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La contrebande des marchandises aux entrées routières du territoire douanier de la Côte d'Ivoire. Cas du district d'Abidjan

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par Ladji BAMBA
Université de Cocody - Doctorat en criminologie 2012
  

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2-Les théories sous-jacentes de l'État

L`évaluation des politiques publiques et des marchés noirs qu`elles génèrent de même que la question de savoir si le bénéfice du doute revient aux premières ou aux seconds dépendent aussi de la théorie (ou du modèle) de l`État qui sous-tend l`analyse.

Avec Fiorentini et Zamagni (1999a, p. XVI-XXIII), distinguons deux catégories de théories de l`État et des politiques publiques: le modèle du bien-être et les modèles « propriétaristes » (proprietary).

Le modèle du bien-Otre suppose que l`État et ses politiques publiques vi-sent à maximiser le « bien-Otre social », une sorte d`agrégation du bienêtre de tous les individus dans la société.

L`une des tâches de l`État qui voudrait atteindre cet objectif consiste à corriger les externalités, qui empêchent les marchés de jouer leur rôle efficacement (voir Lemieux 2006a). Les conséquences de la consommation des marchandises de contrebande sur des tiers (la famille, les victimes) fournissent des exemples. Les marchés illégaux, s`ils découlent des politiques publiques qui maximisent le bien-être, doivent être considérés comme un coût nécessaire pour obtenir des avantages supérieurs.

Les modèles propriétaristes de l`État sont fondés sur l`hypothèse selon laquelle, loin de maximiser le bien-Otre général, l`État agit comme s`il appartenait à une catégorie sociale ou un groupe d`individus particuliers. Dans cette perspective, l`objectif réel des politiques publiques est de redistribuer des avantages à certains groupes (la classe moyenne ou ceux qui n`aiment pas les marchandises, par exemple) au détriment d`autres groupes (les riches, les pauvres, les fumeurs). « La plupart des auteurs

qui travaillent sur l`économie des marchés illégaux et la corruption, expliquent Fiorentini et Zamagni (1999a, p. XVI), partagent une théorie de l`État selon laquelle la classe dominante exerce un monopole sur l`appareil étatique et choisit les politiques qui maximisent ses revenus sous réserve de maintenir sa position dominante ». Le champ des modèles propriétaristes de l`État couvre un large éventail de théories politiques et économiques mais, quelle que soit leur variante, la conclusion de Fiorentini et Zamagni (1999a, p. XXIII) demeure valide: « En effet, en présence de réglementations inefficaces ou de prohibitions paternalistes de certaines activités, la corruption et les marchés illégaux peuvent promouvoir l`efficacité. » Parallèlement à la distinction entre le modèle du bien-être et les modèles propriétaristes de l`État, on distingue la théorie traditionnelle des finances publiques et la théorie contemporaine des choix publics (le « Public Choice »). L`approche traditionnelle est bien représentée par la critique habituelle de l`économie souterraine : « Le problème touche tout le monde, écrit James (2005, p. 275), puisqu`il va de soi que l`évasion fiscale ou bien augmente le fardeau fiscal de l`honnOte contribuable ou bien réduit le niveau des dépenses publiques, ou les deux à la fois ». L`hypothèse sous-jacente est qu`un certain niveau de dépenses publiques est requis et que les impôts nécessaires pour les financer sont levés, à défaut de quoi les dépenses publiques ne seraient pas optimales. L`approche et les conclusions de la théorie des choix publics du moins du courant que représentent Brennan et Buchanan (1980) sont différentes: ce sont les recettes qui entraînent les dépenses, et non pas l`inverse; l`État (le « Léviathan » de Thomas Hobbes) maximise ses recettes et trouve ensuite des débouchés redistributifs pour les dépenser. Dans cette perspective, l`économie souterraine pourrait servir de frein automatique au Léviathan. Étant donné la nécessité de minimiser les jugements de valeur et le danger de simplement suppo-

ser que l`État maximise le bien-Otre social, l`économiste doit être prudent dans ses recommandations concernant l`économie souterraine. S`il est vrai que des jugements de valeur minimaux justifient de combattre les marchés noirs improductifs (reliés au meurtre, au vol et autres crimes du genre), critiquer l`économie souterraine (économie irrégulière et marchés noirs productifs) d`un point de vue économique est plus difficile.

La théorie des organisations (économie des organisations et sociologie des organisations) est un domaine d'analyse passerelle entre l'économie, la psychologie et la sociologie. Depuis l'antiquité, l'administration du patrimoine des organisations a été un sujet d'analyse économique. Platon idéalisait le fait d'organiser les fonctions des individus au sein de sa société par la division du travail. Au XVIIIe siècle, Adam Smith est un des premiers auteurs à réfléchir au fonctionnement de l'entreprise. Il met en valeur le fait que la division du travail par la spécialisation en fonction des compétences permet de dynamiser le marché (exemple de la manufacture d'épingle). Dans cette optique, l'entreprise et donc l'organisation reste une « boîte noire » dans la mesure où il n'analyse pas les phénomènes se produisant en son sein, mais simplement les motivations des individus et les conséquences sur le marché. L'individu simplifié ne recherche ici que la satisfaction de ses intérêts personnels (il est appelé « homo oeconomicus »). Ce n'est que plus tard que l'organisation sera décomposée pour analyser les interactions permettant sa performance.

Dans une approche classique, vers la fin du XIXe siècle, Frederick Taylor propose le concept d'organisation scientifique du travail tendant vers une « one best way ou un meilleur chemin ». Celle-ci repose sur la décomposition du travail en gestes élémentaires chronométrés et

organisés rationnellement pour former une chaîne de production. Taylor désirait appliquer les principes généraux d'amélioration de la productivité par la division du travail à l'entreprise qu'Adam Smith avait soulignée (avant lui Platon au niveau de la société, c'est-à-dire l'amélioration de la performance par la spécialisation). Il partage aussi l'idée avec Henry Ford qu'une augmentation des rendements peut être obtenue en contrepartie de bons salaires.

Dans le cadre de l'approfondissement de la recherche sur les relations humaines pour l'organisation, des auteurs comme par exemple Elton Mayo, Kurt Lewin ou Abraham Maslow ont participé, dans les années soixante, à la prise en compte par l'économie de comportements contraires aux objectifs de productivité de l'école classique : absentéisme élevé, rotation importante du personnel, accidents du travail, etc.

À cette même époque, l'organisation va aussi être reconnue comme un système complexe, c'est-à-dire une démarche globale qui s'intéresse plus aux liaisons entre les différents éléments constitutifs d'une entité qu'aux caractéristiques propres de chaque élément. Elle peut ainsi être reconnue comme un lieu de décision et un processus de prise de décision sensible à la rationalité limitée de ses agents.

Après ces divers courants de réflexion, et à la différence des écoles classiques, des auteurs réfléchissent aux prises de décisions satisfaisantes à des organisations spécifiques dans des contextes particuliers. Ainsi, l'organisation serait soumise à des facteurs de contingence, c'est-à-dire des caractéristiques évolutives qui influencent ses décisions et ses actions. Une vision évolutionniste (basée sur des routines expliquant la nature de l'organisation) a enfin vu le jour dans les années 80

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault