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Rapports "mère- fils " à  travers la bru dans la famille gabonaise actuelle

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par Floriane Mélinda KAYIBA
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2009
  

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3. Du point de vue des chercheurs et universitaires gabonais.

Partant du point de vue littéraire, Honorine NGOU68, dans son oeuvre, nous présente la relation entre belle-mère et belle-fille. Pour elle, la belle-mère intervient dans le choix de la belle-fille. De plus, « Féminin interdit » est donc la narration de l'histoire d'une jeune fille DZIBAYO qui, depuis son enfance, ne cesse de connaître les vicissitudes de la vie ; à savoir, le décès de son père dans son enfance, la tentative de viol et pour finir, des conditions de vie qui se dégradent autour d'elle. Pourtant, elle parvient à faire de brillantes études qui la contraignent à aller en Europe, pour obtenir un doctorat en droit. En Europe, elle fait la connaissance de Hémiel ATSANGO, jeune étudiant à l'Ecole de Pilote de Fréjorgues.

Très vite ils décident, après la naissance de leur premier fils, de se marier. Sa vie bascule dès l'instant où sa belle-mère ne vient pas à son mariage parce qu'elle n'est pas de son choix. S'en suivent des actes de sorcellerie. La belle-mère envoie sa fille déposer une poudre magique sur le siège de sa belle-fille pour qu'il ait rupture. En outre, l'apparition d'un gros serpent noir dans la maison ne vient pas arranger les choses qui ne cessent de se compliquer de jour en jour. En somme, les rapports entre la belle-mère et la bru sont conflictuels et reposent sur la sorcellerie. C'est la bellemère, a priori, qui n'a pas choisi la bru, fait tout ce qui est en son pouvoir pour chasser sa bru, qu'elle considère comme une rivale, une étrangère.

68 Honorine NGOU, Féminin Interdit, Paris, l'Harmattan, (coll. « Encres noires »), 2007, 291 p.

Par ailleurs, Jean-Ferdinand MBAH et Mesmin-Noël SOUMAHO, à travers leur etude69, se sont appesantis sur les strategies matrimoniales des etudiants au Gabon dans le choix du conjoint. Les conclusions de cette monographie, sur la question du mariage en milieu universitaire, nous permettent de nous rendre compte « qu'il existe une préférence nettement marquee des deux sexes pour le mariage »70 ; mais surtout que les etudiants ne se marient pas entre eux.

Plus important encore, c'est le fait que « les comportements et attitudes heterogames des universitaires gabonais reflètent bien ceux des autres groupes de la société. En partant de cette vision globale de l'interaction entre groupes sociaux différents, on peut considérer l'homogamie comme alternative à un véritable changement des attitudes et strategies sexuelles en milieu etudiant.»71 D'autant plus que « la nuptialite est retardee parce que les etudiants ne parviennent pas encore à surmonter l'incompatibilité entre mariage et les études qu'ils ont établie. »72 Ou encore, « la sexualite en milieu etudiant gabonais se deroule dans un contexte de forte heterogamie. D'où la faible proportion de mariages entre étudiants.»73 En fin de compte, « quand les étudiants se marient à l'Université, c'est généralement en fin de cycle dans la perspective de leur insertion sociale.»74

Josiane MELEANG M'ATOME75 a pu se rendre compte que la femme diplômee gabonaise, grâce à ses acquis scolaires, universitaires et avec ses pretentions, semblerait avoir rompu a priori avec les rôles assignes par la tradition. Il s'agit donc d'une femme qui n'est plus inscrite dans un mode précapitaliste, mais

69 Jean-Ferdinand MBAH et Mesmin-Noël SOUMAHO, La question du mariage en milieu universitaire au Gabon, Libreville, CERGEP/Les Editions Udégiennes, 1996, 213 p.

70 Ibid., p.183.

71 Ibid., p. 184.

72 Ibid., p.183.

73Jean-Ferdinand MBAH et Mesmin-Noël SOUMAHO, La question du mariage en milieu universitaire au Gabon, Libreville p.183.

74 Ibid., p.183.

75-MianeE0 ( / ( $ 1 * E0 7$ 72 0 ( , De la bénédiction parentale lors du mariage coutumier de la femme diplômée : permanence et paradoxe, Mémoire de Maîtrise en Sociologie, Libreville, UOB/FLSH, Juin 2008, 99p.

plutôt d'une femme devenue individualiste, autonome ; qui se trouve dans un paradoxe ; car reposant toujours sur les valeurs traditionnelles, plus precisement la benediction parentale dans le mariage coutumier. Elle a instrumentalise la benediction parentale. Ainsi se retrouve t-elle prisonnière de la famille en ayant recours à cette bénédiction, au risque d'être menacée. Le diplôme apparaît dès lors que comme une illusion de l'épanouissement.

D'autre part, Josiane MELEANG M'ATOME a abordé l'aspect de la belle famille et la belle-fille (ici, femme diplômee). La famille, qui avait la main mise sur la vie du couple par le passe, a souvent des antagonismes recurrents avec la belle-fille. Mais la femme diplômee veut restructurer les rapports au sein de la famille. La belle famille qui pouvait s'imposer au sein du foyer est écartée et les obligations de la belle-fille vis-à-vis de la belle famille disparaissent.

Nous pouvons convenir avec elle que la femme diplômee entend donner une nouvelle orientation du couple au sein de la famille, elle veut diriger son foyer comme elle l'entend, sans avoir à rendre des comptes à la famille. Nonobstant, n'estce pas là encore une façon une façon d'accentuer le conflit entre la belle-mère et la bru ? Qui plus est, la belle-mère, se sentant depossedee de son autorite sur la gestion du couple, acceptera t-elle que la belle-fille la depossède t-elle aussi de son autorite sur son fils ? Telles sont quelques perspectives qui peuvent se degager et meritent un interêt de notre part.

En ce qui concerne Noëlla Maryse BELLA M'BA76, il s'agit de voir l'implication de la femme gabonaise et sa participation dans la sphère politique. Elle etudie donc cette emergence progressive de la femme dans le politique. Ce qui est interessant dans son étude, c'est le rôle de la femme dans la société traditionnelle gabonaise. De façon générale, l'image traditionnelle de la femme gabonaise se situe en marge de la vie publique, bien qu'il lui soit reconnu un rôle important au niveau

76 1 RoaaCID 1r.1111-C/( / / $ CID r/$ , Participation politique de la femme ou mystification : essai d'analyse des rapports sociaux de genre dans le champ politique gabonais, Mémoire de Maîtrise en Sociologie, Libreville, UOB/FLSH, 2006-2007, 102 p.

de la sphère économique. S'appuyant sur les travaux de Rose NTSAME77 qui « postule que la femme traditionnelle n'avait pas un accès aux conseils régissant la vie au village, et donc à la vie publique. Son rôle se limitait pour l'essentiel à veiller au bon fonctionnement du ménage. Agricultrice, elle était donc productrice d'une certaine richesse, elle seule possédait le pouvoir de procréer et donc de perpétuer la lignée. Elle seule porte la progéniture, c'est elle qui a la charge de la "conduire" à maturité.»78

La politique est une affaire d'homme. A partir de 1974, les femmes y font une entrée progressive, elles investissent la scène politique. Elles sont sénatrice, député, ministre. Cette émancipation qui donne droit à la femme d'adhérer à la sphère politique, c'est-à-dire à la vie publique, ne serait-ce pas l'un des facteurs du conflit entre bru et belle-mère ? Un homme n'occupant pas une fonction qui soit élevée à celle de sa femme, à l'exemple de parlementaire, quelle serait la réaction de la mère ? Acceptera t-elle que son fils soit en "en dessous" de sa femme ? Toutes ces préoccupations feront l'objet de perspectives à envisager.

Mieux encore, notre examen s'est arreté sur l'analyse de Steeve Thierry BALONDJI79. Ce dernier étudie les conjugalités de fait en milieu ouvrier au Gabon ; qu'il présente comme des unions hors mariage en émergence considérable. Pour lui, « il est en effet chose courante, dans notre société, que deux personnes choisissent de faire vie commune sans se marier, s'unir civilement ou coutumièrement. »80 Et c'est au cours des années 1950 ; surtout au cours de l'année 1972 que le nombre de cohabitations sans mariage avait presque quadruplé dans l'ensemble des couples issus des milieux ouvriers et cela, même dans les années 1990.

77 Rose NTSAME, Les conditions de la femme au Gabon, essai sur les conditions de la femme fang, Thèse de Doctorat de 3ème cycle en Sociologie, Université de Bordeaux II, 1982, 450 p ; cité par Noëlla Maryse BELLA M'BA, op.cit, p.30.

78 Rose NTSAME citée par Noëlla Maryse BELLA M'BA, op.cit., p.41.

79 Steeve Thierry BALONDJI, Les conjugalités de faits en milieu ouvrier au Gabon, Mémoire de Maîtrise en Sociologie, Libreville, UOB/FLSH, sept.2005, 114 p.

80 Ibid., p.1.

Steeve Thierry BALONDJI estime que comme les moeurs changent, aujourd'hui bien des couples décident de faire vie commune sans passer par le mariage, c'est le domaine de l'amour sans formalités. D'où, a priori, il y aurait crise du mariage, pourtant institution bien solide dans la formation sociale gabonaise. Il déduit de son observation que le nombre de couples vivant en union libre ne cesse d'augmenter. L'intérêt de cette étude résiderait dans la compréhension des causes et l'évolution des conjugalités de fait à travers les mutations profondes du monde paysan en force de travail, largement de plus en plus absorbé dans l'orbite du capitalisme occidental.

En définitive conclut-il sur le fait que « dans ce milieu ouvrier, les hommes sont enclins à la mise en infériorisation des femmes. Leur quête d'autorité de domination, les incite à chercher les femmes parmi celle sui ne travaillent pas ou parmi celles qui ont un revenu suffisamment inférieur aux leurs.»81 Toutefois, à la suite de Steeve Thierry BALONDJI, est-ce que cette persistance à ne pas officialiser leurs relations sur les plans coutumier et civil en milieu ouvrier au Gabon, n'est pas la résultante, sinon la conséquence des perceptions de la belle-mère, avec qui la bru entre en rapports conflictuels ?

En dernière analyse, Annick Sandra NYINGONE82 nous propose de revisiter l'impact de l'institution matrimoniale sur la condition sociale de la femme esclave chez les peuples Nkomi du Gabon au milieu du 18ème siècle jusqu'au début du 20ème siècle. Nous nous sommes intéressés à l'impact sur la situation sociale de la femme esclave dans la communauté des hommes libres ; surtout, les rapports qu'elle entretenait avec ses co-épouses, sa belle famille. La jeune esclave avait été élevée par une femme libre qui lui avait inculqué une éducation, dont le but était de faire d'elle une femme soumise, travailleuse et respectueuse de la hiérarchie familiale et conjugale. En dépit des rapports de soumission tenant à l'âge, à l'inégalité des

81 Ibid., p.106.

82 Annick Sandra NYINGONE, Mariage et condition sociale de la femme esclave sous la royauté Nkomi( 1750- 1903), Mémoire de Maîtrise en Histoire et Archéologie, Libreville, UOB/FLSH,sept.2004, 116p.

statuts, à la condition même de l'épouse esclave, des rapports conflictuels pouvaient surgir entre co-épouses parce que le mari avait tendance à la préférer.

La jeune esclave était protégée par sa belle famille. La première épouse « owantolonga » ne pouvait éviter les conflits avec la mère de son mari ; la jeune esclave « owongune » travaillait la plupart du temps non pour elle, mais pour son mari, ses enfants, et qui savait satisfaire les besoins des membres de la famille. A tout moment, n'importe quel parent du mari pouvait venir lui demander la nourriture, parfois l'envoyer chercher de l'eau, lui faire balayer la chambre sans qu'elle n'ait le droit de refuser. Quelle était la cause réelle des conflits entre belle-mère et la bru (première épouse du mari) ? Etait-ce à cause de la préférence de la belle famille ? Pourquoi cette préférence, pourtant c'est la première épouse qui était considérée comme la mère ou grande soeur qui avait inculqué les bonnes manières à la jeune esclave. Nous supposons que elle-même, en principe, était aussi soumise, travailleuse, respectueuse, etc.

De même ici, Séverin Cécile ABEGA aborde aussi cette perspective d'Annick Sandra NYINGONE. Selon lui, « il y eut un temps où dans la société Béti, parce que les filles pouvaient être mariées jeunes, certaines belles-mères élevaient leurs brus. Il est évident que celles-ci ne pouvaient être considérées comme étrangères, et que l'épouse ainsi éduquée s'insérait plus harmonieusement dans as nouvelle famille qu'en y débarquant avec le voile blanc seulement au soir de la cérémonie nuptiale. »83 Ceci pour dire que puisque la bru, à ce moment là, façonnée à la convenance de la belle-mère, il se trouve qu'elle avait les qualités exigées par la belle-mère pour être introduite sans heurts dans sa nouvelle famille. Car la belle-mère lui aura expliquée les us, coutumes et les interdits les relations particulières qui lient la famille à telle personne, tel groupe, telle institution. Chacun de ses manquements est rapporté à sa belle-mère, afin qu'elle la reprenne, la corrige, l'aide à s'amender, à s'améliorer, à se conformer aux usages.

En analysant le mariage et ses représentations sociales, Julie NDOMENGANE ONDO84 montre les attitudes et les opinions d'une classe sociale, les ouvriers, à l'égard du mariage à l'état civil et le mariage coutumier. Si l'intérêt de cette étude réside dans le rapport objectif et subjectif que les enquêtés ont à l'égard des deux types de mariage, on peut souligner l'absence des rapports entre belle-mère et bru. Les tensions entre belle-mère et bru existent-elles dans le mariage coutumier et le mariage civil ? Quelles formes prennent-elles ?

Denise NGWAGANGA85 étudie les représentations sociales du mariage chez la femme salariée en montrant les transformations dans les rapports sociaux de sexe, autrefois définis comme une relation de dépendance socio-économique de la femme envers le mari, seul pourvoyeur des biens. La domination masculine se trouve mise en mal par le nouveau statut de la femme mariée salariée car l'homme se voit dépossédé de toute sa supériorité sur la femme. Pour Denise NGWAGANGA, ces bouleversements sont imputables à l'introduction du mode de production capitaliste.

A la suite de Denise NGWAGANGA, on peut formuler deux interrogations : les rapports conflictuels entre belle-mère et bru sont-ils l'expression d'un affranchissement de la domination masculine que la belle-fille exprimerait à l'égard de sa belle-mère ; qui incarne ici la famille de l'homme, membre de cette famille qu'elle côtoie plus au quotidien ? Les rapports de force entre bru et belle-mère sontils l'effet, dans l'ordre domestique, de l'introduction du mode de production capitaliste et des rapports de domination qui lui sont inhérents ?

En définitive, tous ces auteurs universitaires gabonais parlent du mariage sans évoquer l'aspect des rapports entre bru et belle-mère, exceptée Josiane MELEANG M'ATOME, qui a effleuré l'aspect conflictuel sans en donner l'origine véritable et les conséquences.

84 Julie NDOMENGANE ONDO, « Mariage et représentations sociales en milieu ouvrier au Gabon », UOB/FLSH, Libreville, rapport de Licence en Sociologie, septembre 1998, 27 pages.

85 Denise NGWAGANGA, « Les représentations sociales du mariage chez la femme mariée salariée », UOB/FLSH, Libreville, rapport de Licence en Sociologie, novembre 1999, 26 pages.

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