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Les mots du sida à  Libreville: métaphores postcoloniales et hétérotopies

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par Yannick ALEKA ILOUGOU
Université Omar Bongo - Master 2012
  

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2. Explicitation du problème de recherche

A ce stade de la recherche, la recension des travaux des prédécesseurs sont utiles car ils permettent de cumuler les différents points aveugles que nous propose les oeuvres des autres auteurs. Seulement, notre point aveugle est en fait une synthèse, sinon l'explicitation du résumé de l'agrégat des observations et contextualisations des points aveugles des autres auteurs appliquées à nos données de terrain.

Ce que les données empiriques nous proposent, c'est la présence de différentes expressions qui sont des représentations sociales de la maladie du Sida. Nous constatons que ces représentations utilisent des figures de styles littéraires en l'occurrence les métaphores et les métonymies.

A travers Pierre MANNONI, nous sommes arrivé à dire que la maladie est toujours une malchance qui est lancée par l'autre. En fait, les représentations sociales pensent la maladie du Sida comme une attaque ou un missile. Avec Pierre BOURDIEU, nous nous rendons compte que ces représentations sociales sont une forme de marché linguistique. Nous sommes dans un marché symbolique et un marché de l'imaginaire. Par marché symbolique nous entendons le lieu ou s'échange les différentes formes de représentations. Le marché de

136 Albert CAMUS, La peste, Paris, Gallimard, coll « Folio », 1947.

137François LAPLANTINE, Anthropologie de la maladie, Paris, Editions Payot, 1992, p 365.

l'imaginaire est le lieu oü ce qui est irréel devient réel, ou l'allusion et l'illusion se confondent et donne naissance à des fantasmes et des fantômes. Or, la particularité des métonymies c'est qu'elles participent à rendre indiscernable le réel de l'irréel. Avec Susan SONTAG nous retenons que les représentations sociales de la maladie sont profondément axées sur le combat. Au Gabon soigner la maladie c'est extraire, lutter, combattre le sorcier qui a envoyé la maladie. En ce sens nous sommes dans une société de guerre, de chasse. Ceci justifie l'utilisation des métaphores et les métonymies de guerre. Ceci a conduit à ce qu'avec CHAMAYOU nous regardons les producteurs de ces représentations et que nous remarquons que les pasteurs et les ngangas ( Selon Joseph TONDA) sont des chasseurs. Nous ne pouvons que retenir avec Michel FOUCAULT que les lieux de production des métaphores sont des espaces hétérotopiques ; des lieus sacré, privés ou interdit qui eux-mêmes sont des lieux de transgression, de déviance. Nous retenons aussi, que nous sommes dans une forme de chasse quand nous regardons les métaphores religieuses et les métaphores de la MHSB. Une sorte de guerre que les pasteurs et ngangas livrent à une maladie qui est la maladie du Sida dans le seul but de conquérir des « âmes ».

Nous inaugurons dans cette recherche la notion de violence du sens. Lorsque nous lisons Germain OWONO ESSONO nous rendons compte que les images, les représentations sociales du Sida sont producteurs de sens. Un sens imaginaire. Nous retenons de cette discussion avec notre auteur qu'il y a bien présence d'images, de représentations, de métaphores sur le Sida au Gabon. Et que les iconographies qui parcourent la ville sont des révélateurs de la violence de l'imaginaire et du sens dans notre société gabonaise. Ce que Perrin Herman IKOUBANGOYE , à son tour, pense c'est que l'idée du Sida comme punition divine n'est qu'une supercherie capitaliste. En fait, le capitalisme se sert des imaginaires, des représentations sociales du Sida pour se faire des profits. Pour ce faire, les MHSB ou la religion se servent de la violence du sens et de la violence de l'imaginaire pour pervertir les idées biomédicales d'une maladie à des fins capitaliste.

Les africanistes tels Florence BERNAULT et Joseph TONDA nous permettent de nous rendre compte que les représentations de la maladie du Sida, donc les métaphores et les métonymies du Sida, sont intrinsèquement liées à la notion de sorcellerie. En effet, nos données de terrain nous édifient sur ce fait. A tout le moins nous devons retenir que les métaphores et les métonymies du Sida ont un lien avéré avec la sorcellerie. C'est au sujet de cette sorcellerie que MOUKALA NDOUMOU et Joseph TONDA ont parlé de guerre, de lutte, de chasse dans les représentations sociales de la maladie. Ce qui justifie le fait que le Sida soit un Mbumba ou toutes expressions utilisées dans les MHSB et dans les églises. Car la maladie est une maladie donnée par un homme qui possède les bêtes féroces de la forêt, par un prédateur qui chasse par la maladie les individus, les proies de sa famille. Toutes les métonymies et métaphores du Sida tournent autour de cette problématique de la chasse, de la guerre. Ce qui sous-entend que les représentations sociales de la maladie (et même les représentations de la maladie) en Afrique centrale, tel qu'au Gabon, sont gouvernées par la violence de l'imaginaire selon TONDA.

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Si nous proposons ce récapitulatif des idées énoncées plus haut c'est pour permettre au débat de suivre une connexion logique. Car tous ce que l'on énonce doit faire suite à « une possession momentané par les esprits ». On pense à travers les auteurs et pas en dehors.

Notre terrain nous permet de constater que la maladie et le Sida sont représentés par des expressions ou des mots. C'est mots ou expressions ont la particularité d'être des figures de styles littéraires, en autre métaphores et métonymies. Ces figures de styles ne sont en fait que des représentations sociales qui sont produites dans des lieux ou espaces hétérotopiques. La maladie dans les sociétés de MHSB et religieuses est un fait social qui, en fait, donne à ce que chacun puisse l'interpréter à son gré. La maladie devient un diable, une attaque en sorcellerie, l'oeuvre de Dieu etc. Et il faut chercher à comprendre la présence de l'utilisation de toutes ses figures de styles. Car si les sociétés capitalistes africaines ont tendances à l'oublier, le Sida existe parce que la biomédecine lui a donné un nom. L'utilisation des métaphores et des métonymies de guerres, de chasse, de lutte ; la violence de l'imaginaire et du sens qui conditionnent et structurent le marché linguistique de la maladie du Sida soldent, en fin de compte, les métaphores du Sida d'une portée capitaliste. En fait les métaphores et les métonymies de la maladie du Sida ne sont qu'une forme accomplie de l'exploitation du social pour créer des revenus. C'est l'inventaire du procès du capitalisme dans le marché linguistique de la maladie du Sida qui est notre problème de recherche, mais aussi la lutte de l'Etat contre les imaginaires de la maladie du Sida. L'envoutement, la possession, la subjugation par le capitalisme des mots et des expressions qui représentent la maladie du Sida est la préoccupation de cette recherche.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand