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Peuples autochtones et droit au développement au Cameroun. Cas des pygmées Baka de l'est

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par Marielle KOLOKOSSO
Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Master en droits de l'homme et action humanitaire 2010
  

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II. L'amélioration du cadre économique des pygmées baka

Devenus sédentaires, les baka ont compris qu'ils doivent comme tous les autres citoyens camerounais, gagner leur pain en travaillant. De ce fait, ils tirent leurs revenus d'une part des emplois et travaux qu'ils effectuent (A) et d'autre part des activités génératrices de revenus (B) qu'ils mènent.

A- Le travail et l'accès à l'emploi chez les baka

Des entretiens avec les communautés baka, il ressort que celles-ci connaissent de sérieuses difficultés à trouver des emplois stables, dignes et rentables dans la société. En effet, il existe une telle discrimination à l'égard des pygmées, à tel point que ceux même qui ont réussi à « percer » et à obtenir de bons emplois dissimulent leur identité de pygmée baka à la société. Leurs frères restés au village ne peuvent donc pas bénéficier de leur aide. C'est le cas d'un baka qui est adjudant chef dans l'armée camerounaise, et de deux étudiants de l'Université Catholique d'Afrique centrale, qui s'attèlent à ne pas révéler leur identité aux autres membres de la société sous peine de se voir exclus et marginalisés.

Les pygmées en général sont considérés par la société comme des « sous-hommes », des indigènes qui sont dépourvus de toute civilité et qui ne méritent pas d'accéder à un quelconque statut dans la société. C'est ainsi que dans l'arrondissement d'Abong Mbang où l'on retrouve de nombreux pygmées baka, et aussi ceux qui ont été scolarisés, il n'en existe pas un seul qui soit employé à la mairie, ni dans aucune autre institution. Même les travaux les plus simples leur sont refusés tels que le ménage ou le gardiennage. L'Etat, qui se déclare protecteur et promoteur des droits des peuples autochtones donc des pygmées baka ne les emploie pas.

Bien plus, lorsque les baka produisent leurs efforts pour gagner honnêtement leur vie, leurs efforts sont anéantis par les bantous. C'est le cas de la Directrice de l'ONG CADDAP qui, pour vivre et gagner sa vie, a ouvert un « snack-bar » au centre ville d'Abong Mbang. Mais, depuis l'ouverture de ce centre de détente et de gastronomie, elle a été l'objet de plusieurs cambriolages et de plusieurs menaces de la part des bantous voisins. Ils lui demandent ouvertement de fermer son établissement et la narguent en lui intimant l'ordre d'avoir recours à la sorcellerie pour qu'ils arrêtent. Elle est donc obligée de renouveler à chaque fois son stock de marchandises. Les baka sont de ce fait persécutés par les bantous et reçoivent le plus souvent des injures ouvertement. Les bantous perçoivent le terme et la condition «pygmée » comme des injures potentielles.

Cet état de fait pousse les baka à se laisser employer par les bantous, qui leur offrent des emplois en tant que ménagères, gardiens, ou ouvriers dans les plantations. Mais, de par leur naïveté, les baka se font la plupart de temps exploiter par les employeurs. Ces derniers les trompent facilement avec des sachets d'alcool et ne les paient pas au rendement du travail effectué. En outre, c'est au cours des exploitations forestières que les baka sont employés en tant que guides ou en tant que main d'oeuvre pour les jeunes qui doivent transporter le bois de la forêt jusqu'au lieu de transport. Leur salaire n'est toutefois pas consistant, considérant le poids des pièces, car s'élève à 1200 F/pièce. Mais, les exploitants forestiers avant d'entamer la mise en oeuvre de leurs projets, remettent des cadeaux aux baka qui sont le plus souvent constitués de nourriture et d'alcool. A Missoumé en particulier, ils ont offert un téléviseur, connecté à une antenne parabolique, leur permettant d'être plus ouverts au monde extérieur. Mais, depuis cinq ans, ce téléviseur est en panne sans qu'il trouve des personnes désireuses de la réparer. De plus, ils promettent en retour de leur reverser leur part prévu de la RFA, promesse pas souvent tenue.

C'est conscients de cette réalité qu'ils ont axé leur économie sur les activités génératrices de revenus.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard