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Rcherche fondamentale sur le dialogue interreligieux islamo-chrétien

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par Salem (ben lazher)OMRANI
I.S.AJ.EC - Maitrise 2000
  

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III°Bilan historique sur le dialogue islamo-chrétien:

L'initiative et l'appel au dialogue islamo-chrétien sont partis du côté des églises occidentales après la Seconde Guerre mondiale, et plus précisément dans les années cinquante. Il y a eu certaines rencontres entre les deux partenaires, mais elles n'ont pas apporté grand-chose vu la différence des préoccupations et des intérêts des deux interlocuteurs et le silence observé du côté musulman. C'est vrai que l'action des partenaires chrétiens à l'époque se confondait avec les intérêts politiques de l'Occident dans sa lutte contre le bloc soviétique. Tandisque pour les musulmans, ce qui les dérangeait c'était l'indépendance et l'émancipation de l'emprise coloniale ainsi que l'implantation d'un Etat sioniste qui s'était imposé sur la terre de Palestine vers la fin des années quarante (1948).

En ce moment-là, les partenaires chrétiens occidentaux parlaient du partage de la foi en un Dieu unique et de l'exigence de lutter et de combattre les derniers courants d'athéistes bien entendu le communisme. Les Musulmans protestèrent auprès de l'occident «chrétien» dont ils se méfiaient, compte tenu du fait que l'occident qui les a longtemps colonisés avait tendu la main aux sionistes pour créer l'Etat hébreu sur leur terre « Le judaïsme étant maintenant, au regard de l'Islam est incorporé au monde occidental »*9(*) comme l'affirme Jean Ballard . Quant à l'URSS, ils n'avaient pas de problème majeur avec elle ce qui l'aurait poussée à former un front contre eux. Les Musulmans éprouvaient un sens profond d'absence d'équilibre qui est toutefois la condition préalable à tout dialogue, que ce soit au niveau des moyens ou des instruments de négociation et de pression, égalité des avantages et avant tout réciprocité dans la connaissance mutuelle.

Arrivent les années soixante apportant un tournant sans précédent dans l'histoire des rapports islamo-chrétiens. Tout d'abord, le second concile du Vatican a adopté une position qui vise à ouvrir des horizons à un dialogue paritaire voire fructueux avec les autres religions non chrétiennes, en particulier dans sa relation avec l'islam dans le décret « Nostra aetate » voté le 21 novembre 1964, dont voici un extrait : « L'Eglise considère avec respect les musulmans qui adorent le Dieu vivant tout puissant créateur du ciel et de la terre...comme Abraham s'est soumis à Dieu, Abraham à qui la foi musulmane se réfère volontiers...Si au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimités se sont manifestées entre chrétien et musulmans ; le concile exhorte les uns et les autres pour que, oubliant le passé, ils s'efforcent sincèrement à une compréhension mutuelle, et pour qu'ils gardent et fassent progresser ensemble pour tous les hommes la justice sociale, les biens moraux, et aussi la paix et la liberté »*8(*). Viennent par la suite le conseil mondial des églises qui englobe les conseils des églises du Moyen-Orient qui regroupe les églises orthodoxes et protestantes. Ses déclarations et recommandations se succèdent, toutes orientées vers la recherche des Voies du dialogue avec les musulmans marquant l'intérêt pour leurs problèmes sociaux et politiques, une attitude qui paraît très sérieuse. Pour certainS, cette attitude pourra apparaître peu de chose mais effectivement elle est d'une grande importance si on la compare avec ce qui marque dans le passé. Nombreux sont ceux qui valorisent et apprécient cette attitude a sa juste valeur, pour certains il est difficile pour une religion antérieure de connaître d'une façon ou d'une autre une religion postérieure, vu que dans la reconnaissance de ce qui vient après, il y a une sorte de négation implicite de ce qui précède et une possibilité de l'abroger. C'est pour cela qu'il était toujours difficile pour les chrétiens d'admettre et de reconnaître le caractère revelé du message prophétique de Mohammed, comme le demandent parfois les musulmans.

Vu les questions qu'on a évoquées ci-haut, les musulmans était hésitants à s'engager dans ce processus, ce qui paraît bizarre puisque dés le départ, leur religion enjoint le dialogue, ils se demandaient à quoi il servait et sur les piéges qui pouvaient leur être tendus ; mais d'un autre côté, ils cessèrent de mettre en doute l'impartialité ou plutôt l'autonomie des interlocuteurs chrétiens à l'égard des instances politiques de leurs pays, qui se manifestèrent par les appels renouvelés par des organes chrétiens de promouvoir une solution juste du problème palestinien, par une approche moins pro-israélienne sur la question du statut de Jérusalem après la guerre des six jours en 1967 .

Depuis le milieu des années soixante jusqu'à aujourd'hui il y a eu des centaines de congrès et de rencontres entre diverses organisations chrétiennes et musulmanes qu'elles soient ou non des émissaires officiels. Il pourrait être utile de suivre toutes ces rencontres pour les étudier et en tirer des résultats.

Voici, dans l'ordre chronologique, la liste des principales manifestations de dialogue islamo-chrétien qui se sont déroulées à un niveau international :

1969(2-6mars) : Genève-Cartigny (Suisse) sur l'initiative de la commission foi et constitution du C.O.E .Quelques dizaines de chrétiens et musulmans débattent de la parole de Dieu et la sainte Ecriture ;2)la religion dans le monde de la technique ;3)Possibilités et promesses du dialogue islamo-chrétien .

1970 (16-20 décembre) :Rome, sur l'initiative du secrétariat (C.P.D.I) ,une délégation du Haut conseil islamique du Caire rencontre les divers représentants secrétariat romain du Saint-Siège.

1972 (12-18 Juillet ):Broumana (Liban )sur l'initiative du D.C.I, Un groupe de 25 chrétiens et 20 musulmans sont «à la recherche d'une compréhension et d'une coopération humaine »et publient un mémorandum .

1974 (17-21 juillet ):Accra (Ghana ) sur l'initiative du D.C.I. une vingtaine de musulmans et chrétiens africains dialoguent sur«Unité de Dieu et communauté des hommes : coopération des Africains musulmans et chrétiens dans le travail et le témoignage ».

1974 (10-15 Septembre ): Cordoue (Espagne ), sur l'initiative de l'association espagnole d'amitié islamo-chrétienne, débattent autour de quatre thèmes : « Présentation chrétienne de l'islam, présentation musulmane du christianisme, implications réciproques de l'expansion politique et de la religion , crise de la foi et expériences d'éducation de la foi »

1974 (9-16 Septembre ): Le Caire ( Egypte ), sur l'initiative du Haut conseil islamique égyptien, une délégation du secrétariat (C.P.D.I)rencontre les représentants attirés de l'islam égyptien.

1974 (24-27 Octobre ): Rome sur l'initiative du secrétariat (C.P.D.I), une délégation de l'Arabie Saoudite, présidée par le ministre de la Justice, débat avec les représentants de divers secrétariats sur« les droits de l'homme »dans les deux traditions.

1974(11-17novembre ):Tunis Hammamet-Kairouan (Tunisie ), sur l'initiative du Centre d'Etude et de Recherches Economiques et Sociales (C.E.R.E.S)de l'université de Tunis, une quarantaine de chrétiens et musulmans européens et arabes traitent de« conscience musulmane et conscience chrétienne aux prises avec les problèmes du développement »

1975 (4-10 Janvier) Hong Kong ( Chine ), sur l'initiative du D.C.I), une trentaine de musulmans et chrétiens, surtout asiatiques, débattent de la« vie en société : se manifester de la bonne volonté en vue de se consulter et de travailler ensemble dans le Sud- Est asiatique »

1976(1-6 Février ) :Tripoli (Libye)sur l'initiative de l'Union Socialiste Arabe et en accord avec le secrétariat (C.P.D.I), environ 350 musulmans et 150 chrétiens de 55 pays d'Asie, d'Afrique et de l'Europe, assistent à un séminaire du dialogue islamo-chrétien sur«Religion et idéologie, les bases doctrinales communes aux deux religions et les points de rencontre dans les divers secteurs de la vie, foi et justice sociale, comment oeuvrer pour combattre les préjugés et les malentendus qui nous séparent ».

1976 (26-30 Juin ),Genève -Chambézy (Suisse), sur l'initiative du D.C.I ,une quinzaine de chrétiens et musulmans débattent du difficile problème Mission chrétienne et  « Daâwa musulmane»

1977 (21-27 Mars) Cordoue (Espagne ), sur l'initiative de l'Association espagnole d'amitié islamo-chrétienne, environ deux cents chrétiens et musulmans, européens et arabes confèrent sur

« les dimensions prophétiques de Mohammed et de Jésus ».

1977(14-18 novembre ):Beyrouth (Liban), sur l'initiative du D.C.I , une vingtaine de musulmans et chrétiens débattent du thème« Foi, science et technologie quant à l'avenir de l'humanité».

1978 (12-13 Avril) :le Caire (Egypte), sur initiative égyptienne, une délégation du secrétariat (C.P.D.I) est reçu par les hautes instances de l'Université d'al-Azhar =«possibilité de rencontre entre chrétiens et musulmans»

1979 (12-14 Mars) =Genève-Chambésy (Suisse), sur l'initiative du D.C.I.une quinzaine de chrétiens et musulmans réfléchissent sur«chrétiens et musulmans vivant ensemble»

1979 (30 Avril-4 Mai) =Tunis (Tunisie), sur l'initiative du C.E.R.E.S., une soixantaine de musulmans et chrétiens, européens et arabes, échangent sur«le sens et les niveaux de la révélation dans les deux traditions religieuses»

1980 (3-6 Novembre) =Beyrouth ( Liban), sur l'initiative du cénacle libanais et du D.C.I. (Moyen -Orient), une trentaine de chrétiens et musulmans, surtout arabes, tentent une «Première évaluation des efforts du dialogue islamo-chrétien des quinze dernières années».

1982 (30 mars-1avril) =Colombo (Sri Lanka), sur l'initiative du D.C.I. avec la collaboration du Congrès du monde musulman (Karachi), un groupe de chrétiens et de musulmans étudient comment «collaborer dans les oeuvres d'assistance auprès des réfugiés»

1982 (24-29 Mai) Tunis - Carthage (Tunisie), sur l'initiative du C.E.R.E.S., une soixantaine de musulmans et chrétiens, arabes et européens, dialogue sur «la participation des musulmans et des chrétiens à la défense et à la promotion des droits de l'homme»

1984 (15-18 Novembre) =Windsor (Grande-Bretagne) sur l'initiative conjointe de l'Eglise

anglicane et de l'Académie royale de Jordanie, une quarantaine de chrétiens et musulmans, surtout de ces deux pays, débattent des«problèmes de l'heure du dialogue»

1985 (6-7 Mai) =Rome (Italie), sur l'initiative du secrétariat C.P.D.I. avec la collaboration de

l'institut Vidyajyiti de Delhi (Inde) et de l'Institut pontifical d'études arabes et d'islamologie, une trentaines de chrétiens et musulmans, venus surtout du Pakistan de l'Inde et du Bengladesh, méditent ensemble sur les dimensions de «la sainteté en islam et dans le christianisme»

1985 (19 Août) =Rabat (Maroc), sur l'initiative du roi Hassan II, visite de Jean Paul II et discours public au stade de Casablanca à une foule de 100.000 jeunes musulmans.

1985 (28-30 Septembre) =Amman (Jordanie, sur l'initiative conjointe de l'Eglise anglicane et de l'Académie royale de Jordanie, une quarantaine de chrétiens et musulmans débattent des «problèmes de la famille dans le monde contemporain»

1986 (3-7 Mars :Porto-Novo (Bénin), sur l'initiative du D.C.I., une trentaine de chrétiens et musulmans africains discutent sur «les rapports de la religion avec l'Etat, la société et la famille»

1987 (29-31 Mai) Windsor (Grande Bretagne), sur l'initiative conjointe de l'Eglise anglicane et de l'Académie royale de Jordanie, une quarantaine de chrétiens et musulmans dialoguent sur «la morale des affaires».

1987 (21-23 Novembre) :Amman (Jordanie), sur l'initiative de l'Académie royale de Jordanie et du C.O.P.O. ,une centaine de chrétiens et musulmans échangent sur« les modèles de coexistence entre musulmans et chrétiens, hier et aujourd'hui, le travail, les jeunes et l'environnement
1988 (17-78 Septembre) :Amman (Jordanie), sur l'initiative conjointe de L'Académie royale de Jordanie et de l'Eglise anglicane, une trentaine de chrétiens et musulmans débattent de «la pratique bancaire en islam et dans le christianisme».

1988 (12-15 Décembre) :Chambésy (Suisse), sur l'initiative conjointe du C.O.P.O. et de l'Académie royale de Jordanie, une cinquantaine de musulmans et chrétiens dialoguent sur«les valeurs communes de paix et de Justice, les droits de l'homme, l'importance de Jérusalem».

1989 (11-13 Septembre) Istanbul (Turquie) sur l'initiative conjointe de l'Académie royale de Jordanie, avec ses amis turcs et du C.O.P.O, une soixantaine de musulmans et chrétiens échangent sur «le pluralisme religieux :théologie, histoire, sociologie».

1989 (6-8 Décembre : Rome (Italie) sur l'initiative conjointe DU C.P.O.I. et de l'Académie royale de Jordanie, une quarantaine de musulmans et chrétiens dialoguent sur «les problèmes de l'éducation, de la foi de l'école à l'université».

1989 (8-10 Décembre ) Windsor (Grande Bretagne), sur l'initiative conjointe de l'Eglise anglicane et de l'Académie royale de Jordanie, une trentaine de chrétiens et musulmans échangent sur «la morale de la direction des affaires».

1990 (13-15 Décembre) : Amman (Jordanie), sur l'initiative conjointe de l'Académie royale de Jordanie et du C.P.D.I., une quarantaine de musulmans et chrétiens dialoguent sur les «problèmes et droits de l'enfance».

1990 (20-21 Décembre) : Strasbourg (France), l'Association pour le dialogue islamo-chrétien (A.D.I.C.), réunit une centaine de musulmans et chrétiens, arabes et français pour débattre «des problèmes de l'heure et de la coexistence en France et ailleurs ».

1991 (4-9 Décembre) : Tunis (Tunisie), le C.E.R.E.S. invite une trentaine de musulmans et chrétiens, arabes et européens à réfléchir sur la «contribution des religions à la paix, problèmes de bioéthique, sociologie, histoire et anthropologie des religions»

1992 (10-11 Janvier) Roven (France) l'A.D.I.C à une rencontre sur convie une centaine de chrétiens et musulmans, Français et arabes, débattent de l'importance du dialogue et ses implications dans l'éducation civique, morale et spirituelle des jeunes.

1992 (24-26 Juin) : Rome (Italie) le C.P.D.I. et l'Académie royale de Jordanie réunit une trentaine de musulmans et chrétiens, dont la moitié est constituée de femmes, pour débattre du « rôle de la femme en islam et dans le christianisme».

1992 (9-13 Décembre) :Genève (Suisse)le conseil oecuménique des Eglises organise une rencontre, sur les relation entre «religion, loi et société »à laquelle assistent une vingtaine de musulmans et chrétiens.

1993 (26-28 Mars) : Madrid (Espagne), sur l'initiative conjointe de la conférence Episcopale Espagnole (commission" oecuménisme et dialogue") et du centre islamique (de la Râbita) , une cinquantaine de chrétiens et musulmans, espagnol et arabes, échangent sur «le dialogue, les minorités et les libertés religieuses».

1993 (26-28 Juillet) : Amman (Jordanie), sous l'égide de l'Académie royale et du C.O.P.O. de Chambésy (Suisse), une centaine de musulmans et chrétiens, professeurs et jeunes, débattent de la «vertu de la modération dans la vie sociale et religieuse».

1993 (1-4 Novembre) : Genève (Suisse), sur l'initiative du Conseil oecuménique des Eglises, une rencontre rassemblant une vingtaine d'experts chrétiens et musulmans, a lieu sur les rapports entre «religion, loi et société».

Les étapes précédentes du dialogue sont marquées par le fait que l'initiative venait du côté chrétien occidental. A quelques exceptions prés dans les années dix, l'initiative venait toujours de certaines églises chrétiennes, «les engagements sont le plus souvent individuels, à l'invitation d'organismes non musulmans, même lorsque les participants sont d'authentiques et prestigieux ulémas, tels les Tunisiens Habib Belkhodja et Mokhtar Sellami »*9(*). Ce sont donc elles qui ont défini les sujets et les lieux du dialogue. Pour certains, cela indique le déséquilibre des forces entre les deux religions. Si l'on remarque que la notion de "salut" constitue la base fondamentale de la religion chrétienne, elle ne saurait admettre sur le plan religieux la possibilité de salut en dehors d'elle ou dans le cadre d'une autre religion, on comprend que le dialogue avec ces religions ou ces cultures ne puisse se situer au plan théologique que comme évangélisation. C'est pourquoi les chemins d'accès au dialogue, ont rapidement fini dans la politique et les questions sociales. Nous pouvons donc affirmer que le dialogue a commencé au niveau politique où les hommes de religion s'allièrent avec les politiques et les stratèges. Il ne s'agit pas nécessairement d'une connivence comme le soupçonnent assez souvent les musulmans, mais plutôt d'une manière d'appréhender et d'orienter les questions mondiales dans l'intérêt des deux parties : les politiciens et les Eglises. Quant aux partenaires musulmans, ils avaient conscience de l'ampleur du déséquilibre en leur défaveur dans les questions sociales comme dans les questions politiques. Leur tactique était de partir de la théologie et des credo pour chercher à être reconnus comme religion et comme communauté humaine digne de respect, tout en glissant rapidement vers les revendications et doléances contre la domination occidentale et l'instauration de l'entité sioniste par l'Occident. Mais malgré la fermeté dont faisaient montre les musulmans pour établir leurs positions, il s'agissait d'une fermeté et d'une intransigeance négative, en ce sens qu'elle demeurait circonscrite à la défense et à la doléance. Sans proposer d'alternatives ni ouvrir de nouveaux horizons, et même sans croire à la nécessité du dialogue et à l'éventualité de «règlements», le dialogue était saisi par le côté musulman comme une discussion doctrinale n'admettant aucun consensus, et par les chrétiens occidentaux comme un but utile dans le cadre de la suprématie mondiale de l'Occident face au danger communiste, dont il fallait réduire l'expansion et l'amplification.

Du point de vue de l'Occident, entre les années cinquante et quatre - vingt , les sujets du dialogue varièrent selon les mutations culturelles et politiques.

Alors qu'au début, il s'agissait de coaliser avec les musulmans pour faire front au communisme :l'éthique de la liberté religieuse face à celle de l'absolutisme et de l'athéisme, on a vu surgir dans les années soixante et soixante - dix les questions sociales et politiques. Et a cet égard, il y eut une sorte d'accord, après Vatican II, les communiquées et les initiatives du Conseil mondial des églises. De même on remarque un recul des hommes de l'Eglise à l'égard des politiques, ce qui suscita chez les musulmans un certain intérêt qui reste limité. Lorsqu'arrivèrent les années quatre-vingt, les sujets de la démocratie, des droits de l'homme dominèrent les rencontres. Tandis que les chrétiens y apercevaient un changement qualitatif, les musulmans voulaient se cantonner dans les questions sociales et politiques, même si la nouvelle voie d'accès occidentale était différente .

Les musulmans engagées dans le dialogue, et qui se sont empressés de produire des déclarations islamiques des droits de l'homme, gardaient au fond, comme préoccupation principale, par-delà les discussions et même au cours des discussions, la question de l'occupation de la Palestine et les problèmes des minorités musulmanes dans le monde .

Le dialogue des années soixante à quatre - vingt fut caractérisé par un caractère officiel, dans le sens que les délégations des églises occidentales, qui venaient s'interroger et se consulter mutuellement et celle qui visaient le vrai dialogue, discutaient avec les instances musulmanes officielles. Mais dans les années quatre-vingt les milieux du dialogue s'allongèrent au point d'inclure des individus attirés par les affaires musulmanes, mais qui ne représentaient pas leur nations ou même les instances musulmanes officielles. Même si cela permit de hausser le niveau de la polémique et de diffuser moins d'annonces et de déclarations, choses fort positives, toutefois la philosophie de la continuité n'ont pas été fructueux. Seule l'aspect et la forme ont changé, étant donné qu'au lieu d'une "proclamation conjointe", les homologues se contentèrent d'énoncés d'objectivité partagés sur certains sujets, chaque participant affichant le point de vue de sa propre religion sur la question. Quant au profil des partenaires, elle ne changea pas beaucoup : les participants occidentaux étaient pour la majorité des théologiens, spécialistes de l'islam ou des question concernant certaines régions ou populations de la nation arabe ou du monde musulman, officiels ou non. Pour certains ils n'avaient aucune connaissance solide du christianisme ou de la pensée chrétienne. Ils n'étaient donc pas en mesure de participer par des approches et se contentaient la plupart du temps d'émettre un point de vue islamique sur telle ou telle interrogation. Ou bien si la question paraît compliquée et perplexe, ils se cantonnaient dans les généralités et souvent, ils se limitaient à rappeler l'attitude ouverte et accueillante de l'islam à l'égard du christianisme en évoquant tel verset coranique ou tel "hadith" sur les prérogatives du statut de "dhimmi".

Jusqu'aux années quatre vingt, les sources des connaissances chrétiennes sur l'islam demeuraient orientalistes et basées sur l'histoire, soumis aux stéréotype et aux clichés suivi par tout le monde, même par les spécialistes.

Si dans les années quatre-vingt, on a introduit dans les approches chrétiennes de l'islam certaines visions scientifiques anthropologiques et sociologiques qui ont conféré à l'étude une plus grande cohérence méthodologique, on les a néanmoins jetées dans un champ d'opinions péremptoires ,profitables certes pour saisir telle ou telle chose, mais incapables de rendre compte des divers aspects qui se mêlent à l'histoire, la culture et la société, dans le cadre d'une croyance donnée .Quant aux musulmans qui participent souvent aux rencontres de dialogue réguliers ,certains ont une très bonne connaissance de la culture occidentale contemporaine, par la spécialisation en histoire, en sociologie, en économie, en droits, en philosophie ou d'autres sciences humaines. Mais ils ne savent pas grand-chose du christianisme, de son histoire récente ou lointaine, de ses distinctions théologiques, de ses diverses branches, de ses conditions sociaux et politiques dans les cadres ou il agit.

«L'islam ne s'engage pas, jusqu'à aujourd'hui, dans le dialogue inter religieux à travers des institutions adéquates parfaitement structurées, et animées par des spécialistes qualifiés et crédibles»*10(*) De plus, ils ne considèrent pas le christianisme et le dialogue comme leur bon permanente ou leur profession, contrairement aux partenaires chrétiens. A peine une rencontre de dialogue est-elle finie, les partenaires musulmans s'en retournent à leur travail ou dans leur pays ,oubliant ou feignant d'oublier ce qui s'est passé. Le musulman engagé dans le dialogue dans les années cinquante ou soixante niait même parfois avoir participé à une quelconque rencontre par crainte d'être indexé. Alors que le spécialiste chrétien ou l'islamologue retournait le plus souvent à son université ou son institut pour continuer ses recherches et évaluer le déroulement des débats ayant eu lieu.

Il y eut divers raisons et des motifs qui ont affaibli l'intérêt des musulmans pour le dialogue avec les christianisme dans l'histoire moderne et contemporains. Elles ne sont pas toutes de même gravité. Il y'a l'impact du colonialisme occidental et l'actuelle domination occidentale, deux causes qui ont en grande partie désorienté les musulmans de répondre aux appels des Eglises occidentales au dialogue. Sans négliger le grand écart entre ce qui se dit et ce qui se fait sur le champ de la réalité. Il faut noter que «la contradiction qui existe entre les déclarations faites par les autorités ,dans les colloques islamo - chrétiens et le comportement des mêmes autorités sur le terrain, jette le discrédit sur le dialogue »*11(*).

* 9 Collectifs, L'Islam et L'Occident, opcit, p 21

* 8 Talbi (Mohamed), Islam et dialogue, opcit, p26

* 9 Talbi (Mohamed) :revues d'études andalouse, opcit, p12

* 10 Talbi (Mohamed), revue d'études andalouses, opcit, p 12

* 11 Teissier (Henri), islamochristiana, opcit, p 103

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway