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Impact de la qualité de service perçue sur l'engagement à  la boutique de quartier: application aux produits de petit dejeuner

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par Bassirou DABO
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - DEA 2009
  

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Section 2 : L'engagement

L'approche transactionnelle qui a longtemps dominé la littérature marketing, appréhende l'échange comme un processus limité dans le temps où chaque transaction est considérée comme unique procède d'un commencement, d'un déroulement et d'une fin qui lui est propre. Elle est caractérisée par une absence totale de considération du client par le vendeur, aucune relation n'est nouée avec lui. Le comportement du consommateur est réduit à un acte d'achat ponctuel.

Avec une concurrence de plus en plus forte, des marchés instables et une révolution dans les nouvelles technologies de l'information et de la communication, le client devient plus rare et plus exigent, ainsi le transactionnel cède la place au relationnel. Etablir, développer et maintenir une relation de qualité avec le client deviennent les maîtres mots du marketing relationnel. Cette approche se fonde essentiellement sur les hypothèses suivantes :

H1 : l'échange relationnel est un processus temporel continu.

H2 :l'échange relationnel secrète un ensemble de liens sociaux qui ont pour effets de « tenir » les partenaires dans la relation.

Ces hypothèses renvoient directement à la notion de fidélité qui a fini par occuper le coeur de la recherche en marketing. Aborder dans la littérature selon trois approches, comportementale, attitudinale et composite ; la fidélité du consommateur intègre deux réalités temporelles : celle de la relation durable et celle de la transaction ponctuelle.

Elle est définie par Oliver 41 comme « un engagement exprimé par le

consommateur d'acheter de nouveau un produit ou un service qu'il préfère, de manière cohérente dans le futur en dépit des influences situationnelles et des effets marketing qui

41 Oliver R.L. (1997) Satisfaction: a behavioral perspective on the consumer, Mc Graw-Hill International Editions.

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peuvent induire un changement de marque ». Quant à Engel42 , Jacoby et kyner43 c'est un phénomène essentiellement relationnel dans lequel l'individu développe un degré d'engagement envers une ou plusieurs marques. La fidélité est « l'expression de la relation durable établie envers la marque, abordée généralement dans la littérature à travers la notion d'engagement et se manifeste concrètement lors des épisodes d'achat et de consommation »44.

Toutes ces définitions renvoient directement à l'engagement, un concept très proche de la fidélité que certains auteurs confondent même. Amine45, Terrasse46considère l'engagement comme un antécédent immédiat de la fidélité tandis que Garbino et Johnson47 l'appréhendent comme une dimension psychologique de la fidélité. Day48 abonde dans le même sens en le considérant comme une forme de fidélité. Morgan et Hunt49 le définissent comme « la croyance d'un partenaire d'échange qu'une relation continue avec un autre est tellement importante qu'il s'agit de produire les effets maximums pour la maintenir : autrement dit la partie engagée croit qu'il vaut mieux s'investir pour assurer que la relation dure indéfiniment ». Si l'engagement en marketing est associé à la résistance au changement de fournisseur, de point de vente ; il est également étudié en psychologie sociale et en gestion des ressources humaines. En psychologie sociale l'engagement désigne « une récapitulation globale, interne et subjective de tous les facteurs qui sont sous jacents aux décisions de rester/partir » Arigote et Resbult50. Tendis qu'en gestion des ressources humaines il est « l'intensité relative de

42 Engel J. F., Blackwell R. D., Miniard P. W. (1995) Consumer behaviour, 8th edition, The Dryden Press

43 Jacoby J., Kyner D. (1973) op cit

44 N'Goala G. (2003) Proposition d'une conceptualisation et d'une mesure relationnelle de la fidélité, 19ème Congrès de l'Association Française du Marketing, Tunis

45 Amine A. (1994) op cit.

46 Terrasse C. (2003) Proposition et Validation d'une Echelle de l'Engagement à la Marque, Actes du Congrès International de l'AFM, Tunis,

47 Garbarino E., Johnson M. (1999) op ci.

48 Day C. (1994) op cit.

49 Morgan et Hunt (1994) op. cit

50 Arigote et Resbult (1992) op cit.

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l'identification et de l'implication dans une organisation particulière, l'engagement peut être caractérisé par au moins trois facteurs : une forte croyance et acceptation des buts et des valeurs de l'organisation, une volonté de poursuivre des efforts considérables au profit de l'organisation et un fort désir de demeurer membre de l'organisation »51.

I. L'engagement dans les autres disciplines

L'engagement est un concept pluridisciplinaire. Avant d'aborder les recherches faites en marketing sur ce construit nous allons voir quelques travaux abordés en psychologie sociale et en organisation.

1. L'engagement en psychologie sociale

Défini par Myers et al52 comme l'étude scientifique de la façon dont les gens se perçoivent, s'influencent et entrent en relation les uns avec les autres; la psychologie sociale a développé une riche théorie de l'engagement qui a beaucoup influencé les recherches sur ce concept en gestion des ressources humaines et en marketing.

a. La théorie de l'engagement

Kiesler53 est considéré comme le père fondateur de la théorie psychologique de l'engagement, il le définit comme « le lien qui unit l'individu à ses actes

51 Mowday et al (1979) The measurement of organizational commitment, Journal of Vocational Behavior,

52 Myers et al (1922), Luc, Psychologie sociale, Montréal

53Kiesler, C.A. (1971). The psychology of commitment. Experiments linking behaviour to belief. New-York et London: Academic Press.

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comportementaux ». D'après cette définition, seuls les actes engagent les individus et l'engagement d'un individu présente une intensité variable et contrôlable.

D'après Joule et Beauvois54 la définition de Kiesler ne prend pas en considération le contexte de réalisation de l'action et le rôle important dans le processus de création d'engagement c'est pourquoi ils préfèrent le définir comme « correspondant, dans une situation donnée, aux conditions dans lesquelles la réalisation de l'acte ne peut être imputable qu'à celui qui l'a réalisé. »

Kiesler conceptualise l'engagement de la manière suivante :

Figure 1.4 : L'engagement selon Kiesler

 
 

Actes

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Conditions de réalisation de l'acte : coût, répétition, caractère explicite etc.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Résistance aux changements

 
 
 

Source : Julienne (2006)55

 
 

b. La théorie de joule et Beauvois

i. Les conditions de l'engagement

Joule et Beauvois56(1998) se sont demandés « quelles sont les conditions situationnelles qui feront d'un acte donné un acte engageant ? C'est-à-dire un acte qui

54Joule, R. V. et Beauvois, J. L. (1998). La soumission librement consentie. Paris : Presses Universitaires de France.

55 Julienne.E (2006), proposition d'un modèle conceptuel de l'engagement

56 Joule et Beauvois (1998) idem

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pourra être opposé à celui qui l'a réalisé par un quelconque attributaire »57. Ils ont trouvé plusieurs facteurs regroupés dans deux catégories permettant d'engager l'individu. Il s'agit de la catégorie relevant de la taille de l'acte d'une part, et celle liée à la raison de l'acte d'autre part.

Concernant la première catégorie Joule et Beauvois58 déterminent :

> Le caractère public de l'acte : un acte réalisé publiquement est plus engageant qu'un acte anonyme.

> Le caractère explicite de l'acte : un acte explicite est plus engageant qu'un acte ambigu.

> L'irrévocabilité de l'acte : un acte irrévocable est plus engageant qu'un acte révocable.

> La répétition de l'acte : un acte répété est plus engageant qu'un acte non répété.

> Les conséquences de l'acte : un acte est d'autant plus engageant lorsqu'il est lourd de conséquences.

> Le coût de l'acte : un acte est d'autant plus engageant qu'il est coûteux59. S'agissant de la deuxième catégorie, elle concerne les facteurs liés aux raisons de l'acte on a :

> Le contexte de liberté dans lequel l'acte est réalisé : un acte réalisé dans un contexte de liberté est plus engageant qu'un acte réalisé dans un contexte de contrainte.

> Les raisons externes : un acte est d'autant plus engageant qu'il ne peut être imputé à des raisons externes comme promesse de récompense, de menaces, de punition et qu'il peut être imputé à des raisons internes comme les valeurs personnelles, traits de personnalités etc.

57 Qu'il s'agisse de l'acteur lui-même ou d'un observateur

58 Joule et Beauvois (1998) op. cit

59 En argent, en temps, en énergie etc.

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ii. Les effets de l'engagement

Joule et Beauvois60 ont distingué les actes problématiques des actes non problématiques. Ils considèrent les actes problématiques comme ceux qui sont contraires à nos idées, nos conceptions de valeur voire notre motivation profonde et les actes non problématiques comme ceux conforment à ces derniers.

D'après Joule et Beauvois61 les effets de l'engagement sont perceptibles sur le plan cognitif et comportemental.

> Sur le plan cognitif :

v' S'il s'agit d'un acte non problématique l'engagement débouche sur la consolidation des attitudes, sur une plus grande résistance aux agressions idéologiques et aux changements (effet de gel) voire une extermination de l'attitude initiale en cas d'agression.

v' S'il s'agit d'un acte problématique : l'engagement peut déboucher sur un meilleur ajustement de l'attitude à l'acte réalisé (effet de rationalisation) et donc d'un changement de l'attitude.

> Sur le plan comportemental :

Les effets concernant aussi bien les actes problématiques que ceux non problématiques sont la réalisation du comportement (effet pied dans la porte) et sa stabilisation.

60 Joule et Beauvois (1998) op. cit.

61 Joule et Beauvois (1998) idem.

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2. L'engagement en organisation

L'engagement est un concept qui a suscité beaucoup d'intérêts pour les chercheurs en organisation. Cependant il n'existe pas encore de consensus pour sa définition même s'il y'a une convergence. En effet, Mowday et al62 stipulent que l'engagement est « l'intensité relative de l'identification et de l'implication dans une organisation particulière, l'engagement peut être caractérisé par trois facteurs : une forte croyance et acceptation des buts et valeurs de l'organisation, une volonté de poursuivre des efforts considérables au profit de l'organisation et au profit d'un fort désir de demeurer membre de cette organisation » Alors que Dubé et al63 définissent l'engagement organisationnel comme la force qui réalise la reconstruction des éléments positifs (c'est-à-dire l'enthousiasme ressentie vis-à-vis de l'organisation comme l'identification ou l'intériorisation des valeurs) et négatif (c'est-à-dire la persévérance qu'exige la poursuite de la relation avec cette organisation comme les obstacles rencontrés et sacrifices nécessaires) associés à l'organisation. Meyer et Allen64 quant à eux considèrent l'engagement comme « un état psychologique qui a une influence sur la décision de rester membre de l'organisation ». Ces auteurs perçoivent trois formes65 d'engagement : affectif, normatif et de continuité. L'engagement affectif se réfère à l'attachement, l'identification et l'implication de l'employé dans l'organisation. Si un employé est engagé affectivement, il garde son emploi parce qu'il le veut. Quant à l'engagement normatif, il traduit le sentiment de devoir ou de responsabilité qu'a l'employé envers l'organisation. Un employé manifestant un fort engagement normatif conserve son emploi parce qu'il croit avoir une obligation morale envers l'organisation. Tandis que, l'engagement de continuité indique

62 Mowday et al (1979) op cit.

63Dubé et al (1997a). Development and validation of a three-factor model of commitment: From dynamic process to personal disposition. Manuscrit soumis pour publication, Université de Montréal.

64 Allen N.J., Meyer, J.P. (1991) A three component conceptualization of organizational commitment, Human Ressources Management Review, Vol. 1, N° 1, p. 61-89

65 Ce point sera détaillé dans la partie qui traite de l'engagement en marketing

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dans quelle mesure l'employé a conscience des coûts associés à son départ éventuel. Un employé exprimant un fort engagement de continuité garde son emploi parce qu'il en a besoin.

L'intérêt que suscite l'engagement organisationnel serait justifié parce qu'il semble être un très bon prédicateur de l'assiduité des individus et leur loyauté envers l'organisation66. En plus il est corrélé avec la stabilité du personnel, l'assiduité des employés, leur performance au travail, la qualité du service à la clientèle, et les comportements corporatifs67. Il est également un bon indicateur de la valeur du personnel68. Cela du fait que l'individu a besoin, pour son hygiène mentale, de trouver un sens à ses actions et à ses relations, à sa vie. L'individu a besoin de s'engager pour une cause qui corresponde à ses valeurs pour maintenir sa «forme psychologique»69. Cette recherche de sens implique souvent chez l'être humain un besoin de transcendance, un besoin de se dépasser, non pas dans le sens de l'actualisation de soi, mais dans le sens d'engagement pour une cause qui l'oblige à se détacher de ses intérêts personnels pour concentrer ses efforts sur un mode authentique d'existence avec ses semblables.

I. L'engagement en marketing

1. La nature de l'engagement

L'engagement est devenu aujourd'hui une variable incontournable de la théorie du marketing relationnel70. La littérature conceptualise deux formes d'engagement des acteurs économiques : l'approche attitudinale et l'approche comportementale71.

66 Blau et Boal (1989). Using Job Involvement and Organizational Commitment Interactively to Predict Turnover, Journal of Management

67 C'est à dire les comportements professionnels qui vont au-delà des attentes et des prescriptions de rôles attribués

68 Meyer et Allen (1997) Commitment in the workplace: Theory, research, and application sage publications

69 Yalom. I. D. (1980). Existential psychotherapy. New York : Basic Books.

70 Morgan et Hunt (1994) op. cit

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a. Engagement comportemental

La dimension comportementale de l'engagement représente les efforts que l'individu réalise effectivement pour maintenir la relation. Par leurs comportements, les acteurs démontrent mutuellement leur volonté de contribuer et de rester dans la relation, ceci au moyen d'efforts, d'investissements et de « gages ».

« Il n'y a pas lieu de considérer ce que le client pense, ni la manière dont fonctionne son système central. Son comportement est l'entière expression de sa fidélité » disait Trucker72. Ainsi, selon cette approche comportementale qualifiée également de behavioriste l'important est le comportement directement observable c'est-à-dire la constatation d'une fréquentation d'un point de vente ou de l'achat d'une marque pendant une période déterminée. Frisou73 le désigne par l'engagement implicite qui est « la connaissance que le client a de ses comportements d'achats envers le partenaire ou la marque » par distinction à l'engagement explicite définit comme « la volonté du client de maintenir, au prix d'un effort personnel, une relation qu'il juge importante et dont la valeur croit selon lui en fonction de la durée ». Selon Frisou l'engagement implicite influence l'engagement explicite.

Les conséquences de l'engagement comportemental sont : le rachat de la marque ou la fréquentation du point de vente afin de poursuivre la relation et la résistance au changement. Cette approche est vivement critiquée dans la littérature marketing notamment par Day74 pour qui le simple fait de fréquenter le point de vente ou d'acheter

71 Bown .S.P. (1996), A meta-analysis and review of organizational research on job involvement, Psychological Bulletin,

72 Tucker W.T. (1964) The development of brand loyalty, Journal of Marketing Research,

73 Frisou J. (2000) Confiance interpersonnelle et engagement : une réorientation béhavioriste, Recherche et Applications en Marketing,

74 Day (1994) op cit.

41

une marque ne justifie pas l'engagement ou la fidélité. Point de vu partagé par Raj75 pour qui la répétition d'achat peut être due à autre chose. Selon Day76 le vrai engagement est attitudinal77.

b. L'engagement attitudinal

L'attitude d'engagement est du domaine des intentions et des préférences des individus, elle correspond à l'intention de poursuivre la relation en cours, de développer une préférence pour les partenaires, elle est orientée sur le long terme. Pour certains chercheurs l'engagement vient de l'émotion, des sentiments d'affection et d'attachement envers les partenaires de la coopération, pour d'autres, l'engagement est cognitif et calculateur, c'est à dire qu'il est lié aux récompenses et aux coûts de continuation de la coopération.

Admettant plus d'adeptes dans la littérature, l'engagement attitudinal ne se limite pas à constater un comportement d'achat répétitif ou une fréquentation continue d'un point de vente mais s'efforce de mettre en lumière le processus d'évaluation psychologique qui conduit à ce comportement.

Morgan et Hunt (1994)78le considèrent comme la volonté d'un consommateur de poursuivre une relation avec un partenaire. Selon Allen et Mayer79 l'engagement est « un état psychologique ou une attitude relativement stable, forte et intense en faveur d'une relation ». C'est une « intension durable de développer et de maintenir une relation à long terme », d'après Anderson et Weitz 80. Egalement Gurvez81 estime que l'engagement est une « intensité implicite ou explicite de maintenir une relation durable avec la marque ».

75 Raj S.P. (1985) Striking a balance between brand popularity and brand loyalty. Journal of Marketing

76 Day (1994) op cit.

77 Terrasse C. (2003) op cit.

78 Morgan et Hunt(1994) op cit.

79 Allen et Mayer (1993), op cit.

80 Anderson E., Weitz B. (1992) The use of pledges to build and sustain commitment in distribution channels, Journal of Marketing Research,

81 Gurviez P. (1998) La confiance du consommateur dans la marque, conceptualisation, mesure et management, 14ème Congrès de l'Association Française du Marketing

42

Ces auteurs ont particulièrement insisté sur la relation à long terme, d'autres cependant relient l'engagement à l'attachement. C'est le cas de Kapferer et Laurent82 ainsi que Aaker83 pour qui l'engagement se rapporte au degré d'attachement qu'un consommateur éprouve pour une marque ou un point de vente. De même que Beattis84 selon qui, l'engagement est un attachement émotionnel ou psychologique à l'intérieur d'une catégorie de produits donnée. Egalement Geyer et al85 considèrent l'engagement comme « une tendance à continuer d'utiliser une marque et à s'attacher à celle-ci ». Amine quant à lui propose que l'engagement soit la « volonté d'un individu de maintenir sa relation avec un objet sur la base d'attachement affectif et de son identification à celuici.

Défini en termes de relation à long terme ou d'attachement, les auteurs semblent s'être mis d'accord sur le fait que l'engagement attitudinal permet de reconnaître la « vraie fidélité ». C'est ainsi que Day86 stipulait que « il y a bien autre chose dans la fidélité que le simple achat systématique, les attitudes par exemple ». Selon lui le comportement de rachat systématique non accompagné d'une attitude favorable exprime une fausse fidélité.

Il apparaît clairement que l'engagement s'inscrit davantage dans l'approche attitudinal. Cependant depuis quelques temps on assiste à l'émergence d'une nouvelle approche qualifiée de composite. Cette dernière que nous allons adopter consiste à allier à la fois une attitude favorable en plus d'un comportement d'achat répété ou d'une fréquentation régulière du point de vente sans pour autant prétendre à l'exclusivité. Car

82 Kapferer J.N., Laurent G. (1992) La sensibilité aux marques : un nouveau concept pour gérer les marques, Fondation Jours de France pour la Recherche en Publicité, 1983, 2ème édition 1992, Editions d'Organisation, Paris

83 Aaker D.A. (1991) Managing brand equity, capitalizing on the value of brand name. The Free Press

84 Beatty S.E., Kahle L.R., Homer P. (1988) The involvement-commitment model: Theory and implications. Journal of Business Research,

85 Geyer P.et al. (1991) Predicting brand commitment, Mid-atlantic journal of business.

86 Day (1969) op cit.

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pour certains auteurs notamment Frisou87 le client peut développer une attitude favorable envers une marque ou un point de vente sans pour autant avoir un comportement d'achat ou de fréquentation régulière.

Après avoir fait état de la nature de l'engagement, nous allons maintenant étudier ses dimensions de l'engagement.

2. Les dimensions de l'engagement

Depuis les travaux de Meyer et Allen88 un consensus semble se dégageait quant à la nature tridimensionnelle de l'engagement à savoir : l'engagement affectif, calculé et normatif.

a. L'engagement affectif

L'engagement affectif est la volonté d'entretenir une relation dans le temps avec un partenaire (le personnel à son entreprise, le consommateur à sa marque ou son point de vente, le militant à son parti) basée sur le plaisir issu des liens émotionnels. Selon Mowday et al89 l'engagement affectif exprime le lien d'attachement psychologique, d'identification, d'affiliation, d'appartenance et de congruence entre l'acteur et son partenaire. Il exerce ainsi une grande influence sur le comportement de l'individu à travers une forte loyauté à l'entreprise ou une forte fidélité à la marque ou au point de vente indépendamment des intérêts poursuivis.

La littératurre marketing a accordé une attention particulière à la dimension affective de l'engagement car considérée comme plus « puissante » et effective pour

87 Frisou J. (2000) Confiance interpersonnelle et engagement : une réorientation béhavioriste, Recherche et Applications en Marketing,

88 Meyer et Allen (1987) op cit.

89 Mowday et al (1979) op cit.

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développer des relations durables que l'attrait du gain économique ou le manque d'autres alternatives.

b. L'engagement calculé

Lorsque c'est le calcul économique qui précède l'engagement, on se trouve en présence d'un engagement calculateur ou cognitif qui peut avoir deux formes : soit l'engagement se développe parce que la coopération permet de réaliser un bénéfice, il peut être aussi qualifié d'instrumental ; soit l'engagement se développe lorsque les acteurs se trouvent obliger de maintenir la relation en raison des coûts élevés et des risques liés à un changement de partenaire d'échange ou l'absence d'opportunités satisfaisantes.

L'engagement calculé, également désigné par l'engagement de continuité en gestion des ressources humaines et en marketing des services conçoit donc la relation comme une nécessité guidée par l'intérêt. Ainsi, selon Mayer et Allen90, la partie engagée est guidée d'une part, par sa perception du nombre et de la qualité des alternatives de choix, et ses anticipations des coûts afférents à un éventuel changement de partenaire d'autre part. Déjà Thibaut et kaley91, Emerson92 parlaient de « dépendance perçue » tandis que Becker le considérait comme une « fidélité par défaut ». D'après Stevers et al93 l'engagement calculé se traduirait par des dispositions à adopter un comportement fondé sur une décision économique rationnelle. Le lien issu d'un tel engagement est plutôt transactionnel que relationnel, l'intérêt et le profit immédiat sont les seuls moteurs.

Les acteurs peuvent se trouver « bloquer » dans la relation si des investissements irrécupérables ont été faits, ces investissements pouvant être aussi bien constitués de temps, d'énergie, d'émotion, que de savoir et de ressources financières. Les acteurs

90 Mayer et Allen (1990) op cit.

91 Thibaut, J. W. and Kelley, H. H. (1959) The social Psychology of Groups, New York

92 Emerson (1962) Power-dependence relations, American Sociological Review

93 Stevens J. et al. (1978), Assessing Personal, Role and Organizational Predictors of Managerial Commitment, Academy of Management Journal

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peuvent aussi se trouver dans des situations de surenchère ou « escalade » : les acteurs font alors des investissements supplémentaires sur des projets visiblement voués à l'échec

c. L'engagement normatif

L'engagement basé sur l'obligation, ou engagement normatif, est un autre aspect de l'engagement cognitif qui met en jeu des motivations internes sens du devoir et le sentiment d'accomplissement et des motivations externes que sont les pressions sociales, les normes culturelles, les conventions et les lois.

Cette forme d'engagement est nettement moins développée en marketing. Il procède d'une obligation morale de maintenir durablement une relation donnée Wiener94. Il provient de promesses formalisées comme par exemple les contacts écrits ou des liens informels comme les contrats psychologiques. L'engagement normatif est déterminé par les partenaires et leur environnement social notamment la famille, le type d'éducation reçu etc. D'après Gundlad et al95 les normes relationnelles créent les normes de protection et d'inertie permettant de renforcer l'engagement. Ce type d'engagement est particulièrement difficile à identifier et à mesurer surtout s'il s'agit des contrats psychologiques des partenaires. Cette difficulté fait qu'il est plus développé en gestion des ressources humaines qu'en marketing où il renvoie à la fréquentation continue d'un point de vente ou le rachat d'une marque dicté par des normes supposées ou réelles.

3. Les antécédents de l'engagement dans la littérature

Les auteurs ont déterminé des antécédents de l'engagement, parmi lesquels on a l'attachement et la confiance. Ces concepts associés à l'engagement permettent de

94 Wiener, Y. (1982). Commitment in organizations : A normative view. Academy of Management Review,

95 Gundlach G.T., Achrol R., Mentzer J.T. (1995) The structure of commitment in exchange, Journal of Marketing

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développer et de maintenir une relation dans le long terme. Pour appréhender davantage ces deux construits nous allons exposer d'abord une revue de la littérature synthétique de l'attachement avant la confiance.

a. L'attachement

Les premiers travaux sur l'attachement ont été développés, en psychologie dans un contexte interpersonnel et plus précisément dans le cadre de la relation mère enfant. Les enfants recherchent une proximité physique avec des figures d'attachement et se servent de cette proximité pour se préserver d'une menace extérieure. Les liens d'attachement ainsi établis continuent d'être importants tout au long du cycle de vie de l'individu. Ils constituent un indicateur de la proximité atteinte dans une relation de partenariat.

L'attachement est un concept récent en marketing, il est souvent utilisé pour rendre compte d'un certain type de relation entre l'homme et l'objet. Cette relation à l'objet qui s'est inspiré des travaux sur le matérialisme et la fonction expressive des pratiques de consommation a deux principaux aspects :

> Un caractère temporel par la capacité de l'objet à refléter une histoire de vie et donc à renvoyer à des connexions nostalgiques ;

> Un caractère identitaire s'expliquant par le rôle de la possession dans le maintien et l'expression du concept de soi de l'individu.

L'attachement est associé en marketing par la plupart des auteurs à la marque. Ainsi, Heilbrun96 s'est consacré au processus psychologique de la relation de proximité entre le consommateur et la marque, il estime que l'attachement est « le lien émotionnel et affectif tissé par un consommateur à l'égard d'une marque donnée ». Il considère

96 Heilbrunn B. (2001) Les facteurs d'attachements du consommateur à la marque, Thèse de doctorat en sciences de gestion, Université Paris IX Dauphine

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l'attachement existentiel comme étant l'expression de ce lien affectif et émotionnel à la différence de l'attachement fonctionnel. Lacoeuille97 quant à lui aborde la proximité psychologique entre le consommateur et la marque, selon lui l'attachement est « une variable psychologique qui traduit une relation affective durable et inaltérable98 envers la marque et qui exprime une relation de proximité psychologique avec celle-ci ». Alors que Cristau99 intègre l'amitié et la dépendance dans la définition de l'attachement, selon elle l'attachement est : « une relation psychologique, émotionnelle, forte et durable à une marque qui résulte d'une concomitance de sentiments d'amitié et de dépendance vis-à-vis de la marque ».

Pour certains auteurs l'attachement est différent de la fidélité et de l'engagement. Tendis que pour d'autres il est confonde à la dimension affective de l'engagement. Cet attachement se traduit par un véritable engagement affectif, il va au delà d'un quelconque calcul d'intérêt. L'attachement se situe en amont et alimente l'engagement, ainsi il apparaît comme un antécédent important de l'engagement, s'il est distinctement identifié.

b. La Confiance

En marketing, les recherches sur la confiance se sont inspirées des travaux des chercheurs comme Bonoma et al100 ou encore Dwyer, Schurr et Oh101. Ces derniers ont développé le modèle de processus de développement de la relation basé sur les théories de l'échange et les phénomènes interpersonnels. Beaucoup de recherches en marketing considèrent que la confiance est indispensable pour l'établissement d'une relation à long

97 Lacoeuilhe J. (2000) Proposition d'une échelle d'attachement à la marque, Revue Française de Marketing

98 La séparation est douloureuse

99 Cristau C. (2003), Définition, mesure et modélisation de l'attachement à une marque comme la conjonction de deux dimensions distinctes et concomitantes : la dépendance et l'amitié vis-à-vis de la marque, 3rd International Congress Marketing Trends, Venise.

100 Bonoma T. V., Zaltman G. et Johnston W.J. (1977), Industrial Buying Behavior, Marketing Science Institute Monograph.

101 Dwyer F. R., Schurr P. H. et Oh S. (1987), « Developing buyer-seller relationships », Journal of Marketing,

48

terme. Ainsi Morgan et Hunt102 estiment que la confiance permet de préserver les relations à long terme, de résister aux alternatives concurrentes et de réduire l'incertitude liée aux termes de l'échange. Berry103 quant à lui indique que « la confiance est le fondement de la fidélité ». Selon, Gurviez et Korchia104 « la confiance dans une marque, du point de vue du consommateur, est une variable psychologique qui reflète un ensemble de présomptions quant à la crédibilité (répondre aux attentes techniques du consommateurs), l'intégrité (honnêteté du discours de la marque quant au respect des promesses concernant les termes de l'échange) et la bienveillance (prise en compte des intérêts du consommateur ce qui permettrait à ce dernier d'envisager une relation à long terme moins incertaine) ». Cette définition fait ressortir les trois dimensions de la confiance, qui sont actuellement les plus acceptées sur la dimensionnalité du concept. Il s'agit de la présomption de crédibilité, la présomption d'intégrité et la présomption de Bienveillance. Cependant, des conceptions unidimensionnelle et bidimensionnelle de la confiance existent dans la littérature. Fournier105 et Morgan et Hunt106 ont appréhendé la confiance comme unidimensionnelle, en effet ils estiment que même si les dimensions d'honnêteté et de motivation bienveillante sont distinctes conceptuellement, d'un point de vue opérationnel, elles restent solidairement liées. En revanche, Sirieix et Dubois107 estiment que la conception bidimensionnelle s'avère être la plus rencontrée dans les recherche en marketing. En effet, dans cette conception, une distinction est faite entre la crédibilité objective du partenaire (attribution de compétence et d'honnêteté) et l'attribution de bienveillance (les bonnes intentions du partenaire, sa détermination perçue à faire attention aux besoins de l'autre).

102 Morgan et Hunt (1994) op cit.

103 Berry (1993) op cit.

104 Gurviez P., Korchia M. (2002) Proposition d'une échelle de mesure multidimensionnelle de la confiance dans la marque, Recherche et Applications en Marketing,

105Fournier (1994) Mouvements et engagements depuis les années trente,Presses de l'Université Laval/ L'Harmattan, 1994,Paris.

106 Morgan et Hunt (1994) op. cit

107 Sirieix L., Dubois P-L. (1999) Vers un modèle qualité-satisfaction intégrant la confiance ? Recherche et Applications en Marketing

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La confiance est considérée par beaucoup d'auteurs comme un construit étroitement lié à l'engagement. En fait la confiance et l'engagement sont appréhendés comme des variables clés dans l'établissement d'une relation efficiente à long terme108. En effet, la confiance se situe en amont de la chaîne relationnelle, elle précède et détermine l'engagement dans le modèle de Morgan et Hunt109 .

En somme, l'approche théorique de la qualité de service perçue et de l'engagement nous a permis de mieux cerner ces deux notions dans leurs différentes conceptualisations. Ainsi, des définitions et des modèles de mesure ont été synthétisés à travers la littérature tant pour la qualité de service perçue que pour l'engagement. Dès lors, il convient de faire une étude de la distribution au Sénégal avant d'élaborer le modèle conceptuel.

108 Morgan et Hunt (1994) op. cit

109 Morgan et Hunt (1994) idem.

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Chapitre 2 : Contexte de recherche et cadre conceptuel

La distribution a pour rôle de rapprocher et d'ajuster l'offre à la demande, dans les conditions ou chacun des partenaires trouve son compte. Elle permet aux consommateurs de se procurer aisément les biens dont ils ont besoin, tout en évitant de se déplacer sur de longue distance. Elle était considérée comme une activité parasitaire effectuée par des intermédiaires qui prélèvent des marges abusives. Cette vision a changé au cours du temps, la distribution est reconnue maintenant productive, c'est à créatrice de valeur.

La distribution est importante en termes d'emplois crées mais aussi d'elle dépend le bon fonctionnement d'une économie de marché. En effet, elle est une des principales causes des pénuries, des gaspillages, des pertes de temps pour les consommateurs.

Pour une meilleure compréhension du contexte de notre recherche, nous allons dans une première section présenter la structure de la distribution des produits de grande consommation au Sénégal. Dans une seconde section, nous proposerons un cadre conceptuel de la qualité de service perçue et de l'engagement.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon