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Opinion publique et géopolitique

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par Daouda GUEYE
Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) - Diplome d'Etude Approfondie (D.E.A) 2004
  

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2) OPINION PUBLIQUE ET MASS MEDIAS

« Le XIXè siècle, écrit Mattelard, sacre la communication « agent de civilisation ». Ses réseaux tissent une représentation du monde comme « vaste organisme » dont toutes les parties seraient solidaires. La notion biomorphique d'« interdépendance »- calquée sur l'image de l'interdépendance des cellules- ratifie ce sentiment généralisé de l'interconnexion des individus et des sociétés »39(*). Nous l'avons vu tout au long de ce travail, des avancées spectaculaires ont été enregistrées dans le domaine des technologies de l'information et de la communication. Ceci constituant un aspect des plus décisifs de la mondialisation en cours (on parle précisément de mondialisation de la communication), a fini par nous présenter un univers réticulaires, au sein duquel tous les éléments se trouvent interconnectés. La communication constitue un facteur déterminant dans la compression de l'histoire conçue comme processus événementiel. En effet les événements nous sont rapportés en temps réel, sur le mode du direct par les moyens de communication, télévision, radio, Internet... Tout cela participe également à l'annihilation des distances dans la mesure où tous les habitants de la planète peuvent, à un moment donné, être au fait de ce qui se passe comme événements historiques dans les autres parties du monde.

Véritable « agent de civilisation », la communication l'est ; et ceci est plus manifeste aujourd'hui encore, avec les progrès effectués avec une rapidité remarquable, dans ce domaine. Elle favorise la rencontre entre les diverses cultures, pallier qui doit mener, et mène effectivement à la civilisation de l'universel, synonyme de dialogue, de compréhension et de tolérance entre les différents peuples du monde. Les moyens de communication sont en cela des moyens également d'éducation, éducation des masses qui va dans le sens de les éclairer sur certains problèmes dont le caractère technique, par exemple, ne leur permet pas d'en avoir une compréhension adéquate. En effet, opiner c'est juger. Or ce n'est qu'en fonction de son niveau de conscience et de connaissance par rapport à un objet que l'homme, le citoyen formule des jugements ; et c'est selon ces jugements que les citoyens vont adopter une attitude donnée par rapport à cet objet. Ici s'éclaire un peu la raison pour laquelle la foule a toujours suscité une crainte, voire une haine de la part des politiques. « L'opinion, écrit Alain, est chose fermée, muette, secrète, obstinée. A qui la faute ? Il faut instruire ; et Marc Aurèle a dit là dessus le dernier mot : « Instruis-les, si tu peux ; si tu ne peux pas les instruire, supporte-les »40(*) Si l'opinion n'est pas clairement informée de ce qui se passe, elle se laisse, en général, convaincre par la rumeur, l'émotion etc., et devient ainsi une proie facile pour toute sorte de propagande.

Les médias jouent un rôle crucial dans la formation de l'opinion publique. La télévision, la radio, la presse écrite et aujourd'hui l'Internet, constituent les moyens majeurs par lesquels une grande partie de cette opinion publique règle son comportement aussi bien dans le domaine de la politique que pour ce qui est de la consommation. C'est surtout vrai pour les jeunes, atteints, selon le mot du chanteur, de « syndrome du canapé ». Cela confère, comme nous l'avons déjà dit, une puissance inestimable à ces mass médias. D'où la question : Est-ce que ces derniers pourront, pour une raison ou une autre, résister à la tentation de se servir de cette masse d'individus, à leur merci, pour faire passer leurs intérêts crypto-personnels ? La question semble mal posée, à moins que l'on ne confonde l'instrument et celui qui le manie. Les médias ont tous pour objectif, du moins dans leur principe, d'informer objectivement le citoyen de ce qui se passe ; cela se lit à travers leur devise. Seulement, ce sont des hommes qui manient ces instruments, et, en général, on trouve derrière ces médias de grands groupes industriels, des entreprises, des partis politiques etc. Soumis à la pression de ceux-ci, est-ce que les médias ne pourraient pas être portés à se défaire de leur vocation principale qui est d'informer juste et vrai, pour finalement servir de moyens de propagande à ces derniers ? Ajouté à cela, nous pouvons évoquer l'appât du gain, les risques de corruption, l'argent facile, les chantages que peuvent éventuellement subir les journalistes, mais aussi la loi du marché qui valorise l'efficacité en termes de rentrées de fonds au détriment de la scientificité(l'audimat, le volume de tirage...).

Le terme mass média s'origine de l'expression anglo-latine mass média qui signifie moyen de communication de masse et désigne la totalité de la télévision, de la radio, de la presse écrite, bref de la presse écrite et audiovisuelle à diffusion massive. Les médias obéissent dans leur principe à un ensemble de règles et de devoirs auxquels ils sont tenus de se référer dans leur activité d'information. C'est cet ensemble de règles et de devoirs que l'on désigne sur le nom de déontologie. Tous les corps de métier ont d'ailleurs une déontologie à laquelle ils sont tenus, pour ne pas agir de façon à occasionner un réel déplaisir au regard des normes établies par la société. Les peuples, aujourd'hui, forment une véritable société mondiale, certes pas régie par un droit, mais ayant tout de même un noeud éthique dont les fibres se constituent de ce qu'il y a de plus fondamental dans la culture humaine. Que ce soit aussi au niveau national ou international, les médias ont un certain nombre de règles et de devoirs professionnels à respecter pour gagner ce qui constitue, à notre avis, leur âme, à savoir la crédibilité aux yeux et aux oreilles des téléspectateurs et des auditeurs. Ces devoirs essentiels des médias dans la quête, l'acquisition, le traitement et la diffusion de l'information sont contenus entre autres dans la Charte de Munich de 1970, encore appelée Charte de déontologie de la presse régionale dont voici quelques extraits. La Charte dispose que le journaliste doit : 1) Respecter la vérité, quelle qu'en puissent être les conséquences pour lui-même [...] ; 2) Défendre la liberté de l'information [...] ; 3) Ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui de publicitaire ou de propagandiste [...] ; 4)Refuser toute pression [...]. Par ailleurs dans tous les Etats, existent des institutions de régulation de l'activité des médias.

Dans un ouvrage intitulé Les nouveaux chiens de garde publié en 1997, Serge Halimi, journaliste au mensuel Le Monde diplomatique, nous livre le diagnostic qu'il a établi du journaliste en France. Selon ce diagnostic, « (...) coincé entre le propriétaire du journal, son rédacteur en chef, son audimat, sa concurrence et ses complicités croisées, le journaliste n'a plus guère d'autonomie.(...) Révérence face au pouvoir, prudence devant l'argent : cette double dépendance de la presse française crée déjà les conditions d'un pluralisme rabougri. »41(*)(*) Nous pouvons lire à travers ces propos quelques uns des principaux obstacles à un fonctionnement plus ou moins objectif des médias, des obstacles que l'on peut parfaitement mettre sur le compte de l'économisme qui a gagné tous les domaines d'activité de l'homme. Comme avec les autres domaines, l'affairisme a fini de grever le traitement et la diffusion de l'information. Cette situation a, selon Halimi, donné naissance à un journalisme de marché qui ne se préoccupe plus que de l'audimat et du volume de tirage, ce que cela peut lui rapporter, et dont l'essence est la rentabilité. Elle a également transformé le journaliste « en machine de propagande de la pensée du marché ». Ainsi, la presse depuis toujours considérée comme le quatrième pouvoir du fait de son attitude critique vis à vis de l'action des politiques, mais aussi en raison de son rôle de formatrice de l'opinion publique par une information plus approchante de la vérité et de l'objectivité que d'autre chose - condition nécessaire pour l'exercice de la démocratie -, demeure aujourd'hui dominée, toujours selon Halimi, par un journalisme de révérence, par des groupes industriels et financiers, par une pensée de marché, par des réseaux de connivences... Finalement, « un petit groupe de journalistes omniprésents - et dont le pouvoir est conforté par la loi du silence - impose sa définition de l'information - marchandise à une profession de plus en plus fragilisée par la crainte du chômage. Ces appariteurs de l'ordre, dit Halimi, sont les nouveaux chiens de garde de notre système économique. »42(*)

La question qui surgit aussitôt, après la lecture des quelques extraits de ce livre, c'est comment dans le cadre de ce journalisme mercantiliste et guère autonome, ne pas penser à une éventuelle manipulation de l'opinion publique à des fins de profit ? Coincé entre le propriétaire du journal, son rédacteur en chef, son audimat, la concurrence et les complicités croisées, est-ce que le journaliste peut ne pas fouler au pied les dispositions du code de déontologie qui régit l'exercice de sa profession ?

Au final, tout cela nous conduit tout droit vers des médias qui, pour augmenter la taille de leur audimat et ainsi faire des profits, verse dans le sensationnalisme, par exemple, qui consiste à mettre entre parenthèse l'objectivité qui, même si elle est irréalisable, doit rester l'idée régulatrice de l'activité du journaliste. Par la manière suggestive de diffuser l'information, les titres à la une, le vocabulaire, les photos et le ton employé, certains médias utilisent les émotions du public pour parvenir à leurs objectifs propagandistes.

Dans le point précédent, il était question de la propagande menée par les politiques envers l'opinion publique. Eh bien c'est le cas justement de noter que l'un des moyens les plus utilisés par ces derniers se trouve être les médias. En effet c'est par leur canal que ces politiques mènent des campagnes de désinformation visant à anesthésier l'opinion ou à la garder divisée sur sa conception de réalité. Et cela fonctionne bien en général à cause de la dépendance de l'opinion publique par rapport à ces médias, qui fait que ceux-ci peuvent incruster n'importe quelle idée dans le psychisme de n'importe quel individu.

Les médias peuvent toutefois s'adonner à la désinformation involontairement, sans en être conscients. C'est ce qui arrive lorsque les politiques ou les groupes industriels ou financiers parviennent à leur faire relayer des informations qui, à vrai dire, n'en sont pas, et dont le but caché est de berner l'opinion, de la manipuler pour des intérêts divers. Nous l'avons dit plus haut avec Brzezinski, l'histoire est devenue compressée, les événements se succèdent à une vitesse vertigineuse propre à donner tournis aux médias qui, obnubilées par la recherche de scoops, et désireux de détenir l'exclusivité quant à la diffusion d'une information, n'arrivent plus, sinon difficilement, à avoir cette dose de lucidité que seul permet un recul critique, et qui est seule à pouvoir les immuniser contre l'intoxication. Ajoutons à ce tableau l'incompétence dont parfois font montre les journalistes et qui est pour les exposer à cette manipulations dont nous venons de parler. Dans tous les cas, c'est l'opinion publique qui en pâtit car, même si les médias peuvent voir leur réputation affectée dans les cas où ils sont eux-mêmes victimes de la propagande - ce qui ne peut manquer d'avoir un impact sans doute négatif sur leurs rentrées financières -, celle-ci, atteignant l'opinion par leur canal, peut encore causer beaucoup de souffrances et douleurs. Et le temps que les médias mettrons pour débusquer la vérité des faits et la transmettre à l'opinion, celle-ci se trouve déjà prise dans les mailles de ceux qui ont fomenté cette campagne de désinformation et qui, acquérant une légitimité par le fait que l'opinion publique, si ce n'est dans son entièreté, du moins dans sa majorité, leur est acquise, font passer leur dessein sans accros. Généralement, cela s'accompagne de situations dramatiques dont les membres de l'opinion publique sont les premières et les principales victimes.

L'avènement de l'Internet, malgré l'enthousiasme que ce dernier soulève, du fait des facilités qu'il apporte par rapport à l'accès à une information diversifiée, n'est pas pour arranger les choses. En effet, en l'absence de toute réglementation régissant l'utilisation et la publication d'informations via ce médium, il devient très difficile, voire quasi impossible de vérifier l'authenticité de celles-ci. Aujourd'hui c'est surtout sur Internet que la « guerre des informations », c'est à dire la propagande et la contre-propagande, fait rage. Et ce qu'il y a d'ironique dans cet état de choses, c'est le fait que ceux-là qui ont conçu ce médium, c'est à dire les pays occidentaux, ne sont guère les seuls à pouvoir s'en servir. Leurs adversaires également l'utilisent aux mêmes fins. C'est d'ailleurs le constat fait par Huntington : « Même les anti-occidentaux et les extrémistes de la revitalisation des cultures indigènes n'hésitent pas à utiliser les techniques modernes du courrier électronique, des cassettes et de la télévision pour promouvoir leur cause »43(*)

Voilà la situation inconfortable dans laquelle se trouve l'opinion publique, prise dans l'étau de la propagande des politiques et celle des médias. Dans cet contexte, elle n'a que les mains trop liées pour bouger dans le sens de se mobiliser pour la réalisation d'idéaux tels que la paix perpétuelle, l'égalité, la liberté, le bonheur...

* 39 A. Mattelard, op.cit, p. 35.

* 40 Alain, op.cit.,

* 41 Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde, Liber, 1997.

* http:// www.mapage.noos.fr/moulinhg

* 42 Op.cit.,

* 43 S. P. Huntington, op.cit., p.103.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway