage : exploitations, hommes et troupeaux en montagne

Le pastoralisme, système de production par lequel l'homme, le bétail et le territoire interagissent (Eychenne, 2006 ; Landais et Balent, 1995), produit un éco-agrosystème complexe (voir schémas 1 et 2 ci-contre) où, savoir-faire traditionnel, considérations économiques, techniques et sociopolitiques, sont conjointement mis en jeu. Comme nous l'avons mentionné plus haut, c'est une production originale mais dont la complexité résulte de l'interaction et de l'existence de différents objectifs de gestion entre : le gestionnaire (berger, éleveur, communauté rurale qui réglemente la forme d'utilisation des terres communales et privées); la végétation et les animaux (Landais et Balent, op. cit.). Ici, la gestion et l'exploitation raisonnée des ressources génétiques dans leur milieu naturel oblige souvent à dépasser le seul cadre de l'espèce et de prendre en compte le contexte /.../

22 Précédemment prés de fauche ou terrain de pâture de fin de saison, aujourd'hui rassemblement de plusieurs propriétés privées pour la pâture collective, elle permet l'extension de la période d'estive

au sein des systèmes agricoles et environnementaux (Besche-Commenge, 2008 ; Balent et al., 1998). C'est dans ce sens que Lasseur (2008) considère la culture technique locale, et notamment sa déclinaison en termes de bétail (système d'élevage local) comme un « filtre » qui a conduit les agriculteurs à interpréter les changements dans les conditions de production définies au niveau macro-économique. Cette interprétation permet de définir de nouvelles pratiques que ces agriculteurs seront prêts à mettre en oeuvre. Le pâturage pour être compris et utilisé pour la gestion de l'environnement, doit être pris en compte dans des échelles spatiales et temporelles inhabituelles pour les disciplines de l'agriculture et de l'élevage (Besche-Commenge, 2008 ; Balent op. cit.).

La gestion d'un troupeau tout au long d'une campagne est décryptée par l'analyse fonctionnelle développée par Guérin et Bellon (1990) qui repose sur quatre principes : adopter le point de vue de l'éleveur, découper la campagne en périodes (fonctions ou séquences) et identifier la hiérarchie entre les périodes, expliquer le projet de l'éleveur, comprendre le point de vue fonctionnel des ressources fourragères (prélèvement, report sur pied, gestion de la ressource, complémentarité entre ressources hétérogènes, saisons-pratiques...). Ces périodes sont interdépendantes à cause des relations causales dues au déroulement des processus biologiques ou des pratiques, des relations de gestion, qui étoffent une campagne. La particularité des systèmes d'exploitations en Ariège est cette généralisation du pastoralisme mobile tant pour les ovins/caprins que pour les bovins et équins. Ce système est en partie le résultat du peu d'alternatives offertes par le milieu montagnard dans lequel la majorité de ces exploitations ont leur siège. Aussi, l'héritage culturel et l'orientation des nombreux projets d'appui à l'activité montagnarde (PHAE et autres MAE) ont conforté les exploitants dans les techniques ancestrales courantes. Il y faut une connaissance fine de la réalité, et des pratiques qui savent s'adapter. C'est tout simplement « l'intelligence du milieu ». En officialisant les accords de voisinage, en permettant au bétail une liberté surveillée sur des terrains où juridiquement il n'avait aucun droit à l'herbe, les chartes anciennes tenaient compte de cette nécessaire souplesse dans la gestion du territoire et la conduite de troupeaux non pas regroupés, mais dans l'individualisation de petits escabots, troupeau commun ou garde individuelle (BescheCommenge, 2008). Les pratiques pastorales ne sont pas restées insensibles aux diverses modifications sociales, techniques, économiques et politiques. Le Gardiennage était autrefois général, les troupeaux avaient moins de bêtes, beaucoup d'éleveurs pratiquaient la traite en estive...

1.1.7.2 Etude du système de pâturage

En montagne, l'excès de rochers, de petites crêtes, et d'escarpements interrompt le pâturage continu. Les brebis sont dispersées parce que c'est ainsi qu'elles trouvent l'herbe qu'elles préfèrent. Sur ces petits récifs, il semble que rien ne pousse alors que de très appétantes herbes sont abondantes. Nous ne pouvons plus les voir toutes, et c'est à ce moment-là qu'elles profitent!

(Entretien 1, 7 et 8, Mai 2008). Techniquement, il y a une distance entre le berger et l'animal qui "permet" à l'animal de s'arrêter. Donc, si le berger adresse au troupeau, toute la journée le message : « allez de l'avant! » Il y aura piétinement sans véritable consommation, mais celui-ci s'épuise pour un travail négatif. En outre, l'animal au parcours rumine dès que sa panse est pleine et ne peut consommer plus que sa capacité d'ingestion. Pour Agreil et al. (2004) une brebis est correctement nourrie sur parcours quand elle mélange les ligneux et les herbacées dans sa ration ; ça c'est une brebis qui "organise son temps avec sérénité". Une brebis inquiète ou agitée en raison d'un sentiment d'insécurité et qui interrompt fréquemment sa consommation afin de vérifier l'absence de prédateurs n'est pas bien nourrie. Pas bien du point de vu nutritionnel car elle se concentrera sur les espèces faciles à couper. Pas bien aussi du point de vue de la gestion écologique, car il y aura donc un impact disproportionné du pâturage (Garde et al., 2006). Ces résultats confirment ceux de Lécrivain (2004) qui souligne que les attitudes de crainte conduisent les brebis à cesser de pâturer. Si cette situation se reproduit plusieurs fois au cours d'un circuit, la durée de pâturage journalière est considérablement réduite car il faut un long moment pour que les brebis reprennent calmement et efficacement leur pâturage. Les brebis ont une horloge interne qui rythme leurs activités ; elles expriment leur sensibilité à la régularité des horaires. En résumé, un troupeau agité se limiterait aux milieux éclairés avec surpâturage. A l'inverse, un troupeau calme se disperse facilement, les animaux consommant une large gamme de plantes.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway