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Contribution du Bois Energie aux moyens d'existence durables des ménages riverains de la Réserve de Biosphère de la Pendjari


par Abdelaziz LAWANI
Faculté des Sciences Agronomiques de l'Université d'Abomey-Calavi
Traductions: Original: fr Source:

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7-2-3- Pauvreté et participation des ménages aux actions de gestion de la RBP

Dans le but d'apprécier la relation entre le niveau de prospérité des ménages étudiés et leur participation aux actions de gestion telles que faites par le CENAGREF, le tes X2 a été réalisé. Le Tableau XX présente le niveau de participation des ménages enquêtés en fonction de leur niveau de prospérité et les résultats du test de X2

Tableau XX : Niveau de participation des chefs ménage enquêtés en fonction de leur niveau de prospérité

Niveau de participation

Niveau de prospérité

Total

 

Très riche

Riche

Prospérité moyenne

Pauvre

Très pauvre

 

% au niveau de l'échantillon

(120 ménages)

Faible

4,17

7,5

6,67

5,83

24,17

48,33

 

0,83

3,33

4,17

3,33

5

16,67

 

10,83

8,33

5,83

2,5

7,5

35

Fréquence dans

le sous- échantillon Niveau de prospérité

Faible

26,32

39,13

40

50

65,90

 
 

5,26

17,3913

25

28,57

13,63

 
 

68,42

43,47

35

21,42

20,45

 
 

100

100

100

100

100

 

Khi-deux de Pearson Valeur =19,105 ddl= 8 Niveau de signification = 0,014**

 

Source : Enquêtes terrains juillet-octobre 2007

Le test du X2 de Pearson est significatif au seuil de signification de 5%. Ce qui nous permet de rejeter l'hypothèse Ho (le niveau de participation des ménages ne dépend pas du niveau de prospérité) et de conclure que le niveau de participation des ménages aux actions de gestion telles que faites par le CENAGREF dépend du niveau de prospérité du ménage. Mais ce test ne nous donne pas le sens de cette dépendance. Pour apprécier l'importance du niveau de participation selon le niveau de prospérité, il faut considérer la distribution de la fréquence du niveau de participation dans chaque sous-échantillon de niveau de prospérité tel que présenté dans le Tableau XX. La Figure 16 qui suit illustre la tendance traduite par ce tableau

80 -7 IO Faible

participation

60 --F./

40 -7 Moyenne

participation

20

Riche Prospérité moyenne Pauvre Très pauvre

la Forte participation

o

Très riche

Figure 16 : Fréquence du niveau de participation selon le niveau de prospérité

Cette figure montre que lorsqu'on passe du groupe des très riches aux très pauvres, le pourcentage de ceux qui ont une forte participation diminue alors que le pourcentage de ceux qui ont une faible participation augmente. Lorsqu'on sait qu'une forte participation correspond au fait d'être membre de l'AVIGREF et d'être prêt à participer aux actions de gestion telles que faites par le CENAGREF, on peut donc conclure que les très riches participent beaucoup plus que les très pauvres. De même sachant que la faible participation correspond au fait de n'être ni membre de l'AVIGREF, ni prêt à participer aux actions de gestion telles que faites par le CENAGREF, on peut conclure que plus les ménages sont pauvres, moins ils participent. Au total le niveau de participation à la gestion de la RBP s'améliore avec le niveau de prospérité des ménages. Ainsi donc pour voir les pauvres participer aux actions de gestion, il faudrait améliorer leur niveau de prospérité en encourageant les activités génératrice de revenu par exemple.

De l'analyse du Tableau XX, il ressort que, concernant le taux de participation en général, la majorité des chefs ménage (48,33%) affichent une faible participation pour les actions de

conservation de la RBP. Les raisons qui expliquent cet état de chose sont leur niveau d'information par rapport à l'AVIGREF et les frais d'adhésion et souscriptions annuelles. Parmi les ménages non membres, certains n'ont jamais entendu parler de l'AVIGREF (20%). Des 80% qui en ont entendu parler, beaucoup en ont une mauvaise compréhension ou une incompréhension imprécise (75%) et très peu en ont une bonne compréhension. Mais presqu'eux tous (78,8%) s'accordent à reconnaître que l'AVIGREF est efficace dans la conservation de la RBP. D'autres raisons expliquent leur faible disposition à la gestion telle que faite par le CENAGREF. Il s'agit de la nuisibilité des animaux de la faune (73% des ménages qui affichent une faible participation l'ont mentionné) et la limitation des possibilités d'exploitation des ressources forestières (82%). Les dégâts causés par les animaux sont considérables. La déprédation des cultures par les herbivores et la prédation du bétail par les grands carnivores sont fréquentes dans la zone d'étude. Les populations se retrouvent impuissantes devant les dommages occasionnés par les animaux. En effet ils n'ont pas le droit de tuer ces animaux ni même de porter atteinte à leur intégrité physique pour les dissuader. Cette situation a engendré la modification des habitudes culturales qui doivent désormais s'adapter à la nouvelle donne : la cohabitation avec la faune. On a même vu certaines cultures disparaître dans certaines régions. A Porga par exemple on ne cultive plus l'igname car les éléphants seraient attirés par cette culture et ils viendraient toujours ravager les champs d'igname. Ceci a eu pour conséquence évidente l'érosion culturelle au niveau des jeunes générations. Par exemple un jeune de 20 ans de Porga ne connait pas l'itinéraire technique de l'igname. La loi prévoit l'indemnisation des producteurs en cas de dégâts causés par la faune. Mais rares sont les cas où les populations ont été indemnisées. La situation se complique donc pour des populations déjà pauvres qui ne peuvent plus tirer profit de leurs activités agricoles parce que dévastées par des animaux venant d'une réserve dont ils ne jouissent pas totalement. Ils ne peuvent se défendre contre les agressions de ces animaux : la législation l'interdit. Tout ceci emmène les populations à être peu disposées à participer aux actions de gestion. Par ailleurs, le système institutionnalisé de surveillance des aires protégées par des agents est parfois la cause directe de divisions et de conflits importants au sein des villages. Une atmosphère de confiance règne entre les populations, et de plus, les membres des AVIGREF chargés du contrôle craignent pour leur vie. Ils ne risquent pas de pénétrer dans la RBP seuls à cause des braconniers qui pourraient en profiter pour les abattre. Cet environnement peu sécurisé pousse certains à penser à démissionner.

Au total les raisons qui concourent à la faible participation des populations sont :

ü L'insuffisance de formation/sensibilisation des populations sur la gestion durable des ressources forestières ;

ü L'analphabétisme quasi total des membres des AVIGREF (15%) face à des textes complexes en langue étrangère (français) ;

ü La non indemnisation des paysans suite aux dégâts des animaux déprédateurs ;

ü La pauvreté qui contraint les gens à exercer des activités de subsistance peu respectueuses de la pérennité des ressources forestières.

Par ailleurs, une proportion non négligeable (35%) est disposée à participer aux actions de conservation. Cette forte proportion est liée au fait que beaucoup de chefs ménage sont membres (45,8%) des AVIGREF. Les raisons qui les poussent à adhérer sont diverses : besoin d'occupation (0,8%), augmentation de leur revenu (24,2%), bénéficier d'aide extérieure (5,8%), l'engagement pour la protection de la nature (5,8%) et pour d'autres raisons (9,2%). Ces chefs ménage membres de l'AVIGREF considèrent que les intérêts que peut offrir une telle association à ses membres sont économique (36,7%), social (3,3%). Elle permet aussi de protéger l'environnement pour une utilisation durable pour ses membres (5%).

Enfm peu de chefs de ménages affichent une moyenne participation (16,67%). Ce chiffre traduit le fait que si les chefs de ménages sont membres des AVIGREF ils sont prêts à participer aux actions de gestion telles que faites par le CENAGREF, et s'ils ne sont pas membres ils ne sont pas prêts non plus à participer à cette gestion telle que faite par le CENAGREF. Donc l'appartenance aux AVIGREF les pousse à adhérer aux idéaux du CENAGREF Ainsi l'adhésion des beaucoup de chefs de ménages aux AVIGREF, améliorera le taux de participation aux actions de gestion telles que faites par le CENAGREF. Supprimer les barrières d'adhésion aux AVIGREF pourrait être un début de solution.

De tout ceci il apparaît que la question de la participation dépendra du bénéfice que les populations tireront de cette gestion. La participation, vue sous cet angle, peut constituer un moyen d'améliorer la qualité et l'efficacité de la gestion de la RBP dans la mesure où elle favorise l'adhésion des populations et encourage ainsi leur soutien et leur contribution à celle-ci. Par ailleurs, cette participation permettra également de faire appel et de se servir des connaissances et des capacités locales dans la gestion de la RBP. Mais la question essentielle qui reste posée est comment faire participer (ou bénéficier) réellement tout le monde ? Comment

concevoir, au-delà de l'élection des représentants des AVIGREF, une participation directe des populations à la base aux processus de gestion de la RBP. Le bois énergie semble être la solution qui répond à ce double objectif : 70% des Producteurs de bois énergie se disent prêts à planter des arbres qu'ils pourront utiliser plus tard comme bois de feu. Aussi nous avons montré que les populations riveraines de la RBP, et surtout les plus pauvres, en dépendaient pour leur besoins en combustible mais aussi pour le revenu qu'elles en tirent. Tous les ménages tirent donc profit du bois énergie Ainsi donc la création de parcs communautaires et l'organisation de marchés de bois énergie réglementés par les AVIGREF pourraient être une solution à la dégradation de l'environnement consécutive à l'exploitation du bois énergie, et à la participation des populations aux actions de gestion. En effet, leur dépendance vis-à-vis du bois énergie les obligera à s'intéresser quelque peu aux modifications dans leur environnement concernant cette ressource et, de plus, le revenu potentiel qu'ils vont en tirer sera un argument supplémentaire pour renforcer leur participation. Plus de revenus à travers l'exploitation du bois énergie les incitera à adopter des attitudes plus conservatrices pouvant permettre la durabilité de la ressource ligneuse. Le cadre favorable à la mise en oeuvre d'un tel programme devra être discuté par tous les acteurs impliqués. Les rôles devront être clairement définis.

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