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L'Opus Déi et l'éducation au Chili

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par Mathilde Nicolai
Institut d'études politiques Aix en Provence - Diplôme de sciences politiques 2010
  

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Section II - Une forme d'éducation totale

Dirigés par les numéraires, qui ont acquis, dès le fondement de l'Îuvre, une supériorité implicite, les personnes touchées de près ou de loin par les institutions éducatives de l'organisation doivent se soumettre à une discipline sévère. Le rythme de

106 Voir annexe n° 10

107 Voir annexe n° 9

travail est soutenu, et les enfants trés encadrés, ce qu'apprécient beaucoup leurs parents.

§ I - Des résidences étudiantes très strictes

Il y a encore peu de résidences étudiantes de l'Îuvre au Chili. Pour l'instant, on en compte deux, toutes a Santiago. Araucar'a, dans la rue Ricardo de Lyon 1162, est la résidence des filles, et Alborada, dans la rue Pedro de Valdivia, celle des garcons. Toutes les deux sont situées a Providencia, un quartier central de la vile, assez aisé, situé a peu prés a mi-chemin entre les deux principaux campus universitaires de la vile, dans le centre, et a San Carlos de Apoquindo. Araucar'a appartient a la fondation Nocedal, et vaut a peu prés 1 650 000 dollars. Alborada appartient a une autre fondation. Les deux fonctionnent sur le même mode: elles accueillent de 15 a 30 étudiants par an, en pension complete. Ils viennent souvent d'autres régions du Chili, voire de l'étranger. A la résidence Araucar'a, durant l'année 2010, sur les trente résidentes, on comptait 22 étudiantes venues d'Amérique du Sud hors Chili, surtout d'Equateur, de Bolivie et du Pérou.

Les étudiants sont logés par deux, et prennent leur petit déjeuner et leur repas du soir a la résidence. Le repas du midi peut y être pris également. Si les étudiants sont en cours, ils peuvent emmener leur repas préparé par les cuisiniéres.

Tout le personnel travaillant dans la résidence fait partie de l'Îuvre. Le Directoire est composé d'un directeur, d'un adjoint et d'un secrétaire, tous les trois surnuméraires ou numéraires, et les numéraires auxiliaires s'occupent du ménage, des courses et de la cuisine. A Alborada, les numéraires auxiliaires ne doivent pas être vues par les hommes résidents. C'est pourquoi elles utilisent une entrée différente pour aller et venir dans la maison.

Dans les deux résidences, les régles sont assez strictes, et exposées aux futurs résidents des le moment de leur candidature. On leur demande, dans le formulaire d'inscription, de répondre a une série de questions trés personnelles, beaucoup plus détaillées que ce qui est normalement demandé a l'entrée dans une résidence étudiante. Le dossier a compléter ressemble plutôt a un dossier de candidature a une école particuliérement sélective, par exemple. On demande aux candidats quel est le dernier livre qu'ils ont lu et l'enseignement qu'ils en ont retiré, quels sujets d'actualité éveillent particuliérement leur intérêt, ou quels sont leurs loisirs. Ils doivent également décrire leur caractére, et faire une breve autobiographie. Les parents, quant a eux,

doivent remplir toute une série d'informations pratiques, et également expliquer pourquoi ils veulent que leur enfant entre à cette résidence, et ce qu'ils pensent qu'elle va lui apporter. Ces informations sont à compléter que l'enfant soit majeur ou mineur. Il n'est pas, selon les dires des numéraires qui habitent à Araucar'a, obligatoire pour les résidentes d'être catholiques, ni même croyantes. Mais en pratique, en 2010, toutes les résidentes que nous avons rencontrées étaient catholiques, même si aucune n'appartenait à l'Opus Dei. Elles ont dü, selon Natalia Izquierdo, faire preuve de leur attachement aux principes chrétiens lors de l'entrevue.

Le conseil de direction de chaque résidence examine les dossiers de candidature, et, s'il les estime convenables, convoque les candidats à une entrevue, oü il leur explique les régles de vie commune et les objectifs de la résidence, nous explique la directrice, Anastas'a Assimak--pulos.

Il y a peu de régles, mais elles sont intransigibles: les résidents vivent dans des chambres de deux personnes, sans télévision. Ils peuvent lire leurs magazines, leurs livres, mais pas regarder la télévision. Seul un poste est gardé sous clé et sorti uniquement pour les occasions spéciales. Les résidents doivent les quitter à 10h du matin au maximum, et revenir à la résidence à 22h, pour les filles, et 23h pour les garcons, en semaine, et 3h du matin pour les garcons le week-end. En ce qui concerne les filles, elles peuvent demander à prolonger leur permission jusqu'à 2h du matin durant le week-end, en en faisant la demande à la directrice. Les repas sont pris à heures fixes, et tous ensemble dans la salle à manger.

Le loyer coüte 275 000 pesos par mois (430€). Pour ce prix, les résidents sont nourris, logés et blanchis. Le ménage est également inclus.

L'infrastructure des deux résidences est parfaitement aménagée pour une vie d'étudiant studieux. Comme il est inscrit sur le site internet de la résidence Araucar'a «la maison offre toutes les conditions pour que les résidentes aient un rendement académique optimum»108.

La résidence Araucar'a compte, dans ses 1900 m2 et ses six étages, de grandes salles d'étude, communes, mais aussi des salles idividuelles, une bibliothéque trés complete, des salles informatiques avec accés à internet, le wi-fi partout dans le bâtiment, et des ateliers d'art plastique et d'architecture, ainsi qu'un salon de conférence d'une capacité de 200 personnes, et un cinéma avec un écran géant. Elle a l'aspect extérieur d'une maison francaise des années 1950, avec ses solides

108 www.residenciaaraucaria.cl

constructions, ses balustrades et ses petites fenêtres. Il n'y a pas d'écriteau sur le mur d'enceinte, la grille est couverte de lierre et le jardin tellement grand qu'on apercoit à peine la maison à travers la végétation. Les fenêtres sont toutes cachées par des rideaux d'un épais tissu blanc.

Des anges, des gravures de la Vierge et d'autres figurines d'ornement décorent les murs, et une petite table à l'entrée expose des dépliants sur l'Opus Dei et des écrits de Msg Escriva, dont le portrait est accroché dans toutes les pièces de la résidence, alors qu'à Alborada, un cadre avec son portrait est pendu au dessus d'une relique en bronze argenté contenant un petit bout d'une de ses molaires, dans l'oratoire. Le culte de San Josemar'a est partout.

Les directeurs accordent beaucoup d'importance à l'échange, car dans ces moments amicaux, il est plus facile pour les numéraires habitant sur place (environ 10 dans chaque résidence) d'influencer les résidents. C'est pourquoi chaque résidence comporte cinq ou six salons, confortables bien que vieillots, oü tout le monde se réunit après manger pour bavarder, apprendre à se conna»tre, ou se soutenir mutuellement. La solidarité est trés forte, selon Natalia Izquierdo, durant les périodes d'examens, etc. Quant à la formation religieuse et spirituelle, les résidents n'ont pas d'obligation mais peuvent assister à la messe tous les jours, à 7h30, avant d'aller en cours, et un prêtre est toujours à leur disposition. De plus, des cercles de réflexion et des retraits spirituels sont constamment organisés sur place. Les résidents qui le veulent peuvent y participer.

Les résidences mettent toujours un point d'honneur à pousser les étudiants à travailler, pour avoir les meilleurs résultats possibles. C'est pourquoi à Alborada, une fois par mois, les anciens résidents viennent faire de l'aide aux devoirs, dans leur matière majeure, pour aider les actuels résidents.

De plus, Alborada organise assez fréquemment des journées de travail intensif dans un centre de l'Opus Dei à l'extérieur de Santiago. Tous les résidents et leurs amis intéressés sont conviés. Durant ces journées, chacun étudie beaucoup, et des pauses sportives sont aménagées. Ces journées ont aussi pour but de repérer de potentiels futurs membres, car évidemment, pour le travail universitaire lui-même, ces déplacements ont peu d'intérêt.

Dans le même but d'éveiller l'intérêt des résidents, à Alborada, chaque mercredi soir, un invité illustre vient diner, et animen ensuite un débat sur des thèmes comme «La mort du cinéma engagé», ou encore «La politique budgétaire chilienne». Les

intervenants sont tous des membres de l'Opus Dei, qui peuvent être diplomates, chefs d'entreprises, ou encore professeurs d'université.

Par ailleurs, les maisons organisent beaucoup d'activités, pour garder occupés leurs résidents, qui doivent rester concentrés sur leurs études et sur les valeurs chrétiennes. Ainsi, ils peuvent participer avec les numéraires à des activités d'apostolat dans des quartiers défavorisés de Santiago, tous les samedis. Les numéraires d'Araucar'a en particulier donnent des cours de catéchisme aux enfants de la commune de Renca, pour les préparer aux sacrements. Pendant ce temps, les résidentes ont pour coutume d'organiser des jeux avec les enfants, de les faire dessiner, etc. Le dimanche, les numéraires, et les résidentes qui le désirent peuvent rendre visite aux personnes âgées des hospices alentours. Sinon, les résidents peuvent, pendant l'hiver ou l'été, accompagner les numéraires, qui réalisent des travaux de bénévolat dans d'autres villes du pays, comme en 2010 à Concepcion, après le tremblement de terre. Des activités plus récréatives sont également organisées, et Araucar'a comme Alborada mettent l'accent sur l'atmosphère familiale des résidences, oü l'anniversaire de chaque étudiant est célébré avec soin. C'est l'occasion pour lui d'inviter des amis de l'extérieur, amis qui pourraient également être intéressés par les valeurs transmises par l'Îuvre.

Le jour des parents est un jour portes ouvertes pour les parents des résidents, pendant lequel chacun montre ses talents de danse, chant ou encore de théâtre, pour que les parents soient bien convaincus que leurs enfants s'amusent beaucoup à la résidence. Effectivement, toutes les résidentes avec lesquelles nous nous sommes entretenues sont trés contentes d'habiter à Araucar'a. Elles ont beaucoup d'affection pour les numéraires qui vivent avec elles et pour le personnel de direction. En revanche, elles ne connaissent pas le nom de leurs numéraires auxiliaires, qui savent rester totalement anonymes.

Pour l'instant, il n'existe pas d'autres résidences étudiantes au Chili, mais le concept est appelé à se développer. En effet, les parents apprécient beaucoup ce mode de logement pour leurs enfants, souvent lors de leur première année loin du foyer parental. Les savoir encadrés par une organisation religieuse les rassure, et même les étudiants à qui nous avons parlé nous avouent être ravis de l'ambiance studieuse et familiale qui règne dans les résidences.

Coni Rivas avait habité à Araucar'a pendant un an après son arrivée à Santiago pour étudier. Cette même année, elle a demandé à intégrer l'organisation comme numéraire, et ce n'est pas un cas isolé.

L'exemple que donnent les numéraires qui logent dans ces résidences est contagieux, et l'équipe de direction est toujours là pour recevoir les confidences, les doutes d'un étudiant, et pour y répondre en lui conseillant de méditer telle ou telle maxime de San Josemar'a.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote