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Rapports "mère- fils " à  travers la bru dans la famille gabonaise actuelle

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par Floriane Mélinda KAYIBA
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2009
  

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2. La relation conflictuelle entre bru et belle-mère.

A la lecture de ce qui est précédemment dit, nous remarquons que le changement du comportement du fils envers sa mère est dû à sa nouvelle manière de voir les choses avec l'intrusion de la bru dans sa vie. Cela a bouleversé la relation << mère-fils » et cette nouvelle configuration de cette relation << mère-fils » peut altérer à son tour la relation << belle-mère-bru. » En effet, si auparavant on a eu à observer les devoirs de la bru vis-à-vis de la belle famille, particulièrement envers sa belle-mère, c'est parce que la belle-mère constituait une seconde mère, une conseillère incontournable dans la bonne marche du mariage de la bru. Aujourd'hui a priori, il s'agit de rapports conflictuels entre la belle-mère et la bru, voire en rivalité.

<< Classiquement, c'est la belle-mère qui déclenche les différends »236 parce qu'elle a mauvaise réputation dans la vie. « On dit qu'elle est casse-pieds, fouineuse, jalouse et même parfois sorcière. Or, ceci crée des situations conflictuelles entre bellefille et belle-mère.»237 Les plus mauvaises langues disent qu'elles voudraient avoir un mari qui n'a plus de mère, soit aveugle ou muette. De plus, si nous venons de voir que généralement c'est la belle-mère qui déclenche les différends, << il survient dans certains cas que la belle-fille provoque elle-même les disputes afin de pousser son

235 Pasteur OGOULA-O /(<(, UIop.cit, p.86.

236 Dalila SOLTANI, « Des échanges relationnels conflictuels (le mague-journal de culture-société-peopledécryptage télé) », op.cit., p.1.

237 Rita MENSAH AMENDAH, op.cit., p.53.

époux à se débrouiller pour acquérir un appartement personnel. La bru étant à la quête de stabilité use de ces différends qui rendent le climat familial toxique pour pousser son conjoint à lui assurer un domicile individuel.»238 Ce qui conduit à une compétition entre la belle-mère et la bru.

D'autant plus que « les relations des femmes entre elles, enserrées dans une formidable compétition obligent à devancer la rivale potentielle et à frapper la première »239 et pourquoi pas, pour se faire passer pour une victime auprès du fils pour l'une, le mari pour l'autre.

Comme l'écrit Dalila SOLTANI, c'est habituellement la belle-mère qui déclenche les différends, cela peut trouver son explication dans le fait qu'il peut s'agir d'une belle-mère qui débarque à l'improviste, qui critique sans arrêt la façon de la bru de cuisiner ou d'éduquer les enfants ou encore une belle-mère qui peut passer son temps à espionner le ménage de son fils, et particulièrement les agissements de la bru et être envahissante, voire très protectrice.

Au sortir de nos entretiens avec nos informateurs, il ressort que bru et bellemère entretiennent des rapports conflictuels parce qu'il ya un conflit d'intérêt qui s'installe ; d'autant plus que la bru vient contrarier les projets de la belle famille. D'ailleurs selon monsieur I.I, pour les Myènè, particulièrement les Galoa qui sont de filiation matrilinéaire, « les mamans veulent que leurs fils soient là pour s'occuper de la progéniture de leurs filles. On met en marge nos propres enfants. Pour elles ; quand vous prenez une femme, ça fait obstacle à leurs ambitions (de la belle-famille). Alors par moment la bru est adulée par la famille maternelle. Avec le temps j'ai constaté qu'on dit que ma femme s'accapare de moi, elle m'a fait mangé des choses. »240

238 Dalila SOLTANI, ibid., p.1.

239 Nedjima PLANTADE, op.cit., p.165.

240 Propos de monsieur I.I, 48 ans, agent de contrôle à l'ASECNA, marié à l'état-civil à une sénégalaise, 3 enfants.

Dans le même sens, monsieur J.A.A241 affirme que << le plus souvent ma maman se trouve en rivalité avec sa belle-fille. Car ma mère avait une emprise sur moi étant donné que j'étais seul et je dormais chez elle. J'ai trois enfants hors mariage, le fait d'envoyer 80000 fcfa a chacun de mes enfants était un cauchemar pour ma mère. >> Il poursuit en disant que << j'ai marié ma femme en 2004 en France sans l'aval de ma mère, mon père étant décédé, cela a suscité vraiment des conflits. J'ai dis clairement à ma mère que je suis grand, je fais ma vie, j'ai pratiquement 40 ans, j'ai le droit de me marier, toi tu t'es mariée à 18 ans alors ne me fais pas le bruit. Elle a dit que je me rebelle. >>242 De même, << ma mère est toujours au milieu de ma relation avec ma femme. Ma mère est protectrice et voyait qu'il n'y avait plus d'attachement pour elle. >>243

On peut aussi compter sur le vécu de monsieur I.S qui a connu ces rapports conflictuels entre sa mère et sa femme. << Lorsque j'ai fais venir ma mère chez moi à Franceville, ma mère se prenait pour l'épouse. J'ai dli me fdcher, j'ai remis les choses sur pieds parce que mon épouse n'est pas gabonaise, j'ai dis que ici au Gabon, je suis son père, sa mère et que si tu la touche, tu me touches. >>244

D'après les brus, les belles-mères considèrent toujours leurs fils comme des bébés et pour les belles-mères, les brus ne sont pas à la hauteur donc, les belles-mères sont en permanence en surveillance des faits et gestes des brus. Ces relations conflictuelles se manifestent par des actes et des verbes de ces deux acteurs. Par la notion de << verbe >>, il faut entendre les discours que ces deux acteurs tiennent réciproquement. Le "verbe" désigne les mots, les paroles, les injures car << le mot, par sa force et ses effets, illusionne sur le réel pour aboutir à ce que l'idée se réalise ; et aussi pour le manipuler dans la théâtralité et l'ambiguïté. >>245

241 Monsieur J.A.A, Myqn~, 47 ans, cadre au Minist~re des mines, marié à l'état-civil, 3 enfants.

242 Propos de monsieur J.A.A.

243 Propos de monsieur C.A.E, Fang, ingénieur marketing à Zain Gabon, père de 3 enfants, vit en concubinage depuis 9 ans.

244 Propos de monsieur I.S, Conseillé du Ministre des Mines et enseignant du supérieur, Myènè, 49 ans, Myènè, il a épousé une mauricienne et a 3 enfants.

245 Georges BALANDIER, Le pouvoir sur scènes, Paris, Balland, 1992, p.26.

En ce qui concerne les brus, leurs actes et verbes sont illustrés par les cas de mesdames Y.H, I.E.E, B.A, M.A, A.E.M, A.M.S et O.E, des brus que nous avons rencontrées pour la circonstance. En effet, dans le cadre des actes, madame Y.H a, pour corroborer nos dires, été victime de la surveillance de sa belle-mère et de ses critiques sur l'éducation des enfants : << ma belle-mère surveillait la maison et affirmait que son fils participe seul aux besoins du ménage. Par ailleurs, elle disait sans arrêt que l'éducation des enfants n'est pas bien faite.>>246

Pour sa part, madame I.E.E se plaint du fait que << quand je me dispute avec mon mari, ma belle-mère prend la part de son fils. Lorsque je dors avec mon mari, elle vient me réveiller à 5 heures du matin en disant que vous êtes entrain de"baiser", allons-y en brousse.>>247 D'autre part, madame B.A affirme que << ma belle-mère et moi avions d'assez bons rapports au début, après ça capoté quand son fils a pris une deuxième femme donc ça ne m'a pas plu et la belle-mère était du côté de son fils parce qu'elle couvrait son fils. Parce que ola deuxième femme restait chez ma belle-mère et j'avais le sentiment de n'être plus appréciée.

Il n'est pas souhaitable de vivre avec sa belle-mère car vous ne pouvez pas vous entendre, siton mari t'aime, la belle-mère ne va pas l'accepter.>>248

Enfin, O.E raconte que << il ya de cela plus de 10 ans, depuis le jour où je suis partie de la maison de mon père, pour habiter avec mon amant chez lui. Au début, tout allait bien, 2 à 3 mois après, j'étais devenue comme une esclave, des humiliations allant jusqu'aux injures publiques en excitant sa fille (soeur aînée de mon amant) à se battre avec moi bref. Depuis que nous sommes partis de chez elle, tout va mieux du moins, je suis chez moi. Je gère mon couple comme je peux même si elle cherche toujours à s'ingérer dans nos problèmes. Ce qui fait qu'il n'est pas souhaitable de vivre avec elle parce qu'elle s'occupe de tout, elle veut être dans la prise des décisions.>>249

246 Propos de madame Y.H, bru, vit en concubinage, avec 2 enfants, psychologue.

247 Propos de madame I.E.E, bru, vit en concubinage, 2 enfants, sans profession.

248 Propos de madame B.A, bru, divorcée, 6 enfants, secrétaire.

249 Propos de madame O.E, bru, concubinage, 4 enfants, conseiller pédagogique.

S'agissant du verbe, les brus affirment qu'elles sont victimes des injures publiques de la part des belles-mères. En témoigne mesdames I.E.E, O.E, M.A, A.E.M et AM.S.

Madame I.E.E nous déclare que << lorsque nous sommes à table, ma belle-mère dit : "ma nourriture que j'ai payée, c'est une fille inconnue qui vient manger". Elle dit que l'argent de la bricole de son fils, c'est moi qui finis. Lorsque je dors avec mon mari, elle vient me réveiller à 5 heures du matin en disant que vous êtes entrain de "baiser", allons-y en brousse. Quelques fois, elle m'insultait publiquement "ton con", tu n'as pas trouvé un autre "bangala", c'est seulement celui de mon fils ? "Ton con" là, c'est toi qui as sorti l'enfant dans "ton con" ? Et moi je répondais "la manière dont tu as fais sortir l'enfant dans ton con", c'est comme ça que ma mère m'a fait sortir dans "son con".>>250 Les propos de madame I.E.E nous permettent de nous rendre compte qu'il ya, entre elle et sa belle-mère, la tenue de paroles injurieuses et grossières, traduisant l'ampleur des rapports conflictuels.

La situation est quasiment la même pour madame O.E, car << au début, tout allait bien, 2 à 3 mois après j'étais devenue comme une esclave, des humiliations allant jusqu'aux injures publiques en excitant sa fille (soeur aînée de mon amant) à se battre avec moi bref. >>251 Aussi, << ma belle-mère demande chaque fin de mois à son fils de lui donner une part et ne veut pas entendre parler de mon ménage avec son fils. Pour moi, la belle-mère est une rivale, par son comportement, la manière dont elle réagit dans ce qui me concerne.>>252 Madame A.M.S affirme que << ma belle-mère me disait que c'est moi qui mange l'argent de son fils, que c'est moi qui commande son enfant, et c'est moi qui décide.>>253 Compte tenu de l'éducation qu'elle a reçu de ses parents, madame A.M.S se gardait de ne pas répondre à sa belle-mère, quelque soit la situation. De plus, il ya des brus qui subissent des menaces verbales de mort comme c'est le cas de madame M.A et de madame A.E.M.

250 Propos de madame I.E.E, 30 ans, bru, sans profession, vit en concubinage, 2 enfants.

251 Propos de madame O.E, 36 ans, conseiller pédagogique, 4 enfants, vit en concubinage.

252 Ibidem.

253 Propos de madame A.M.S, bru, 63 ans, institutrice retraitée, mariée à la coutume et à l'état-civil, mère de 8 enfants.

A cet égard, madame M.A nous a confié que ses rapports avec sa belle-mère reposent sur l'hypocrisie, de sa belle-mère et que « ma belle-mère me disait que mes enfants et moi nous ne pouvions pas manger l'argent de son fils seuls car ses enfants appartiennent à la mère et ce sont les neveux qui sont ses propres enfants. Elle me disait "si c'est moi qui a mis au monde cet enfant, tu verras". Ce qui fait que je me sente en rivalité avec elle car il ya la différence des enfants de son fils et ceux de la fille. »254

Quand à madame A.E.M, pour qui le choix de la belle-fille est à l'origine du conflit, notre enquêtée nous a fait part du fait que sa belle-mère a amené son nom chez le Nganga, ce qui a fait qu'elle soit distante de sa belle-mère. Plus encore, « elle me répétait touts les jours que j'allais mourir en décembre 2006 si je ne partais pas de la maison de son fils. Elle dit aussi que je finis l'argent de son fils et qu'elle va m'abattre comme un chien si je ne parts pas de SOTEGA. Son fils va nous coucher toutes les deux et on aura le même goût. Moi je ne répondais pas. »255 Ces menaces verbales sont a priori courantes et on peut constater qu'elles proviennent généralement des belles-mères.

De manière générale il ressort que les belles-filles disent que leurs bellesmères déclarent que ce sont elles qui finissent l'argent des fils, ce qui exacerbe les brus. Ce qu'il faut retenir encore, c'est que la bru est réifiée par sa belle-mère qui, par le verbe, montre qu'elle est la maîtresse des lieux, et partant, l'unique "propriétaire" du fils. Vu les diverses plaintes faites par les brus au sujet du comportement de leurs belles-mères, a priori la belle-mère fait en sorte que la bru puisse commettre l'irréparable par des provocations directes ou indirectes ; voire la rabaisser par tous les moyens.

En outre, sur la question de la jalousie, inconsciente la plupart du temps a priori, il faut dire à ce sujet que « la belle-mère envie sa belle-fille et se dit : ce que

254 Propos de madame M.A, bru, concubinage, 4 enfants, 32 ans.

255 Propos de madame A.E.M, bru, concubinage, enseignante du préscolaire, 32 ans, 1 enfant.

mon fils fait à sa femme, mon mari son père ne me l'a jamais fait. Cette jalousie se situe au niveau de la femme. C'est une femme qui en envie une autre.»256 En bref, il s'agit donc d'une mère possessive, en tant qu'autre manifestation de cette jalousie ; la belle-mère qui dit : « elle me vole mon fils, il est à moi, elle me prend ma place, il n'écoute plus qu'elle.»257

Elle sent donc qu'elle perd son influence, son autorité sur le fils. De plus, la lutte entre la bru et la belle-mère, symbolique soit elle, cache en profondeur un sentiment de jalousie et une relation de rivalité s'amplifie avec le temps. Parce que « la bru est une intruse qui a débarqué pour chambouler la vie familiale. D'abord, elle s'est mariée avec le fils (ce qui signifie, pour la mère, qu'elle n'est plus propriétaire de cette partie d'elle-même qu'elle a toujours protégée et entretenue.) Le sentiment d'être dépossédée de ce fils laisse naître chez la mère une sensation de mal-être. D'ailleurs, elle se sent reléguée au dernier plan. Elle a l'impression de ne plus être importante puisque cette "autre femme" est venue s'approprier son fils et sa maison258

En dernier lieu, « ne pouvant supporter cette situation, la belle-mère commence à lancer des messages hostiles à l'égard de sa bru. Implicitement puis ouvertement, des critiques et des sous-entendus sont lancés de manière à pousser la belle-fille à riposter et, donc, à entrer en conflit avec la belle-mère. Le but principal de la belle-mère est de clairement signifier à sa bru qu'elle est l'unique chef des lieux et qu'elle ne peut être qu'un subordonné. La belle-mère n'hésitera pas, une fois la dispute enclenchée, à se mettre sur la défensive, à responsabiliser sa bru et à demander à son fils de se positionner par rapport au conflit, de punir son épouse et d'exiger d'elle le respect et soumission259

Après avoir traité des actes et des verbes posés par les belles-mères à l'encontre de leurs brus, venons-en à présent à ceux posés par les brus à l'endroit des belles-mères. Si nous avons vu tantôt les diverses plaintes faites par les brus au sujet

256Rita MENSAH AMENDAH, ibid., p.54.

257 Ibid., p.54.

258 Propos de madame I.E.E., 30 ans, concubinage, 2 enfants, sans profession.

259 Propos de madame I.M.J, 43 ans, mariée à la coutume, 10 enfants, archiviste.

du comportement des belles-mères, il n'en demeure pas moins vrai que les bellesmères elles aussi se plaignent du comportement des brus, qu'elles qualifient d'irrespectueux.

Partant des actes posés par les brus, il faut dire que selon les propos des belles-mères en général, les brus ont du mépris pour la belle famille, particulièrement à leur égard, elles sont irrespectueuses, n'aiment que leurs maris et sont surtout paresseuses. Pour être mieux édifiés sur cette question, nous avons retenu les propos de certaines de nos belles-mères tels mesdames M.D, mesdames E.T, I.M.J, M.J, B.M.G.

Par exemple, madame M.D a trois belles-filles avec qui elle a eu de bons rapports ; elles affichaient un bon comportement. « Mais lorsque mon mari est mort en 2006, tout a changé, je ne sais pas pourquoi »260 nous a-t-elle confié. Ensuite elle a ajouté que ses brus ont commencé à mal se comporter vu que pour elle, ses belles-filles « n'aiment que leurs maris et n'aiment pas la belle famille et la belle-mère. Elles ne me donnent pas la nourriture, même pas le bonjour, elles restent que dans leurs chambres. Nous sommes dans la même concession mais pas dans la même maison. Quand elles me donnent la nourriture aujourd'hui, elles font deux jours sans me donner la nourriture. C'est mon fils qui me donne à manger. »261 En ce qui concerne madame E.T, il faut dire qu'elle reprochait à sa bru qu'elle ne lui prête pas du tout attention, ce qui, aux dires de la belle-mère madame E.T, l'ennui car elle n'a pas agit de la sorte. « Nous avons les mauvais rapports car elle avait un mauvais comportement. Quand je suis tombée malade la deuxième année après ses présentations, elle était venue passer un jour, elle a dormi jusqu'à midi sans faire un tour chez moi pour travailler, juste me dire bonjour. Après elle disparaissait pendant 3 à 4 mois sans venir voir la belle-mère, ni son mari. Les raisons étaient que je garde l'enfant de ma soeur (la première année de ses présentations), la deuxième année c'était maintenant ma soeur qui a accouché.»262

260 Propos de madame M.D, belle-mère, 78 ans, sans profession, veuve avec 8 enfants et avec 3 brus. 261Ibidem.

262 Propos de madame E.T, 63 ans, retraitée, 7 enfants, belle-mère.

En outre, madame I.M.J reproche à sa bru le fait qu'elle soit paresseuse. << Quand elle lave le linge de son mari, n'a jamais pris ne fusse qu'une fois dans le mois le linge du beau-père, de la belle-mère. En passant elle peut prendre le linge des frères du mari pour laver ne fusse que deux tenues mais rien. Quand elle fait la vaisselle, le reste des travaux, elle laisse pour les beaux-frères et la belle-soeur sachant que les beaux-frères ne travaillent pas souvent, c'est la belle-soeur qui s'occupe du reste du ménage. Elle aime toujours rester dans la chambre et quand le mari est là, ils passent plus de temps dans la chambre mari et femme. Mon fils me donnait au moins 50000f chaque fin de mois, il ne me donne vraiment plus rien depuis qu'elle est venue rester avec nous.>>263

En plus de madame I.M.J, madame M.J nous a relaté que sa bru incite son fils à l'insulter elle et sa fille et se plaint également de la paresse de sa belle-fille. << Les rapports entre ma belle-fille et moi sont mauvais. Il n'ya pas d'entente, elle ne veut pas que mon fils me garde. S'il a l'argent, c'est juste pour elle ; elle est de son côté, elle ne travaille pas. Elle ne veut pas que j'attrape mon petit-fils et dit que je suis une sorcière. Elle dit à mon fils de séparer la maison en deux. Je ne vois vraiment plus mon fils, il a changé avec moi. Mon fils veut même me porter main. Depuis que nous sommes ensembles là, elle n'a jamais préparé pour le grand-père du mari, ni jamais donner la nourriture aux enfants de sa belle-soeur malgré qu'elle soit en voyage.»264

Enfin, nous terminons nos illustrations avec le cas de madame B.M.G qui entretient aussi de très mauvais rapports avec sa belle-fille ; de surcroît qui vit avec elle dans la même maison. << On a souvent des conflits, ma belle-fille est en concubinage avec mon fils, elle ne me rend pas service, c'est-à-dire puiser de l'eau, me laver le linge, ne me prépare pas la nourriture que j'aime pour me donner car mon fils lui donne de l'argent. Elle ne m'achète pas quelque chose à boire. Je ne suis pas contente car j'ai souffert avec son mari "9 mois de grossesse". Jamais elle a pris 5000 ou 10000 f pour me donner. Lorsqu'elle se réveille, elle utilise mes marmites propres et les laisses sales. Moi je ne suis pas d'accord. Quand je suis malade, elle ne me chauffe pas de l'eau, je fais même quatre jours alitée et ne vient même

pas me dire bonjour. Je me sens en rivalité car elle m'accuse de sorcière, c'est moi qui avais mangé son enfant dans le ventre puisqu'elle a accouché un mort-né à 9 mois. Mon nom était gaspillé chez tout le monde. Elle ne garde pas bien ses enfants, ils sont sales avec la gale. Mon fils avait promis me frapper à cause d'elle. Je ne dépenserai jamais mon argent pour aller la marier, je la déteste. Ce n'est pas la faute de mon fils car il est manipulé par sa femme. Je connais mon fils, il était bien avec moi. Depuis qu'il est avec cette fille, il ya eu un changement terrible.»265

S'agissant du verbe des brus sur les belles-mères, nous avons retenu le discours de mesdames B.C, M.J, de madame B.M.G et de madame M.D pour enrichir les paroles des brus envers les belles-mères.

Pour madame B.C, chaque fois qu'elle arrive chez sa belle-fille, << elle me dit d'aller me servir moi-même à la cuisine dans la marmite»266, ce qui constitue un manque de respect à l'égard de la belle-mère par la bru, aux dires de madame B.C dans notre entretien. C'est ce genre de paroles et d'actes qui font qu'elle soit en conflit avec sa bru car cette dernière mépriserait la belle-famille.

Autre cas à signaler, c'est celui de madame M.J, qui ne s'entend pas du tout avec sa bru. En effet, << ma belle-fille ne veut pas que j'attrape mon petit-fils et dit que je suis une sorcière. Elle a dit à mon fils de séparer la maison en deux. Je ne vois même plus vraiment mon fils, il a changé avec moi. Elle m'insulte ouvertement "tu n'es pas la mère de mon mari, dis-nous sa vraie mère, il ne peut pas avoir une mère infirme, tu fais exprès de ne pas marcher". Elle dit à son mari de m'insulter devant les gens sinon elle part chez elle. Et mon fils m'insulte "mon gros con" ; même jusqu'à ma petite soeur.»267

Dans le même ordre d'idée, madame B.M.G se trouve confrontée dans cette situation où elle est accusée d'être une sorcière par sa belle-fille, ce qui fait également qu'elle a de très mauvais rapports avec sa belle-fille qui vit dans la même maison qu'elle. « Tu vois, ma belle-fille m'accuse de sorcière, que c'est moi qui avais mangé son

265 Propos de madame B.M.G, commerçante, belle-mère, divorcée, 52 ans.

266 Propos de madame B.C, belle-mqre, 45 ans, mariée à l'état-civil, 6 enfants et sans emploi.

267 Propos de madame M.J, belle-mère, 42 ans, sans profession, avec 54 enfants, concubinage.

enfant dans le ventre puisqu'elle a accouché un mort-né à 9 mois. Mon nom était gaspillé chez tout le monde.»268 Aussi considère t-elle sa bru comme une rivale irrespectueuse.

Enfin, madame M.D se plaint non seulement du fait que ses belles-filles n'aiment que leurs maris et pas la belle-famille, encore moins la belle-mère, mais aussi qu'elle est victime d'injures et pamphlets de ses trois belles-filles : « elles m'ont dit qu'on ne souffre pas avec les mères des autres (maris). Nos mères ne vivent plus. Des fois, elle se mettaient à parler seules : je ne veux pas voir la mère de mon mari ; je ne veux pas que mon mari donne l'argent à sa mère seule moi. Elles m'insultent ouvertement "idoungui" c'est-à-dire maboule ; "les yeux rouges"269

Pour résumer, les belles-mères estiment pour leur part que les brus d'aujourd'hui sont irrespectueuses à leur égard et elles comparent, a priori, ce qu'elles vivent maintenant à leurs propres vécus hier quand elles étaient brus ou le sont encore. Outre le non respect des belles-mères, ces dernières affirment que les brus sont paresseuses et ont du mépris pour la belle famille.

Dans cette présentation du conflit, même si nous observons quelques exceptions, généralement c'est toujours la belle-mère qui déclenche le conflit, pour asseoir sa domination symbolique ; en tant que chef et propriétaire des lieux. Mais cette domination symbolique tend à être renversée par la bru. Cependant, il est important de savoir quels sont les éléments déclencheurs du conflit ?

> L'origine du conflit

On peut d'abord partir des mutations qui ont façonné l'Afrique, particulièrement le Gabon et qui conduisent au fait que le choix du conjoint soit dû

268 Propos de madame B.M.G, belle-mère, 52 ans, commerçante, divorcée.

269 Propos de madame M.D, 78 ans, sans profession, veuve, 8 enfants dont 3 belles-filles.

au sentiment exclusif des conjoints qui se sont rencontrés soit en pleine balade, à l'école, au travail. Car << les jeunes sont donc libres du choix de leur conjoint, en ce sens au moins qu'ils savent désormais que leurs parents n'interviendront généralement qu'avec prudence : le souci de respecter le choix personnel de leur enfant et aussi la conscience qu'une opposition résolue n'aurait d'autre conséquence qu'une brouille temporaire avec le jeune ménage.»270

Ce qui fait que les conjoints ignorent presque comment sont les comportements de la famille du conjoint, de même la famille du conjoint ignore d'où vient ce conjoint, quelle est la renommée de cette famille et se sent écartée, frustrée ; constituant une perte d'influence et de son autorité.

<< Arrive alors une femme qui, au nom de la relation d'alliance, au nom du mariage, devient plus proche de ce fils, son époux, que ces femmes dont il est le débiteur, et qui prétend, soit les écarter de la jouissance de ces biens, soit venir avant elles dans le partage de ces prestations. Elles se sentent frustrées de devoir passer après une autre qui n'a aucunement contribué, au départ tout au moins, à l'épanouissement de l'époux. La relation entre la bru d'un côté, la belle-mère et les belles-soeurs de l'autre, devient nécessairement conflictuelle»271 parce que la bru apparaît comme une accapareuse. Signalons que l'origine du conflit est de deux natures : celle qui tend à faire entrer la bru dans la famille et celle qui tend à faire ressortir le fils de la famille.

En ce qui concerne l'arrivée de la bru dans la famille, il s'agit de faire connaître cette dernière auprès de la belle-mère. Ceci implique la cohabitation. Cette cohabitation est en majeure partie une des tensions excessives de la bru envers sa belle-mère. Nous pouvons dire que la cohabitation existe depuis dans les sociétés précapitalistes car on vivait en communauté, c'était la solidarité mécanique dans la société gabonaise. La belle-famille est élargie c'est-à-dire que l'on retrouve les soeurs, les tantes, les frères, les cousins etc. Rare est la situation où nous ne trouvons rien que

le père, la mère et les enfants. D'où la belle-fille a la charge de s'occuper de cette famille là. Cette cohabitation permet de mieux se connaître.

C'est pourquoi la belle-fille devait passer un certain temps avec les beaux-parents si le conjoint n'avait pas encore de situation stable. La belle-fille était contrainte d'aller rester dans la maison familiale. Et celle qui avait un mari ayant un salaire ; son mari et elle partaient faire un mois et plus avec la belle-mère pour se connaître étant donné qu'elle ignore (belle-mère) la famille de l'homme, comment est cette fille ; est-elle travailleuse, polie ou encore c'est la belle-mère qui se déplace pour aller trouver le couple.

Cette cohabitation entraînerait la surveillance de la bru qui pour elle, n'admet cette situation. Ce qui fait apparaître les tensions. L'élément déclencheur du conflit serait dii à la décision du fils d'aller présenter sa conjointe à sa mère. A signaler que cette décision a été motivée par le fait que la bru avait déjà un enfant. Ce qui a pour corollaire les présentations officielles auprès de la belle-famille. C'est le cas par exemple de madame I.E.E272 qui, quand elle est allée habiter dans la maison de la belle-mère, était enceinte de 4 mois mais n'avait rien dit à la belle-mère. En fait, tout a commencé lorsque la belle-mère lui proposa d'allée laver le corps chez le Nganga avec elle, parce qu'il n'était pas normal qu'elle puisse rester avec son fils qui ne travaille pas ; elle mérite mieux et lui a demandé de ne rien dire à son fils. Quand la bru a décliné l'offre de la belle-mère d'aller voir un Nganga, la belle-mère s'est fâchée en disant que « moi, on ne m'a pas fait sortir l'argent pour qu'on m'épouse ; je ne peux pas aussi le faire, jamais.» Pour madame Y.H273, le conflit débute ici dès la naissance du 1er enfant ; ce qui faisait que la belle-mère commençait à faire des tours de temps en temps à la maison de la bru puisqu'elle aidait sa belle-fille à garder l'enfant. On notera que la belle-mère a commencé à surveiller la maison ; en cherchant par exemple à savoir ce qui a été préparé pour son fils, il faut mettre de l'eau de javel dans les toilettes, la nourriture n'est pas bien nettoyée.

De même, avec madame L.C274, le conflit a declenche après la naissance du 2ème enfant et les presentations ont suivi. Dès lors, ils ont decide de vivre ensemble et le conflit s'est véritablement manifesté d'abord avec les belles-soeurs et les beauxfrères qui vivaient avec eux dans la maison du mari. Le conflit a declenche après la naissance du 2ème enfant et les presentations ont suivi. Dès lors, ils ont decide de vivre ensemble et le conflit s'est véritablement manifesté d'abord avec les belles-soeurs et les beaux-frères qui vivaient avec eux dans la maison du mari.

Tout comme pour madame A.E.M275 lorsque le mari a commence à travailler, il a décidé d'aller se présenter au bout de 4 ans. De là, la belle-mère a proteste en disant que si il decide de vivre avec sa femme, ils doivent donc sortir de sa maison et la belle-mère racontait que sa belle-fille etait sterile. Venons-en à présent à l'origine qui tend à faire sortir le fils de la famille.

A cet effet, le conflit s'accentue lorsque les fils s'obstinent à aller vivre avec leurs conjointes sur leurs propres toits, malgre le refus de leurs mères. Nous prendrons le cas des hommes maries avec des gabonaises et des etrangères ; pour mieux illustrer nos propos.

Monsieur I.S276 nous a dit que « quand je suis rentré au Gabon, j'étais déjà marié donc je n'avais pas de compte à rendre à mes parents. Je ne suis pas resté longtemps à Libreville, je suis parti loin de la famille à Franceville, je suis resté là-bas pendant 10 ans donc la famille je ne voyais que pendant les vacances. » Pour monsieur J.A.A277 « je me suis marié en 2004 en France avec elle. Dès qu'elle est arrivée au Gabon, je suis allé directement louer avec elle, à la maison il y avait rien. » En outre, « quand j'ai commencé à travailler, j'ai décidé de quitter la maison familiale. Le fait de quitter la maison a été un souci pour ma mère, car c'était d'ordre affectif, elle se sentait dépossédée étant dans la maison familiale ; elle

274 Madame L.C, Massango, mariée à la coutume, 39 ans, 6 enfants, étudiante.

275 Madame A.E.M, Fang de Minvoul, 32 ans, 2 enfants, concubinage, enseignante préscolaire.

276 Monsieur I.S, 49 ans, Myqn~, marié à l'état-civil avec une mauricienne, conseiller du ministre des mines et enseignant du supérieur, père de 3 enfants.

277 Monsieur J.A.A, 45 ans, 4 enfants, cadre au minist~re des mines, marié à une fang à l'état-civil.

pensait me gérer. Savoir comment j'allais, juste pour elle je n'étais pas assez grand, et avec une personne, elle se demandait comment j'allais ma comporter. Ça n'a pas été facile.>>278

Ici, nous voyons avec Louis ROUSSEL que l'enfant est un « caractéristique irréductible du lien conjugal. C'est la décision d'avoir un enfant qui "change tout " et transforme le couple en conjoints. La naissance de l'enfant transforme inévitablement le lien qui unit les conjoints et confère à l'épouse des responsabilités qui demeurent, pour ma majorité de l'opinion, de son ressort.>>279 Cet enfant est apparu dans les résultats comme essentiel au mariage : sans lui, pas de vrai mariage.

En effet, avec la naissance de l'enfant, la belle-mère se sent déstabilisée, mieux encore, avec le mariage, la belle-mère perd la bataille, sans parler de l'éloignement du fils et la décohabitation. A cela, Séverin Cécile ABEGA280 parle de la « mort symbolique >> de la belle-mère par la bru.

278 Propos de monsieur C.A.E, 38 ans, Fang, ingénieur en marketing, 3 enfants, vit en concubinage avec une fang.

279 Louis ROUSSEL, op.cit., p.290.

280 Séverin Cécile ABEGA, op.cit., pp.98-99.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe