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Microfinance et développement: une mise en évidence théorique et empirique de la relation

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par Hermann-Didier TEBILI
Université Paul Cézanne Aix en Provence Faculté d'économie Appliquée - Master Institutions et Développement 2008
  

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C/ L'impact du microcrédit sur le développement

La réflexion sur l'évaluation de l'impact des microcrédits sur le processus de développement se situe au niveau des micro-actions [cf. Soulama, 2005, p105]. Il s'agit pour nous de savoir si ces actions à la base ont un impact significatif sur le développement économique? A cette interrogation nous pouvons répondre par l'affirmatif si l'on admet que le développement économique est optimal si l'ensemble des différentes composantes de la société participe pleinement au processus de production et à la prise de décision. Ainsi, l'accroissement de la base

de la population participant à la richesse nationale, le microcrédit contribue énormément au processus de production par une mobilisation de l'énergie créatrice de la population pauvre. Les différentes analysent présentées dans ce mémoire ont permis de montrer que le microcrédit impact le développement à travers ces effets induits et externalités. Il s'agit en autre des effets sur le revenu, la consommation et l'emploi etc. En effet, on constate que les crédits octroyés jouent un rôle sur l'économie locale notamment en permettant un renforcement des artisans locaux (maçons, charpentiers, petits commerces, fabricant de briques, etc.) et une redistribution de revenus non négligeable.

Ces externalités et effets se déclinent en quatre points que sont:

· Les effets sur les circuits commerciaux et les filières

Ces effets sont variables et dépendent du degré d'organisation des circuits commerciaux et de leur capacité à absorber le surplus de production. Doligez [2002] montre que les différents effets induits au niveau «méso-économique » ont pu être mis en évidence au niveau des filières coton au Bénin et cela grâce au développement des services financiers de la FECECAM. De plus que l'acquisition de charrues grâce au complément du crédit intrant de la FECECAM a participé à l'essor de la filière au cours des années 1990. Ces crédits ont permis dans le cas de la filière coton du Bénin de surmonter les obstacles financiers qui empêchaient le recours à la mécanisation et à une main d'oeuvre salariée pour lever les facteurs limitant tels que l'augmentation des surfaces: préparation des terres et sarclages pour l'essentiel.

· Les effets sur le marché du travail, la construction et l'habitat

Une augmentation des embauches salariées par les emprunteurs notamment pour les travaux agricoles comme l'illustre, en Guinée l'ouverture d'un «second guichet » [Condé et al., 2001] par l'embauche salariée de main d'oeuvre pour travaux agricole. Toutefois, on ne semble pas observer une augmentation sur les salaires. Cependant, les enquêtes montrent que près de 30% des revenus induits par le crédit seraient alloués à l'amélioration de l'habitat.

· Les effets sur le marché foncier

On n'enregistre pas directement un effet entre la microfinance et l'acquisition de marché foncier. Cependant, en dehors du milieu agricole, on constate dans le prolongement des effets induits par la microfinance sur l'habitat et la construction, une demande accrue sur l'acquisition de lots constructibles et une augmentation du prix du foncier urbain.

· Les effets induits liés à l'investissement

On constate une amélioration du capital humain et un renforcement des capabilités qu'on associe au développement de la microfinance. Toutefois, cette amélioration dépend des priorités que l'emprunteur accorde à la reproduction de la force de travail familiale il s'agit entre autre de dépenses de consommation et de santé, mais surtout à l'éducation. Morduch [1999] illustre ce propos à travers l'éducation des filles dans le cas des emprunteuses de microcrédits au Bangladesh.

Néanmoins, il est important de faire la part entre les crédits qui permettent un investissement productif et ceux en vue d'améliorer les conditions de vie des personnes [Djefal, 2004, p633]. En effet, les crédits inférieurs à 100 dollars, accordés principalement aux femmes, ne créent que très rarement (moins de 3%) de petites entreprises ou des emplois nouveaux. Ces crédits améliorent la situation sociale des bénéficiaires qui peuvent ainsi trouver les fonds nécessaire pour satisfaire des besoins de première nécessite (santé, nourriture, logement, écolage, etc.). Il y a une amélioration rare sont les bénéficiaires qui dépassent le seuil de pauvreté. Ces microcrédits ont toutefois un rôle essentiel qui est avant tout un plus social et en cela, ils doivent être développés.

Les crédits entre 100 et 1000 dollars sont du même ordre, ils améliorent cependant nettement le pourcentage (7 à 12% selon les pays et les cas) de création d'emplois et de petites entreprises nouvelles. Ce sont les crédits de 5000 dollars et plus qui déclenchent un processus de croissance par l'investissement dans de nouvelles unités de production, l'amélioration de la productivité et l'ouverture sur de nouveaux marchés. Un exemple intéressant de gestion du microcrédit nous est donné par les activités d'IDES/PRO EMPRESSA au Pérou. Cette organisation d'appui a créé son institution financière qui gère plus de 50 000 dossiers de microcrédits en zone urbaine et rurale et est devenue un instrument efficace de développement économique du pays.

Pour illustrer la diversité de prêt par institutions les institutions de microfinance, il suffit de référer à la pyramide de prêt ci-dessous: cas de l'Afrique de l'Ouest

Pyramide du secteur de la microfinance : Cas (en CFA)

Source : Extrait de Djefal [2004]

Les montants vont de quelques milliers de franc CFA à des prêts de deux millions de francs CFA47.

§2 : Les contraintes de la microfinance

La microfinance à une histoire derrière elle, celle d'un succès planétaire. Un succès de terrain avec des institutions qui apportent aujourd'hui des services financiers diversifiés à des dizaines de millions de clients qui n'y avaient pas accès. Mais également un succès de mobilisation, d'une part de la population et d'autre part des opérateurs, des organisations non gouvernementaux, et de la communauté internationale et des États, enfin de plus en plus du

47 Cf. S. Djefal thèse p.355.

secteur privé. Toutefois la microfinance ne peut prétendre avoir atteint la maturité car le secteur reste confronté à d'importantes difficultés consécutives à sa réussite.

C'est surtout au niveau du crédit que la microfinance montre ces limites. En effet, tel qu'il est pratiqué aujourd'hui, le microcrédit comme tout crédit d'ailleurs se doit d'être remboursé. Il nécessite donc au niveau de l'emprunteur une bonne capacité de remboursement or on sait que cette aptitude s'amoindrit quand la personne est extrêmement pauvre, sans revenu préalable pour lui permettre de remboursement un prêt. Donc octroyer un prêt à de tels individus risque d'aggraver leur situation de pauvreté et d'endettement.

De plus, fournir des services financiers à des personnes à revenus modestes revient cher, donc la microfinance a tendance pour pallier au coût de crédit à appliquer des taux d'intérêts élevés à sa clientèle. Dès lors on se rend compte que la microfinance n'est pas un remède magique qui conduit automatiquement les populations pauvres à sortir de l'état de pauvreté. Bien que la définition de la pauvreté reste difficile selon que l'on utilise l'approche basée sur le revenu ou sur le niveau de consommation, est considérée comme pauvre, chaque personne dont le revenu ou sa consommation se situant en dessous d'un certain niveau de vie minimum des mesures d'impact plus avancées sont donc nécessaire. Ceci rend très difficile la distinction entre pauvres et très pauvres. Cependant, le client type de la microfinance est une personne dont les revenus sont faibles,et qui n'a pas accès aux institutions financières formelles qui mène généralement une petite activité génératrice de revenus dans un cadre souvent familial. En conséquence ont peut affirmer que l'autre catégorie des pauvres est exclue.

Le secteur présente aussi des risques structurels dus à la forte expansion de sa clientèle. Dans plusieurs pays, le nombre de clients qui se chiffre à plusieurs centaines de milliers a largement dépassé celui de la clientèle gérée par le secteur bancaire. Ainsi, si on peut penser que l'impact économique de la faillite d'une institution resterait relativement faible, son impact financier et surtout social pourrait s'avérer plus considérable. Deux éléments sont à considérer: Le risque porté individuellement par une institution qui est acceptable, dès lors qu'une gestion professionnelle est exercée et que les procédures internes de maîtrise et de contrôle des risques financiers sont respectées. Il s'agit entre autre de la solvabilité et de la liquidité. Toutefois nous devons souligner que la microfinance évolue le plus souvent dans des contextes peu favorables, avec des difficultés logistiques et des compétences techniques relatives au niveau humain. Avec pour caractéristique d'être soumise de la part de sa clientèle à une forte demande croissante.

Le second risque est celui induit par la multiplication des intervenants qui à notre sens constitue le risque majeur actuel. Cela peut être traduit comme la contrepartie de microfinance comme outil efficace de réduction de la pauvreté qui suscite un intérêt grandissant pour ce secteur avec le développement dans les PED d'un nombre considérable d'institutions et d'expérimentation. A ce titre on peut citer le cas du Sénégal où on dénombre actuellement près de 600 institutions. Un tel phénomène est amplifié par la relative facilitée à démarrer des opérations de microfinance que l'on suppose peu coûteuses en investissement, ce qui dénote d'une mauvaise analyse.

De manière générale le fait est que seules quelques institutions ont les moyens de mettre en place une gestion professionnelle compatible avec les obligations d'une activité financière. Nombreuses sont les institutions qui ne respectent pas la réglementation adaptée au secteur, jusqu'à présent un grand nombre eux ne dispose toujours pas d'outils permettant leur mise en oeuvre.

Nous devons faire remarquer que dans le secteur, l'autonomie financière est rarement poursuivie, l'échelle d'intervention et le coût de l'accompagnement rendent cette autonomie financière difficilement envisageable.

Un autre point à relever est le fait que les États sont peu équipés pour encadrer cette activité. Les États au démarrage de cette activité étaient peu ou pas du tout préparés pour accompagner ce secteur. Au niveau législatif et réglementaire, peu d'entre eux disposent du cadre nécessaire à l'intégration rapide des structures en cours d'implantation.

Il y aussi les difficultés de collecte de l'épargne qui reste aussi peu développé dans ce secteur. Et sans épargne une institution ne joue qu'à moitié son rôle d'intermédiaire financier. Si on part du principe que tous les ménages épargnent, y compris les plus pauvres, cette épargne peut être mobilisée quand les institutions de microfinance jouissent de la confiance de leurs clients. De plus que les modalités de retrait demeurent souples et garantissent une liquidité permanente, et que les coûts de transaction sont faibles.

Ainsi, si une institution est capable d'offrir ces conditions, il peut être avantageux pour elle de mobiliser cette épargne qui constitue pour elle une ressource stable et moins coûteuse que le refinancement apurés des banques commerciales. Cependant, on se rend compte que dans la réalité, la mobilisation de l'épargne n'est pas toujours possible, voire même souhaitable. Les raisons qui s'opposent à la collecte de l'épargne sont les suivantes, un contexte politique et économique instable, dans lequel l'État réglemente les taux. L'inflation très élevée qui ne permet pas une rémunération positive de l'épargne ou tout simplement le manque de confiance. Il y a

aussi l'absence d'un cadre réglementaire spécifique aux IMF s'impose pour pouvoir collecter l'épargne et transformer en établissements bancaires formels.

Il faudra enfin prendre le risque posé par ce métier spécifique, rendu complexe par la nécessité d'assurer une sécurité absolue de gestion pour le compte des épargnants, ainsi que les coûts associés à la collecte. Cette situation a donné lieu à une prise de conscience et conduit les Etats à faire évoluer leur cadre réglementaire ou même à créer de nouveaux cadres spécifiques. Toutefois il faut dire que le contrôle et la surveillance des institutions n'étaient pas souvent assurés convenablement, au regard de la diversité des institutions et leur nombre croissant, les états sont confrontés à un double problème de compétences et de moyens pour assurer ce suivi, mais des solutions sont envisageables et leurs implications s'avèrent indispensables.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius