SECTION 2 : MISE EN EVIDENCE DE LA RELATION ENTRE
DEVELOPPEMENT FINANCIER ET CAUSALITE EPARGNE-INVESTISSEMENT EN ZONE UEMOA
Dans cette section, il est question de mettre en
évidence la relation entre niveau de développement financier et
la causalité épargne-investissement en zone UEMOA.
C'est-à-dire de montrer que le système financier ne joue pas son
rôle dans la relation épargneinvestissement.
Spécifiquement, il s'agit d'abord de mettre en évidence par pays
la relation entre développement financier et causalité
épargne, crédit et investissement domestiques. Enfin, il a
été montré que le niveau de développement financier
ne constitue pas un facteur explicatif de l'absence de causalité
épargne-investissement en zone UEMOA.
I- Evidence par pays
Les résultats de la mise en évidence par pays
sont résumés dans le tableau 10. Ce tableau à double
entrées permet d'apprécier la relation entre niveau de
développement financier et causalité entre épargne et
investissement. Il s'agit de mettre en évidence l'influence de la
finance sur le sens de causalité entre ces variables dans la zone
UEMOA.
Tableau 10 : Mise en évidence de la
relation entre niveau de développement financier (2003-2008) et la
causalité épargne-investissement en zone UEMOA
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Causalité
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Développement financier
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S.....? CR
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CR.....? I
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S ?. I
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Élevé
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Burkina Faso
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?(+)
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(+)?
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Absence
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Côte d'Ivoire
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Absence
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Absence
|
Absence
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Togo
|
Absence
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?(+)
|
Absence
|
Faible
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Bénin
|
Absence
|
Absence
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(+)?(+)
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Mali
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Absence
|
?(+)
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Absence
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Niger
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Absence
|
Absence
|
Absence
|
Sénégal
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(+)?
|
Absence
|
?(+)
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Source : Compilation de l'auteur.
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Les résultats ne confirment pas les conclusions
théoriques évoquées. En effet, il ressort que même
dans les pays à niveau de développement financier
élevé de l'UEMOA (Burkina Faso, Côte d'Ivoire et Togo),
l'épargne et le crédit domestiques ne constituent pas une source
de financement pour l'investissement sauf au Togo où le crédit
domestique précède l'investissement. Cependant, dans deux pays
à niveau de développement financier faible (Benin et le
Sénégal), il apparait une causalité dans le sens
épargne-investissement (avec une causalité bidirectionnelle au
Benin). Par suite, dans la plupart des pays de l'UEMOA,
l'épargne et le crédit domestique n'ont pas
d'effets sur l'investissement intérieur aussi bien dans les pays
à niveau financier dit développer ou faible.
L'absence de lien entre le niveau de développement
financier et la causalité épargneinvestissement dans la zone
UEMOA traduit bien l'incapacité du système financier de l'UEMOA
à transformer l'épargne domestique en crédit pour financer
l'investissement. Il est donc évident que la masse d'investissement dans
l'UEMOA ne trouve pas son origine dans le système financier et dans
l'épargne intérieure. Les investissements réalisés
à partir des capitaux étrangers ou via l'endettement
extérieur devraient représenter l'essentiel du volume de
l'investissement domestique. En outre, le climat d'incertitude
économique et sociologique (risque de crises politiques par exemple) qui
prévaut dans les pays de l'UEMOA ne favorise pas véritablement
l'essor d'un système financier développé apte à
transformer l'épargne domestique en investissements domestiques.
Notre résultat parait pertinent en ce qui concerne la
zone UEMOA car les études antérieures ont abouti aux mêmes
résultats pour la zone en ce qui concerne la causalité
épargneinvestissement Doko et al (2004). Quant à
l'évaluation du niveau de développement financier, à notre
connaissance il semble ne pas exister d'études antérieures dans
ce domaine pour le cas particulier de l'UEMOA, mais reflète la
réalité du secteur financier de la zone UEMOA.
A la lumière des résultats des différents
niveaux de développement financier, quelles explications peut-on donner
à l'absence de relation linéaire entre épargne,
crédit et investissement domestiques dans la plupart des pays de l'UEMOA
?
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