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La défense des intérêts américains en Iran par le discours idéaliste, de 1945 à  1954

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par Mickaël, Milad Jokar
Université Caen Basse Normandie - Master 2011
  

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2) La stratégie discursive et l'utilisation d'un « choc » sous Eisenhower pour la défense de l'intérêt national américain

a) Le changement de discours de Washington

Le président Eisenhower a été élu en novembre 1952 et s`est installé à la Maison Blanche le 20 janvier 1953. Le parti Républicain possédait alors la majorité au Congrès. Sa politique est connue pour être plus réaliste que celle du président Truman.200 Le professeur Isaac Alteras explique dans son livre « Eisenhower and Israel : US-Israel relations » que des février 1953, le secrétaire d`État américain avait développé la théorie appelée New Look et que le message était : « It's time for a change ».201 Stephen Kinzer étaye à ce propos la différence de conception des Britanniques concernant la venue du nouveau président :

The Republican candidate to replace him [President Truman], Dwight Eisenhower, was running on a vigorously anticommunist platform. Eisenhower`s rhetoric greatly encouraged Churchill and Eden. The moment he was elected, they called off their effort to influence Truman and shifted their focus to the incoming team.202

L`administration Truman n`envisageant pas de coup d`État, la Grande Bretagne de Churchill se tourna donc vers le président républicain. Le climat à Washington ayant changé, les ambitions britanniques en Iran devenaient à présent possible.203 La vision

200 Professeur Brian Holden Reid explique à ce propos : The replacement of Truman and Acheson by the Eisenhower administration in January 1953 led to a greater degree of initial tolerance for the British viewpoint on the Iranian crisis.? John W. Young, the Foreign Policy of Churchill's Peacetime Administration, 1951-1955, op. cit., p.168.

201 Isaac Alteras, Eisenhower and Israel: U.S.-Israeli relations, 1953-1960, (University Press of Florida, 1993) P.37

202 Stephen Kinzer, op. cit., p.148.

203 Ibid. p.150

américaine en Iran n`était plus la même. Parallèlement, la cohérence discursive américaine se modifiait. Elle affichait des objectifs différents vis-à-vis de l`Iran ainsi qu`un ton moins idéaliste comme le montre cette conférence de presse du 5 mars 1953 :

Q. James B. Reston, New York Times: I wondered, sir, if you would comment on the Iranian situation, and especially whether you had made any appeal to the Shah or to the Prime Minister there recently?

THE PRESIDENT. I exchanged greetings with the Prime Minister before the inauguration, to assure him of our continued friendly interest in that region. Since this latest difficulty has arisen, I have not personally sent any message, although, of course, our whole Government watches this with the closest attention. It is a very delicate situation, and since it is an internal one, there is little that any outsider can do, even when they intend to be very helpful. We have a lot of hopes, of course, that this thing will straighten itself out, but it is, to say the least, delicate.204

Contrairement à Truman, Eisenhower ne mentionne plus « la défense des peuples libres », de la démocratie, de la paix et du développement. Au contraire, la cohérence discursive américaine se centre uniquement sur les intérêts américains dans la région. La rhétorique n`est plus idéaliste. En revanche, le président républicain reste pragmatique et se contente de réponses vagues, donnant peu de détails sur l`évolution de la crise. Il répond seulement que la situation est « très délicate » et que les États-Unis ne peuvent pas faire grand-chose étant donné qu`il s`agit de problèmes internes. Lorsqu`un autre journaliste continue l`interview en posant une question plus précise sur la situation en Iran, le président Eisenhower répond de la manière suivante :

Q. Arthur Sylvester, Newark News: Mr. President, do you, by considering Iran an internal problem, relinquish the initiative to the Russian Communists operating through the Tudeh Party?

THE PRESIDENT. Very naturally--we are represented there. We do every single thing we can to protect the interests of the United States everywhere on the globe, including Iran. What I meant was that it is not proper for me here to comment on things that are internal and which could be properly resented. But make no mistake: the reason we have representatives around the world is to protect American interests wherever they may be endangered or in difficulties.205

Eisenhower ne montre pas de signe de faiblesse face aux « communistes russes ». Il reste vague et ne donne toujours pas d`indications précises. Il cherche à rassurer l`opinion publique en montrant que les États-Unis sont présents « partout sur le globe, Iran inclus. » Le processus discursif de simplification est toujours utilisé. En effet, la rhétorique d`Eisenhower met en avant une politique globale qui valorise la puissance américaine et

204 Conférence de presse du président, 5 mars 1953 http://www.presidency.ucsb.edu/ws/index.php?pid=9734&st=&st1= (6 juin 2011).

205 Ibid.

qui n`obscurcit pas la compréhension du public, donnant ainsi à sa réponse plus de force d`attirance.206 Dans sa réponse à cette deuxième question, Eisenhower insiste bien (à deux reprises) sur l`objectif qui est de « défendre les intérêts américain ». Le président républicain minimise le pouvoir des États-Unis face à cette crise et se contente d`assurer la volonté américaine de ne pas s`occuper des affaires internes iraniennes. Ainsi, le président Eisenhower se démarque de Truman sur le plan de sa stratégie discursive. Ce changement de discours en public traduit un changement de stratégie de la politique américaine en Iran. Désormais, il ne s`agit plus de mettre en avant l`ethos américain via la rhétorique supernation pour résoudre le conflit et faire valoir les principes évoqués par le discours idéaliste. La rhétorique supernation est toujours appliquée mais elle concerne uniquement les intérêts de la nation américaine contrairement à la rhétorique de Truman qui insistait de manière plus prononcée sur la défense des « peuples libres ».

Le coup d`État, orchestré en août 1953, qui renversa Mohammad Mossadegh pour mettre en place la dictature du Shah Mohammad Reza Pahlavi, montre bien que l`administration républicaine avait mis en place une autre méthode pour défendre l`idéologie du système d`économie de marché mondial. L`objectif restait la défense des intérêts américains mais les moyens d`y parvenir avaient changé. Eisenhower a utilisé le choc de la crise irano-britannique d`un angle différent ; son administration, en collaboration avec Winston Churchill,207 était en faveur du renversement du premier ministre Mohammad Mossadegh, et ce, dès le jour de l`élection du président républicain.208 Ce coup d`Etat fut le premier orchestré par la CIA.209

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault