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Microfinance et développement: une mise en évidence théorique et empirique de la relation

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par Hermann-Didier TEBILI
Université Paul Cézanne Aix en Provence Faculté d'économie Appliquée - Master Institutions et Développement 2008
  

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A / Un système de fonctionnement adapté aux réalités locales

L'une des principales raisons de son émergence tient du fait qu'un des principes fondamental de la microfinance en matière de crédit est que l'objet de crédit est libre, à condition d'être rentable. Cette approche se justifie par le fait que dans les systèmes de Coopérative d'épargne et de crédit l'argent du crédit vient de ses propres membres. De plus, le constat est que dans la plupart de ses coopératives, les emprunteurs ont compris qu'ils doivent mener une activité rentable pour être capables de rembourser sans problème. Il est important de dire que la plupart des institutions de microfinance exigent que les fonds prêtés soient destinés à une activité génératrice de revenu. Toutefois dans la réalité, les crédits peuvent être demandés pour différents mobiles, cependant ils sont octroyés principalement pour développer une activité génératrice de revenus quel soit ancienne ou nouvelle. Ce principe correspond au souhait du public visé, et confère au crédit une certaine souplesse.

En générale, la majorité des crédits vont aux opérations de commercialisation souvent liées à des activités de stockage et de transformation, transformations avec une part non négligeable pour les activités directement productives exemple de l'agriculture, l'élevage, la pèche et l'artisanat.

B/ Les méthodes des institutions de microfinance


1-Le ciblage de la clientèle

À l'origine, le microcrédit était destiné aux plus pauvres vivant dans les campagnes du Bangladesh. Il s'est ensuite développé dans l'ensemble des PED notamment en Afrique, en Asie du Sud Est et en Amérique du Sud. Dans ce contexte, la plupart du temps des particuliers souvent agriculteurs qui n'avaient pas les moyens de développer leur activités faute de moyens.

Aujourd'hui avec l'essor que connaît microfinance dans de nombreux PED dans un contexte de libéralisation et informatisation croissante de l'activité, elle recouvre un large éventail de clients et d'acteurs.

1 -2. Les populations ciblées « aujourd'hui» par les institutions de microfinance

Les institutions de microfinance ciblent dans les PED, en particulier les pauvres, les femmes, les ruraux et les micro-entrepreneurs en besoin de financement notamment pour des opérations d'équipement et de développement d'activité de revenu.

Les femmes constituent la cible prioritaire des institutions de microcrédit. Guérin (2001, p.7) explique cet engouement pour la clientèle féminine par le fait que :

« Aujourd'hui, organismes multilatéraux, gouvernements, baileurs de fonds et ONG partagent tous la même conviction : il n'y a pas de développement possible et durable sans la participation des femmes en qualité d'acteur. On reconnaît qu'elles sont les premières victimes des plans d'ajustement structurel, du fait notamment de l'affaiblissement des infrastructures collectives. On constate également qu'elles affectent leurs revenus davantage au bien-être familial et on en déduit qu'il vaut mieux s'adresser à elles. On reconnaît enfin que les programmes mixtes ont tendance à être détournés et monopolisés par les hommes ».

Une répartition de la proportion de la clientèle féminine des institutions par région du monde nous donne le résultat suivant :

Tableau 1.5 : La proportion de la clientèle féminine des institutions par région du monde

Asie

Maghreb et

Moyen

Orient

Europe de

L'est et Asie centrale

Amérique Latine et
Caraïbes

Afrique

Monde

99%

66%

46,8%

62,6%

57,4%

62,6

 

Source : Microbanking bulletin, 2006, vol.13

Force est de constater qu'en Asie, les pays du Maghreb et du Moyen Orient, les femmes sont les cibles prioritaires et qu'en Europe de l'est et en Afrique les résultats sont beaucoup plus nuancer. Ainsi, si on s'intéresse au cas des institutions les plus célèbres, on note 74% de femmes dans le cas de la BancoSol Bolivie, 75% pour Brac-Bangladesh, et 95% pour la Grameen Bank. En Afrique de l'ouest (UEMOA), la clientèle est majoritairement masculine (60% en 1999). En Asie du sud et de l'Est il y a une clientèle féminine plutôt normale voire marginale, 50% pour la Bank Rakyat Indonesia et moins de 10% pour les banques régionales rurales en Inde.

Pour nuancer ces observations, il convient de noter que de nombreux programmes prévoient des actions exclusivement destinées aux les femmes (programmes Accord en Afrique de l'Est).

Il est important de noter que le ratio hommes/femmes peut varier de façon subite dans le portefeuille d'une IMF.

Le cas du programme du CRENDA en Tunisie en fourni une parfaite illustration significative. Alors qu'il s'agissait d'un programme réservé aux femmes lors de sa création, le ciblage s'est modifié deux fois. En effet, l'accès des microcrédits aux hommes a été admis en 1996 et deux ans près, ils obtenaient 48% des crédits. En 2000 à cause de la dégradation des taux de remboursement, les hommes ne représentaient plus que 12% de la clientèle de la CRENDA [Cracknell M.2000].

1.2. Zone urbaine/Zone rurale

Historiquement les programmes de crédits décentralisés sont apparus dans les zones rurales avec le développement des banques agricoles. A l'époque, l'objectif était de pallier l'absence de banque commerciale en zone rurale par la mise en place de structure généralement étatique. Mais « les programmes d'ajustement structurel et les mouvements migratoires internes ont généré des phénomènes de pauvreté endémique en zone urbaine et accéléré l'informalisation d'une partie de l'activité » [Montalieu 2000].

C'est pourquoi les institutions de microfinance les plus anciennes sont implanté plutôt dans les zones rurales (Grameen Bank, BDK-indonésie, Banques villageoises FINCA en Amérique du Sud, FECECAM et Kafo Jiginew en Afrique de L'ouest). Par contre, la clientèle urbaine est plutôt visée par les programmes récents, BancoSol-Bolivie, K-REP Kenya, CFCMCongo ou CRENDA Tunisie.

La clientèle des institutions de microfinance est exclusivement pauvre. On appelle le microcrédit souvent, le crédit pour les pauvres. Le CGAP définit le marché cible des institutions de microfinance à l'aide du ratio solde moyen des crédits/PNB par habitant. Si ce ratio est inférieur à 20%, alors la cible est une clientèle très pauvre, pour un ratio supérieur à 150% la cible est une clientèle aisée.

2. Innovation financière du prêt de groupe

Le succès croissant des IMF est dû aussi à l'introduction de pratiques bancaires innovantes. On peut retenir cinq éléments essentiels [Guérin 2001, Ghatak et Guinnane 1999 ou Aghion et Morduch2005].

Les IMF accordent des prêts aux emprunteurs organisés en groupe. Généralement des femmes, constituées de groupe de 4 à 6 membres. Chaque membre du groupe reçoit, un prêt à condition d'accepter la responsabilité du remboursement des crédits accordés aux autres membres au cas où ils se relèvent incapables de rembourser eux-mêmes. L'idée principale est de rendre les individus co-responsables pour permettre de transférer les coûts d'agence au niveau du groupe. Alors, la technique du prêt de groupe permet de traiter l'un des problèmes courant des modèles principal-agent avec asymétrie d'information à savoir l'anti sélection et même d'aléa moral. En effet, confronté à des porteurs de projets de qualité hétérogène et ne disposant pas

d'information sur leurs caractéristiques, les institutions financières peuvent être amenées à sélectionner les mauvais emprunteurs en discriminant par le coût du crédit.

Du coup, à cause du coût élevé du crédit, les bons emprunteurs seraient conduits à renoncer au crédit ou à chercher une autre source de financement. Le prêt du groupe est un moyen de forcer l'emprunteur à révéler ses vraies caractéristiques. Alors prêter à des groupes permet de révéler complètement l'information qui est socialement optimal26. Ces modèles reposent sur l'hypothèse que les emprunteurs se connaissent parfaitement.

Les bons emprunteurs se sélectionnent mutuellement, ce qui permet de limiter le phénomène d'antisélection. Ainsi, pour l'institution de microcrédit le fait d'appartenir à un groupe de crédit solidaire est un signal de qualité qui remplace le mécanisme de la caution ou de garantie individuelle.

L'autre avantage des prêts de groupe est qu'ils permettent de réduire le coût de l'aléa moral, et de générer des meilleures conditions de prêts aux emprunteurs. Ceci en rendant co-responsable les emprunteurs, les individus choissent conjointement de faire des efforts, dans le but de diminuer la rente de l'aléa moral à verser comme le souligne Stiglitz [1990] ou Varian [1990].

2-1. Dynamique du contrat de crédit de groupe

Source : Extrait de Léandre Bassolé [2003]

26 Comme modélisé par exemple Ghatak (1999)

Le principe de l'auto sélection utilise l'information locale privé auquel le préteur n'as pas accès ou du moins à un coût pour différencier les types d'emprunteurs. En effet, Hoff et Stiglitz [1990] ont montré que les emprunteurs détenaient assez d'information sur les partenaires et sur l'architecture locale du marché du crédit. De fait comme nous l'avons évoqué cela conduit à la formation de groupes homogènes où tous les membres ont une parfaite connaissance sur les caractéristiques de leurs partenaires, ainsi que le risque projet et le niveau de solvabilité. Si on s'intéresse au prêt, on se rend compte que le rendement du projet dépend de l'action de l'emprunteur lorsque celui-ci est octroyé. En somme, cela dépend du comportement et du niveau d'effort de l'emprunteur. De manière générale on s'attend à ce que l'emprunteur choisisse des actions qui égalisent le bénéfice marginal et le coût marginal. Cependant, en situation d'asymétrie informationnelle se résultat ne se réalise pas nécessairement et cela dans un contrat sans garantie car le prêteur et l'emprunteur non pas les même objectif.

De plus, il faut noter que l'emprunteur n'internalise pas entièrement les coûts d'échec du projet et peut entreprendre des actions qui conduisent à l'échec du projet financé. Alors dans la dynamique du contrat de crédit, on relève deux types de hasard comme le souligne Conning [2000], le hasard ex-ante et le hasard moral ex-post27.

Le hasard moral ex-post apparaît quand, à l'échéance, certains acteurs du groupe ne peuvent pas notamment en cas d'échec du projet ou même refusent carrément de rembourser le prêt de manière volontaire. Le prêteur est ici incapable de savoir si l'échec est dû à des raisons légitimes ou au comportement stratégique de l'emprunteur. Ce que la coresponsabilité permet de résoudre ou même de pallier.

2.2. Responsabilité conjointe

De fait, nous pouvons affirmer que ce mécanisme de prêt de groupe permet de résoudre les problèmes d'aléa de moral. La responsabilité conjointe assure donc au créancier que les débiteurs mettront en oeuvre les actions nécessaires pour rembourser et respecter ainsi leurs engagements.

27 Se référer à la figure sur la dynamique du contrat de groupe

2.3. Les incitations dynamiques

Les mécanismes d'incitations dynamiques permettent d'obtenir des taux de remboursement élevés sur des populations dites à risques. La méthode utilisée est celle du prêt progressif ou par pallier. Ainsi, le remboursement sans incident d'un prêt permet le déblocage d'un second prêt plus important et ainsi de suite.....

Cette action répétée permet au créancier de réduire ses coûts de recherche d'informations et de sélectionner les meilleurs risques pour les opérations plus importantes. D'autre part, ces prêts par pallier ou progressifs permettent de nouer des relations de long terme entre institutions et leurs clients. De plus, le fait de proposer un prêt plus élevé en cas de remboursement dissuade les mauvais emprunteurs d'opter pour une défaillance stratégique. C'est donc un moyen pour l'emprunteur pour réduire ses coûts de transaction ex ante et de bénéficier de meilleures conditions de crédit. Cependant, la portée de ce mécanisme incitatif est limitée par la concurrence que peuvent se livrer les IMF et le degré de mobilité spatiale des emprunteurs [Montalieu 2002].

Les IMF sont reconnues pour leur exploitation des incitations dynamiques. Toutefois dans le cas de crédits individuels, les emprunteurs sont à priori assurés de pouvoir bénéficier assez facilement de crédit d'un montant plus élevé s'ils respectent leur échéancier.

2.4. Calendriers de remboursement

Les calendriers de remboursement sont réguliers et commencent presque immédiatement après l'octroi du prêt. Toutefois, les IMF ont des délais de grâce très élevés et aussi une fréquence élevée des remboursements. Le but est d'évincer les emprunteurs indisciplinés lorsqu'un problème survient. De plus, les avantages de cette méthode sont nombreux et indéniables pour l'IMF. D'une part, comme nous l'avons souligné, il permet de détecter très tôt les problèmes éventuels d'un emprunteur et de l'amener à se corriger avant l'échec total. Et d'autre part, cela confère à l'IMF une liquidité plus forte ceci dans la mesure où les IMF peuvent collecter les rentrées d'argent avant qu'elles ne soient dépensées ou mal utilisées. Cependant, ce système peut être pénalisant pour les emprunteurs dont les revenus sont marqués par la saisonnalité (cas des agriculteurs). Toutefois, il faut préciser que les fréquences des remboursements varient en fonction de la taille du prêt. Ainsi, les échéances à une semaine sont réclamées pour les plus petits prêts tandis que pour les prêts les plus importants, le remboursement peut être effectué de façon bimensuelle ou mensuelle.

2 .5. Les garanties auxiliaires

Bien que nous admettons que la technique du prêt à groupe solidaire avec responsabilité conjointent assure des remboursement très honorable, l'octroi de crédit sans garantie demeure une activité risquée. Face à ce risque, les IMF ont développée des systèmes de substitutions. En effet, ces institutions obligent leurs clients à constituer des fonds d'épargne gérés par l'institution. Chaque emprunteur alimente ce fonds par une cotisation proportionnelle au montant emprunté. En cas de défaut de l'emprunteur l'IMF saisir son épargne. Toutefois, en pratique, bon nombre d'institutions telles que la BRI en Indonésie exigent quand même des garanties traditionnelles surtout lorsque le client est en situation de les offrir. Cependant, cette exigence est souple sauf que l'absence de garantie n'est pas cause d'exclusion du marché du crédit puisque des exceptions aux garanties restent à la discrétion de l'institution.

De même, cette exigence d'épargne a pour objectif aussi de construire une relation de confiance entre le prêteur (IMF) et l'emprunteur (les clients) afin d'évaluer leur capacité de remboursement. Donc, comme la plupart des clients ne disposent pas de garanties bancaires courantes, ce sont souvent les biens matériels qui sont utilisés comme garanties de substitution. Cependant, les groupes de «caution solidaire » demeurent la forme de garantie très courante utilisée par les IMF. De plus, les praticiens accordent une grande importance à la formation des groupes. L'écrémage (screening) est l'une des fonctions les plus importantes de la formation de groupe, et plusieurs études empiriques l'ont souligné. Par exemple, Wenner [1995 pp 270-272] a remarqué que les groupes de la Fundacion Integral Compesina (FINCA). Cette méthode a permis de réduire de façon significative les impayés.

Toutefois, ils existent des programmes dans lesquels les groupes ne s'étaient jamais rencontrés auparavant. C'est le cas du programme crédit et éducation mis en place par le Réseau des Caisses Populaires au Burkina Faso [Kevane, 1996 p 26].

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore