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Rapports "mère- fils " à  travers la bru dans la famille gabonaise actuelle

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par Floriane Mélinda KAYIBA
Université Omar Bongo Libreville - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2009
  

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4. Comment entendons-nous poser le problème dans notre recherche ?

C'est dans la société gabonaise, en proie à des mutations de tout genre, que nous avons articulé notre problématique. L'irruption du capitalisme, avec la variable « argent », a changé les mentalités africaines, gabonaises particulièrement. Nous sommes passés de la solidarité mécanique, celle où la conscience collective ou collectivité prime sur l'individu, et où le respect régnait, à la solidarité organique où, c'est l'intérêt individuel qui prime. L'intérêt sociologique de cette étude sur les rapports mère-fils à travers la bru dans la famille actuelle, réside dans l'interrogation du changement des relations observées entre deux acteurs, qui hier, étaient basées sur les relations de respect, de confidence, conseillère de la belle mère pour la bru, de la mère à fille, à aujourd'hui, devenues des relations de tensions.

De plus, l'accent est mis sur le fait que c'est ce rapport conflictuel qui semble affecter les relations entre belle-mère et bru. Chacun de ces deux acteurs est plein de méfiance de l'un à l'égard de l'autre. Ce qui pose problème dans cette étude, c'est cette tendance à écouter partout à Libreville des conversations où chacun de ces deux acteurs présente l'autre comme à l'origine de la mésentente qui se crée avec le fils ou les autres membres des deux familles constituées. Mais le véritable problème c'est surtout le fait qu'il s'agit d'une maman qui tient à contrôler son fils qui lui échappe. L'homme est pris entre deux feux et doit gérer les deux femmes.

Il convient de rappeler qu'un « homme se marie, il s'établit, c'est-à-dire, qu'il sort de la tutelle et du giron de sa mère et fonde un ménage. Il quitte un foyer dans lequel il était un fils, et en crée un autre en tant qu'époux. Le chercheur camerounais Séverin Cécile ABEGA évoque même le terme de "mort symbolique" ; la bru entraîne

donc la mort symbolique de la mère.»86 Et que par ailleurs, l'arrivée de la bru et qui prend la place de la mère fait que la bru relègue la mère au second plan. On perçoit ici en filigrane que le conflit entre bru et belle-mère naît a priori du difficile détachement social entre la mère et son fils.

Les rapports conflictuels entre bru et belle-mère naissent également du fait que « l'homme, une fois marié, ses devoirs les plus impérieux le réclament en premier lieu auprès de sa femme et de ses enfants. Mais, s'il continue à vivre parmi les siens, dans le même cercle de relations, il lui est difficile de percevoir que désormais il doit diminuer les prestations qu'il leur accordait auparavant, parce que ses moyens ne sont pas extensibles, et que la priorité doit être donnée à sa femme et à ses enfants. Cette dernière en tant que nouvelle venue dans la famille qui l'accueille, discerne fort bien les contours de son ménage, de son foyer, hiérarchise mieux les rapports, et sait mettre en avant les intérêts de son foyer (parfois trop), au risque de compromettre les rapports que son mari tient à préserver avec les siens. »87

De même, la situation décrite au Cameroun par ABEGA est la même a priori au Gabon ; confirmée par nos informateurs, qui pensent que « en ce qui me concerne, j'ai ma vie, je suis adulte, ils n'ont pas le droit de s'opposer ; ils ne me trouveront jamais une autre, c'est juste une façon de me détruire. Je me révolte par rapport à ce qui est imposé dans ma vie. Je dis avec beaucoup de force que mes parents ont leur vie et moi aussi j'ai la mienne. Chacun fait son expérience terrestre.»88 En effet, « chez moi j'influence, je décide, je suis un rebelle de la famille donc ma mère se tient à carreaux. C'est mon foyer que je protège car mes parents ont eu leurs vies et moi j'ai la mienne. Je débats de toutes ces choses sans retenu avec la famille d'où j'ai meme interdit ma mère de venir chez moi.»89

86 Séverin Cécile ABEGA, op.cit., p.96.

87 Ibid., p.104.

88 Propos de monsieur I.I, 48 ans, agent de contrôle à l'ASECNA, marié à l'état-civil à une sénégalaise, 3 enfants, domicilié à la cité ASECNA.

89 Propos de monsieur I.I, 48 ans, agent de contrôle à l'ASECNA, marié à l'état-civil, 3 enfants, cité ASECNA.

Et qu'en définitive, les situations conflictuels entre belle-mère et bru proviennent du fait que << la première tient à ce que les prestations de la seconde à l'égard de ses enfants soient les mêmes que celles qu'elle accorde à ses beaux-frères, fils de cette belle-mère. >90

Nous mettons également l'accent sur la métaphore selon laquelle la belle mère, en tant que propriétaire et détentrice des moyens de production, c'est-à-dire << le fils > est en conflit avec celle qui n'a que sa force de travail à offrir, c'est-à-dire, lui faire des enfants. En d'autres termes, la belle-mère a « son rêve : pouvoir trôner matin et soir au sommet du mouchoir de tête de sa bru à qui elle va dicter ses conditions qui changent d'une seconde à l'autre.>91 Ce n'est pas seulement l'aspect économique qui peut expliquer le conflit que nous décrivons ici, il a aussi un aspect psychologique et émotionnel (la difficile séparation << mère-fils >>), l'aspect symbolique (les injures, les évitements, ignorance de l'une à l'égard de l'autre, etc.)

Aussi notre recherche s'inscrit dans le cadre du matérialisme historique de Karl MARX et Friedrich ENGELS. Cette perspective nous montre que << L'évolution de la société résulte de l'évolution des conditions matérielles de la vie. A la base se trouvent les forces productives (instruments et techniques de production, force de travail des hommes et objets auxquels s'applique ce travail). Ces forces productives engendrent des rapports de production : ce sont les rapports que les individus nouent entre eux à l'occasion de la production. >92 Dans notre métaphore, << ces forces productives > représentent la bru, qui subit le calvaire de sa belle-mère, désignée ici comme << propriétaire des moyens de production. > Nous étudions donc ces rapports conflictuels dans la formation sociale gabonaise actuelle.

90 Séverin Cécile ABEGA, ibid., p.104.

91 24ème édition de la quinzaine de la femme : la belle mère sénégalaise, p.3.

92 R.G. SCHWARTZENBERG, Sociologie politique, Paris, éditions Montchrestien, 5ème éd., (coll. « Domat Politique »), 1998, p.48.

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