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Aspects physionomico-structurauyx de la végétation ligneuse forestière dans les monts de Dhaya et de Tlemcen (Algérie occidentale )

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par Khéloufi BENABDELI
Université Djilali liabes de Sidi Bel Abbes Algérie - Doctorat d'état en sciences 1996
  

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6-3. CONDITIONS PARTICULIERES

Il est difficile voire même impossible d'isoler l'homme de son environnement surtout dans un milieu rural et forestier. Il n'est qu'un élément d'une communauté fortement organisée où chacun a sa place nettement déterminée. La cellule de base est la famille fortement imprégnée par le regroupement qui a pour souci majeur d'assurer la subsistance de ses membres. Les règles auxquelles tous les organes doivent se plier font que l'élément du groupe n'a pas une vie propre et individuelle. CHELIG (1959) souligne: " Il faut retenir comme un fait intangible que le milieu rural traditionnel fera toujours passer en priorité le problème de la subsistance et sacrifiera s'il le faut tous les autres facteurs (semences, cheptel ...) pour assurer sa nourriture en payant les denrées alimentaires à n'importe quel prix ". Cependant le dernier bien que le paysan conserve est son cheptel car il constitue une source de revenu périodique mais permanent (viande, lait, laine, brebis). L'importance du troupeau est sacrée et son maintien est indispensable en milieu rural puisque c'est la pièce maîtresse qui stabilise la cellule familiale. Le même auteur cite: " L'épargne est utilisée à constituer un petit troupeau familial dont l'apparition ou l'existence dans une famille paysanne est un signe de prospérité. Le petit troupeau familial a une grande importance en milieu rural: c'est le livret de caisse d'épargne de la famille". Ces aspects et ces particularités rendent complexe le règlement du problème d'utilisation des écosystèmes forestiers par des textes à la mesure des voeux du gestionnaire de cet espace qui est en fait la propriété de toute la collectivité.

La forêt joue un rôle important dans la vie sociale et économique du fait de la faiblesse des secteurs vitaux que doivent être l'agriculture et l'industrie. Dans une contrée où la surface agricole utile est faible et mal répartie, l'expansion démographique provoque une pression de la population autochtone sur le domaine forestier. La forêt est indissociable de l'homme, protégée elle devient un no man's land, une portion de territoire inutilisable, improductive où il y a perte d'énergie et de matière.

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BENABDELI (1983) résume cette situation: " Comme au siècles derniers, l'homme continue à exercer sans merci une pression permanente et sans répit sur la couverture végétale. Les moutons et les chèvres continuent à brouter les jeunes pousses et l'homme à -dévorer- des milieux naturels pour satisfaire ses besoins en industrialisant et en urbanisant ... Cette dégradation a vu son rythme accéléré et son effet accentué par la guerre de libération et notamment par la prolifération des incendies, des défrichements et l'installation d'une infrastructure intense. Au lendemain de l'indépendance, un certain relâchement dans la protection des forêts a été observé et a eut pour effet la multiplication des troupeaux puisque les terrains de parcours abondaient et aucune loi ne protège et réglemente l'utilisation des forêts ". Par faute de politique forestière permettant une réhabilitation de la forêt dans la vie sociale et économique du pays au même titre que l'agriculture ou à un degré moindre l'industrie, on a tout fait pour retirer une production des écosystèmes forestiers pour justifier, à tord d'ailleurs, tous les investissements improductifs qu'a absorbé ce secteur.

A ce sujet BENABDELI (1983) précisait: " En plus des actions dégradantes anciennes et pérennes, le forestier essaye maintenant de rentabiliser économiquement le semblant de forêts existantes par une exploitation de bois. Il est à craindre (en plus du pâturage et de l'utilisation de la forêt par l'homme) au regard de la manière dont est réalisée et entreprise cette opération, que commence une nouvelle forme de dégradation plus grave et meurtrière pour la couverture végétale ".

Le climat, comme nous l'avons déjà souligné, ne peut être à lui seul responsable de la dégradation des formations végétales puisque ses principales composantes n'ont pas subit de modifications significatives et ne peuvent en aucun cas être à l'origine de l'état dans lequel se trouve nos écosystèmes forestiers. LE HOUEROU (1968) exclue le climat à juste titre même en zone aride: " La végétation des zones arides de l'Afrique du Nord est en voie de régression rapide depuis quelques décades (1930 environ), cette régression résulte de la pression démographique grandissante qui se traduit par un surpâturage intense, l'extension des cultures céréalières épisodiques et l'arrachage des espèces ligneuses pour le bois de feu. Aucune modification du climat n'est en cause ".

Les espèces intéressantes: chêne vert, thuya, par la qualité de leur bois (résistance et flexibilité) et de leur charbon étaient les plus exploitées pour répondre aux besoins d'une population riveraine de plus en plus nombreuse au lendemain de l'indépendance et pratiquement depuis 1864 -1870. Les prélèvements (bois de chauffage, charbon, piquet, charpente) ont altéré la composition de tous les peuplements et formations bien venantes. Sous l'effet des incendies, des coupes à blanc et d'un pâturage excessif le sol s'est également dégradé; tous ces facteurs et des conditions favorables réunies ont permis et favorisé l'installation et l'extension des espèces résineuses ainsi que des espèces secondaires indésirables mais dotées d'un pouvoir de multiplication remarquable.

6-3.1. Une dégradation remarquable

La forêt était et demeure la source directe d'une gamme très vaste de produits, bois de construction, bois de feu, charbon de bois étaient très recherchés ainsi que des produits accessoires tel que le liège, la résine dont la demande est importante.

MORANDINI (1976) précise à ce sujet: " L'homme considère la forêt comme une source de revenu inépuisable et gratuite". Il résume la situation des causes de dégradation en soulignant: " Il ne faut pas oublier qu'en région méditerranéenne typique la forêt se trouve souvent en équilibre très précaire dans un milieu écologique très difficile: dans ces conditions, toute action nuisible peut entrainer la rupture définitive de l'équilibre et une dégradation très grave de la forêt".

Bien plus qu'ailleurs, la forêt oranaise a depuis longtemps été liée à l'existence même des populations pour lesquelles elle est indispensable pour leur survie. En plus du bois et des produits accessoires qu'elle assure à l'homme riverain surtout, la forêt demeure le seul fournisseur d'unités fourragères. Mais malheureusement pour tirer profit de la forêt et utiliser ses produits, l'homme est intervenu et intervient encore d'une manière irréfléchie par des actions spontanées et des interventions égoïstes où la pérennité de la couverture végétale est reléguée au second plan. Le

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problème en Oranie se pose en termes de survie. La question qui se pose et se posera avec acuité dans les années à venir est de savoir si la partie septentrionale de l'Algérie possède une couverture végétale suffisante pour permettre une pérennité à l'agriculture, pour assurer une alimentation en eau constante à travers la conservation du cycle de l'eau et de favoriser l'épanouissement de notre environnement.

En Algérie, plus peut être que partout ailleurs, la destruction de larges fractions de la couverture forestière des chaînes telliennes fait peser sur la vie rurale du pays une menace d'une gravité exceptionnelle. Citer les conséquences de cette situation si bien résumée par TRABUT (1896) : " Quand les forêts seront ravagées, que le sol sera dénudé et stérile sur les sommets comme dans les plaines, nous aurons à lutter contre une population de malheureux. Nous devons alors les repousser par les armes ou nous ruiner en les secourant ".

Les responsabilités humaines vérifiées par l'histoire dans la destruction de la couverture forestière sont alarmantes car le taux de boisement du pays était de 30% à l'époque romaine et qui n'est que de 11% pour l'Algérie du nord et seulement 9% pour l'Oranie. Une lutte perpétuelle a toujours été engagée et le demeure de nos jours entre les influences humaines et les conditions naturelles. DEPOIS (1965) précisait pour l'Atlas tellien en matière de dégradation: " Aucune région d'Afrique du Nord n'a vu ses forêts régresser et sa végétation naturelle dégradée autant que l'Atlas tellien d'Oranie, celui où la colonisation a le mieux réussi ". L'influence du milieu humain est une cause puissante et profonde de dégradation, cette dernière a eu des proportions alarmantes dans toute la région au même titre, si ce n'est plus, que dans tout le bassin méditerranéen. QUEZEL (1964) récapitulait la situation: " ... cette forêt, qui de l'avis de tous les préhistoriens, recouvrait la quasi-totalité de la région méditerranéenne à l'orée de l'époque néolithique, a constitué un handicap sérieux au développement de ces populations. Elle est en effet incompatible avec l'existence de terrains de pâture... Il a donc fallut détruire la forêt pour assure le maintien et le développement des colonies humaines. C'est à partir de cette date que l'homme... a commencé l'aménagement du paysage végétal ".

Les forêts de la région étaient qualifiées de belles et bien venantes avant la colonisation, mais pour favoriser l'installation des colons dans les plaines et les collines elles furent volontairement saccagées et défrichées par la suite. BOUDY (1953) cite: " Les français y avaient trouvé des montagnes couvertes de belles forêts ou, à défaut, d'un épais maquis protecteur d'essences secondaires, qui ont disparu en partie aujourd'hui ". La situation est estimée alarmante par plusieurs spécialistes et des solutions urgentes, efficaces et radicales doivent être trouvées dans l'immédiat si on ne veut pas assister impuissant à une disparition totale de la couverture végétale ligneuse naturelle. Soumise à une exploitation anarchique (entendre utilisation dans son sens le plus large), la surface forestière est en constante régression. Les conséquences sont alarmantes puisqu'on assiste à la disparition de la régénération naturelle seule garant de la survie des formations forestières, à la rupture des équilibres et à une dislocation de l'espace végétal naturel dans son ensemble.

Sous l'action conjuguée de l'homme et de son animal, tous les groupements végétaux ont été touchés et ne subsistent que sous une forme de dégradation." La végétation protectrice a été détruite en premier lieu par l'homme et ses troupeaux, cette dégradation est favorisée par les éléments du milieu physique qui présentent le plus souvent des conditions favorables à la régression du couvert végétal ou à l'accélération du processus de destruction. La rupture d'équilibre a été provoquée et a conduit irrémédiablement dans les conditions actuelles à l'apparition de formations végétales à pouvoir protecteur très réduit et ne pouvant même pas se régénérer convenablement face aux différentes pressions qui s'y exercent " résumait pour les monts de Dhaya BENABDELI (1983).

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault