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Les mots du sida à  Libreville: métaphores postcoloniales et hétérotopies

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par Yannick ALEKA ILOUGOU
Université Omar Bongo - Master 2012
  

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d) Position du débat chez les littéraires

Toujours en rapport avec la maladie du Sida nous avons lu le roman de Chantal Magalie MBAZOO KASSA intitulé « Sidonie »132. Dans ce roman, l'auteur relate comment un jeune fonctionnaire contracte la maladie du Sida avec une jeune serveuse d'un bar nommée Sidonie. Sidonie est un personnage mais aussi la personnalisation et la personnification du Sida réalisée par MBAZOO KASSA. On trouve décrit toutes les vicissitudes aux quelles sont liées les membres de la famille ; notamment, la contamination de sa femme, abandon des parents, discrimination, mort du fonctionnaire...Tout ceci constitue les faits sociaux vécus au quotidien par les Librevillois. Mais bien plus encore. Ce qui attire notre attention c'est le fait que le prénom Sidonie, qui est une représentation métonymique et personnifiée de la maladie du Sida, soit pris comme titre d'une oeuvre. Nous lisons en cela la puissance des représentations sociales et cela intervient comme une preuve pour indiquer que ces représentations métaphoriques et métonymiques du Sida existent et parcourent le social.

Les bandes dessinées ont aussi représentés les différentes métaphores ou métonymies du VIH/SIDA. En effet, le dessinateur EMUNGANIA OMADJELA alias FARGAS, médecin, a publié dans les années 90 et en 2010 les aventures de Yannick DOMBI. Dans le premier épisode intitulé « Yannick DOMBI ou le choix de vivre »133, l'auteur présente comment le VIH/SIDA est conçu dans les conceptions gabonaises. Il montre comment le Sida fait des ravages dans les années 90 à cause de l'ignorance des modes de contamination et de la puissance des expressions. En 2010, FARGAS récidive avec un deuxième épisode de Yannick DOMBI intitulé « terreur à Lambaréné »134. Ce qui est présenté c'est les nouvelles formes de représentations du Sida. Entre autre, pour guérir du Sida il faut dépuceler une vierge, ou encore faire des prières de guérison mais encore consommer du bois sacré avec de l'urine pour guérir du Sida. Ceci montre que « toutes sortes de moyens furent mises au service de cette « propagande » (...) : affiches, bien sûr ; tracts et brochures ; campagnes de presse ; cartes postales ; expositions itinérantes ou muséales, mêlant artefacts, images et textes ; cinéma et, plus près de nous, radio télévisions135». Nous retenons de ces ouvrages que les paysages des représentations sociales qu'offre le roman et les bandes dessinées sont gabonais. Quant à la pandémie du Sida, elle est focalisée sur la maladie et ses différentes représentations. Elles stigmatisent la conscience collective afin de prendre conscience de la maladie. Elles présentent les représentations sociales du Sida. Nous pensons que ces bandes dessinées sont utiles dans le débat. Par le fait d'illustration des scènes quotidiennes où les gens revendiquent leur possession par l'imaginaire à travers métaphores, métonymies et personnifications du Sida. Nous revoyons le social caricaturé dans les bandes dessinées. Nous voyons les réalités des scènes et rien n'est exagéré dans ces bandes dessinées. C'est des transcriptions réelles des représentations sociales du Sida et en faire fi, c'est laissé passer l'occasion d'ouvrir la boîte de « Pandore ».

132 Chantal Magalie MBAZOO KASSA, Sidonie, Paris, Alpha oméga, 2001.

133 FARGAS, Yannick NDOMBI, ou le choix de vivre, Libreville, PNLS, 1991.

134 FARGAS, Yannick DOMBI, terreur à Lambaréné, Libreville, PNLS, 2010.

135 Luc BERLIVET, « Une biopolitique de l'éducation pour la santé » in Le gouvernement des corps, Paris, Editions EHESS, coll « Cas de figure », 2004,P 38.

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Nous nous sommes aussi laissé séduire par le roman d'Albert CAMUS136. Dans ce roman il décrit comment la peste est vécue par les populations. Si nous l'avons parcouru c'est parce que le titre de la peste semble évocateur car étant aussi l'une des métaphores pour décrire le Sida. Ce qui est intéressant c'est que la peste est vécue comme une attaque, une guerre. Nous retrouvons encore dans la problématique de la chasse, des métaphores militaires. Cette chronique a le mérite de nous transcrire la décontenance d'une épidémie et toutes les représentations qui s'ajustent au moment « T » de la maladie. Mais encore, nous avons l'expression de la transition entre le postcolonialisme et le postmodernisme. Pendant que le Docteur Rieux est dans une lutte qui implique la responsabilité de Soi et ensuite des autres, le Père Paneloux regarde dans un sens différent. En effet, pour le père Paneloux c'est l'autre, le Stupéfiant qui puni les hommes pour leur mécréance. Nous avons donc cette articulation entre postcolonialisme (Les autres comme origine du malheur ou de la maladie) et postmodernisme (la maladie est la responsabilité de l'individu). D'ailleurs LAPLANTINE, nous propose une analyse de ce que nous venons de décrire. Pour lui, « La Peste de Camus, et plus particulièrement l'affrontement célèbre mettant aux prises le Dr Rieux et le Père Paneloux, illustre parfaitement cette double série de représentations. Alors que pour le premier la maladie est un scandale contre lequel il faut lutter jusqu'au bout, méme si l'on sait que l'on est vaincu d'avance, pour le second, la peste qui ravage la ville d'Oran est un juste châtiment envoyé par Dieu pour demander aux hommes de se repentir137

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore