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Peuples autochtones et droit au développement au Cameroun. Cas des pygmées Baka de l'est

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par Marielle KOLOKOSSO
Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Master en droits de l'homme et action humanitaire 2010
  

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Section 2: Les tendances timides de prise en compte de la dignité humaine des baka et l'impact des actions de développement

Il est question de traiter des tendances timides de prise en compte de la dignité humaine des baka et d'évaluer l'impact des actions de développement sur leurs spécificités, leur identité et tout ce qui constitue leur particularité. Pour ce faire, il convient de prime abord de présenter les efforts limités de considération des baka comme sujets du droit au développement (I). Ensuite, il sera judicieux de relever les conséquences des actions de développement sur les pygmées baka (II).

I. La prise en compte limitée des baka comme sujets du droit au développement

Le droit au développement présente les pygmées baka comme non seulement des bénéficiaires du développement, mais aussi comme des sujets de leur développement. A ce titre, ils doivent être impliqués dans la réalisation de leur développement (A) et ont droit au respect de prérogatives indispensables à cette réalisation (B).

A- L'implication des pygmées baka à la réalisation de leur développement

Pour être impliqués à la réalisation de leur développement, les baka doivent avoir le contrôle sur leur développement économique, social, culturel et participer pleinement aux phases des projets de développement. S'agissant du contrôle sur leur développement, il ne peut que se faire à l'aide de leurs propres institutions qu'ils auront au préalable instaurées. Cela renvoie au problème relatif aux chefferies, car les chefs baka, à l'instar de celui de Missoumé, ne sont pas reconnus comme tels par l'Administration camerounaise. Les raisons avancées par les responsables du MINAS rencontrés tournent autour des conditions de non-remplissage des critères prévus par l'Etat, tels que la démographie, les infrastructures, l'éloignement par rapport au centre urbain. Or, Missoumé compte 350 habitants, ne dispose pas d'infrastructures importantes et est situé à 8 km du district de Mandouma. La communauté de Missoumé est donc rattachée à celle de Mandouma. Pourtant, les habitants de Mandouma sont des bantous, et ne sauraient défendre efficacement et équitablement les droits des baka.

C'est donc sous la pression des ONG actives dans la région que le « campement74(*) » de Missoumé a été reconnu comme étant un village. Malgré cet effort, une chefferie de 3eme degré75(*) n'a toujours pas été installée. C'est-à-dire que le chef de Missoumé n'est toujours pas reconnu comme tel par l'Administration camerounaise, sans doute en raison de la suspension depuis 2001, de la loi sur la création des chefferies au Cameroun. Pourtant, il est indispensable que le chef du village soit reconnu pour qu'il puisse représenter son village et puisse être impliqué dans les affaires qui concernent les baka, mais aussi l'arrondissement tout entier. C'est par cette implication que les baka pourraient contrôler leur développement.

S'agissant de la participation aux phases de développement, les entretiens menés au cours de cette étude poussent à affirmer qu'elle est relative. En effet, les acteurs du développement le plus souvent demandent le consentement des baka en le monnayant (c'est le cas des exploitants forestiers). Un effort est néanmoins fourni, en ce qui concerne le recensement des besoins prioritaires des baka avant de poser des actes. Mais, le plus souvent, ces campagnes de recensement des besoins se transforment en campagne de sensibilisation sur la nécessité de demander tel ou tel matériel, et de l'utiliser. Ainsi, les besoins qui sont parfois présentés émanent au fond des acteurs de développement. Les baka se contentent de répéter ce qu'on leur a enseigné, parce qu'ils se disent que c'est nécessaire pour eux. Dans la mise en oeuvre des projets, ils sont impliqués, mais le plus souvent leur action se limite à la main d'oeuvre. Le processus de décision leur est encore inconnu.

Dans ce contexte, il convient de saluer l'initiative du CADDAP, qui représente à la fois un modèle de participation et de contrôle sur le développement des baka de l'Est. En effet, la Directrice du CADDAP est une baka, mais n'agit qu'en tant que Secrétaire exécutif de l'Assemblée Générale du CADDAP. Le président de l'Assemblée Générale est lui aussi un baka, et il y en a d'autres dans le bureau de l'Assemblée Générale. Ainsi, lorsqu'un financement est accordé par les bailleurs de fonds au CADDAP, l'Assemblée Générale se réunit afin de décider de son utilisation. Les membres de l'Assemblée Générale ont alors le devoir de se rendre dans leurs villages respectifs afin de recueillir les doléances et les besoins des communautés à travers des réunions et des cadres de concertation. Ils sont ainsi le relais entre le CADDAP et les populations baka. De ce fait, les programmes sont définis, élaborés, mis en oeuvre et évalués avec l'implication des baka, car en fonction de leurs compétences, ils sont employés et rémunérés, dans le strict respect de leur personne par les bantous travaillant à leurs côtés. Dans cette ONG, l'on constate que les baka ont atteint le niveau de participation relatif à la prise de décision, et même à la prise d'initiatives. De ce fait, les actions entreprises ont plus de chances de porter du fruit, à condition que soient respectés en amont les préalables du droit au développement.

* 74 Terme considéré comme péjoratif par les baka, car ils estiment qu'en les appelant ainsi, ils subissent une autre forme de discrimination.

* 75 Les chefferies de 3ème degré correspondent aux villages ou quartiers en milieu rural et aux quartiers en milieu urbain. Les chefferies de 1er degré sont créées par arrêté du Premier Ministre, celles de 2ème degré par arrêté du Ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation et celles de 3ème degré par arrêté préfectoral.

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