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Diagnostic agraire du Bajo Andarax, Almería (Agriculture intensive sous serre et travail des immigrés)

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par Sarah Dauvergne
AgroParisTech - DAA 2007
  

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3. Les salaires

Nous avons vu que le travail salarié est très important et que les hauts revenus agricoles sont en fait une ponction sur la valeur ajoutée produite par les salariés. C'est ce rapport de force entre le propriétaire de la terre et le travailleur qui apparaît aujourd'hui assurer la prospérité de l'agriculture d'Almeria, bien que qu'historiquement, ce sont au contraire la diminution des rapports sociaux injustes et l'agriculture familiale qui a permis le développement de la région.

L'absence d'organisation syndicale et le renouvellement très rapide de la main d'oeuvre (la plupart des immigrés quittent la province d'Almeria dès qu'ils sont régularisés et ils sont remplacés par de nouveaux arrivants) sont des freins à des revendications sociales qui permettraient de mettre à jour les tensions sociales et d'établir un équilibre acceptable entre la rémunération du travail salarié et du travail familial.

Il existe plusieurs types de travailleurs salariés : les journaliers, les travailleurs temporaires (plusieurs mois sur la même exploitation) et les salariés permanents (plusieurs années sur la même exploitation) qui ont en général de meilleures conditions de travail (partage du temps de travail entre la récolte sous serre et le calibrage) et de meilleure conditions de vie (contrat de travail avec une rémunération fixée, sécurité sociale, logement, retour annuel dans leur pays d'origine). En échange ils doivent, à l'instar de la main d'oeuvre familiale, allonger leurs journées pendant les pointes de travail, sans recevoir de rémunération supérieure, voire sans recevoir de rémunération. Mais la plupart des salariés (journaliers et temporaires) sont des clandestins obligés d'accepter une rémunération très faible : les salaires reçus par les salariés clandestins tournent autour de 30 € par jour alors le salaire agricole minimum légal est de 40 € par jour (5 € par heure), auxquels s'ajoutent les charges sociales de 6 €, ce qui élève le cout du travail à 46 € par jour.

L'emploi de salariés permanents peut amener les agriculteurs à faire des choix différents, par exemple à continuer à produire quand les prix baissent à la fin de la campagne, même si ça ne lui rapporte rien et lui permet juste de payer les salariés. Mais c'est une façon de « fidéliser » des travailleurs qu'il a formé et à qui il a permis d'obtenir un contrat de travail. Dans le choix des travailleurs permanents, les agriculteurs vont aussi effectuer une forme de discrimination puisqu'ils préfèrent des salariés avec qui il y a peu de risque qu'ils partent dès qu'ils auront obtenu un contrat de travail, typiquement les familles ou les femmes avec des enfants. Il arrive que certains salariés qui travaillent pendant une dizaine d'année avec le même propriétaire obtiennent des terres en métayage, cela concerne un nombre infime de personnes en regard du flux de migration qui passe par Almería mais représente un nombre non négligeable de métayers et a tendance à s'accentuer. Dans certains cas, l'espoir d'obtenir des terres en métayage peut également participer à une forme de « fidélisation » et faire taire les revendications.

Nous allons étudier comment les salaires influencent le revenu agricole. Les salaires utilisés jusque là sont moyens (35 €/heure). Nous allons voir ce qui se passe si une pression très forte fait descendre les salaires jusqu'à 25 € par heure, ce qui arrive parfois, et si au contraire, les salaires augmentent jusqu'à 45 € par heure (ce qui correspond au cout légal du travail).

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25000

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RA/actifsF

agriculture familiale

salaires faibles

salaires élevés

petite agriculture
patronale
salaire moyens

m2/actifsF

Figure 40 : effet d'une variation de salaires sur le revenu pour la petite agriculture patronale

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RA/actifsF

salaires faibles

salaires élevés

grande agriculture
patronale
salaire moyens

m2/actifsF

Figure 41 : effet d'une variation de salaires sur le revenu pour la grande agriculture patronale

Dans le cas de l'agriculture familiale, la variation de revenu tient seulement à l'emploi de journaliers quelques jours par an, elle est de l'ordre de 1%, en ce qui concerne la petite agriculture patronale, la variation de revenu liée à une variation de salaire est de l'ordre de 12 % et dans la grande agriculture patronale, de l'ordre de 18 %. Ces calculs, comme précédemment, ne tiennent pas compte des incitations, dans le cas d'une augmentation des salaires, les agriculteurs peuvent réagir en décidant de diminuer la production et d'employer moins de main d'oeuvre salariée pour limiter leur baisse de revenu, si cette baisse est structurelle, cela peut les amener à changer le système de production.

Les variations de revenu dues aux salaires sont assez faibles si on les compare avec l'impact d'une baisse du produit brut (rendement*prix). La viabilité des exploitations agricoles ne dépend pas directement des salaires mais la flexibilité des salariés permet de gérer la prise de risque due aux variations de prix et à l'endettement. Face aux risques liés à la variabilité des prix et aux emprunts, les salaires sont le seul facteur sur lequel les agriculteurs peuvent réellement influer. Une grande part de l'incertitude de la culture de tomates à Almería se reporte donc sur les salariés. La flexibilité de la main d'oeuvre est nécessaire aux agriculteurs car elle permet de gérer le risque : ils peuvent employer ou au contraire renvoyer les salariés en suivant au plus près les fluctuations de prix imposées par le marché.

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