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Le marché des restes humains. Etude sur le fétichisme politique à  Libreville

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par Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2008
  

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2- La sociologie de la religion et la sociologie du pouvoir comme cadres de référence

Tout objet d'étude doit pouvoir s'inscrire dans un champ précis pour dégager les relations de causalité entre les différentes composantes de l'objet.

Mesmin Noël SOUMAHO définit le champ d'étude ou cadre de référence comme le « cadre théorique général dans lequel s'intègre la problématique de l'étude ».23 De plus, « toute science cherche à définir son domaine, à mettre en évidence des faits en vue d'établir des lois ».24 Le choix de la sociologie de la religion et du pouvoir comme cadres de référence de notre étude, nous permet d'expliquer le fait religieux et non pas de tout expliquer en termes religieux d'abord. Ensuite, il s'agit pour nous de voir que le fait religieux et les pratiques religieuses sont non seulement contemporaines à la naissance de la sociologie, mais que le fait religieux entretient un rapport étroit avec le politique, le pouvoir. Nous pouvons préciser que la religion, tout comme le pouvoir, sont des produits de la société.

Pour ce qui est de la sociologie des religions, la sociologie classique a essentiellement ouvert trois modes d'approches en ce domaine. Nous faisons référence ici à trois grandes figures de la sociologie que sont DURKHEIM, MARX et WEBER. A ce propos, nous voulons ici inscrire le culte des ancêtres comme fait religieux, impliquant des croyances, le sacré, le profane et des rites qui le composent.

23 Mesmin Noël SOUMAHO, Eléments de méthodologie pour une lecture critique, Préface de J.COPANS et Postface de J.G BIDIMA, (coll. « Recherche Gabonaises ») , l'Harmattan, et Libreville, CERGEP Editions, T.1, 2002, p.123.

24 Gaston MIALARET, Introduction aux sciences de l'éducation, Paris-Genève, Unesco-Delachaux et Niestlé, 1985, p.25, cité par Max Alexandre NGOUA in La sorcellerie du Kong à Bitam : Une manifestation symbolique de l'économie et de l'Etat capitaliste, rapport de Licence en Sociologie, Libreville, UOB/FLSH, Septembre 2003, p.5.

En fait, si nous avons convoqué le culte des ancêtres (Byéri, Bwété, Agombé nèrô, Ndjobi, Malumbi, etc.), c'est parce que nous voulons montrer qu'il est l'élément qui permet d'expliquer le phénomène des profanations des tombes et dont les « pièces détachées », particulièrement le crâne humain font l'objet d'un culte. A travers le culte des ancêtres, il s'agit là tout simplement de la préservation des crânes des ancêtres, comme outil, comme support permettant d'apporter prospérité à son détenteur. Toutefois, cette préservation du culte des ancêtres a subi l'influence du capitalisme, pour s'inscrire dans la marchandisation des restes humains. Et les profanations des tombes viennent attester cette altération du culte des ancêtres.

Finalement, en nous référant au culte des ancêtres, c'est aussi, montrer la fonction de la société lignagère en rapport avec le pouvoir. En ce sens, celui qui détenait le crâne de l'ancêtre, détenait le pouvoir et on se trouvait ici dans un système symbolique lignager (exclusivement familial).

Pour DURKHEIM, « les phénomènes religieux se rangent tout naturellement en deux catégories fondamentales : les croyances et les rites. Les premières sont des états de l'opinion, elles consistent en représentations ; les secondes sont des modes d'action déterminés ».25 De plus, « les choses sacrées sont celles que les interdits protègent et isolent [...] Enfin, les rites sont des règles de conduites qui prescrivent comment l'homme doit se comporter avec les choses sacrées ».26

L'ensemble des croyances et des rites correspondants constitue une religion. Durkheim entrevoit toute religion par sa capacité à distinguer le sacré et le profane. Il nous propose donc la définition suivante : « une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées, c'est-à-dire séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une même communauté morale, appelée Eglise, tous ceux qui y adhèrent ».27

25 Emile DURKHEIM, Les formes élémentaires de la vie religieuse, Paris, (coll. « Le livre de Poche »), classiques de Philosophie, 1991, p.92.

26 Ibid., pp.98-99.

27 Emile DURKHEIM, Les formes élémentaires de la vie religieuse op.cit., p.110.

Pour WEBER, « la religion définit les orientations normatives de l'action, elle fixe un cadre nécessaire à des conduites ».28

Enfin pour MARX, la religion est le produit de la société. Ce dernier considère que « la religion est à la fois l'expression de l'aliénation des individus et un discours de légitimation de l'ordre établi »29 et surtout de protestation. Mieux, elle est un mode de mystification assurant l'aliénation des acteurs dominés aux profits de ceux qui les exploitent. Ainsi, « la détresse religieuse est pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour l'autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit des conditions sociales dont l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple ».30

En convoquant la sociologie du pouvoir, nous voulons appréhender ce qu'on entend par la sociologie du pouvoir. Ensuite, il y a un lien étroit entre religion et pouvoir. Pour Marta HARNECKER, le pouvoir politique se définit comme « la capacité d'utiliser l'appareil d'Etat pour réaliser les objectifs politiques de la classe dominante ».31 Mieux, la sociologie politique « est la science du pouvoir (de l'autorité, du commandement, du gouvernement) dans quelque société humaine que ce soit et pas seulement dans les sociétés étatiques ».32 Dans cette définition du pouvoir, il convient de présenter deux de ses caractéristiques : «d'abord sa fonction de régulation sociale. Le pouvoir est indispensable et se renforce grâce aux inégalités qu'il a pour but de combattre et qui le justifient, d'où son ambiguïté. Dans une société sans conflits, le pouvoir serait inutile. Georges BALANDIER ajoute une seconde caractéristique importante : la sacralité, toujours présente, bien que plus ou moins manifeste suivant les sociétés ».33

28 Max WEBER, L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Paris, Plon, 1967, cité par M.A. NGOUA, op.cit p.5.

29 Alain BEITONE et al, Sciences sociales, 3ème éd., Paris, (coll. « aide-mémoire »), Dalloz, 2002, p.269.

30 Ibid., p.269.

31 Marta HARNECKER, Les concepts élémentaires du matérialisme historique, Bruxelles, Editions Contradictions, 1974, p.105.

32 Roger-Gérard SCHWARTZENBERG, Sociologie politique, 5ème édition, Paris, (coll. « Domat Politique »), éd. Montchrestien, 1998, p.30.

33 Madeleine GRAWITZ, op.cit. p.288.

L'étude du pouvoir implique l'observation des mécanismes politiques (élections, référendums, etc.) par lesquels il se conquiert et s'exerce, la sphère d'action ou d'intervention des gouvernants, telle qu'elle peut être déterminée par les institutions existantes et par les positions ou réactions du corps social, c'est-à-dire les formes, l'étendue et les limites du pouvoir, ainsi que les techniques de gouvernement ou moyens d'exercer le pouvoir. Or, il est indéniable que le pouvoir est intimement lié à la religion. Mieux, le pouvoir est lié à la sorcellerie, au fétichisme. En effet, « la perception de la puissance politique des hommes (ou des femmes politiques) participe du même schème de la criminalisation liée à leur appartenance aux confréries et sectes supposées exiger des sacrifices humains en échange du pouvoir et/ou de la consommation des marchandises ».34

Enfin, Georges BALANDIER nous invite à considérer que

l'imbrication du sacré et du politique est, dans ce cas, déjà incontestable. « Dans les sociétés modernes laïcisées, elle demeure apparente ; le pouvoir n'y est jamais entièrement vidé de son contenu religieux qui reste présent, réduit et discret ».35 En ce sens, « le pouvoir est sacralisé parce que toute société affirme sa volonté d'éternité et redoute le retour au chaos comme réalisation de sa propre mort ».36

34 Joseph TONDA, op.cit, p.3.

35 Georges BALANDIER, anthropologie politique, Paris, Puf /Quadrige, 1999, p.118.

36 Ibid., p.119.

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