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Impacts des échanges universitaires internationaux sur les étudiants de l'Université Lumière Lyon 2: cap sur le Brésil

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par Thibault Pourhadi
Université Lumière Lyon 2 - Master 2 recherche sciences de l'éducation et de la formation 2012
  

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2.1.1.2. Les indicateurs

En pratique, comment ces transformations culturelles se traduisent-elles? Comment pouvons-nous les observer? Présentons ici les indicateurs avec lesquels nous tenterons de repérer des changements « culturels » chez les étudiants. Parmi les indicateurs disponibles, nous porterons plus particulièrement notre attention sur l'acquisition des compétences de communication, la distance culturelle, ainsi que sur la sensibilité interculturelle.

Les compétences de communication

Le niveau d'aisance dans la pratique de la (ou les) langue(s) de la société d'accueil ainsi que la connaissance des règles de communication en usage (par exemple la gestuelle, le regard ou encore la proxémie, soit la distance physique qui s'établit lors des interactions entre les individus) forment ce que nous avons appelé les compétences de communication. Elles sont de nature à permettre au sujet de se rapprocher d'autres groupes socioculturels (Byram et al., 1997). Plus généralement, l'acquisition d'une langue étrangère est souvent l'un des objectifs prioritaires des étudiants qui séjournent à l'étranger. La maîtrise de la langue constitue donc une fin et un moyen pour les programmes d'échange universitaire. Un degré minimum de compétence communicationnelle est ainsi nécessaire pour rencontrer des gens ou comprendre ce qui a lieu autour se soi par exemple. En revanche, ne pas être en mesure d'échanger avec les autres représente une barrière à l'intégration et peut être facteur de stress, voire de mal-être. Cependant, s'il est important pouvoir s'exprimer dans un langage compréhensible et de connaître les normes sociales, cela n'est pas suffisant. Encore fautil être capable de mettre cela en oeuvre quand la situation l'exige, sans quoi l'individu ne pourra pas fonctionner efficacement dans son nouvel environnement. C'est cet esprit d'à propos que nous pouvons appeler le « feeling » (Bennett, 1993). Clairement, la maîtrise d'une langue ou d'une norme sociale décontextualisée, sans la conscience du terreau culturel dans lequel elle s'enracine, ne saurait se révéler satisfaisante. Bennett (1993) utilise d'ailleurs le syntagme « fluent fool » pour qualifier un individu qui, tout en ayant une bonne connaissance de la langue et des règles de conduite, ne se conforme pas aux normes communicationnelles de la société d'accueil car il ne parvient pas à utiliser ses savoirs de façon adéquate. Inversement, il utilise le syntagme « cultural intelligence » pour faire référence au respect et à l'usage approprié des règles de communication. Ainsi, la communication se trouve être le vecteur d'une dimension symbolique essentielle, significative culturellement. Comme le dit Hall (1959, p. 186), « La culture est de la communication et la

communication est de la culture ». Par ailleurs, notons qu'une langue n'est fondamentalement pas qu'un simple assemblage de mots. La pensée s'enracine dans la langue, cette dernière est donc porteuse de structures mentales particulières. La langue catégorise le réel, en association avec les mots qui la composent elle transmet tout une gamme de sous-entendus, d'implicite. Le langage est donc un prisme qui oriente la perception de la réalité, en plus d'être un outil pratique d'interaction. De ce fait, basculer « intelligemment » ou « culturellement » d'une langue à une autre implique de savoir se saisir de tout ce que le langage évoque tacitement, de tout ce qui va de soi mais qui, pour un non-natif, un « étranger », est susceptible de se dérober à lui.

Pour conclure, il ressort que l'acquisition d'une compétence de communication fonctionnelle et d'un certain feeling soit de nature à faciliter l'ensemble des transformations socioculturelles.

La distance culturelle

Investiguons maintenant la notion de distance culturelle. C'est l'écart que perçoit l'individu entre son référentiel culturel et celui (ou ceux) qui compose la société d'accueil telle qu'il se l'imagine. À partir de la somme de ses représentations, l'individu opère une comparaison des différences et similarités entre les sociétés. Finalement, plus la perception des différences, au détriment des similarités, est aiguë, plus la distance culturelle du sujet est élevée.

Notons que les représentations de l'Autre sont construites tout au long de la vie, souvent à notre insu, à mesure que nous intégrons les infléchissements des groupes culturels et sociaux qui s'entrecroisent dans notre environnement. C'est pourquoi il n'est pas facile de s'en distancier, bien que ces représentations soient du domaine des préjugés, des stéréotypes, de l'imaginaire. « Les stéréotypes sont des images que l'on a de son propre groupe national (autostéréotypes) ou des autres groupes nationaux (hétérostéréotypes) » (Pugibet, 1986, p. 60). Ils correspondent à une représentation partielle de la réalité, sont simplificateurs et réducteurs (Porcher, 1995). Dans une certaine mesure, les hétérostéréotypes révèlent la façon dont un groupe ou une société se voit, se pense en rêvant l'Autre (Pageaux, in Vatter, 2003) qui, de ce fait, devient une sorte de miroir qui renvoie notre image. Finalement, les stéréotypes mettent à jour certaines ambiguïtés dans les représentations culturelles et sociales dont l'individu est porteur vis-à-vis d'autres groupes (AciolyRégnier et al., 2005). Ce n'est qu'ensuite, une fois à l'étranger, que le sujet pourra s'engager dans un processus de destruction d'images ou de représentations collectives de la société d'accueil (Vatter, 2003). Ajoutons simplement que cet indicateur ne nous renseigne nullement sur la façon dont l'individu est susceptible de se situer dans la société d'accueil, sur la manière dont il vit la distance culturelle. Il s'agit simplement ici de dresser les contours d'une cartographie des préconceptions des sujets.

La sensibilité interculturelle

En nous basant sur les travaux de Bennett (1986, 1993), nous considérons la sensibilité interculturelle comme la faculté d'accepter l'existence de points de vue multiples, de traits culturels variés, et de les reconnaître comme valables, autant que son propre point de vue ou ses propres traits culturels. Cette faculté se traduit au niveau cognitif, affectif et comportemental. Elle est nécessaire pour comprendre qu'il n'y a pas qu'une seule et unique façon de faire les choses, la sienne, mais que d'autres approches d'un même problème existent et sont viables. Cette faculté dénote un intérêt pour l'Autre et un respect de ses habitudes culturelles quelles qu'elles soient. Elle permet la compréhension et l'acceptation des valeurs locales, l'abandon de sa propre façon de faire au profit des usages locaux quand la situation l'exige, le bon déroulement des interactions avec les membres de la société d'accueil, ou, en bref, une réponse appropriée aux exigences du quotidien. C'est un indicateur qui permet d'évaluer comment l'individu gère pratiquement la distance culturelle.

2.1.2. La dimension sociale

Dans ce sous-chapitre, nous passerons en revue les différents attributs de la dimension sociale des transformations socioculturelles. La relation aux autres, par le biais de l'élaboration et de la gestion d'un réseau social, puis à travers la fréquence et la qualité de la communication interpersonnelle, joue un rôle clef dans le processus de transformations socioculturelles. En effet, la façon dont le sujet est amené à se situer au sein de la société d'accueil a des répercussions sur les dimensions culturelles et psychologiques des transformations socioculturelles, en terme de bien-être par exemple, ou de degré et de rapidité de compréhension des référentiels culturels. Ainsi, la nature de la socialisation de l'étudiant reflète-t-elle chez lui l'état d'avancement de la gestion du conflit entre son référentiel et ceux en vigueur dans la société d'accueil. Nous allons donc traiter ici des orientations que peut prendre ce processus interne de négociation inter-référentiels, des différentes manières de se situer dans une nouvelle société.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand