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Rapports "mère- fils " à  travers la bru dans la famille gabonaise actuelle

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par Floriane Mélinda KAYIBA
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2009
  

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Chapitre IV : La réfraction des rapports sociaux au sein du couple.

En physique, la réfraction désigne ce phénomène qui consiste en la déviation d'un rayon lumineux, d'une onde électromagnétique qui passe d'un milieu à un autre. De même, en sociologie, le phénomène de la réfraction peut s'observer en ce sens qu'il s'agit de la répercussion d'un fait social au sein d'un groupe. En fait, il est question ici d'étudier les possibles conséquences des rapports conflictuels entre la belle-mère et la bru dans la famille d'abord, au sein du couple ensuite.

Section 1 :L'instabilité du couple et le recours à différentes pratiques telle la sorcellerie.

Les rapports conflictuels entre bru et belle-mère ont un effet au sein du couple ; qui lui, engendra l'instabilité des conjoints car les brus se plaignent de la relation invivable avec leurs belles-mères pour certaines ; et pour d'autres, elles changent d'attitude vis-à-vis de leurs maris. Celui-ci (fils/époux) aimant les deux femmes, ne sachant quoi faire, en souffre de ce manque d'amour entre ces deux acteurs.

L'instabilité dans le couple peut dépendre de plusieurs facteurs ; entre autre, le manque de respect entre les deux acteurs qui peut surgir devant le fils pour l'une, le mari pour l'autre. Face à ce problème, le fils peut se dire qu'elles n'ont qu'à trouver un terrain d'entente elles-mêmes. En ce qui concerne la maman, elle se dira probablement que le fils approuve ce que sa femme fait car si son fils n'avait pas choisi cette femme, elle ne serait pas aujourd'hui dans cette situation. Soit ce sont les disputes considérables entre époux qui peuvent surgir car il (le mari) ne voudra pas que son épouse puisse importuner sa maman. Cette situation d'incompréhension

peut aboutir au divorce pour celles (les brus) qui sont mariées ou l'abandon du foyer par les brus ; trouvant inacceptable et difficile cette cohabitation.

En outre, la violence symbolique des rapports conflictuels entre la bru et la belle-mère et le manque de compréhension entre la bru, la belle-mère et le mari/le fils créent le doute dans le foyer et peuvent pousser à l'infidélité. Ainsi, le doute et la suspicion engendrent un climat de malaise, d'instabilité préjudiciable à tous. Certaines personnes seront heureuses, d'autres non comme les enfants par exemple. D'où cette question, à qui profite cette instabilité dans le couple ?

Par ailleurs, la belle-mère peut imposer une deuxième femme ou plus à son fils car pour certains hommes, a priori, l'amour pour leurs mères passe avant celui de leurs épouses ; et cela peut constituer un problème. Sur ce choix d'une seconde épouse, notons que celui-ci n'est plus du ressort du fils, plutôt de sa famille ; une épouse de la même ethnie. Choix qui peut engendrer des cris, des bouderies, violence inouïe, comme cela peut engendrer aussi une concurrence entre rivales, l'arrogance, le mépris encouragés par la belle famille. La première épouse supportera difficilement. Le manque de confiance entre bru et belle-mère conduit vers un climat invivable.

Et que par ailleurs, « la tension entre ces deux femmes est donc implicite, car elles occupent dans le système deux positions qui se qui se révèlent antithétiques (...) pour révéler que cela existe depuis des temps immémoriaux.»281 Enfin, l'auteur clôt son analyse sur les rapports conflictuels entre la bru et la belle-mère par sa une recommandation qu'il convient à tous d'apprécier en disant que « les belles-mères et les brus sont un mal nécessaire et doivent réapprendre à vivre ensemble, tout homme devant naître et se marier»282 pour que la société retrouve un équilibre grâce auquel toutes ses contradictions pourront s'atténuer. Cette instabilité nous pousse donc à nous interroger sur la place de l'homme dans le conflit.

281 Séverin Cécile ABEGA, La bru tueuse, in Journal des africanistes, 1992, volume 62, numéro 62-1, ibid., p.105.

282 Ibid., p.105.

1. L'homme comme enjeu du conflit.

Ici nous sommes dans une situation triangulaire dont deux femmes et un homme. L'homme est, dans la relation conflictuelle entre bru et belle-mère, pris comme « un objet >> précieux ; dont chacune voudrait préserver ses intérêts particuliers. Il apparaît ainsi comme une victime ; victime parce que le conflit va opposer deux femmes qu'il aime : d'un coté sa mère et de l'autre sa femme qu'il affectionne et ne peut jouer l'arbitre en face des deux. Donc, il est pris entre deux feux ; il doit gérer deux femmes. On peut rappeler ici le fait que « les conflits entre belle-mère et bru ont existé depuis la nuit des temps, mais à la base de leur genèse a toujours existé la rivalité et la jalousie excessive qui imprègne leur relation. Il ne faut pas oublier aussi que les deux femmes sont impliquées dans une même relation et se disputent le même objet d'amour qu'est le fils.>>283 Cette guerre des femmes les pousse à recourir à différentes pratiques telle la sorcellerie.

Ces pratiques sorcellaires sont considérées comme un type de comportement dit « intentionnel ; mieux, ce sont des conduites visant consciemment à atteindre un but. Recourir à ces pratiques sorcellaires, cela sous-entend qu'il ya manifestement un conflit symbolique ; en tant qu'ultime moyen pouvant déboucher sur une victoire de l'une sur l'autre. Pour Max WEBER, ce type de comportement définit ce qu'il appelle la rationalité instrumentale. En effet ici, « l'action, définie comme un comportement intentionnel, obéit implicitement à une rationalité de type instrumental ou utilitaire, dans la situation qui est la sienne au moment d'agir, l'acteur engage ses moyens pour atteindre la fin dont il pense qu'elle lui apportera la plus grande satisfaction.>>284

283 Dalila SOLTANI, op.cit., p.1.

284 Raymond BOUDON et Renaud FILLIEULE, les méthodes en sociologie, 12ème édition, Paris, Puf, (coll. « Que sais-je ? »), n°1334, 2004, p.54.

Ce point de vue de Max WEBER sur l'action rationnelle, que nous partageons, nous permet de nous situer et dire que la bru, pour (re)conquérir ou garder son mari, son foyer, et la belle-mère, qui voudrait détruire cette relation, auront recours aux pratiques sorcellaires ou à la magie285 pour atteindre leurs fins. Fétiches, pour la bru afin que son mari l'aime davantage et pour que le mari ne puisse pas voir les mauvaises choses qu'elle puisse faire ; ou encore pour que le mari lui donne ce qu'elle veut ; qu'il soit complètement sous son emprise.

Au rebours, la belle-mère286 peut user de la magie ou sorcellerie voire fétiches287 pour mettre un terme à cette relation qui vient la déposséder de son fils. En effet, « une fois la bru installée dans la maison, toutes les occasions seront saisies pour la faire souffrir et le recours à la magie deviendra vite inéluctable. Magie de l'une pour prévenir, magie de l'autre pour attaquer et faire payer la dépossession d'un fils ne sont que le reflet vrai d'une relation triangulaire dans laquelle se joue le drame du pouvoir.»288 Dans cette situation, le fils/époux se trouve être encore une victime ballottée d'une femme à l'autre.

Si la bru persiste à rester dans son foyer, la belle-mère cherchera à la faire partir en employant certaines pratiques soit en attachant des cordes pour que son fils déteste sa femme ou alors la bru fait de plus en plus une série de cauchemar, des maladies répétées etc. Toutefois, ces pratiques, comme l'écrit WEBER, qui ne sont pas illusoires, arriverons à satisfaire les deux acteurs. Parce qu'étant avant tout des actions intentionnelles, rationnelles ; guidées par des mobiles.

En témoigne les propos de monsieur I.S pour qui « quand je ne suis pas là c'est la guéguerre, quand je suis là tout le monde est gentil. Je suis comme un peu le dindon de la farce. A beau supporter, ma femme se plaint, ta mère, je ne comprends pas. Comme je voyais

285 Nedjima PLANTADE, La guerre des femmes. Magie et amour en Algérie, Paris, édition la Boîte à Document, 1988, 179 pages

286 A ce propos, l'entretien avec madame A.E.M, bru, 32 ans, enseignante préscolaire, concubinage depuis 8 ans, 1 enfant, nous a permis de voir que sa belle-m~re avait amené son nom chez le Nganga pour qu'elle meurt en décembre 2006 et donc se séparer définitivement de son mari.

287 Cf. Féminin interdit d'Honorine NGOU, qui met en évidence le recours à la sorcellerie dans cet ouvrage de la mère du personnage principal Hémiel, pour que ce dernier se sépare de sa femme.

288 Nedjima PLANTADE, La guerre des femmes. Magie et amour en Algérie, Paris, Puf, édition la Boîte à Documents, 1988, p.154.

que cette histoire prenait de l'ampleur, j'ai fais semblant d'aller un jour au travail et je suis resté dans la chambre pour voir ce qui se passe.>>

Quant au recours à la sorcellerie, madame I.E.E indique que: << ma belle mère me proposa d'aller laver le corps chez le Nganga avec elle, parce qu'il n'était pas normal qu'elle puisse rester avec son fils qui ne travail pas, que je mérite mieux mais de ne rien dire à son fils ; et j'ai refusé. > De même c'est le cas de madame M.A : << tu vois la grosse boule que j'ai derrière l'oreille, c'est ma belle-mère qui m'a lancé çà mystiquement. Aujourd'hui, je suis partie de la maison de son fils avec les enfants. Il est resté seul dans la maison avec sa mère et les enfants de sa soeur. >>289 Par ailleurs, madame A.E.M nous rapporte que << ma bellemère me répétait touts les jours que j'allais mourir en décembre 2006 si je ne partais pas de la maison de son fils. Elle dit aussi que je finis l'argent de son fils et qu'elle va m'abattre comme un chien si je ne parts pas de SOTEGA. Son fils va nous coucher toutes les deux et on aura le même goût.>>290 Autre exemple qui confirme l'usage de pratiques sorcellaires, c'est celui de monsieur I.I qui nous a dit qu'on lui a dit que sa femme le vampirise.

Symboliquement, le fils est la première victime, mieux un << objet >> disputé que la belle-mère et la bru veulent contrôler. Cette lutte acharnée autour de cet << objet >> s'amplifie de jour en jour en l'absence de solutions pratiques ; la vie familiale risque de devenir insupportable. Il est pour ainsi dire réifié par les deux femmes. Quelle sera alors l'attitude de l'homme dans ce conflit ?

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld