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Elevage Pastoral en Ariège : Vulnérabilité des animaux au pâturage, évolutions des systèmes d'élevage, adaptations aux mesures d'accompagnement du plan du réintroduction et de conservation de l'ours brun (Ursus artos) dans les Pyrénées françaises 2006-2009.

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par Eric Duplex ZOUKEKANG
INPT/ENSAT/ENFA - Master AgroBioSciences: The Agro Food Chain 2008
  

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Chapitre 3 : Résultats et discussion

3.1 Résultats

3.1.1 Caractéristiques générales de l'élevage pastoral en Ariège

En Ariège, l'élevage pastoral est la combinaison de pratiques individuelles et collectives, les pratiques collectives étant le centre de prise de décision. Ceci est en accord avec les travaux de Darré (1999) qui stipulent que, dans le domaine de la socio-anthropologie, les pratiques sont considérées comme des construits sociaux. Ainsi, un groupe professionnel local27 (GPL), met au point un ensemble de références orientant comment chacun des membres de ce groupe voit la réalité et considère ses actions. Ici, en raison des "handicaps naturels28", les éleveurs ont des troupeaux de petite taille et ont diversifié leurs exploitations. Ils pratiquent la transhumance29, la monte et le pâturage libres, investissent moins, avec pour produit le "Broutard" et les agneaux "légers et inachevés". En raison de l'hiver et sa couche de neige, ils doivent constituer des réserves fourragères pour au moins trois mois de l'année pour l'alimentation à l'auge. Contrairement à la tradition ancestrale selon laquelle la gestion individuelle était la règle, et 100 bêtes par troupeau d'un même éleveur une exception, aujourd'hui, l'exception de l'effectif a été multipliée par 10 et la gestion collective est devenue la règle. Ceci est dû au vieillissement de la population, à l'exode rural et donc la baisse de la main d'oeuvre, à la stabilisation des prix des produits depuis une trentaine d'année mais l'augmentation des intrants, à la nécessité de se réunir pour être à la fois une force de revendication et de propositions. Néanmoins, les bêtes sont toujours en liberté soit dans les parcs près de l'exploitation ou dans des quartiers de la zone intermédiaire ou de l'estive. L'activité d'élevage est sous le contrôle du syndicat d'éleveurs, du GP, des AFP, de la fédération pastorale, du conseil général et de la commune/mairie. Même si, pour des agronomes et zootechniciens, l'ensemble des références du pastoralisme sont non standard, le résultat de ce système de production est satisfaisant compte tenu du ratio input/output. Quoi qu'il en soit, si le système n'était pas durable, il n'aurait pas intéressé autant de personnes et de civilisation dans tout ce "monde économique". En Ariège, la manière dont les agriculteurs organisent leur travail agricole sur une

27 Groupe d'individus engagés dans la même activité, dans un milieu proche.

28 Ceci est une conception actuelle par ce que dans le passé, quand l'agriculture était encore traditionnelle, les terres de plaines et de plateau étaient moins fertiles que celles de montagne. Grâce à la mécanisation et les fertilisants, la montagne est aujourd'hui considérée comme handicapée (B. Besche-Commenge, 2008. communication personnelle).

29 C'est une contrainte par définition, toutefois nous sommes totalement libres et avons le libre arbitre pour gérer cette contrainte et au demeurant la gérons même parfaitement. Mais la présence de l'ours est une contrainte permanente et imprévisible (Madeleine Maylin, 2006. manifestation publique à Arbas)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Vente de Broutards

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Vente agn. Légers

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Janvier

Février

Mars

Avril Mai

Juin

Jullet

Août Septembre

Octobre

Novembre

Décembre

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Agnelage

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Agnelage de

rattrap.

 

Phases Physiologiques

LACTATION + ENTRETIEN ENTRETIEN + GESTATION + LACTATION

ENTRETIEN + LACTATION

 
 
 
 
 

Périodes de

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Lutte

lutte et sevrage

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Lutte

 
 
 

Sevrage

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Lieux

Bergerie + Parcours

 
 

Parccours

 
 
 
 
 
 

Zone interm.

 
 
 
 
 

Zone intermediaire

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Ration

 
 
 
 
 

PRES DE FAUCHE OU

 
 
 
 

PRES DE FAUCHE OU

 
 

Essentielle FOIN A VOLONTE OU PARCOURS ESTIVE

 
 
 
 
 
 
 

PARCOURS

 
 
 
 

PARCOURS

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Figure 4 Gestion du troupeau au cours d'une campagne de production

base quotidienne prend en compte les caractéristiques du climat. Les connaissances locales sur le climat et ses variations dans le temps et l'espace, et les techniques de prévision sont des éléments essentiels pour la survie de ces éleveurs. La valeur « liberté » du troupeau se réfère à une valeur économique, technique et une logique sanitaire mesurées. En bref, dans cet élevage « libre » les fondamentaux de la zoohygiène semblent être respectés et la rentabilité assurée. Faire autrement nécessite une étude approfondie et comparative du système actuel d'avec celui préconisé à court, moyen et long terme.

En résumé, l'élevage pastoral est conduit par des chefs d'exploitation âgés de 45 à 60 ans, beaucoup d'entre eux ignorent s'il y aura une succession par leur progéniture même s'ils le souhaitent. Ils élèvent des races locales (Tarasconnais et Castillonnais pour les ovins, Gascon pour les bovins et les porcs, Mérens pour les chevaux). Ils gardent peu d'animaux par troupeau (150 à 500 ovins, 50 à 150 bovins) parce que, même si l'herbe est abondante en estive, ils tiennent compte de la capacité de charge des surfaces de leur exploitation et leur niveau d'autonomie fourragère. Ils pratiquent un système de gestion collective sur les estives et/ou sur les zones intermédiaires qui dictent les pratiques sur « l'exploitation » individuelle. Ils sont dans une situation de précarité économique (leur revenu constitué de 50 à 80% des subventions) et de déprise humaine (moins de 15% certitude pour la succession) et ont des exploitations diversifiées. L'activité d'élevage, influencée par les règles30 du GP, alterne entre le siège de l'exploitation, la zone intermédiaire et l'estive avec une lutte et un pâturage libres. Pour l'agnelage d'automne, les agneaux sont sevrés au bout de deux mois d'allaitement et vendus comme des "agneaux légers" ou engraissés pour être des "agneaux finis" par les agriculteurs de coteaux. Pour l'agnelage de printemps, les agneaux se sèvrent naturellement et sont vendus comme "Broutard" à la descente de l'estive (voir le schéma 3 ci-contre). Les agriculteurs considèrent le fumier, le travail animal, les agneaux, les veaux, la laine, le paysage et la biodiversité31 comme produits de leur activité. Dans ce système, les performances de reproduction observées sont : 0,95-1 agneau sevré par brebis par an et 1 veau par vache et par an ; 100-120% prolificité ; âge au premier agnelage 15-18 mois et 3 ans pour le premier vêlage; l'âge à la réforme 6 ans pour les brebis et plus de 13 ans pour les vaches. Ces performances sont bonnes, compte tenu du rapport investissement/produits d'autres systèmes de production. En bref, il peut être considéré comme avantage de ce système : la qualité des produits, le rendement (même si la fécondité et la prolificité sont faibles), l'installation facile de l'exploitation et la qualité environnementale des

30 Quand on ne monte pas de mâle sur une estive, il y a généralement deux périodes de lutte ciblées printemps et automne ; quand le mâle monte la lutte dure de Mai à Octobre voire décembre pour certains.

31 A noter qu'ici la biodiversité est vue sous l'angle de l'intérêt de celui qui l'évoque

pratiques. En revanche, les faiblesses du système sont : la fragilité et l'instabilité (pas de flexibilité, pas d'alternatives ou moins), beaucoup de temps de travail.

3.1.2 Typologies du système d'élevage

Avant les enquêtes, j'ai pensé à la situation géographique et le statut de prédation comme principaux

facteurs de diversification. Faisant les enquêtes je me suis rendu compte que l'origine de l'éleveur, le statut juridique de l'exploitation, le nombre d'activités et de produits et la présence d'AFP étaient d'autres potentiels facteurs de diversification. Enfin, les enquêtes ont révélé que, où que la ferme soit située, quel que soit son statut juridique, quelle que soit l'origine de l'éleveur (étranger, néoruraux ou non), le milieu et le système de gestion collective32 faisaient évoluer rapidement les pensées et agissements. En définitive, la présence d'AFP et le nombre d'activités et produits de l'exploitation ont été les seuls facteurs de diversification. Le statut de prédation (avoir subi des prédations ou non) régule les comportements en rapport à la cohabitation pastorale.

3.1.2.1 Systèmes de production en fonction de la mobilité du troupeau

L'itinéraire du troupeau au cours d'une campagne a donné lieu à un certain nombre de sous-

systèmes. Nous avons noté que, pour les agriculteurs sans zone intermédiaire ni AFP à proximité de leur exploitation, le troupeau se déplace comme suit : Exploitation - estive - exploitation. Cela renforce leur opposition à la cohabitation et réduit leurs alternatives de production et perspectives. En plus de cela, l'absence de diversification est renforcée par l'état civil de l'exploitant (les célibataires ayant les exploitations les moins diversifiées), les quotas et le nombre d'agriculteurs dans le village. Pour les éleveurs bénéficiant d'une zone intermédiaire ou ayant une AFP, le mouvement du troupeau est : Exploitation - ZI - estive - ZI - exploitation, avec la ZI fournissant jusqu'à 1/4 du total de temps de pâturage de l'année. Cette ZI donne relativement droit à un certain niveau d'alternatives et de perspectives, même si les terres de montagne sont la plupart du temps non adaptées pour la mécanisation. En résumé, en fonction de la mobilité, on distingue les exploitations sans ZI ni AFP, celles avec AFP et sans ZI, celles sans AFP et avec ZI et enfin celles avec AFP et ZI.

3.1.2.2 Systèmes de production en fonction de la localisation géographique de l'exploitation

En raison des différentes pentes en plateau, coteaux et montagne, il y a relativement plus de

parcelles mécanisées ou mécanisables sur les coteaux et plateaux que dans les exploitations de montagne. Cela donne lieu à une diversification de produits ("agneaux légers", "agneaux finis", veaux et boeuf, foie gras, saucisse de porc, jambon) et de productions (ovins, bovins, volaille, porcins) pour l'exploitation. Donc en fonction de la topographie, les exploitations de plateau, les

32 Ceci est considéré ici comme la seule bonne façon de gérer l'exploitation et garder les bêtes et la plus durale

exploitations de coteaux et les exploitations de montagne (avec haute montagne, moyenne montagne et montagne comme sous variations) se distinguent par leurs différences d'alternatives.

3.1.2.3 Systèmes de production en fonction de la diversification

Pour Perrot et Landais, (1993), la diversification des exploitations agricoles était autrefois vue comme un obstacle au développement de l'agriculture selon le modèle productiviste de l'après guerre. Elle est aujourd'hui considérée comme une richesse garante d'une capacité d'adaptation et parfois même un réel objectif à atteindre. Conformément aux conclusions faites par Eychenne (2003a) à travers l'analyse de l'évolution de l'agriculture des trente dernières années (AGRESTE, RA, 2000) pour qui, en grande difficulté, l'agriculture ne peut survivre que grâce aux subventions et le développement de la multi-activité, près de 99% des exploitations agricoles de la zone de montagne de l'Ariège sont diversifiées. Cela est dû à l'extrême précarité économique et l'équilibre fragile de ces exploitations33. En plus d'autres contraintes biophysiques, la contrainte administrative est une contrainte qui est souvent négligée (Entretien 1, 3, Mai, 2008). En raison des quotas, qui donnent droit à la PHAE, certaines exploitations ne peuvent pas garder plusieurs espèces en particulier les exploitations ovines34. En règle générale, nous avons remarqué que les exploitations ovines se diversifient avec la production bovine, porcine et équine ; font des gîtes d'étapes, des activités forestières, d'agro-tourisme et ont des activités salariales.

3.1.3 Qu'est ce que l'estive en Ariège ?

La réponse à cette question n'est ni une phrase, ni un court métrage, ni un moyen métrage mais, un long métrage qui met en scène, de nombreux acteurs parmi lesquels les animaux (bétail et chiens). Dans l'ensemble de la chaîne des Pyrénées, l'estive est une culture, une tradition/coutume (foires à bétail, fête de la transhumance), le joyau ou la représentation d'une identité professionnelle. L'estive est également une période de l'année (de Juin à Septembre) au cours de laquelle les bergers sont en activité, les entreprises d'héliportage et de transport par bâts sont prestataires de services aux exploitations agricoles. Elle est aussi un milieu géographique : de la montagne (au moins 1200m d'altitude) à la haute montagne (jusqu'à 3200m d'altitude) avec des conditions environnementales spéciales (flore et faune). L'estive est plus encore, une phase dans le cycle de production qui permet le vide sanitaire de l'exploitation (le seul possible dans l'année), constitue une phase d'alimentation particulière (la moins chère, la plus riche et spéciale), permet la constitution des réserves alimentaires pour l'année, l'entretien des clôture et diverses maintenances et réparations. Pour la plupart des éleveurs, l'estive demeure un maillon essentiel de la chaîne fourragère et s'inscrit dans le

33 Ici, nous sommes bien sûre sur des équilibres, mais des équilibres très fragiles qui peuvent être rompus très rapidement. Suite à un problème de santé, une épidémie, tout peut basculer très vite voire chavirer (Entretien 1. Mai 2008)

34 Avec un quota ovin de 350 et plus, il est difficile d'y associer les bovins (Entretien 3. Mai 2008)

prolongement de l'exploitation. Etant donné qu'il s'agit de la terre de toute façon, c'est une propriété domaniale, communale ou privée où les éleveurs ont le droit de faire paître gratuitement leur bétail ou avec des frais d'admissions variables. Pour certains agriculteurs, c'est d'abord et avant tout pour les vacances35 et le « repos ou la détente » de leurs bêtes. Pour d'autres, l'estive n'est ni seulement l'extension de leur ferme, ni un lieu de pâturage temporaire mais, une portion ou parcelle de leur exploitation qui respecte le modèle de pâturage tournant du système Ariégeois. En résumé, l'estive est tout ce qui vient d'être élucidé en même temps, c'est un tout au milieu duquel il y a une certaine richesse (et je dirai même une richesse tout court), le mouvement, la vie, mais surtout la perte de vie pour certains animaux, des troubles de fonctionnement, de la frustration, l'anxiété et la peur36. Les éleveurs semblent ainsi définir l'estive de façon unanime dans leurs langages, mais quand on examine plus en profondeur les considérations, on voit des contradictions. Pour tous, l'estive est obligatoire parce que c'est économique, il permet « d'atteindre » l'autonomie alimentaire et de faire un produit : le "Broutard". Le nombre d'utilisateurs est actuellement en baisse parce que les éleveurs ne sont pas nombreux et certains sont à la retraite. Certaines contradictions comme : Nous pouvons arrêter l'estivage à cause de l'ours et de la prédation ; Produire le "Broutard" nécessite que l'animal soit "tranquille" ; Avec l'ours, nous perdons une partie de la montagne et les animaux descendent en mauvais état corporel ; En montagne les animaux ne font qu'à leur tête... sont quelques-unes des points de divergences entre pro-ours et opposants à la cohabitation.

3.1.4 Comment l'ours intervient-il dans ce milieu rural et professionnel ?

La psychose ours en milieu rural n'est pas seulement présente chez ceux dont les animaux sont attaqués par cet animal sauvage. Parce que l'activité d'élevage ou le pastoralisme précisément crée un environnement ouvert et de merveilleux paysages, maintient la vie de nombreuses familles, beaucoup de groupes professionnels et non professionnels, sont engagés dans cette situation soit par l'effet des médias, soit par des expériences vécues ou par les conflits d'intérêt.

En examinant les dires de ceux concernés par le problème ours il semble que pour soutenir leur position par rapport à l'ours, les éleveurs usent de plus d'arguments non techniques (la coutume, le patrimoine, la frustration...) que d'arguments techniques (la mortalité, la reproduction, le vide sanitaire...). Dans chaque situation, les exploitants réclament avec force la biodiversité, l'état

35 Nous envoyons les bêtes là haut pour qu'elles prennent leurs vacances et non pour les mettre en prison. Par ce que quand elles ne sont pas gênées ou stressées, c'est alors qu'elles profitent, elles s'engraissent par ce que là haut, il y a une flore spéciale et seules les bêtes savent où la trouver (Entretien 1 et 6. Mai 2008).

36 L'estive est aussi l'ours, cette chose dont la présence nous a été imposée par ceux qui pensent que l'élevage en montagne marche comme du papier à music. A l'approche de l'estive, on n'arrête plus de penser à comment sera le résultat à la descente (Entretien 1 et 3. Mai 2008).

Tableau 1. Argumentaire entre Pro Ours et opposants

Possessione l

Emotionel

Pro ours

Chacun doit trouver une place

Nous n'avons aucun stress car nos bêtes sont protégées; nous sommes préent et très proches d'eux. Nous avons une très forte relation aux bêtes.

Opposants à l'ours

l'estive est notre patrimoine, notre territoire; l'ours d'oit être cantonné.

la présence de l'ours induit beaucoup de stress. bientôt nous n'allons plus monter et il n'y aura plus d'estivage si ça continue ainsi. Nous avons une forte relation aux bêtes et ne tolérons pas les voir étranglées par l'ours.

Frustration

Econom ique

Aucune frustration car le savoir-faire du berger est valorisé. Nous devons nous interroger sur certaines pratiques.

Les subventions sont onnes. C'est vrai que nous vivons une certaine précarité économique mais elle n'est pas justifiée par la prédation qui existait déjà et aujourd'hui avec les chiens errants.

Nous avons été mis devant les faits accomplis; notre savoir-faire est renié; ils pensent qu'ils doivent nous donner des leçons sur comment faire notre métier.

les mesures d'accompagnement sont onéreuses à mettre en place. Nous ne supportons pas les charges supplémentaire non profitables dans notre contexte de précarité économique; nous vivotons déjà.

Social

L'ours n'est pas partout; il y a toujours moyens de faire des randonnées. Avec l'ours, les bergers sont biens traités et payés.

Nous ne sommes plus en sécurité à la montagne. Avec cette situation, nous avons perdu l'espoir de succession. Avec l'ours, les conditions de travail du berger sont très dures.

Environnemental

Sanitaire

L'ours améliore la biodiversité

Les bêtes sont bien soignées, moins de problèmes sanitaires et de mortalités.

L'ours détruit la biodiversité.

Avec la contention et les parcs de nuit les animaux développent le pietrin et la mortalité s'accroit.

Reproduction

C'est vrai que quand l'ours intervient, on peut se soucier de la reproduction suite aux avortements mais ce n'est pas le cas.

ous avons beaucoup d'avortement embryonnaires donc perte de proctions. Certaines bêtes sont entretenues pour rien.

Alimentation

Mesures d'Accompagnement

Puisque les bêtes sont bien traitées, elles sont en bon état corporel à la descente de l'estive.

Les parcs de contention et de nuit ne limitent pas la prédation sans le Berger et le Patou mais permettent une meilleure gestion du pâturage. Clôtures électriques plus Patou limittent et même éliminent la prédation. Le Berger élimine la prédation quand il est présent et voir de loin. Ramasser les animaux pour la compensation ne pose aucun problème.

L'ours perturbe le calendrier de pâture du berger, le comportement des bêtes et l'exploitation du pâturage.

Les parcs de contention et de nuit exposent les bêtes sans limiter la prédation. Ils empêchent l'exploitation raisonnée des parcours par les animaux. Les parcs électriques, le chien Patou sont d'une influence sinon nulle mais du moins moindre sur la prédation. Le ramassage des bêtes pour la compensation le travail du berger et de l'éleveur et stresse l'animal.

corporel des animaux, leur santé, la perte et leur avenir (voir tableau 1 ci-contre). Quelle que soit la position, la raison est plus socio-économique que environnementale. Même si la gestion d'un territoire ne peut être satisfaite par de simples mécanismes de régulation (Beuret, 1998), le conflit actuel pour et avec l'ours est due aux autorités qui ont oublié que la prise de décision suit deux rationalités : une rationalité substantive (intelligence motivée par l'intérêt personnel pour l'optimisation) et la rationalité procédurale (intelligence systémique). En effet, l'examen de la définition des fonctions et des compétences, la délimitation du système et les modes de considération, est essentiel pour éviter les incompréhensions. Dans ce travail, il apparaît que pour les éleveurs, produire est leur fonction fondamentale et non gardien des terres. Parallèlement, bien garder les bêtes est leur impératif moral et non travailler la terre. De même, les droits d'utilisation (pas toujours gratuit) et les droits de propriété fournissent une plus grande légitimité que celle du prédateur. Enfin, un bon travail avec une certaine qualité de vie et de produits, en plus du libre arbitre et de l'indépendance37, sont les modes de considérations supérieures. Par conséquent, la réconciliation suppose d'avoir un accord sur un principe équivalent permettant de comparer les points de vue de chacun, qui devrait servir comme principe supérieur commun. Dans le cas présent, les contrats territoriaux entre les agriculteurs et la collectivité mettent en scène les actions des acteurs utilisant différents principes de légitimité sur leur avenir professionnel et la biodiversité. Pour ces deux produits non commercialisables, la biodiversité produit des interactions entre "offreurs" et "demandeurs" et entre "offreurs" d'un côté et "demandeurs" de l'autre.

Dans le but d'évaluer les évolutions du projet de réintroduction de l'ours ou du pastoralisme, il est nécessaire de répondre aux questions suivantes : Comment les éleveurs intègrent ou ont intégré la présence de l'ours dans leur système d'élevage ? Quelles sont les évolutions depuis le lancement du plan ours ? Les mesures d'accompagnement induisent-elles des évolutions de pratiques ou rémunèrent-elles ce que les éleveurs avaient l'habitude de faire ? Connaissant les opposants dans ce domaine du patrimoine et du territoire, nous pouvons également rechercher une réponse aux questions suivantes : Quels sont les principes supérieurs communs ici ? Un terrain d'entente peut-il être trouvé sur la base du choix consensuel de l'un de ces principes ou par le biais d'un arbitrage ? Considérant que l'avenir professionnel, la culture d'estivage, l'autonomie alimentaire, la tranquillité des bêtes et leur état corporel, la frustration et la précarité économique sont des préoccupations, que la biodiversité fait allusion ici à la seule notion de l'espèce pour les acteurs, je propose :

37 L'Indépendance : une autonomie réclamée vis-à-vis de l'environnement local, naturel et humain, mais une subordination acceptée vis-à-vis des partenaires professionnels ; valeur dont la modernisation a restreint le pouvoir de décision des agriculteurs et qui ne s'applique aux même choses (Beuret, 1998).

> Un rétablissement impératif de la confiance des éleveurs qui conduira à des contrats et règlementations ;

> Une Mise sur pied du processus d'information pour informer les acteurs de ce qu'est la biodiversité dans le sens le plus large du mot et pourquoi et comment la préserver, les services rendus par elle en retour ;

> Une définition des conventions :

V' Convention professionnelle ou convention de qualification pour fixer les normes sociotechniques

V' Convention d'effort ou de sacrifice pour fixer le point de référence

V' Convention d'aide pour encourager résultats

V' Convention de Produits pour évaluer les résultats

> Une conception de la méthode d'évaluation afin de maximiser la cohérence interne et externe des conventions.

Si nous pouvons schématiser les scénarios qui conduisent à la prise de décision de ceux qui sont engagés dans cette polémique ours, il est plus difficile de faire la différence entre la vraie justification et le conflit d'intérêts. Néanmoins, l'ours a, à la fois divisé et réuni les pyrénéens sur tout le massif. En règle générale, on estime que le pastoralisme concerne ou compose avec, d'un côté les éleveurs et de l'autre les bergers. Cette étude a révélé que, entre éleveurs et bergers il y a un groupe spécial38 connu sous le nom d'éleveurs-bergers39. A l'issu des enquêtes réalisées pour ce travail, les éleveurs-bergers ont été les plus nombreux à réclamer la cohabitation pastorale. Cela peut être dû au faible effectif de leurs troupeaux ou de leur souvenir douloureux40 en tant que bergers. Ici le point de vue du berger a été très proche41 de celui de son employeur (GP). Cependant, cela ne signifie pas qu'un éleveur, un éleveur-berger ou un berger travaillerons toujours avec des

38 A cause de leur point de vue sur la cohabitation pastorale et les raisons de leurs choix (ils sont beaucoup plus pro- ours). Toutefois, en examinant leur effectif et les conditions qu'ils suggèrent être nécessaires pour l'efficacité de la cohabitation pastorale, on rapproche un peu leur propos à ceux d'éleveurs Africains concernant le conflit gros et petits éleveurs autour du droit d'usage des puits pastoraux. En effet comment justifier que l'on reconnaisse que cohabitation efficace signifie petits troupeaux, beaucoup de bergers, gros investissements (Patou, parc électrique et parcs de nuit), que le bétail se vend au prix d'il y a trente ans, que le prix des intrants par contre ait été multiplié par 5 si ce n'est plus, que la valeur ajoutée du produit labellisé ours ne permette pas de sortir de la précarité économique... et que l'on évoque qu'une cohabitation efficace est possible dans les conditions de mise en route du plan ours ?

39 Eleveur ayant généralement un troupeau de petite taille et qui garde les bêtes de tous ou partie des éleveurs de son GP pendant l'estive sous forme de travail salarial.

40 Travail sans contrat, sans règlementation salariale, conditions de travail rudes...

41 Avec 5% de GP pro-ours, beaucoup de bergers se réclament plutôt protecteurs de bêtes et donc opposants à l'ours de peur de manquer du travail les prochaines saisons s'ils arrêtaient de travailler pour le GP pro.

structures du même point de vue même s'il aimerait que ce soit ainsi. Parce que, dans l'ensemble du massif des Pyrénées, plus de 90% des agriculteurs sont des opposants et l'ours n'est pas présent partout, les scénarios des relations entre éleveurs, éleveurs-bergers, bergers et GP en fonction du point de vue de chacun sont représentés par le schéma 4 ci-dessous.

= Travail sous condition qu'aucun GP opposant ne se situe à proximité (presque impossible)

= Travail sous condition qu'aucun GP opposant ne se situe à proximité pas de présence d'ours dans l'estive

3

4

= Travail sous condition qu'aucun GP opposant ne se situe à proximité (presque impossible)

2

1

GP pro

= Travail sans aucune condition ni hésitation

= Travail sous condition qu'aucun GP opposant ne se situe à proximité

2

1

3

Eleveurs pro

Eleveurs opposants Eleveurs-Bergers pro Eleveurs-Bergers opposants

Bergers pro

Bergers opposants

4

4

GP
opposant

Figure 5 Scénarios des relations entre Eleveurs, Eleveurs-Bergers, Bergers et GPs

Avec les résultats de ce travail, le problème ours, est sans surprise assez similaire à celui du loup (Canis lupus) dans les Alpes comme l'ont mentionné Benhammou et Salvador (2003). Selon eux, les positions au sein de chaque groupe ne sont pas monolithiques. Il n'y a pas d'un côté un monde agricole contre la cohabitation avec les prédateurs et de l'autre les écologistes idéalisant prenant l'ours comme le symbole suprême de biodiversité. Même si on peut constater que le fait que tous les éleveurs ne s'opposent pas frontalement à l'ours (ils veulent juste qu'il ne leur cause pas de dégâts, et ne veulent pas vivre dans la crainte qu'il apparaisse à tout moment), donne espoir à la cohabitation, il ne faut pas se voiler les yeux; la présence de l'ours est totalement négative pour l'élevage traditionnel. Il mettra fin à cet élevage extensif des races autochtones tel que pratiqué actuellement puisqu'il oblige à enfermer les bêtes dans des parcs, et fait perdre tout espoir à la jeunesse. Ceci peut toutefois être remédié puisqu'en Afrique le pastoralisme plus mobile et divagant cohabite avec lions, panthères et autres fauves bien plus costauds! Mais sans diaboliser ni sacraliser le prédateur, il faut situer chaque chose dans sont contexte social, culturel, technique, économique, politique, anthropologique et ethnologique.

Au sein de la profession agricole, certains agriculteurs et professionnels dont l'activité est en lien avec l'agriculture luttent pour améliorer le statut de l'éleveur établissant un partenariat avec les acteurs de l'environnement motivés par la cohabitation. Rejoignant l'idée de Benhammou et Salvador (op. cit.) selon laquelle, les éleveurs devraient être conscient que le problème du prédateur pourrait s'amplifier s'ils s'enferment sur des discours radicaux et techniquement sans valeur pour la

situation présente, je pense que les professionnels agricoles ne devraient plus trop attendre pour définir « leurs » conditions de cohabitation. Dans ce sens, la recherche de solutions techniques sans conforter l'ours dans son fauteuil de prédateur protégé, ni sans oublier qu'une espèce parapluie améliore les services d'un écosystème, devrait être mise en place par les organismes porte paroles de la profession. En revanche il est clair que les « solutions techniques » proposées par les institutions pour la cohabitation n'ont jamais été testées auparavant et n'incluent pas une assistance à la fois face à la frustration sociale, qu'aux situations inattendues. Le ministère de l'agriculture est presque absent et même hésitent et réticent à fournir des efforts aux questions délicates. La communication des autorités pour ce sujet ours dans les Pyrénées montre plus une stratégie de communication inefficace que l'opacité volontaire.

3.1.5 Quels sont les dommages de l'ours sur le pastoralisme ?

Les dommages liés à l'ours sont à la fois d'ordre social (psychologique, peur, haine et intolérance), économique (perte d'animaux, baisse de fertilité, plus de traitements...) technique (perte d'espace, modification des circuits de pâturage, mauvaise constitution des réserves ...). La situation sociale du pastoralisme en Ariège aujourd'hui est la peur des jeunes pour l'installation et par conséquent la déprise humaine. Les agriculteurs sont menacés par téléphone ou des lettres anonymes, certains se sont installés ailleurs. Concernant l'économie, le profit d'une campagne étant lié à un bon estivage, une mauvaise saison d'été équivaut à une perte d'argent. Cela est compréhensible parce que moins de ventes, moins de rentrées. En outre, plus de prédation, plus de stress et moins d'engraissement42 et donc des performances de reproduction médiocres ou faibles. Aussi, plus de prédation, implique plus de présence d'éleveurs en montagne et moins de travail sur l'exploitation (entretien des clôtures, fauche), plus de « ramassage » de bêtes et plus de problèmes de santé à la descente de l'estive. Le plus gros problème de la prédation est technique. Ceci n'est pas à prendre pour argent comptant puisque les éleveurs laitiers rassemblent fréquemment tout leur effectif sans pour autant crier à la parasitologie ni à la perturbation de leurs circuits de pâturage. C'est jusque que l'application des mesures du plan ours n'est pas généralisable et qu'il faut encore un peu de temps pour que le système pastoral tel que pratiqué actuellement puisse s'adapter à elles. Lorsque beaucoup de bêtes meurent, ceci est nuisible pour l'auto renouvellement du troupeau, car pour les remplacer, l'éleveur doit acheter les agnelles qui ne peuvent pas produire immédiatement et qui lui coûteront pour leur entretien; certaines mourraient même avant l'agnelage. Ceci est coûteux en terme de gestion parce que les nouveaux arrivants vont la plupart du temps se constituer en un sous- troupeau jusqu'à ce qu'ils aient confiance en leur nouvelle famille. C'est à la fin un problème sur le comportement animal (mouvement, modes de pâturage, temps de repos). Malgré les déclarations

42 Parfois l'agneau est tellement maigre qu'il est conservé pour la prochaine estive

des moutonniers concernant les dégâts et difficultés de leur profession liés à l'ours on peut se demander pourquoi ils se maintiennent dans cette production ciblée. Mais Lasseur et Garde (2007) mentionnent dans leurs travaux que ce maintien résulte d'un défaut d'alternatives de reconversion.

3.1.6 Comment l'écologie est-elle perçue dans cette polémique ours ?

Il apparaît ici que ni le ministère de l'écologie à travers la Direction Régionale de l'Environnement (DIREN), ni les scientifiques impliqués dans ce projet n'évoquent l'écologie dans son sens large, du moins en rapport à ce qui est mentionné dans les documents d'étude du projet de ce plan. Cela peut être la raison pour laquelle les agriculteurs ne parlent que d'espèces comme gain ou perte de biodiversité liée au plan ours. Pourtant, il semble que le plan de réintroduction de l'ours ait été initié pour des préoccupations environnementales. Cependant, les indicateurs environnementaux parmi lesquels les indicateurs écologiques utilisés pour communiquer les informations sur les écosystèmes et l'impact des activités humaines à des groupes tels que le public ou les décideurs politiques ne figurent pas dans les documents du projet. Il est vrai que cela est plus facile à penser qu'à mettre en oeuvre comme le démontrent Giradin et al., (1999) pour qui il est souvent difficile et même impossible de caractériser le fonctionnement d'un système complexe, comme un éco-agrosystème, au moyen de mesures directes. La taille du système, la complexité des interactions existantes, ou la difficulté et le coût des mesures nécessaires sont souvent écrasant. Mais pour ceux qui ont pris l'habitude de vivre « dans le respect de leur environnement », il est nécessaire de savoir ce qui est attendu et ce qui leur est reproché. Comment les pratiques agricoles actuelles affectent la valeur de la biodiversité et étendent cet effet négatif sur des habitats non agricoles ? Comment peuvent être atténuées les effets préjudiciables ? Comment leurs actions passées ont été et qu'est ce qui pourrait donner de meilleurs résultats ? Quels sont les intérêts écologiques mis en reliefs ? Quels sont les indicateurs et l'échelle d'applicabilité ? Quel est le rôle de la biodiversité dans le maintien des fonctions spécifiques de l'écosystème (par exemple les cycles biogéochimiques) ? Quels sont les processus de développement et de suivi afin de déterminer si les problèmes s'aggravent, si une action est souhaitable ou nécessaire ? Comment mesurer les besoins et les performances des programmes et politiques publiques ? Comment quantifier les services des écosystèmes et quels éléments de l'écosystème sont indispensables pour offrir des services de qualité ? Quels sont les coûts, les avantages, la répartition et le rapport coût/efficacité ? Quels sont les avantages de la réintroduction de l'ours brun pour la biodiversité comparés au maintien du pastoralisme traditionnel ? Quels critères devraient être utilisés pour déterminer le moment d'intervenir pour faire face à la polémique ours ? Quelles sont les conséquences écologiques de "l'ensauvagement" comme stratégie de conservation à long terme ? Ni le mécanisme opératoire du projet ours, ni la connaissance scientifique à jour ne peuvent fournir des réponses à ces questions.

3.1.7 Dans ce contexte, l'ours est-il une espèce parapluie ou une espèce emblématique ?

Une espèce parapluie est une espèce qui est considérée comme en voie de disparition ou menacée ; grande et exige un vaste habitat. Sa biologie est bien connue, elle est facilement observée/observable ou échantillonnée ; migratrice et a une longue durée de vie (Cluff et Paquet, 2003). Ainsi, par la protection de sa zone de vie (très vaste), d'autres espèces sont par ricochet protégées.

L'ours a en général besoin de beaucoup d'espaces boisés afin de prospérer. Vous pouvez donc imaginer qu'il existe plusieurs espèces sous le « parapluie » de l'ours brun dans les Pyrénées. Donc, en protégeant l'ours brun dans les Pyrénées, ces autres espèces sous son « parapluie », seront également protégées. Sauf qu'en date d'aujourd'hui, nous ne savons pas quelles sont ces espèces ? Quelles sont les caractéristiques de leurs différents habitats et leurs fonctions sur le fonctionnement des écosystèmes pyrénéens ? Quelle a été l'évolution de ces espèces avec le pastoralisme seul ? Quelle sera leur évolution avec la cohabitation pastorale ? Ainsi, se penchant sur la définition et le contexte des Pyrénées, l'ours brun n'est pas considérée de façon appropriée comme espèce parapluie sur la chaîne pyrénéenne, même si son régime alimentaire et ses habitudes migratoires poussent à penser qu'il aurait un impact significatif sur la structure des communautés végétales à travers la dispersion des fruits par exemple, ou la préservation/protection de certaines espèces par l'exclusion du pastoralisme. Le vrai problème ici semble être que les décideurs trouvent plus de services rendus à « l'environnement » par les écosystèmes forestiers que les écosystèmes prairiaux. Mais quel est le coût de la restructuration sociale inhérente à l'abandon du pastoralisme en Ariège et à la reconversion ? La population locale est-elle préparée ou du moins consentante ? Y aura-t-il durabilité dans ce processus ? En effet, le plan Mansholt43 (1980), stipule que la moitié de tous les chefs d'exploitations agricoles n'ont souvent pas la formation leur permettant de s'adapter facilement aux conditions sociales et économiques changeantes. De même, leurs exploitations ont un faible potentiel de production et une absence, dans de nombreux cas, d'alternatives ou d'activités économiques d'appoint. En outre, la gestion d'une espèce parapluie ne fonctionne pas toujours comme les scientifiques le pensent. A titre d'exemple, en Californie, un certain insecte, espèce parapluie vivait très bien. Mais après le lancement d'un programme de protection de cet insecte il a diminué en nombre. Ce qui s'est passé, c'est que certains développements ont été autorisés dans le milieu de vie de cette espèce, en gardant uniquement à l'esprit de la protéger. Il est donc souvent mieux de préserver les terres plutôt qu'une espèce en particulier44. Si effectivement l'ours peut

43 http://www.ena.lu/mce.cfm

44 http://www.ecofloridamag.com/askeditor umbrella species.htm

produire une manne touristique capable de faire oublier « économiquement » (puisque c'est de ça qu'il est question) le pastoralisme en Ariège, l'affluence des touristes ne veut-elle pas dire structures d'accueil et désenclavement ? On reproduira probablement tout simplement l'hospice de France dans sa configuration actuelle en Ariège. Lambeck R. (1996) estime qu'il est difficile de justifier la concentration sur une espèce dans un écosystème sans savoir son rôle dans le fonctionnement dudit écosystème. Des doutes subsistent quant à l'étendue de la protection accordée à l'espèce dans le cadre de son "parapluie" qui est difficile à évaluer et supposé plutôt que prouvé. L'approche basée sur une seule espèce est souvent critiquée en raison de l'immense coût de la conservation. De toutes les façons, comme le précise Janet C. (2007) la légitimité du choix d'une espèce retenue, la relation entre la préservation de cette espèce et la capacité à agir sur la biodiversité en général sont en question. Dans le cas particulier de la restauration et de la préservation de l'ours et des relations entre cette préservation et les activités d'élevage pastoral, le niveau d'incomplétude des connaissances rend la question difficile à traiter.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo