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Comment les opérateurs Ouest Africains de télécommunications pourraient ils modifier leur statut de filiales des multinationales européennes ?

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par Cheikh Mbengue
Université Blaise Pascal, IUP CI - Master 1 Développement et Promotion des biens et services, mention commerce international 2006
  

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II. Néocolonialisme ou ouverture mal maîtrisée à l'international?

Après la signature de l'accord de l'OMC sur la libéralisation des télécommunications en 1987, la commission européenne élabore le livre vert marquant l'entrée des télécommunications dans la déréglementation, la même année. Au Etats-Unis le thème des autoroutes de l'information fait son apparition avec l'adoption du High Performance Act en novembre 1991. La promotion des télécommunications est à l'ordre du jour aux Etats-Unis, en Europe c'est la conquête de nouveaux marchés qui fait grand jour. Où vont-ils aller chercher ces nouveaux marchés ? Les multinationales européennes reprennent le chemin de l'Afrique. France Télécom met en place alors un dispositif pour l'Afrique. Quelques années après l'entrée en vigueur de la déréglementation des télécommunications, les télécommunications françaises sont engagées dans une période de réforme interne pour préparer la déréglementation. Les directives européennes relatives à la mise en oeuvre de la déréglementation doivent être respectées et l'ouverture du marché des télécommunications devient

imminente. L'heure est alors à la préparation de l'ouverture des marchés qui sera accompagnée d'une concurrence plus que jamais vive. France Télécom déjà présente en Afrique par l'intermédiaire de sa filiale France Câble Radio, décide de renforcer sa présence dans cette zone mais également dans d'autre région du monde notamment eu Europe. Cette nouvelle expansion de la multinationale française de télécommunications a pour but de compenser les pertes susceptibles de parts de marché. France télécoms se transforme alors en entreprise commerciale qui ne se limite plus à garantir les services publics. La protection des ses parts de marchés et la quête de nouveaux parts de marchés font désormais partie des ses objectifs premiers. France Télécom, issue d'une administration publique chargée de la coopération avec les pays « amis » en l'occurrence les pays d'Afrique rompt petit à petit avec la coopération avec ses anciennes colonies pour « faire du business ». Elle va utiliser une stratégie offensive qui consiste à prendre des parts de marchés dans les capitaux des opérateurs historiques. Mais rappelons que le choix des opérateurs porte sur les opérateurs les plus rentables. C'est le début de la concurrence. Le dispositif français pour l'Afrique est bien réfléchi. France Télécom commence par renforcer sa présence en augmentant le poids de sa filiale France Câble Radio. En effet France Télécom s'organise avec la SOFRECOM (Société Française d'Etudes et de Réalisation

d'Equipements de Télécommunications) pour en faire une filiale. Elle a désormais deux filiales sur le terrain qui vont préparer l'entrée de la société mère sur le terrain. Ce choix stratégique qui consiste à racheter la société qui faisait concurrence à sa filiale constitue un instrument puissant de la politique d'expansion de France Télécom à l'international. France Câble Radio élabore une stratégie en Afrique pour développer ses parts de marché. Une stratégie qui n'a pas eu beaucoup de succès du fait de son caractère déloyal. Rappelons que les activités de France Câble Radio étaient plutôt orientées vers les communications internationales. Toujours sous la pression des organismes financiers internationaux à l'image de la Banque Mondial certains gouvernements des états africains avaient entrepris le regroupement au certain d'une même société des activités de télécommunications sur le réseau national avec celles sur le réseau

international. France Câble Radio en profitait pour mettre en oeuvre sa stratégie de conquête de parts de marché. Partout où elle détenait une part du capital des opérateurs africains, ses dirigeants jouèrent sur le pourrissement des opérateurs locaux et le poids de la dette envers France Télécom pour tenter d'augmenter leur part du capital en échange de l'annulation de la dette. C'était une façon de mettre la pression aux dirigeants des opérateurs africains pour une cession du capital par la voix la plus bénéfique pour eux. Plusieurs scénarios de ce genre ont été enregistrés. Cette stratégie de France Câble Radio a soulevé la colère de beaucoup de dirigeants africains. L'heure est alors à l'adoption d'une autre stratégies de cession du capital des opérateurs africains par voix normale : la privatisation. Cette fois-ci c'est France Télécom qui s'encharge pas ses filiales. Les premières privatisations marquent en effet la régularisation de la présence des compagnies des anciennes colonies sur le territoire africain. Ce retour des anciennes colonies peut être interprété de différentes façons. S'agit-il d'un retour du néo-colonialisme ou de la faiblesse des opérateurs africains à affronter la concurrence étrangère.?

L'Europe est de retour en Afrique encore plus forte que jamais car elle a un point fort sur lequel elle n'hésite pas d'appuyer pour avoir de l'Afrique ce qu'elle veut. Ce point fort c'est la question des dettes. L'Afrique succombe sous le poids de ces dettes et doit faire face à la pression internationale. La dette de l'Afrique envers la France était tellement élevée que toutes les communications internationales avec l'Afrique transitaient en France avant d'atteindre leur destination. Même les appels entre pays africains poursuivaient le même parcours. Alors quelle dépendance!

Quelles sont les conséquences de cette privatisation inachevée dans certains pays et bloquée dans d'autres ? La première conséquence de la privatisation est le renforcement de la présence des multinationales européennes dans le territoire africain. L'opérateur français France Télécom, Vivendi, Telefonica, Deutsch Telekom. Prenons l'exemple de France Télécom qui est présente dans beaucoup de pays africains comme le Botswana, le Cameroun, la Côte d'Ivoire et le Madagascar. Dans ces

pays le label Orange prend de la place et remplace les marques locales. Une autre conséquence est la naissance de multinationales « africaines» ou pseudo africaines comme ORASCOM, CELTEL, MTN, VODACOM et TELKOM. Mais la question qui se pose est de savoir si ces multinationales sont réellement africaines d'autant plus qu'elles sont sous le contrôle des multinationales européennes. Ces dernières contrôlent le marché, s'emparent des parts de marché les plus importantes et exportent les bénéfices à leurs pays respectifs. Par conséquent le développement des télécommunications africains est tenu par les multinationales puis que ce sont eux qui contrôlent tous. Imaginons que les multinationales retirent leurs capitaux. Etant donné qu'elles sont pour la plupart du temps majoritaires dans la cession du capital, les opérateurs africains risqueraient de manquer de capitaux. Dans cette perspective la dépendance financière est évidente. Pis encore cette dépendance s'accompagne avec une dépendance technique. Les réseaux africains étant encore faibles, les réseaux européens servent de relais d'autant plus ils sont des hubs satellitaires vers le réseau international. A quand la naissance de satellites africains pour un réseau africain qui n'aurait pas besoin de coup de pouce. Pourtant les bénéfices issus des télécommunications pourraient servir à développer le réseau africain pour la mise en place de réseaux d'interconnexion panafricains fiables. Mais si une partie est exportée une autre versée dans les caisses de l'état, le développement des télécommunications dépendrait toujours de l'extérieur. Cette dépendance technique entraîne la dépendance économique et le cercle vicieux continue.

Ça ne s'arrête pas là car les dépendances s'accumulent. Qu'en est-il de la coopération publique. Le secteur n'est plus géré directement par les autorités publiques par conséquent les pays ne coopèrent plus dans ce domaine. Toutes les négociations se font entre dirigeants des opérateurs. En outre chaque pays travaille au service de ses opérateurs pour faire d'eux les champions. En France l'Agence Française de Développement (AFD) remplace le «bureau de Télécoms » au Ministère des Affaires Etrangères. Des actions ont été mises en place pour soutenir les agences de régulation ou favoriser le développement des nouvelles technologies

comme le plan ADEN. Le développement inéquitable des télécommunications est là, sans appel. L'UIT (Union Internationale des Télécommunications) a-t-elle failli à son rôle fondamental, le développement équilibré des télécommunications pour garantir le droit de communication à tous les citoyens du monde. A cela s'ajoute le poids important des multinationales qui jouent un rôle important dans l'économie mondiale. Leur poids économique est d'autant plus important qu'il leur confère une influence politique non négligeable. Ce poids politique important des multinationales fait que les états et les organismes internationaux se tournent vers eux, influencés par leur pouvoir politique. Un exemple patent est le cas de « Académies» CISCO qui détient la quasi-totalité du marché des routeurs. Pourtant elle est promue et cofinancée par l'UIT.

A côté de ces conséquences non souhaitables, il y a des conséquences positives. La première est la progression de la télé-densité qui est passée de (à chercher). Cette progression de la télé-densité trouve son explication dans le développement rapide de la téléphonie mobile. La demande du marché évolue également du fait du besoin énorme de communication. Longtemps victime de la « fracture téléphonique» les gens profitent de la téléphonie mobile plus facile d'accès que le téléphone fixe. Ce boom de la téléphonie mobile ralentie le développement du fixe. Les réseaux d'infrastructures pour le fixe se dégradent dans certaines zones. La téléphonie mobile est privilégiée car elle est jugée prédatrice d'investissement et de ressources. Le fixe est ouvert à la concurrence alors qu'il reste des réseaux à construire pour raccorder les zones

reculées. Notons que les concurrents s'intéressent aux niches et aux secteurs les plus rentables sans contraintes de service public ni de pression des autorités publiques. Qui va alors garantir le service minimum universel si l'état se trouve dans une position dans la quelle il est quasiment dépourvu de ses pouvoirs d'autorité publique et n'est plus en mesure de garantir certains services publics à une partie de la population. Imaginez-vous un pays où la téléphonie mobile est presque le garant des communications téléphoniques ? On serait tentait de dire que le «tout- mobile » n'est pas la bonne solution d'autant plus que les réseaux fixes et

mobiles doivent être complémentaires. Les réseaux fixes sont même indispensables dans la mesure où ils offrent une grande évolutivité à l'image de l'ADSL, mais ils sont également nécessaires à l'acheminent des appels mobiles. Par exemples dans les zones où les réseaux fixes sont faibles où inexistantes, les habitants ont du mal à recevoir des appels à leurs téléphones portables à cause de l'état médiocre du réseau. Au moment où le Mobile « 3G» se déploie dans certaines zones d'autres souffrent d'un manque de développement équilibré et rationnel. Quel paradoxe!

Le recours au téléphone portable pour satisfaire les besoins de communication pèse lourd sur le budget des ménages. Les

communications restent très chères d'autant plus que les mobiles pallient les insuffisances du fixe. Ces ponctions sont encore plus accentuées par le système des cartes prépayées. En s'offrant cette communication payée chère, certains habitants se privent d'autres nécessités. La baisse de certains prix est due plus à l'évolution de la technologie qu'à une prise en compte du pouvoir d'achat des populations locales. Les zones rurales sont celles qui souffrent plus de l'absence des lignes fixes. Elles sont délaissées. Au Sénégal où la privatisation a plus de succès, seulement 50% des villages sont reliés aux réseaux fixes et mobiles confondus. Qu'en est-il du rôle de l'état en ce qui concerne l'aménagement du territoire ? Il est complètement dessaisi de sa politique d'aménagement du territoire. Il est dessaisi de son pouvoir de corriger les inégalités sociales et géographiques. Quand les inégalités sociales se creusent et que l'état est presque incapable de faire quelque chose, force est de constater que si l'indépendance politique est acquise celle économique laisse à désirer.

L'exemple de la Gateway international Unique de la République Centrafricaine. Cet exemple illustre bien le caractère néocolonialiste des privatisations des télécommunications en Afrique. Laquelle Gateway International Unique donne aux opérateurs nationaux fixes et mobiles, ainsi qu'aux opérateurs internationaux « un point d'accès unique mutualisé pour l'ensemble des communications échangées avec l'étranger ». Cette initiative a été opérée grâce à un constat économique qui se résume d'une part à la situation géographique de certains pays

enclavés et d'autre part aux effets pervers résultant de la « libéralisation brutale et non maîtrisée » de l'accès aux télécommunications internationales. Dans ces pays enclavés, aux budgets maigres, les opérateurs nationaux consacrent une bonne partie de leurs ressources de financements à l'achat d'équipements très chers mais aussi à la location d'accès satellitaires internationaux qui appartiennent bien entendu aux pays riches. Par conséquent la libéralisation de l'accès aux télécommunications internationales a causé une situation paradoxale d'appauvrissement du secteur des télécommunications dans certains pays comme le Centre Afrique. Cet appauvrissement est causé en général par des pertes d'économie d'échelles qui s'expliquent par le recours individuel des opérateurs à des solutions satellitaires qui n'ont pas été compensé par les gains d'efficacité. Le ministre des Postes et Télécommunications Chargé des Nouvelles Technologies de la Centrafrique explique que « les économistes européens qui ont prôné la réforme des télécommunications au niveau international n'ont pas pris en compte le fait que le développement des réseaux des télécommunications des pays en voie de développement repose sur les revenus

d'interconnexion téléphonique entrante payés par les opérateurs internationaux, et notamment par les opérateurs des pays développés ». En effet l'introduction d'une concurrence totale sur l'interconnexion internationale a par conséquent fragilisé les opérateurs des pays en voie de développement à résister à l'écrasement des prix payés par les grands opérateurs internationaux. Cet effondrement des prix a été encouragé par les opérateurs des pays développés. Leur stratégie a été d'encourager cet effondrement en favorisant ainsi la maison mère au détriment des filiales, les opérateurs africains privatisés. «Le paradoxe économique », selon les termes du ministre Centrafricain des Postes et Télécommunications est que la concurrence sur l'accès à l'international a permis une baisse drastique des prix des appels internationaux au bénéfice des consommateurs des pays riches, mais en appauvrissant les opérateurs des pays en voie de développement.

Dans de nombreux pays la privatisation s'est déroulée sous la forme d'une privatisation partielle avec partenaire stratégique. L'expérience montre que beaucoup d'opérateurs africains privatisés sous cette forme ont rencontré certains problèmes. Le problème principal commun à tous les opérateurs est le non respect des cahiers des charges. Par conséquent les services publics ne sont pas assurés. Dans cette situation le désengagement de l'état est notable dans la mesure où il a confié le fonctionnement des services publics à des organisations qui se ne se soucient que de la maximisation du profit au détriment des populations locales. Qu'en est-il du pouvoir de négociation de l'état ? L'état a donc était dépouillé de son pouvoir de décision pour le bon fonctionnement des services. Il se trouve alors dans une situation où il est incapable de d'assurer lui-même ou de faire assurer le fonctionnement des services minimum. Le contrat de gestion échappe à son contrôle du fait de l'absence de transparence dans la gestion. Dans cette situation d'insécurité, dans la mesure où l'état ne décide plus ou presque du fonctionnement d'une partie des services publics, la sécurité nationale est mise en cause. Dans la plupart des pays de l'Afrique Subsaharienne, les services de bases sont peu ou pas assurés ; moins d'un téléphone pour cent habitants n'est pas rare dans certains pays. L'objectif principal de la privatisation devrait être de garantir le service minimum public. Les pays de cette région restent donc confrontés à un énorme problème d'investissement pour garantir le service minimum. Or les partenaires stratégiques préfèrent mettre l'accent sur les services les plus rentables et donc pas sur les services de base. Ainsi dans la sous région on peut noter quelques cas de figure. Pour le cas de la Guinée et du Ghana, le partenaire stratégique avait exigé et obtenu 50% du capital des opérateurs historiques dans ces pays. Les conséquences sont aujourd'hui alarmantes. Tandis que TELENOR a été appelé pour secourir le Ghana, la Guinée elle est toujours confrontée à des problèmes de réseau. En Côte d'Ivoire la couverture du territoire pose un problème à France Télécom, partenaire stratégique. Pourtant la couverture du territoire national était bien dans les cahiers des charges. L'on peut se poser la question de savoir comment une multinationale comme France Télécom peut trébucher à couvrir un

territoire aussi réduit que celle de la Côte d'Ivoire ? Et bien la réponse est simple et trouve être un problème d'investissement donc je parlais plus haut. Le simple fait de couvrir le territoire n'est pas assez rentable pour France Télécom ce qui explique sa préférence d'investir sur d'autres services jugés plus rentables : Services aux entreprises privées et particuliers. Le cas du Sénégal reste exceptionnel et un peu particulier. La privatisation de la SONATEL est qualifiée de succès. Mais il serait

prudent d'aller chercher les raisons de cette réussite. Elle n'est pas en réalité due au partenaire stratégique mais à un ensemble de dispositions qui avaient été prises par le Gouvernement sénégalais et les responsables

de la SONATEL. Qu'est-ce qu'ils ont fait en réalité ? Depuis 1994 le gouvernement et les responsables ont mis en place des exonérations sur les importations des équipements de télécommunications. En outre, le paiement des factures dues à la société est régulier et les bénéfices ont été réinvestis. Il s'agit donc là d'un effort et d'une volonté à faire avancer les choses et cela appuiera nécessairement sur l'élaboration d'un plan de développement des télécommunications. Il faut néanmoins noter que France Télécom a quand même appuyé sur les plans nationaux.

Au Niger, encore une défaillance sur le respect des cahiers des charges est parvenue. DATAPORT, partenaire stratégique peine à développer

l'infrastructure nationale conformément aux cahiers des charges. Les cahiers des charges ont été respectés à seulement 6%. Le mécontentement de la population s'ensuit mais des solutions correctrices tardent à venir. Certains vont même jusqu'à dénoncer la transaction et réclament le retrait des licences qui ont été accordées à DATAPORT.

Au vu de toutes ces expériences, on ne peut pas s'empêcher de remettre en cause le choix du partenaire stratégique mais également le pouvoir de négociation des gouvernements des pays africains.

Remise en cause du choix du partenaire stratégique

La méthode pour le choix du partenaire stratégique qui s'agit de faire recours à la voix d'appel d'offres devrait être abandonnée et remplacer par une méthode qui consiste à confronter les opérateurs historiques avec d'autres opérateurs ciblés. Cette méthode de recrutement de gré à gré d'un

partenaire stratégique permettrait une meilleure transparence dans la négociation et donc une négociation gagnant-gagnant où les contrats seront exécutés de bon gré, les cahiers de charges respectés.

2. Dépendance économique ou perte d'identité

Le label orange s'est imposé dans la sous-région subsaharienne, cette uniformisation des marques du groupe est-il comparable à une perte d'identité des marques locales ? Par l'intermédiaire de sa filiale Sonatel, France Télécom s'impose dans la région ouest africaine. Le label Orange qui a remplacé toutes les marques commerciales de la Sonatel depuis novembre 2006 s'impose désormais comme une marque régionale. Elle est présente dans neuf pays de la région à savoir la Guinée Bissau, le Mali, la Guinée, le Botswana, la Côte d'Ivoire, la Guinée équatoriale, le Madagascar, le Cameroun et bien évidemment le Sénégal. Ce déploiement de la Sonatel en Afrique peut être considéré par certains comme caractéristique de la naissance d'un nouvel opérateur régional. Mais soyez prudent car si on y voit de plus prés et avec plus de recul, l'on constate que ce phénomène n'est rien d'autre que le reflet du

renforcement de la présence étrangère dans les télécommunications ouest africaines. En effet, France Télécoms détient 42, 33% du capital de la Sonatel. Ceci est le résultat direct de la privatisation des opérateurs publics ce qui a entraîné l'ouvert à la concurrence du marché de la téléphonie mobile en Afrique. Cette ouverture à la concurrence internationale a livré le secteur aux multinationales, surtout européennes au moment tous les pays et surtout riches essayent de protéger leurs secteurs d'activités les plus rentables et fragiles à la concurrence internationale. Cette situation témoigne d'une double dénationalisation. D'une part des entreprises privées à l'image des multinationales européennes remplacent les opérateurs publics africains qui étaient censés être les garants du service minimum pour tous les citoyens. Ce qui laisse voir clairement le désengagement de l'état qui laisse ses citoyens être servis par des entreprises étrangères qui privilégient la maximisation du profit au détriment du développement réel des télécommunications dans la région. D'autre part, les entreprises africaines perdent lamentablement leur identité au moment où elles devraient privilégier la protection de leur

identité pour survivre. Cette perte d'identité aura bien des conséquences qui peuvent être fâcheuses aussi bien pour les entreprises, les hommes qui les dirigent et bien entendu sur le management de l'entreprise africaine. En outre, la plus lourde conséquence est d'ordre économique dans la mesure où cette perte d'identité va favoriser la dépendance économique de l'Afrique qui est déjà marquée en ce moment. L'exemple le plus patent est la substitution des marques commerciales de la Sonatel par le label Orange. Ces marques locales qui avaient été conçues selon des critères culturels et pour une population spécifique se trouvent être remplacées par des marques étrangères. Mais les principaux responsables sont les dirigeants africains. A l'heure où tous les dirigeants des autres régions du monde mettent à l'ordre du jour la protection des économies nationales ou régionales, ils se permettent eux d'opter pour la facilité en confiant la gestion publique à des sociétés étrangères. Ils appliquent naïvement les recettes libérales que leur ont inculqué les institutions de Bretton Woods en acceptant, sans contrepartie, de soumettre leurs économies aux règles du libéralisme. Pourtant les puissances qui en sont les portes drapeau, à l'image des européens et des américains, se gardent bien d'appliquer sur leurs propres marchés. Dans une situation pareille, on ne peut pas s'empêcher de s'interroger sur l'avenir de l'Afrique en tant que puissance économique indépendante.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand