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Comportement sexuel non autonome et risque à  l'infection au VIH/sida


par Joseph Delouis Dutreuil
Université D'Etat D'Haà¯ti / Faculté des Sciences Humaines (FASCH) - Licence en Psychologie 2007
  

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CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

En dépit du fait que notre hypothèse principale n'a pas été confirmée pour les deux échantillons, ce travail nous a permis de circonscrire les principaux facteurs qui rentrent en ligne de compte dans l'adoption d'un comportement sexuel à risque. En effet, nous savons à quel point les jeunes sont vulnérables à l'infection au VIH/SIDA. Contre toute évidence, le fait pour quelqu'un d'avoir un comportement sexuel plus ou moins autonome n'est pas un critère qui l'épargne du risque à l'infection au VIH/SIDA. Le traitement des données lors de la phase empirique de notre travail a prouvé combien des gens ayant un comportement sexuel très autonome courent un risque élevé à l'infection au VIH/SIDA et d'autres qui adoptent un comportement sexuel non autonome et ne courent aucun risque à l'infection au VIH/SIDA.

La confrontation de nos hypothèses a prouvé que la structuration familiale et les pratiques religieuses influent grandement sur le risque à l'infection au VIH/SIDA. De plus contre toute évidence, les jeunes de sexe masculin courent un risque plus élevé à l'infection au VIH/SIDA que ceux de sexe féminin. D'ailleurs c'est seulement dans le cas de ces trois (3) hypothèses que les données relatives aux jeunes sexuellement actifs sont plus ou moins concordantes à celles des PVVIH.

Les données que nous avons compilées révèlent que le VIH/SIDA n'est pas une simple maladie bio-médicale. Il est avant tout un phénomène social qui s'explique par des comportements adoptés résultant du mode de fonctionnement de la société. Même lorsque toutes les couches sociales sont concernées par le VIH/SIDA, nous réalisons que l'infection au VIH/SIDA c'est quelque chose de prévisible. Les données de l'échantillon des PVVIH sont très révélatrices en ce domaine, vu que 75% de cet échantillon couraient un risque élevé à l'infection au VIH préalablement à leur séropositivité. Ceci nous amène à déduire que les 16 jeunes sexuellement actifs, soit 30.8% de cet échantillon, qui ont un comportement sexuel à un niveau de risque élevé à l'infection au VIH sont concrètement à un danger réel d'être infecté par le VIH/SIDA

La réalité est vraiment triste pour les jeunes de notre échantillon que nous avons pris au hasard à Nérette (Pétion-Ville) en fonction des critères que nous avons préalablement définis. Nous nous rendons compte que plus de 30% de cet échantillon sont vraiment menacés d'être atteints du SIDA, une maladie qui reste jusqu'à maintenant incurable, en dépit des progrès de la médecine permettant d'arriver à augmenter la durée de vie des PVVIH. D'ailleurs, nous ignorons le statut sérologique de ces sujets.

Parmi les facteurs déterminants du niveau de risque élevé à l'infection au VIH/SIDA, il faut noter surtout, les pratiques religieuses qui génèrent des interdits, le fait pour l'individu d'avoir des relations sexuelles qui s'expliquent par des motifs d'ordre économique et le machiste. Pour ce qui concerne la plus grande vulnérabilité des hommes à l'infection au VIH/SIDA que notre enquête a révélée, il convient de préciser que ces derniers font usage arbitrairement de leur supériorité à leur propre détriment.

Comme il a été prouvé à travers l'enquête réalisée par World Relief, la population protestante a une vie sexuelle très active. Notre recherche nous a permis de confirmer ce fait. De plus, notre recherche prouve qu'elle fait partie des catégories de personnes les plus à risque à l'infection au VIH/SIDA. Par conséquent, nous réalisons combien les interdits religieux ne sont pas vraiment suivis. Donc, il y a une certaine inadéquation entre les exigences sociales à ce niveau et le comportement sexuel adopté par l'individu. Il devient impérieux pour la société, par ses lois et ses institutions d'assumer ses responsabilités dans le respect de l'intégrité psychique de ses membres en travaillant pour le plein épanouissement de ceux-ci.

Nous sommes obligé de nous poser cette question et de la laisser à la réflexion des autorités ecclésiastiques : « La mission première de l'église n'est-elle pas d'assurer le bien-être physique et psychique de l'individu ? » Le mot de Montesquieu dans ses cahiers nous vient à l'esprit en abordant ce terme : « Si je savais quelque chose utile à ma famille, et qui ne le fut pas à ma patrie, je chercherais à l'oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fut préjudiciable à l'Europe, ou bien qui fut utile à l'Europe et préjudiciable au genre humain, je la regarderai comme un crime. »131(*) Ainsi, au lieu de contraindre l'individu à adopter un comportement qu'il ne va pas vraiment adopter, il serait mieux de le laisser avec sa volonté pour choisir de faire ce que bon lui semble. D'où l'importance de développer une éducation de la liberté en matière de la sexualité. Comment pourrait-on prétendre préparer des gens à vivre une vie heureuse dans un paradis qui n'existe pas encore en travaillant à leur destruction par rapport à une morale chrétienne qui n'est pas adaptée à leur réalité présente ?

Les données recueillies à travers ce travail ont prouvé combien les structures traditionnelles qui détiennent les moyens de répressions, notamment l'église et la famille ont failli à leur mission. Pour ce qui concerne la famille, autant qu'il y a la présence des deux parents c'est autant que l'exercice de l'autorité se ferait mieux. Nous réalisons que l'exercice de cette autorité n'est pas au profit des jeunes. Car les individus qui proviennent des familles monoparentales sont moins à risque à l'infection au VIH/SIDA que ceux qui proviennent des familles biparentales. D'ailleurs ce fait a été prouvé dans le cas des deux échantillons, ce qui prouve que la tendance n'est pas changée ni en fonction d'espace géographique ni en fonction du temps. Il en est de même pour le cas des adhérents au protestantisme. Ceci dit, le degré du risque à l'infection au VIH/SIDA est surtout à rechercher à travers les structures traditionnelles qui ne tiennent pas compte des nouvelles données.

Nous avons réalisé que le niveau de risque à l'infection au VIH/SIDA résulte en partie d'une éducation sexuelle inefficiente ou du moins de son inexistence. D'ailleurs, le fait pour les gens qui ont eu la possibilité d'aborder des sujets relatifs à la sexualité à leurs parents de se trouver exposé à un risque plus ou moins élevé à l'infection au VIH/SIDA est bien la preuve de cette inefficience de l'éducation sexuelle. Transmettre des connaissances à d'autres gens sous-entend que l'on a une certaine formation. Probablement, les parents qui abordent des sujets relatifs à la sexualité à leurs enfants n'ont pas vraiment de connaissances approfondies par rapport à l'existence du VIH/SIDA et des moyens pour s'en protéger. Le rapport de l'EMMUS III est très pertinent en ce sens.

De plus, contrairement à ce qu'on pourrait croire, une supériorité sur le plan socio-économique de l'individu par rapport à son partenaire sexuel n'est pas toujours un signe de la possibilité pour ce dernier d'avoir un comportement sexuel sécuritaire. Il arrive que dans certains cas, l'individu se sert abusivement de sa supériorité à son propre détriment. Le fait pour un jeune d'avoir des relations sexuelles avec quelqu'un de niveau socio-économique supérieur au sien n'est pas un facteur déterminant du risque à l'infection au VIH/SIDA. Mais le risque se pose surtout quand les relations sexuelles se font pour des intérêts économiques. Quand les relations sexuelles se font sur cette base, l'individu n'a pas vraiment la possibilité de négocier les conditions dans lesquelles il devrait en avoir. Celui qui détient donc le monopole économique se met en position de domination.

A partir de cette réalité, nous tenons à faire ces recommandations :

1- Il est impérieux de pousser les recherches dans le domaine médical en vue de parvenir à mettre en place un vaccin Anti-VIH, c'est-à-dire un vaccin que l'on puisse injecter à chaque personne en vue de la protéger contre l'éventualité d'une infection au VIH/SIDA. Il convient donc de trouver un moyen de renforcer le système immunitaire de l'homme en prévention de l'attaque du VIH. A partir de là, la sexualité ne serait plus placée sous le signe du risque. Les jeunes deviendraient plus autonomes dans l'orientation à donner à leurs comportements sexuels. Le mythe selon lequel le SIDA est considéré par certains jeunes comme ``Syndrome Inventé pour Décourager les Amoureux'' serait banni. Par ailleurs, il serait important que la science médicale parvienne à mettre en place des instruments pouvant détecter le VIH sitôt qu'il a été contracté par l'individu au lieu de devoir attendre trois mois pour le faire.

2- En attendant d'arriver à la mise en place de ce vaccin, il est important de continuer les recherches dans le champ du social pour chercher à mieux cerner les différents facteurs qui rentrent en ligne de compte dans la propagation du VIH/SIDA afin d'agir sur eux, ce qui permettra d'arriver tout au moins à une diminution au niveau du taux de prévalence du VIH/SIDA au sein de la population. Notre travail nous a permis de réaliser qu'on pourrait obtenir de meilleurs résultats en envisageant un cycle de recherche longitudinale dans une perspective d'histoire de vie à partir d'un protocole de recherche - action. Pour cela, on peut toujours procéder à l'administration des questionnaires qui permettront d'être en possession des informations préliminaires, ensuite on peut passer à des séries d'entretien qui porteront spécifiquement sur les données fournies par les sujets à travers le questionnaire rempli préalablement avec leur identification. En terme de faisabilité, les institutions qui travaillent dans le domaine de la lutte contre le VIH/SIDA et qui offrent un service de proximité aux PVVIH et aux jeunes sexuellement actifs sont beaucoup plus habilitées à réaliser un tel travail.

3- Nous devons comprendre qu'une lutte contre la propagation du VIH/SIDA requiert une action multisectorielle. Du côté des autorités gouvernementales, il ne doit pas être seulement un sujet de préoccupation pour le ministère de la santé publique, il requiert la concentration des forces de tout le gouvernement. Car il est aussi l'affaire du ministère des affaires sociales, du ministère de l'éducation nationale, du ministère du commerce et du ministère de la planification pour ne citer que ceux-là. Le secteur privé des affaires doit s'impliquer à fond dans la lutte contre le VIH/SIDA, vu qu'il entraîne une décapitalisation et la disparition des ressources humaines. Il devient donc important de créer un consortium pour voir quelle réplique on peut apporter au VIH. La possibilité de la mise en place d'une équipe pluridisciplinaire composée du médecin, du psychologue, du travailleur social, du juriste, de l'entrepreneur, du pasteur et du prêtre doit être envisagée.

4- Tout en prônant les principes de la morale chrétienne qui se fondent sur l'abstinence et la fidélité, il serait important que les églises chrétiennes libéralisent la sexualité. Par conséquent, le discours tenu sur ce sujet devrait être plus ou moins balancé. Les jeunes ne devraient pas se trouver face à la contrainte d'adopter tel comportement sexuel donné. Au contraire, celui-ci devrait être l'objet d'un choix personnel. Pour cela, en tant qu'agent de socialisation et organe de transmission des connaissances, l'église devrait aider les jeunes à adopter de meilleurs comportements sexuels en mettant à leur disposition toutes les informations relatives à la sexualité en vue de les responsabiliser sur leurs comportements sexuels. Ce qui est important c'est surtout de développer la capacité de s'accommoder à une situation donnée. Car les diverses données prouvent qu'un pourcentage considérable de jeunes qui adhèrent au christianisme a une vie sexuelle très active. Si en dépit des sanctions prises contre certains jeunes faisant face à cette situation, la tendance pour ces derniers d'avoir des relations sexuelles préconjugales persiste, l'église devrait avoir un discours en matière de sexualité axé sur le sexe sécuritaire et sur le comportement sexuel responsable au lieu sur des interdits. Il reviendrait donc en dernier ressort aux jeunes de faire leur propre choix en ce domaine. En ce sens, il est important qu'on oriente les jeunes vers une autorégulation de leurs comportements sexuels.

5- La famille, en tant que le système de base de la société, l'agent de socialisation par excellence, devrait s'impliquer davantage dans la lutte contre le VIH/SIDA. Elle a donc un rôle très important à jouer par rapport à l'adoption d'un comportement sexuel sécuritaire. Pour pouvoir mieux remplir cette mission, il importe qu'elle dispose des moyens nécessaires. Tenant compte de l'ignorance de bon nombre de parents autour de la sexualité et de la problématique du VIH/SIDA, les institutions oeuvrant dans la lutte contre le VIH/SIDA devraient orienter une partie de leurs actions vers les parents afin de les doter des compétences nécessaires pour pouvoir aborder très tôt avec leurs enfants des sujets relatifs à la sexualité. Donc une éducation sexuelle efficiente à la base s'avère nécessaire.

6- Tout comme la famille et l'église, l'école devrait jouer son rôle dans la lutte contre le VIH/SIDA. En ce sens, un cours d'éducation à la sexualité devrait être inscrit dans le programme scolaire du fondamental à l'université. L'intervention des autorités étatiques s'avère indispensables pour une régulation de cet aspect de l'éducation qui n'est pas pris en considération. Il est temps que l'éducation ne se réduise pas au simple apprentissage de la lecture ou de l'écriture, mais qu'elle prépare l'individu à avoir un meilleur comportement visant son bien-être et celui d'autrui.

7- Enfin, tout programme de lutte contre le VIH/SIDA doit envisager avant tout d'aider les gens à avoir une certaine autonomie financière, ce qui leur permettrait de satisfaire leurs besoins personnellement sans avoir à compter sur une personne quelconque qui peut profiter de l'occasion pour les exploiter selon leur gré. En conséquence une politique de création d'emploi doit être envisagée à l'échelle nationale. Ceci demande l'implication des autorités gouvernementales, du secteur privé et des institutions internationales. D'ailleurs une partie des fonds destinés à la lutte contre le VIH/SIDA devrait être investi dans de tels projets. D'où l'importance pour les institutions travaillant dans la lutte contre le VIH/SIDA d'entreprendre une lutte visant la réduction du chômage et l'accès au service de base par les couches sociales les moins fortunées.

* 131 Montesquieu cité par Largade et Michard, XVIIIe siècle, Les Grands auteurs français du programme, collection Littéraire, Bordas, Paris, 1970, page 78.

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