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Place et rôles des temples protestants malgaches dans la construction d'une communauté à Paris

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par Hery Andry I.V RAKOTONANAHARY
Université Denis Diderot Paris 7 - DEA Sociologie 2002
  

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1.2.2 Une très brève histoire de la migration malgache vers la France

J'ai trouvé deux textes majeurs pour illustrer l'histoire de la migration des Malgaches vers la France, et particulièrement des immigrés : un texte du sociologue malgache, le Professeur Auber RABENORO (« Trois générations de Malgaches en France : trois formes d'adaptation? (1930-1945; 1945-1960; 1960...) »)38 et un article de l'anthropologue française, Chantal CRENN (« L'espace migratoire franco-malgache. D'une migration temporaire à une migration définitive »)39. Les descriptions du premier ne concernent que la

34 « indigenious beliefs 52%, christians 41%, muslims 7% » (source : site : www.cia.Gov/publications/factbacks/geos/ma.htlm)

35 La croyance traditionnelle malgache attache une grande importance aux Ancêtres, (« Razana ») à un Dieu («Andriamanitra » ou « Zanahary ») et à un peuplement d'esprits et de forces invisibles de plusieurs ordres (« fanahy », « ambiroa », «lolo », « angatra »...). Cette croyance se voit, par exemple, dans le quotidien malgache à travers des pratiques comme le respect des tabous et des interdits, aux usages de mots et de talismans sacrés. Les personnels influents dans cette croyance s'appelent entre autres : les

« Ombiasy », « les « Mpanandro » et les « Pamosavy ». (L'étude la plus récente, voir BLANCHY, 2001)

36 Président de Madagascar de 1975 à 1991 et de 1996 à 2001, un président catholique.

37 Président actuel de Madagascar, protestant et vice président de la FJKM, la fédération des églises protestantes à Madagascar.

38 1975

39 1998

première génération40 du second auteur. Je n'exposerai pas cette petite histoire de la migration malgache avec des « âges »41 selon la « génération » bien définie, mais uniquement selon une simple chronologie historique en mettant juste en avant les liens entre immigration et faits historiques en France et à Madagascar.

La première migration malgache vers la France date probablement de la fin du XIXe siècle. Quelques migrants ont fait le voyage pour étudier en métropole, cet envoi d'étudiants vers la France a pris fin en 1916 à cause des complots des mouvements Vy Vato Sakelika.

La première vague était venue pendant la Première Guerre mondiale. Ils étaient 4.500 Malgaches42 à travailler sur le sol français dont « 83% furent affectés aux usines d'armement ou aéronautique comme main d'oeuvre non qualifié » (DORNEL, 1998)43 .

Cette migration ressemble à une migration de travail, pendant cette période les emplois liés à la marine marchande et aux activités portuaires embauchaient des marins africains. « De 1915 à 1918, 440.000 étrangers sont introduits en France, avec des contrats de travail les conduisant avec rigueur dans l'agriculture (pour un tiers d'entre eux) et dans l'industrie » (BLANC-CHALEARD, 2001).

« Le recrutement et le statut des ouvriers coloniaux sont assez complexe. Dans un premier temps, le recrutement repose sur le volontariat, sauf pour les Malgaches qui, « appartiennent, presque tous, à des formations militaires (réserve) de leur colonie, étaient donc militaires et furent traités comme tels » (DORNEL, 1998). Cette vague de migration a été déterminante dans la perception de la France pour ces Malgaches qui ont fait le voyage44.

Enfin, il est important de noter que de 1909 à 1930, on comptait 31.000
naturalisations de Malgaches au Ministère française des colonies. En 1938, à

40 Je note que les deux auteurs parlent de génération en terme de« génération historique » et non en terme de « génération démographique »

41 Voir « Les trois « âges » de l'émigration algérienne en France » de Abdelmalek SAYAD, in Actes de la Recherche en Sciences Sociales. N°15, 1997.

42 DORNEL Laurent, p 48

4 3 p69

4 4 RABENORO : Ralaimongo, une des figures historiques de l'époque était parmi ces engagés et montra une autre image de la France, « héritiers de la Révolution de 1789, ces Français de France épris de justices et de liberté », « une certaine idée de la France, restée d'ailleurs, presque intacte jusqu'à nos jour », p 25

Madagascar, seuls 2080 « vrais Malgaches » furent naturalisés, et le 99,50%45 de la population est sous le « Code d'exception d'indéginat »46.

L'Exposition coloniale de 1931 a permis à quelques étudiants en médecine d'Antananarivo avec quelques mouvements de jeunesse et artistes folkloriques de venir en France et de pouvoir entrer dans le zoo humain47 parisien. Quelques uns d'entre eux restèrent en France après l'Exposition. Dans cette population primo migrante estudiantine, RABENORO précise dans notre entretien qu' « elle était surtout faite d'une population mérina, particulièrement, des gens sortis de l'aristocratie et de la noblesse mérina ».

A cette époque, le débat des immigrés malgaches touchait principalement la question de l'assimilation ou non avec la France et la culture française. RABENORO rapporte que l'ensemble des immigrés malgaches « se demande si l'opération d'assimilation ne porte pas en fin de compte atteinte à la « personnalité malgache » » Ils étaient regroupés dans des cercles d'entr'aide et politique comme l'association des étudiants Originaire de Madagascar (AEOM) qui existait à Paris depuis 1931, pour discuter de ce genre de débat.

Pendant la deuxième Guerre Mondiale, Madagascar apporta aussi un important effectif de soldats. Leur séjour en France, pendant la guerre n'a pas été facile. Prisonniers par les Allemands, ils étaient 3.888 en avril 1941 à être retenus dans les Frontstalags en France ou dans des usines d'armement. Ils y trouvaient leurs propres officiers français comme géoliersprisonniers48. Nommés « militaires indigènes coloniaux rapatriables » (MIRC), avec les originaires d'Indochine, leur nombre atteignait 16.000 en 1943.

CRENN remarque que « deux événements vont bouleverser la vision
enchantée que les Malgaches enrôlés avaient de la France : la défaite de

45 (Source KOERNER, p199), ce nombre élevé de Malgaches naturalisés est dû au fait que des

« zanatany » (étrangers habitants Madagascar : réunionnais, mauriciens, indopakistanais) ont demandé et ont eu facilement la naturalisation.

46 A Madagascar, pendant cette époque, on catégorisait juridiquement les gens en deux : les citoyens et les indigènes. Les premiers ont la nationalité française, naturalisés ou non et les seconds, 99,50% des Malgaches, sont définis par le « Code d'exception d'Indigénat ».

4 7 Mot emprunté à l'oeuvre collectif dirigé par Nicolas BANCEL intitulé « zoos humains ».Ce genre d'Exposition était courant en Europe de 1874 aux années trente.Eds La Découverte, 2002.

48 MABON Armelle, « Les prisonniers de guerres coloniaux durant l'occupation en France » in Hommes et Migrations, l'héritage colonial, un trou de mémoire. N°1228, novembre -décembre 2000. A la page 26 on retiendra le témoignage d'un prisonnier « Non seulement nous, gens de couleurs, n'avons bénéficié d'aucun des accords qui ont rendu à leurs foyers de très nombreux prisonniers de race blanche, mais encore ce sont maintenant des Français blancs qui nous gardent en captivité. Il est douloureux de souffrir des effets d'une telle distinction » (AN F9 2258, Lettre de l'adjudant- Chef Gernet, Frontstalag 194 à monsieur Scapini, Nancy, le 21 août 1943).

1940 et l'occupation par l'armée anglaise49de Madagascar ralliée à Vichy »50. Les Malgaches n'ont eu ni la naturalisation51, ni l'indépendance juste au lendemain de la guerre. « Pour eux, rien ne sera plus comme avant. Utilisés pendant sept ans et oubliés plus rapidement, l'ingratitude française restera ancrée dans leur mémoire. Certains intégreront des sociétés sécrètes qu'ils utiliseront pour que cesse la domination française. Ce mouvement sera à l'origine de l'insurrection de 1947 52».

Après la Deuxième Guerre Mondiale, une grande vague d'étudiants émigre pour la France53. Comme l'enseignement à Madagascar dans l'ensemble paraît être dominé par les merinas54 selon une organisation discriminatrice coloniale, cette vague d'émigrés apporta une marque de cette distinction. L'inexistence d'établissement supérieur à Madagascar incite, pendant ce temps là, l'émigration des étudiants malgaches vers la France55.

De 1945 à 1960, 90% des immigrés malgaches présents en France étaient des « intellectuels »56. « La majorité n'est plus constituée par les enfants de la « Haute Bourgeoisie » tananarivienne : mais par contre, les originaires des Hauts Plateaux représentent 85% de l'ensemble : et on y compte 75% de Protestants.57 Ils sont répartis dans les grandes universités du pays : 65% à Paris, et le reste, par ordre d'importance numérique à Toulouse, Montpellier, Aix-Marseille, Bordeaux et Strasbourg »58. En France, pendant cette période le flux d'immigrants est lent59.

Désignés comme « deuxième « génération » »60 par CRENN, les Malgaches qui ont émigré de 1975 à 1990 étaient marqués par une migration temporaire pour une immigration définitive : une masse de migrants malgaches, une fois arrivés en France décident d'y rester. Le Président

49 C'est moi qui souligne

50 p313

51 En 1936, une reforme a été faite sur la naturalisation des Malgaches mais elle restait insuffisante et non effective, entre 1909 et 1940. Seuls 31.000 cas de naturalisations sont enregistrés au Ministère des Colonies pour Madagascar et sur cela on ne comptaient que 2080 « vrais Malgaches » naturalisés (Source KOERNER. P199. (1994)).

52 Le plus grand massacre colonial français avec 89.000 morts. Le 29 mars 1947 est commémoré à Madagascar depuis 1967 et plus fortement encore sous le régime Ratsiraka., 1975, 1987...

53 1945 à1975 est nommé « les Trentes Glorieuses de la migration», par BLANC-CHALEARD.

54 KOERNER, pp53-54. Résultats d'admission des Malgaches, de 1902 à1912, à l'école Normale « Le Myre de Villers », sur 567 inscrits, on a 400 Merinas et pour l'Ecole Administrative, sur 514 élèves admis on a eu 440 Merina.

55 Un seul établissement supérieur uniquement, pour les garçons, pour toute l'île et pas d'établissement supérieur pour les filles.

56 RABENORO, p28, « étudiants, stagiaires, lycéens, collégiens, médecins, professeurs, avocats, gens de maison »

57 C'est moi qui souligne

58 p29

59 45.000 entrées annuelles en moyenne, 11.000 membres des familles (Source : A. Armengau, 1983)

60 p316

Ratsiraka menait sa révolution socialiste à Madagascar 61 . En France, les immigrés étaient perçus comme étant de plus en plus encombrant et l'immigration devient extrêmement politisée62.

A Madagascar, les événements de 1991 marquent une nouvelle orientation politique et la fin de la Révolution Socialiste malgache. Une nouvelle vague d'émigrés malgaches est partie de la Grande Ile à partir des années quatre vingt dix (des « étudiants- travailleurs » selon les termes de CRENN). Et comme l'a remarqué RABENORO lors de notre entretien, « la proportion semble être inversée : on a maintenant 75% des immigrés qui sont là pour travailler et une petite minorité d'étudiants pour poursuivre leurs études ». Les Malgaches émigrent majoritairement 63maintenant pour travailler, et rares sont les étudiants malgaches fraîchement arrivés qui ne travaillent pas en même temps qu'ils font leurs études. Un bon nombre de ces « travailleurs » arrivent en France, beaucoup ont choisi d'autres pays comme le Canada ou le Liban.

Les conditions de travail dans les pays d'accueil ne sont pas toujours perçues comme idéales et nombreux sont les Malgaches qui nourrissent les faits divers des journaux nationaux ou internationaux, notamment à travers les histoires d'esclavage moderne64.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius