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Comportement sexuel non autonome et risque à  l'infection au VIH/sida


par Joseph Delouis Dutreuil
Université D'Etat D'Haà¯ti / Faculté des Sciences Humaines (FASCH) - Licence en Psychologie 2007
  

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LA PROBLÉMATIQUE DU VIH/SIDA

1.1.- DÉFINITION ET SURVOL HISTORIQUE

Généralement, l'acronyme SIDA se définit par le Syndrome ImmunoDéficience Acquise. Le syndrome d'immunodéficience acquise est appelé syndrome parce qu'il se manifeste par différents symptômes qui peuvent aussi être le fait d'autres infections et maladies6(*). Il est causé par le virus VIH, en anglais HIV qui se traduit par human immunodeficiency virus, c'est-à-dire virus de l'immunodéficience humaine. A bien considérer, on ne peut pas donner l'étiquette de maladie au SIDA ; au contraire, il laisse une porte ouverte à plusieurs sortes de maladies susceptibles d'atteindre l'organisme de l'être humain. En fait, à l'instar de plusieurs autres espèces, l'être humain est doté d'un système de défense lui permettant de résister à un ensemble d'infections opportunistes. L'action du VIH consiste à s'introduire dans les lymphocytes-T, et plus particulièrement dans les lymphocytes-T4, cellules du système immunitaire dont le rôle est de défendre l'organisme contre les infections, et à en affecter sérieusement le fonctionnement7(*). La personne atteinte du SIDA se voit privée de ce système et devient par conséquent un terrain favorable pour le développement de diverses maladies ou symptômes.

Malheureusement, on ne parvient pas encore à retracer de manière précise l'origine de cette maladie, si on peut l'appeler ainsi. Toutefois, elle commence par retenir l'attention à partir du début des années 80. Son émergence a été même associée à une discrimination, c'est ce qui lui a valu le terme courant de 4H. Cela sous-entend que son origine se retrouverait en quatre éléments commençant par H. Il s'agissait de : haïtien, homosexuel, héroïne, hémophilie. On a voulu faire croire que le SIDA serait venu initialement de l'Afrique équatoriale, plus particulièrement du Zaïre, du Rwanda et du Burundi. A titre d'illustration, on faisait mention de 31 des 38 cas diagnostiqués de séropositifs en Belgique qui viennent du Zaïre.8(*) De nos jours, les liquides génitaux sont considérés comme les principaux véhicules du virus VIH/SIDA moyennant qu'ils trouvent sa porte d'entrée que sont les plaies, qu'elles soient macro ou micro9(*).

En dépit du fait que les premières causes du SIDA ne sont pas clairement identifiées, le fait qui est certain c'est que de nos jours aucun pays, aucune race n'est exempte de ce phénomène qui revêt une portée mondiale. D'ailleurs, le VIH/SIDA devient une épidémie qui frappe l'humanité à un rythme vertigineux. Car selon le rapport de l'ONU sur le VIH/SIDA de 2002, le nombre des PVVIH en 2001 se situait à 40 millions qui se répartissent ainsi : 28.500000 en Afrique Subsaharienne, 5.600000 en Asie du Sud et du Sud-Est, 1.500000 en Amérique latine, 1.000000 en Europe orientale et Asie centrale, 1.000000 en Asie de l'Est et Pacifique, 950000 en Amérique du Nord, 550000 en Europe occidentale, 500000 en Afrique du Nord et Moyen-Orient, 420000 dans les Caraïbes et 15000 en Australie et Nouvelle-Zélande10(*).

Le diagnostic du VIH/SIDA se fait à partir de tests de laboratoire. Une personne sera déclarée séropositive dans la mesure où elle est infectée au VIH. Normalement, on regroupe les porteurs du VIH en quatre catégories.

1- La première catégorie regroupe les séropositifs sains qui sont des porteurs du virus, mais qui ne développent pas les symptômes qui s'y associent grâce à la présence des anticorps.

2- La deuxième catégorie comprend des gens qui ne développent pas de symptômes aussi significatifs. En dépit du fait que ces gens n'en ressentent pas les effets, ils sont beaucoup plus vulnérables au symptôme que la première catégorie.

3- La troisième catégorie regroupe les séropositifs avec symptômes, c'est-à-dire des gens qui présentent des symptômes apparentés aux symptômes classiques associés au VIH/SIDA comme perte de poids, fatigue inexplicable, sueurs nocturnes, diarrhée.

4- A l'intérieur de la quatrième catégorie, on retrouve les personnes que l'on appelle les sidatiques, soient les séropositifs avec symptômes classiques. A côté de leur exposition aux autres symptômes précités, et ceci de manière plus sévère, ces gens sont très vulnérables aux infections opportunistes mortelles comme le sarcome de Kaposi et la pneumonie11(*).

Ce qui est beaucoup plus triste à travers ce tableau, c'est que bon nombre de personnes infectées au VIH/SIDA ne donnent pas l'apparence de l'être. Par conséquent, on peut comprendre que le SIDA n'est mentionné aucune part sur une personne. Voilà l'un des facteurs qui expliquent en partie la propagation du VIH/SIDA au rythme où il est. De plus, le fait que les tests de laboratoire ne puissent détecter la présence du VIH chez un individu même lorsqu'il serait infecté pas avant trois mois d'incubation rend la situation beaucoup plus compliquée.

1.2.- LA PROBLÉMATIQUE DU VIH/SIDA À L'ÉCHELLE NATIONALE

En Haïti, le nombre de personnes de 15 à 49 ans infectées au VIH/SIDA se chiffre à environ 5,6% de la population12(*). L'enquête mortalité, morbidité et utilisation de service (EMMUS-III) nous permet tout au moins de relever quelques éléments pouvant expliquer une telle tendance.

On pourrait croire qu'un manque d'information sur l'existence du VIH/SIDA soit un élément important dans la propagation du virus. D'après EMMUS III, plus de 97 % de la population nationale selon l'échantillon enquêté, toute catégorie confondue connaissent l'existence du SIDA13(*). Il est à noter qu'il y a une proportion plus faible des jeunes de moins de 20 ans, soient ceux de 15 à 19 ans qui connaissent l'existence du VIH/SIDA par rapport aux autres catégories sexuellement actives. Car, selon l'enquête EMMUS III, 3,3% des jeunes de 15 à 19 ans de sexe féminin et 5,3% des jeunes de 15 à 19 ans de sexe masculin n'ont jamais entendu parler du VIH/SIDA contre moins de 2,4% pour les femmes et moins de 1% pour les hommes des autres tranches d'âge qui sont sexuellement actifs14(*). Toutefois ces données nous permettent de nous rendre compte de ce que les jeunes filles de 15 à 19 ans sont beaucoup plus informées de l'existence du VIH/SIDA que les jeunes garçons de cette même tranche d'âge. La tendance est renversée pour les autres tranches d'âge, car il y a beaucoup plus de femmes sexuellement actives de 20 ans et plus qui n'ont jamais entendu parler du VIH/SIDA par rapport aux hommes sexuellement actifs de 20 ans et plus.

Comme on le sait bien : autant que l'individu est informé de l'existence d'une maladie c'est autant qu'il sera porté à adopter des comportements plus sécuritaires en vue de s'en protéger. Si l'on se fonde sur cette hypothèse, on pourrait tenter d'avancer que le nombre de personnes sexuellement actives qui risque d'atteindre le VIH/SIDA serait plus ou moins faible, soit un pourcentage de moins de 3%. Tandis que le nombre de personnes adoptant des comportements sexuels à risque est en fait beaucoup plus élevé. A ce niveau, il y a de grands problèmes qui se posent. L'un d'entre eux : avoir des informations concernant l'existence du VIH/SIDA ne traduit pas toujours le fait que l'on sait comment se protéger juste pour ne pas l'atteindre. D'après EMMUS III, 38% des femmes et 19% des hommes ne connaissent aucun moyen pour se protéger de l'infection au VIH/SIDA15(*). Voilà ce qui explique en partie une plus grande vulnérabilité des femmes à l'infection au VIH/SIDA.

Il y a plusieurs variables à considérer en tenant compte du risque à l'infection au VIH/SIDA. La tranche d'âge, le milieu d'habitat, le niveau d'instruction, la perception par le sujet du risque d'être infecté, le sexe et le niveau socio-économique sont autant d'éléments importants à considérer par rapport à la vulnérabilité au VIH/SIDA. En effet, environ 60% de femmes n'ayant aucune instruction ne connaissent aucun moyen de se protéger du VIH/SIDA. Cette situation est la même pour environ 35% des hommes de cette catégorie16(*). Dans l'ensemble, il parait que les gens vivant dans le milieu rural soient beaucoup plus vulnérables que ceux du milieu urbain. Plus de 50% des femmes et 26,3% des hommes en milieu rural courent le risque d'être infectés au VIH/SIDA contre respectivement 22,4% et 7,1% en milieu urbain17(*). A côté de l'absence d'informations concernant les comportements sécuritaires à adopter, la perception dénote une importance tout à fait particulière. D'ailleurs, pour se protéger de n'importe quel danger, il convient avant tout de percevoir le risque qui s'y associe. L'EMMUS-III a révélé que le pourcentage de la population qui pense qu'on ne peut éviter d'être infecté au VIH/SIDA est nettement supérieur par rapport à celui qui ignore l'existence du virus ou qui ne connaît aucun moyen de prévention18(*). Par conséquent, cette catégorie devient donc très vulnérable. Car à quoi bon de prendre des précautions pour éviter l'inévitable, pourrait-on demander ?

1.2.-VULNÉRABILITÉ DES JEUNES AU VIH/SIDA

Par rapport à la proportion des jeunes atteints du VIH/SIDA, on peut avancer que les individus de cette tranche d'âge présentent une très grande vulnérabilité à l'infection au VIH. De manière globale, le nombre de jeunes séropositifs âgés de 15 à 24 ans à travers le monde s'estime à 30 %19(*). Le manque de maturité émotionnelle à laquelle font face les jeunes les expose à avoir des relations quelquefois non planifiées. Une simple curiosité tout comme le désir d'agir à l'instar des autres sont autant d'éléments explicatifs de l'adoption d'un comportement sexuel chez les jeunes.

Ce qui est le plus inquiétant c'est que très souvent ces jeunes réalisent leur première expérience sexuelle en ignorant l'existence des MST, notamment du VIH/SIDA. Selon l'EMMUS-III, 42,6% des jeunes adolescentes et 20,3% des jeunes adolescents de 15 à 19 ans ne connaissent aucun moyen pour se protéger de l'infection au VIH/SIDA20(*). A partir de ce constat, n'est-on pas en droit de soulever la question de l'éducation sexuelle des enfants. Car avant même que l'enfant n'atteigne l'âge de l'adolescence, il devrait être informé des risques liés au comportement sexuel actif. De par son ampleur, les enfants devraient être totalement imbus de l'existence du VIH/SIDA ainsi que des moyens pour s'en prémunir.

En abordant la question de l'éducation sexuelle, on sait que les parents devraient être les premiers à inculquer à leurs enfants de telles notions, demandons-nous quel est le niveau de leur connaissance par rapport au sujet ? Normalement pour un jeune adolescent de 15 à 19 ans, dans la majorité des cas ses parents se retrouvent à travers la tranche d'âge de 30 à 39 ans. Or quoique ces gens aient entendu parler du VIH/SIDA dans une proportion beaucoup plus grande que les jeunes de 15 à 19 ans, leur connaissance autour des moyens pouvant permettre d'éviter d'être infecté au VIH/SIDA n'est pas aussi élevée que ces derniers. Car l'EMMUS-III a révélé que près de 27% des hommes de 30 à 39 et 27% des hommes de 50 à 59 ans qui sont probablement des pères contre 34,5% des femmes de 30 à 39 ans et 36,8% de femmes de 40 à 49 qui sont probablement des mères de ces jeunes adolescents qui ignorent les précautions à prendre pour ne pas être infecté au VIH/SIDA. Tandis qu'il est un fait indéniable qu'un niveau de connaissance est un préalable au processus décisionnel qui aboutit à l'adoption d'un comportement21(*).

La situation se révèle très critique dans la mesure où les parents tout comme leurs enfants sexuellement actifs s'exposent au VIH/SIDA, faute d'informations.

En dépit de tout, la situation est beaucoup plus catastrophique pour les jeunes. Les attributs physiques, psychologiques et sociaux de l'adolescence rendent les jeunes particulièrement vulnérables au VIH et aux autres infections sexuellement transmises (IST)22(*). Prendre des risques est souvent considéré comme un élément inhérent aux adolescents. Par conséquent, un comportement sexuel dangereux est souvent un élément intrinsèque du comportement des adolescents, qui englobe l'usage de l'alcool et des drogues, la délinquance et la rébellion contre l'autorité23(*). Un jeune adolescent qui est poussé à prendre des risques et qui ne dispose de la moindre information pour se protéger devient beaucoup plus vulnérable. L'immaturité des organes sexuels jointe à la précocité des relations sexuelles des jeunes les rend biologiquement vulnérables à la maladie24(*). Il faut noter aussi que l'implication sexuelle à un plus jeune âge est un premier indicateur de l'engagement vers des pratiques à risque par la suite qui s'exprime notamment par le non usage du condom lors de la première relation25(*).

A côté d'un manque d'informations autour de l'existence du VIH/SIDA, la perception de l'individu par rapport à son pouvoir d'éviter d'être infecté est un élément très important qu'on ne doit pas non plus négliger dans le cadre de la vulnérabilité des jeunes. Pour certains auteurs, plus l'inquiétude pour le SIDA est élevée, plus la perception du risque, plus l'adolescent adopte des pratiques sécuritaires ou a l'intention de le faire26(*). Ainsi le meilleur moyen de se protéger du VIH/SIDA est de percevoir le risque qui s'associe à un comportement sexuel donné et de se rendre compte que l'on a une certaine emprise sur la propagation du virus, c'est-à-dire on peut adopter des comportements plus sécuritaires afin de se mettre à l'abri. Malheureusement l'EMMUS-III a révélé que près de 27% des jeunes filles de 15 à 19 ans et 14,7% des jeunes garçons de cette même tranche d'âge font savoir qu'ils ne peuvent pas éviter d'être infecté au VIH/SIDA. Il semble que les femmes, notamment les jeunes de moins de 20 ans estiment qu'elles ne disposent d'assez de ressources pour contrer le VIH/SIDA. Cette perception plus élevée chez les jeunes de sexe féminin de ne pas pouvoir éviter d'être infecté au VIH/SIDA ne traduit-elle pas une prise de conscience de leur incapacité d'avoir de l'emprise sur leur comportement sexuel, bref de ne pas pouvoir adopter un comportement sexuel autonome ?

De toute façon, il y a de fortes probabilités pour que la tendance se modifie dans l'intervalle de 2000 à nos jours (2007). Car de plus en plus d'institutions s'impliquent de nos jours dans des programmes de lutte contre le VIH/SIDA. Car pour 100 institutions sélectionnées, il a été révélé que 65% d'entre elles démarrent leur activité entre 2000 et 200527(*).

De plus, les jeunes adolescents sont beaucoup plus exposés à se livrer à des activités sexuelles autant qu'ils se retrouvent loin de la présence des deux parents. Pour Otis et coll. : « Le fait de vivre ailleurs que chez les deux parents est davantage l'indicateur d'une vie sexuelle active ».28(*) Ainsi, pour certains jeunes, au lieu de parler de Vulnérabilité, on est obligé de faire mention d'une survulnérabilité. Car il y a des situations particulières rencontrées par certains jeunes qui viennent s'ajouter à la vulnérabilité générale des difficultés supplémentaires liées à des contextes et des facteurs sociaux, économiques, psychologiques29(*).

1.4.-VOIES DE TRANSMISSION DU VIH/SIDA ET FACTEURS DE RISQUE

Selon Friedland et Klein, le sang et le sperme sont les deux liquides les plus susceptibles de causer l'infection, alors que les secrétions vaginales ont une capacité plus faible de transmission30(*).Les pratiques sexuelles qui entraînent un contact avec le sang ou le sperme augmentent les risques d'exposition à du sang ou du sperme infecté par le VIH31(*). Donc, que ce soit à travers des contacts sanguins ou des contacts sexuels, on coure le risque d'être infecté par le VIH, pourvu qu'on ne prenne pas les précautions nécessaires.

S'agit-il des relations des relations bucco-génitales, génito-anales ou des relations génitales, le risque à l'infection au VIH/SIDA est présent dans tous les cas. Toutefois, il faut noter que le manque d'élasticité de l'anus et le fait que l'étirement des parois dû à la pénétration entraîne l'éclatement des minuscules vaisseaux sanguins offre une meilleure porte d'entrée au virus32(*). Pour ce qui concerne le cas des caresses bucco-génitales, le risque à l'infection au VIH/SIDA est très faible. De plus, le risque à l'infection au VIH/SIDA devient de plus en plus élevé autant que le sperme se joint au contact sanguin. Voilà en quelque sorte ce qui explique une plus grande vulnérabilité pour les jeunes qui n'ont pas encore atteint la maturité sexuelle. Donc à coté du contact sexuel proprement dit, il y a aussi un contact sanguin, faute de manque d'élasticité de leur organe génital. Toutefois, il ne faut pas oublier que le VIH peut se transmettre à travers des relations sexuelles sans déchirement, tout comme il peut se transmettre en absence de toute relation sexuelle.

L'unité de contrôle et de coordination du programme national de lutte contre le VIH/SIDA, dans son manuel destiné aux conseillers du dépistage volontaire, a relaté des facteurs de risque regroupés en trois catégories. Il s'agit des facteurs liés à la sexualité, des facteurs socio-économiques et des facteurs biologiques.

1.4.-a) Facteurs liés à la sexualité

1- Population jeune par son importance et son ignorance ;

2- Mouvement des populations ;

3- Déscolarisation qui conduit à l'oisiveté ;

4- Prostitution (occasionnelle ou régulière) ;

5- Précocité des rapports sexuels ;

6- Multiplicité des partenaires sexuels

7- Drogue, alcool ;

8- Violences sexuelles.

1.4.-b) Facteurs socio-économiques

1- Promiscuité ;

2- Analphabétisme et ignorance ;

3- Pauvreté ;

4- Oisiveté ;

5- Pratiques traditionnelles.

1.4.-c) facteurs biologiques

1- Immaturité des organes génitaux de la jeune fille ou de la femme ;

2- Existence d'autres IST non traitées ;

3- Absence de circoncision chez l'homme.

A côté de ces facteurs à risque, on a joint d'autres facteurs qualifiés de comportements à haut risque. Ce sont même les facteurs qualifiés typiquement de facteurs de vulnérabilité à l'infection au VIH/SIDA. Bref, il s'agit de ces facteurs :

1. Avoir des relations sexuelles avec un ou plusieurs sans préservatifs ;

2. Avoir des relations sexuelles non protégées en pensant que le SIDA n'arrive qu'aux autres ;

3. Partager les seringues avec d'autres personnes ;

4. Utiliser les services de charlatans ;

5. Pratiquer le tatouage, la pose de ventouse, la pose de sangsue33(*).

1.5.-RAPPORT ENTRE SITUATION SOCIO-ÉCONOMIQUE ET L'INFECTION AU VIH/SIDA

Selon le rapport du FNUAP de 2002, le VIH/SIDA accompagne la pauvreté, est répandu par la pauvreté et à son tour engendre la pauvreté34(*). L'un des premiers effets de la pauvreté dans la propagation du VIH/SIDA c'est surtout la diminution de l'autonomie de l'individu. Car autant que l'individu se retrouve dans des situations de privation c'est autant qu'il risque d'accepter de faire n'importe quoi juste pour pouvoir répondre à certains de ses besoins. D'où la personne de situation socio-économique défavorisée devient privée d'un ensemble d'atouts nécessaires à pouvoir s'imposer dans une relation. Cette situation a un plus grand effet sur les femmes que les hommes, dans la mesure où notre système socio-économique place la femme en situation d'exploitée.

Dans son analyse autour de l'impact du VIH/SIDA en Haïti, Collette Vilgraine a émis cette hypothèse : « La pauvreté, les inégalités de genre ont limité la capacité des femmes à négocier l'utilisation du condom lors des relations sexuelles, favorisant ainsi l'extension de l'épidémie, au début à prédominance masculine vers la population féminine »35(*). Face à une telle situation aussi triste, n'est-il pas indispensable de penser à une politique visant l'autonomisation des gens les plus vulnérables sur le plan économique ? A côté même de la probabilité pour la personne de condition socio-économique défavorisée d'accepter d'avoir des relations sexuelles dans n'importe quelle condition, pourvu que celles-ci leur permette de répondre à leurs besoins de base, il y a aussi le fait que la situation de pauvreté pourrait porter l'individu à s'adonner à des pratiques sexuelles non sécuritaires quoiqu'il puisse agir autrement. Ce qui est plus triste dans cette situation c'est surtout le fait que certaines personnes utilisent des astuces pour s'infecter dans le seul but de bénéficier du support financier et alimentaire de certaines institutions qui interviennent dans le domaine de la prise en charge des PVVIH.

Par conséquent, l'action des institutions humanitaires a même tendance à contribuer à l'expansion du VIH/SIDA dans certaines régions. Cette situation est-elle vraiment due à une situation de pauvreté ou à un manque de connaissance par rapport à ce qu'implique être infecté au VIH/SIDA ?

Sachant que la prostitution est étroitement liée à la pauvreté, on devrait noter que bon nombre de jeunes ont recours à cette pratique en vue de parvenir à combler certains de leurs besoins. En parlant de prostitution, il est important d'éviter de la réduire à sa seule manifestation courante qui se fait par l'intermédiaire des proxénètes. Là on peut parler de prostitution formelle, mais combien de fois on s'interroge sur la situation d'un nombre de jeunes très significatif qui pratiquent la prostitution de manière informelle. Le fait qu'une jeune fille a plusieurs partenaires sexuelles dans le but de tirer un profit matériel quelconque de chacun d'eux n'est-il pas de la prostitution ? D'ailleurs, les jeunes filles qui se trouvent dans cette situation sont nettement supérieures par rapport à la catégorie des prostituées formelles.

Cette situation n'est pas seulement spécifique aux jeunes filles ou aux femmes, les hommes aussi en sont aussi concernés. Car certains hommes par rapport à leur précarité socio-économique ont accepté d'avoir des relations sexuelles dans des conditions jugées inadéquates. Il reste sans conteste que la pauvreté et la vulnérabilité économique augmentent la probabilité que les jeunes aient des comportements sexuels risqués. Le comportement machiste des hommes associé très souvent à la situation de pauvreté constitue l'élément de base de leur vulnérabilité à l'infection au VIH/SIDA. Même ceux qui ont un niveau socio-économique plus ou moins aisé deviennent vulnérables, car ils cherchent la jouissance sexuelle sans penser à se protéger en voulant profiter de la précarité économique de certaines jeunes filles.

1.6.-IMPACT DU VIH/SIDA DANS LA JOUISSANCE SEXUELLE

La sexualité a été considérée comme un phénomène naturel et source de plaisir pour l'homme et la femme. Mais l'existence du VIH/SIDA fait de la sexualité quelquefois source de leur malheur. D'où elle devient donc associée au risque. Tout excès en ce qui a trait au bon usage de la fonction sexuelle est susceptible de créer des ennuis à l'être humain. Freud, lui-même a déjà exprimé son inquiétude à cet égard en ces termes : ``L'exercice de cette fonction, loin d'être toujours aussi utile à l'individu, que l'exercice des autres fonctions, lui crée, au prix d'un plaisir excessivement intense des dangers qui menacent sa vie et la suppriment même assez souvent''36(*).

Le VIH/SIDA limite en quelque sorte la jouissance de l'individu. Le répertoire de son comportement sexuel devient donc limité, de peur de n'être infecté au VIH/SIDA dans la mesure où il est avisé de l'existence de cette pandémie. Maintenant, avec l'existence du SIDA les activités érotiques se voient placées directement sous le signe du risque et de la mort37(*). Par conséquent, la peur d'être infecté par le VIH/SIDA peut même créer une situation d'insécurité sur le plan psychique chez l'individu, ce qui risque de l'inhiber dans ses actes sexuels. En tenant compte de cet état de tension que crée le risque d'être infecté par le VIH/SIDA, ne doit-on pas questionner certaines pratiques sexuelles actuelles comme la fidélité et l'abstinence ? En fait, parmi les gens qui prennent l'engagement de rester fidèles à leur partenaire, il est probable qu'un bon nombre d'entre eux le fassent dans le seul but d'éviter d'être infectés par le VIH/SIDA. Il en est de même pour maints jeunes qui pratiquent l'abstinence. C'est dans cette même perspective que Didier Lauru émet cette hypothèse : « Le Sida avec le réel de la mort qu'il incarne vient alors faire écran pour protéger l'adolescent de la rencontre sexualisée »38(*). Toutefois, on peut toujours se demander dans quelle mesure la peur du Sida peut-elle vraiment limiter le comportement sexuel d'un individu ?

Il est à signaler que très souvent les phénomènes qui ont une connotation de dangereux font parfois plus de mal que de bien. Le fait que l'adoption d'un comportement sexuel donné soit un facteur de risque, des individus peuvent choisir pour une raison ou une autre d'encourir même le risque. Selon Volant Eric et coll., dans le cas du Sida, la prise de risque permettrait au sujet de prouver la valeur de son existence en affrontant le virus potentiel et montrer qu'il est plus fort que la mort39(*). Avoir des relations sexuelles non protégées avec n'importe qui et surtout avec des gens suspectés d'être infectés peut servir le jeune à paraître comme un super-homme ou une super-femme.

De plus, il ne faut pas oublier que très souvent les jeunes adoptent des comportements suicidaires. Par conséquent, l'adoption des comportements sexuels non sécuritaires peut avoir aussi de telles connotations. En fait, si l'amour et la mort se relient par rapport au risque, mais ils ne peuvent faire longtemps bon ménage40(*). Donc le sida peut dans un premier temps servir à réguler le comportement sexuel d'un individu, mais dans un second temps, il peut servir comme un moyen d'aventure pour celui-ci, soit pour tenter de mettre un terme à une existence qui se révèle un peu terne, soit pour se venger de quelqu'un d'autre. Ceci dit, l'individu peut choisir de mettre sa propre vie en jeu ou la vie d'autres personnes. Ce dernier cas de figure arrive surtout quand l'individu estime qu'il ne devrait pas attraper le VIH/SIDA dans ces conditions-ci ou quand il est l'objet de la discrimination.

Il est important de se rendre compte que tous les jeunes n'adoptent pas le même comportement par rapport au danger que représente le VIH/SIDA. C'est en ce sens que Nono Rizzo avance l'idée selon laquelle ``Le sida semble donc s'intégrer dans la vie de l'individu suivant le niveau structurel profond de celui-ci''41(*).

DEUXIÈME PARTIE

CADRE THÉORIQUE

* 6 Allgeier, A. R./ Allgeier, A. R./, Sexualité humaine: dimensions et interactions, Centre éducatif et culturel inc, Montréal, 1989, page 624.

* 7 Germain, Bernard et coll., La Sexualité, Regards actuels, éditions Etudes vivantes, Québec, 1990, page 190

* 8 Idem, page 189.

* 9 Rapport du POZ sur la Journée de réflexion : La réponse chrétienne au VIH/SIDA, décembre 2002.

* 10 ONUSIDA, Rapport sur l'épidémie mondiale de VIH/SIDA, juillet 2002.

* 11 Germain, Bernard et coll., La Sexualité, Regards actuels, éditions Etudes vivantes, Québec, 1990, page 191.

* 12 UNICEF, La situation en Haïti, un défi pour les enfants, article publié le 27 novembre 2006.

* 13 EMMUS-III, Haïti 2000.

* 14 Idem.

* 15 Idem.

* 16 Idem.

* 17 Idem.

* 18 Idem.

* 19 Population Report, Les Jeunes et le VIH/SIDA, Publié par le Population Information Program, Center for Communication Programs, The Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health,Volume XXIX, numéro 3, Automne 2001, Série L, Numéro 12, Problèmes mondiaux de santé.

* 20 EMMUS-III, 2000.

* 21 Otis, J. et coll. in Le SIDA : Aspects psychosociaux, culturels et éthiques sous la direction de Joseph Levy et Henri Cohen., Méridien, Québec, 1997, page 216.

* 22 Population Report, op. cité.

* 23 Idem.

* 24Rapport du POZ sur la Journée de réflexion : La réponse chrétienne au VIH/SIDA, décembre 2002.

* 25 Otis et coll. et collaborateurs , op. cité, page 211.

* 26 Idem, page 216.

* 27 CRD, Rapport inventaire des services VIH/SIDA offerts aux jeunes de 10 à 24 ans en Haïti préparé par Calixte Clérismé.

* 28 Otis, J. et coll. et collaborateurs , op. cité, page 224.

* 29 Faucher, Jean-Marie, Force et vulnérabilité in Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines ``Adolescence : Sexualité et Sida'' coordonnée par Françoise Weil-Halpern et Olivier Ouvry, autonome 1999, tome 17, no 2, Editions GREUPP, page 12.

* 30 Friedland et Klein, 1987, cité par Germain, Bernard et coll. in La Sexualité, Regards actuels, éditions Etudes vivantes, Québec, 1990, page 190.

* 31 Allgeier, A. R./ Allgeier, A. R./, Sexualité humaine: dimensions et interactions, Centre éducatif et culturel inc, Montréal, 1989, page 624.

* 32 Germain, Bernard et coll., La Sexualité, Regards actuels, éditions Etudes vivantes, Québec, 1990, page 190.

* 33 MSSP, Unité de contrôle et de coordination du programme national de lutte contre le VIH/SIDA, Dépistage volontaire du VIH, Manuel du conseiller, juillet 2004.

* 34 UNFPA, L'état de la population mondiale 2002 : le VIH/SIDA et la pauvreté

* 35 Impact économique du VIH/SIDA en Haïti, secteur par secteur. Analyse de la réponse préparée par Colette Vilgraine Pour l'ONU/SIDA, décembre 2006, page 5.

* 36 Freud, Sigmund, Introduction à la psychanalyse, 1916, troisième partie, version numérique, www. Psychanalyse .lu, édition complétée en octobre 2002, page 121.

* 37Volant, Eric - Lévi, Joseph - Jeffry, Denis, Les Risques et la mort, Méridien, Québec, 1996, page 209.

* 38 Didier Lauru, La folie de toucher in Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines ``Adolescence : Sexualité et Sida'' coordonnée par Françoise Weil-Halpern et Olivier Ouvry, autonome 1999, tome 17, no 2, Editions GREUPP, page 134.

* 39 Volant, Eric - Lévi, Joseph - Jeffry, Denis, Les Risques et la mort, Méridien, Québec, 1996, page 229.

* 40 Didier Lauru, op. cité.

* 41 Nino Rizzo, Flirt avec la mort in Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines ``Adolescence : Sexualité et Sida'' coordonnée par Françoise Weil-Halpern et Olivier Ouvry, autonome 1999, tome 17, no 2, Editions GREUPP, page 158.

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